Consulter le journal

Bac philo, série S : le corrigé du 1er sujet, « La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ? »

Nous publions ici le corrigé type du 1er sujet de l’épreuve de philosophie réservé aux élèves de la série scientifique lundi 17 juin.

Temps de Lecture 3 min.

Vos sélections

  • Partager sur Twitter
  • Partager sur Messenger
  • Partager sur Facebook
  • Envoyer par e-mail
  • Partager sur Linkedin
  • Copier le lien

Le département des antiquités grecques, étrusques et romaines du Musée du Louvre, à Paris.

Voici un corrigé du premier sujet de l’épreuve de philosophie du bac 2019, série S, que « Le Monde » vous propose en exclusivité, en partenariat avec Annabac, par Patrick Ghrenassia, professeur agrégé de philosophie.

La question : « La pluralité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ? »

Suivez notre direct « spécial philo » ce lundi  : questions-réponses avec un professeur de philosophie, corrigés, réactions

La problématique du sujet

• Nous constatons que, contrairement aux espèces animales, le genre humain est divisé en cultures différentes, voire opposées : diversité de langues, de religions, de coutumes alimentaires ou vestimentaires, de pratiques artistiques, de conceptions sociales et politiques.

• Dès l’Antiquité, les Grecs excluaient les esclaves et les barbares de l’humanité proprement dite. Montesquieu se demandait « Comment peut-on être Persan ? ». Aujourd’hui encore, certains parlent de « choc des cultures » à propos des phénomènes migratoires ou de conflits politico-religieux.

• La question est donc posée de l’unité du genre humain : si la diversité et les divisions entre humains paraissent évidentes, qu’est-ce qui peut en assurer l’unité par-delà ces différences culturelles ? Autrement dit, qu’est-ce qu’être universellement un être humain ?

Plan détaillé

1. La pluralité des cultures divise le genre humain

A. QUELLES DIFFÉRENCES CULTURELLES ?

• Depuis le récit biblique de la tour de Babel, c’est d’abord la pluralité des langues qui divise l’humanité. Elle est présentée comme une punition divine censée affaiblir les hommes. Les Grecs appelaient « barbares » les peuples qui ne parlaient pas grec, et donc prononçaient une langue incompréhensible. Depuis, les philosophes, comme Leibniz, ont recherché une langue universelle pour abolir malentendus et incompréhensions.

• Au-delà de la langue, qui est le socle d’une identité culturelle, les hommes se distinguent par toutes ces coutumes symboliques qui les arrachent à la simple naturalité ; marquage du corps (tatouages), rites alimentaires, vestimentaires ou religieux, structures de la parenté, organisation de la société, visions du monde religieuse ou scientifique, avancement des techniques et formes artistiques. Ethnologues et historiens enseignent cette diversité souvent étonnante des cultures, comme on peut le lire chez Hérodote ou le voir au musée de l’Homme.

B. PLURALITÉ OU OPPOSITION ?

• Cette pluralité a longtemps existé dans une coexistence pacifique et une ignorance mutuelle. Pourtant, dès l’Antiquité, des peuples entrent en conflit en raison de leurs conceptions culturelles antagoniques : les Grecs contre les Barbares, ou contre les Perses ; l’Empire romain contre les tribus de Germanie ; ou les tribus arabes à l’assaut de l’Empire byzantin.

• Des oppositions religieuses ou politiques ont conduit, au cours de l’histoire, à des guerres qui ont déchiré le genre humain, jusqu’à des entreprises d’extermination raciales, comme la Shoah, ou religieuses, comme les guerres entre catholiques et protestants.

2. Affirmer l’unité du genre humain

A. L’UNITÉ SPÉCIFIQUE

• L’humanité est d’abord une réalité naturelle, celle d’une espèce vivante parmi d’autres, qui a son unité génétique, et qui peut se reproduire au sein de cette seule espèce.

• L’unité de l’humanité, en dépit des guerres, s’est affirmée par la découverte et la connaissance réciproque des peuples, grâce aux grands récits de voyages des navigateurs, aux historiens et aux ethnologues, qui nous font connaître la riche diversité des cultures, dont se nourrit aujourd’hui le tourisme de masse planétaire.

B. UNE EXIGENCE HUMANISTE

• Mais l’unité de l’humanité est aussi l’expression d’une volonté morale et politique qui, prend, dès l’Antiquité, la forme de l’idéal cosmopolitique : vouloir être citoyen du monde, pour Socrate et les Stoïciens, c’est vouloir dépasser les divisions et conflits interculturels pour affirmer l’universalité rationnelle du genre humain.

• La Déclaration des droits de l’Homme reprend cet idéal universaliste en considérant que, par-delà la pluralité des peuples et des cultures, chaque homme jouit des mêmes droits « naturels ». L’unité du genre humain s’établit ainsi en deçà et au-delà de la pluralité des cultures.

3. Articuler pluralité et unité

A. DÉGAGER L’UNIVERSEL DANS CHAQUE CULTURE

• Les religions, par-delà leur diversité, aspirent souvent à une même spiritualité et à une morale universelle, qui peut fonder une réconciliation œcuménique.

• La rencontre des cultures ne produit pas seulement des guerres, mais aussi des symbioses fécondes dans les domaines artistiques, médicaux, techniques ou environnementaux.

B. LUTTER POUR L’UNITÉ

• L’idéal humaniste et universaliste, depuis l’Antiquité et la Renaissance, nous guide vers l’unité de l’humanité à travers des valeurs comme la liberté et l’égalité, voire la fraternité universelle.

• La mondialisation engagée peut être ce mouvement d’unification du genre humain à travers un maximum de diversité culturelle préservée.

Si la pluralité des cultures a souvent été facteur d’incompréhension et de conflits, elle est aussi facteur de richesse à préserver dans une humanité réconciliée qui saurait imposer des valeurs universelles compatibles avec cette pluralité culturelle.

Le Monde Mémorable

Le génie Chaplin

Le génie Chaplin

Personnalités, événements historiques, société… Testez votre culture générale

 La fabrique de la loi

La fabrique de la loi

Boostez votre mémoire en 10 minutes par jour

Offrir Mémorable

Offrir Mémorable

Un cadeau ludique, intelligent et utile chaque jour

Culture générale

Culture générale

Approfondissez vos savoirs grâce à la richesse éditoriale du Monde

Mémorisation

Mémorisation

Ancrez durablement vos acquis grâce aux révisions

Le Monde Mémorable

Découvrez nos offres d’abonnements

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

Comment ne plus voir ce message ?

En cliquant sur «  Continuer à lire ici  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

Y a-t-il d’autres limites ?

Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

Vous ignorez qui est l’autre personne ?

Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe .

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.

OpenEdition Books logo

Français FR

Ressources numériques en sciences humaines et sociales

Nos plateformes

Bibliothèques

Suivez-nous

Redirection vers OpenEdition Search.

  • Presses de l’Université de Montréal ... ›
  • Paramètres ›
  • Pour comprendre le nationalisme au Québ... ›

2. Les théories de la nation

  • Presses de l’Université de Montréal ...

Presses de l’Université de Montréal

Pour comprendre le nationalisme au Québec et ailleurs

Ce livre est recensé par

Plan détaillé

Texte intégral.

Un sapin des Laurentides est aussi universel qu’un cyprès de la côte méditerranéenne. Gaston Miron

1 Dissocier comme nous allons le faire la conception ethnique de la conception civique de la nation tient plus de la nécessité didactique que de la fidélité au processus historique. Dans l’univers des idées, les courants de pensées s’entremêlent et s’appuient les uns sur les autres. Il y a donc une relation dialectique entre la définition allemande et la définition française de la nation. Ce qu’on appelle la théorie allemande a été développé à la fin du XVIII e siècle en opposition à l’universalisme abstrait propagé par les rationalistes français et la philosophie des Lumières, dont la conséquence politique fut l’invasion des États allemands par les armées de Napoléon. Par la suite, à la fin du XIX e siècle, la conception élective de la nation sera théorisée comme réponse philosophique à la conquête de l’Alsace et de la Lorraine par les armées prussiennes. Mais avant d’aborder cette dialectique, voyons comment l’idée de nation s’est mariée à la pensée libérale.

Bref historique de l’idée de nation

2 Étymologiquement, le mot nation signifie « naissance ». Avant la fin du XVIII e siècle, il n’a pas de signification politique. Au XIII e siècle, son emploi désignait « une réunion d’hommes habitant un même territoire 1  », celui-ci étant plus ou moins circonscrit. Il apparut dans le discours religieux au concile de Constance (1414-1418), où il signifiait un « groupe qui dispose d’une voix », et la nation allemande groupait tous les délégués de l’Europe orientale de même que la nation anglaise englobait les Scandinaves 2 . En France, il fut employé par les étudiants de la Sorbonne pour désigner leur lieu de provenance : il y avait les nations de Picardie, de Normandie et de Germanie 3 . S’il avait alors une connotation communautaire, le mot nation ne faisait pas partie du vocabulaire politique et il était dissocié de la conception de l’État. Cette démarcation est clairement posée par le ministre français Turgot : « Un État est un assemblage d’hommes réunis sous un seul gouvernement, une nation est un assemblage d’hommes qui parlent une même langue maternelle 4 . »

3 La nation émergera comme concept politique dans le sillage de la philosophie rationaliste et cette idée deviendra un sous-produit du libéralisme. La nation fut d’abord un concept révolutionnaire. En contestant l’origine divine du pouvoir et en fondant la légitimité de l’autorité politique sur le principe de la souveraineté du peuple, on liait l’exercice du pouvoir au consentement des sujets individuels. La théorie du contrat social élaborée par Locke et ensuite par Rousseau viendra expliquer comment des individus libres et égaux par nature se lient entre eux pour former une puissance politique qui garantit à tous les membres de la communauté la jouissance de leurs biens et l’exercice de leurs droits, dont entre autres le droit de propriété. Cette théorie renverse le fondement de la légitimité du pouvoir souverain, en le ramenant du ciel sur la terre. L’autorité politique n’est plus pensée comme une délégation du pouvoir divin, mais comme une délégation du pouvoir du peuple. C’est le peuple ou l’ensemble des associés qui possède la souveraineté. Souveraineté et démocratie sont dès lors intimement liées : c’est dans la communauté nationale que le peuple peut consentir à se laisser gouverner tout en conservant sa liberté. C’est parce qu’elle procède de l’identité nationale que la volonté générale peut réconcilier les intérêts individuels et collectifs.

4 Emmer de Vatel, s’inspirant de la doctrine du droit naturel, systématisa les droits du peuple dans un traité intitulé Le droit des gens, publié en 1758 et destiné à « éclairer les nations sur leurs intérêts les plus essentiels 5  ». Par analogie, il transpose à la collectivité les principes de liberté et d’indépendance qui s’appliquent à l’individu dans l’état de nature et il soutient que l’ordre entre les nations suppose que celles-ci soient laissées « dans la paisible jouissance de cette liberté », que les États se gardent de s’ingérer dans les affaires des autres États. Cette transposition de la logique libérale de l’individuel au collectif ne s’applique pas seulement au concept de liberté mais aussi à celui d’égalité. Il affirme que les nations sont égales entre elles tout comme les individus sont égaux entre eux : « La puissance ou la faiblesse ne produit à cet égard aucune différence. Un nain est aussi bien un homme qu’un géant. Une petite république n’est pas moins un État souverain que le plus puissant royaume 6 . »

5 Dès lors, les peuples ont les mêmes droits et les mêmes obligations.

6 Le mouvement des idées libérales et la nouvelle philosophie des droits de l’homme qui en émerge trouveront leur incarnation dans la Révolution française. L’article 3 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 fonde la souveraineté dans la nation : « Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément. »

7 Selon Alain Renaut, l’idée de nation prend avec la Révolution française la forme d’un construit et non d’un donné naturel. C’est une communauté politique bâtie, non sur la base d’un lien naturel, mais sur celle d’un lien contractuel découlant de la liberté individuelle 7 . Sieyès, dans Qu’est-ce que le Tiers-État ? , a proposé de définir la nation comme « un corps d’associés vivant sous une loi commune et représenté par la même législature 8  ». Il y a ainsi assimilation entre la nation et la communauté démocratique, constituée par l’adhésion volontaire au principe du gouvernement représentatif.

8 Cette définition permettait de dépasser le système héréditaire de distribution du pouvoir. Il n’y avait plus ni ordre, ni caste, ni rang, pour justifier un droit particulier, un privilège dans la société. La nation était composée d’individus sans particularités reconnues, égaux devant la loi. La nation, au sens révolutionnaire, déracinait les individus en abolissant les distinctions fondées sur la naissance. Tout individu habitant un territoire pouvait être inclus dans la collectivité nationale. Le droit du sang, de la naissance, était supplanté par le droit du sol 9 .

9 Le peuple est souverain selon deux logiques concomitantes. Il a la capacité de déterminer comment il sera gouverné, sous quel régime politique et par qui. Le peuple est souverain parce qu’il est la source de l’autorité politique : il peut ainsi récuser la légitimité d’un pouvoir qui ne dépend pas de sa volonté, qui lui est extérieur et s’impose à lui par la force. L’exercice du pouvoir politique par une puissance extérieure entre en contradiction avec l’autorité du peuple, qui est alors justifié de résister et de lutter contre la domination.

10 Ainsi la philosophie libérale débouche-t-elle sur le nationalisme à travers la théorie de la souveraineté qui servira de fondement à l’élaboration du principe des nationalités au XIX e siècle et au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes au XX e siècle.

La conception allemande de la nation

11 À cette conception volontariste de la nation, fondée sur l’idée d’un contrat et d’une libre association des individus, les Allemands opposeront celle d’une totalité englobante, où l’appartenance n’est pas fondée sur l’adhésion volontaire, mais sur le lien naturel établi par la filiation. C’est la naissance qui détermine l’appartenance nationale, de sorte que son acquisition ne peut être volontaire : la nationalité est innée et suppose l’existence de prérequis culturels et linguistiques. La langue apparaît comme un des critères de l’identité nationale. Deux philosophes allemands inaugurent cette autre façon de penser la nation : Johann Gottfried Herder et Johann Gottlieb Fichte.

12 L’œuvre de Herder s’inscrit dans le courant du Sturm und Drang (tempête et assaut) du premier romantisme allemand, dont les plus illustres représentants furent Goethe et Schiller. Herder a publié deux ouvrages importants qui traitent de la nation, Traité de l’origine du langage, paru en 1772, et Histoire et culture : une autre philosophie de l’histoire, paru en 1774.

13 Ce dernier livre est un essai polémique où il attaque les thèses soutenues par Voltaire dans « Une philosophie de l’histoire », qui sert d’introduction à son Essai sur les mœurs et l’esprit des nations. Cette discussion philosophique montre donc que l’histoire de la philosophie n’est pas à l’abri des rivalités nationales. Herder s’attaque aux principes de la philosophie des Lumières. Il veut montrer qu’il n’y a pas une seule interprétation de l’histoire et que celle des philosophes français n’est pas universelle et ne devrait pas être admise comme telle.

14 Il conteste le point de vue rationaliste qui postule un progrès inéluctable dans l’histoire et qui prévoit que le développement des sociétés ira vers le mieux ou de l’imperfection vers la perfection. Il est en quelque sorte un précurseur du postmodernisme en affirmant que le présent et l’avenir ne valent pas mieux que le passé. L’enjeu de ce débat est l’évaluation des sociétés antérieures. Les rationalistes prétendaient qu’avec l’avènement des Lumières l’humanité était sortie des ténèbres du Moyen Âge et que le bonheur était désormais accessible, à la condition qu’on rejette les traditions et les modes de pensée hérités des époques antérieures. Dans leur stratégie hégémonique, les philosophes rationalistes tentaient de jeter le discrédit sur leurs prédécesseurs.

15 Herder pense que ce rationalisme n’a pas de validité transhistorique et transculturelle, que les Français universalisent leur propre réalité et que cette philosophie de l’histoire dissimule une forme d’impérialisme culturel de la France qui veut imposer au monde sa culture et sa langue (le français à l’époque dominait l’Europe des cours). À ses yeux, il s’agit d’une conception particulière de l’histoire et du progrès qu’on ne peut généraliser aux autres peuples.

16 Son projet philosophique consiste à revaloriser le Moyen Âge. Dans cette entreprise, il soutient trois thèses :

  • À travers les siècles, il n’y a pas de rupture ou de changements qualitatifs. Il y a des constantes qui se retrouvent à toutes les époques.
  • Il n’y a pas d’époque qui soit meilleure que les autres. Les époques passées et à venir sont d’égale valeur. Le corollaire de cette thèse est qu’il faut maintenir les traditions et les coutumes locales, et non pas les rejeter comme désuètes. La tradition est à son avis le meilleur de ce que l’expérience humaine a accumulé parce qu’elle a survécu aux aléas du temps.
  • Contrairement aux rationalistes qui fondent l’organisation sociale sur l’individu abstrait, identique dans toutes les cultures, Herder affirme l’existence d’individualités culturelles collectives. L’Humanité n’est pas un ensemble d’individus indifférenciés, c’est au contraire l’ensemble des peuples différenciés par leur culture spécifique.

17 L’être humain n’est pas conçu par Herder comme un être dépouillé de ses particularités. Il est au contraire déterminé par son appartenance à une communauté culturelle particulière, la langue étant le principal facteur de différenciation. Il y a pour lui un lien indissoluble entre la langue et la culture et celles-ci sont transmises par la relation mère-enfant : « Avec le langage est communiqué à l’enfant toute l’âme de ses procréateurs, tout leur mode de pensée... Le nourrisson qui balbutie les premières paroles, balbutie les sentiments de ses parents 10 . »

18 À l’homme universel, sans racines, sans particularités, il oppose l’homme déterminé par la culture particulière de son origine et de son milieu. Il définit, bien avant Marx, l’homme comme un être social, conditionné par les autres.

19 Il considère que la philosophie rationaliste est fausse, parce qu’elle confond ce qui est différent. Elle impose une norme identique à toutes les sociétés. Il met en cause le principe d’universalité parce qu’il contient un projet dominateur. Il cherche au contraire à revaloriser la diversité des cultures et à rendre à chaque nation sa fierté. Il pose l’appartenance à une société concrète comme une condition nécessaire de l’accès à l’universalité. « Chez Herder, toutes les cultures sont posées comme égales en droit. Les cultures sont vues comme autant d’individus égaux malgré leurs différences, les cultures sont des individus collectifs 11 . » C’est la nature qui crée les nations et le propre de la nature, c’est la diversité. Il ne donne toutefois pas de signification politique au principe de la diversité culturelle.

20 Fichte était professeur de philosophie à l’Université de Berlin. Il écrit ses Discours à la nation allemande après la défaite d’Iéna alors que les troupes françaises occupent Berlin. Ainsi, ce que Herder avait imaginé prenait une forme concrète ; l’universalité de la philosophie française servait de caution à une entreprise de conquête militaire. L’écriture des Discours sera soumise aux effets de cette conquête, puisque pour déjouer la censure Fichte devra déguiser sa pensée en lui donnant la forme d’une réflexion pédagogique.

21 Mais Fichte n’est pas le continuateur de Herder, il s’en démarque sur plusieurs points. D’abord, il admire les philosophes français et reprend à son compte leur postulat voulant que la liberté soit l’essence de l’homme. Il prend parti pour la Révolution française. À la différence de Herder qui soutenait les particularismes locaux, Fichte accepte le principe d’universalité, mais il refuse aux Français de pouvoir seuls l’incarner. C’est la nation allemande qui pourra réaliser le triomphe de l’universel. Il faut ici souligner que Fichte s’adresse à la nation allemande, ce qui était en soi un défi lancé aux partisans des particularismes, qui justifiaient le maintien d’une multitude d’États allemands. À cet égard, Fichte peut être considéré comme le précurseur du pangermanisme :

Je parle pour les Allemands, rien que pour les Allemands, et je leur parle d’Allemands, rien que d’Allemands, en méconnaissant, en laissant de côté, en rejetant toutes les distinctions brûlantes que de malheureux événements ont créées depuis des siècles dans une seule et même nation 12 .

22 Il ne suit pas non plus Herder sur le chemin de l’égalité des cultures. Il cherche à montrer que la nation allemande est supérieure aux autres parce qu’elle est la plus pure, la plus primitive, c’est-à-dire la plus près de ses origines, et qu’elle s’incarne dans le peuple. Il oppose cette pureté culturelle à la culture française qui, à ses yeux, est élitiste, c’est-à-dire fondée sur un clivage culturel entre le peuple et les élites. Il comparera les structures des langues française et allemande pour démontrer la supériorité de la langue allemande.

23 Dans les 4 e et 5 e Discours, Fichte décrète le déclin du génie français. Il l’explique par la nature dérivée de la langue française. Il estime que du point de vue ethnographique, les Français sont des Germains. Il les appelle d’ailleurs « nos compatriotes émigrés ». Mais ce sont des Germains qui ont mal tourné parce que leur langue originelle a été corrompue par le latin. Le français n’est pas une langue pure, c’est une langue dérivée, c’est du latin déformé, tout comme l’anglais qui est aussi une langue métissée. Il explique par cette nature dérivée de la langue les traits particuliers de la culture française qui est superficielle et frivole, axée sur le divertissement et la recherche des belles formes, de la préciosité. Il soutient qu’en France il y a un divorce entre la culture et la vie pratique, entre les classes aisées et les milieux populaires, alors qu’en Allemagne la culture émane du peuple et qu’elle s’inspire des traditions populaires. Mais Fichte présente « ces défauts de caractères » comme des effets de la nature dérivée de la langue et non pas comme des traits relevant de la race, puisque les Allemands et les Français ont la même origine ethnique.

24 Pour lui comme pour Herder, le caractère, le tempérament de chaque peuple est donné une fois pour toutes, il n’est pas sujet à changement et cet état psychologique, cette âme collective s’explique par la nature de la langue. Seules les langues « primitives » peuvent engendrer une culture authentique et une aptitude à la réflexion philosophique. C’est le cas du latin et de l’allemand.

25 Seuls les Allemands peuvent prétendre à l’universalité, parce qu’ils sont restés fidèles à leurs origines et qu’ils peuvent réconcilier patriotisme et cosmopolitisme. Ils n’ont pas été corrompus par les influences extérieures et n’ont pas imité l’étranger.

26 L’importance accordée à la langue comme facteur de cohésion nationale s’explique chez Fichte par l’absence même d’État national. C’était la langue allemande qui unissait le peuple allemand au-delà des découpages territoriaux et du fractionnement des souverainetés.

27 Dans le 8 e Discours, Fichte développe une explication psychologique de l’attachement à la nation. Il attribue à la conscience de la finitude individuelle l’attachement à la communauté nationale parce que la nation permet à l’individu de durer au-delà de la mort, elle assure la pérennité du moi.

« La croyance de l’homme noble à la durée éternelle de son œuvre sur cette terre repose donc sur l’espoir de la durée éternelle du peuple dont il est issu lui-même... Sa foi et son aspiration à créer l’impérissable, sa manière de concevoir sa vie personnelle comme une vie éternelle, tel est le lien qui rattache chacun de nous à sa propre nation d’abord et par son intermédiaire à tout le genre humain 13 . »

28 La patrie et le peuple sont les représentants et les garants de l’éternité sur terre parce qu’ils transcendent la vie individuelle tout en la représentant, en la conservant sur le plan symbolique dans l’identité nationale qui suppose la reproduction dans le temps des caractéristiques culturelles de la collectivité.

29 On pourrait résumer ainsi les caractéristiques de la nation selon Fichte :

  • La nation est un phénomène naturel.
  • Une nation est fondée sur l’usage d’une langue commune.
  • La nation allemande est la nation par excellence parce qu’elle s’appuie sur une langue primitive qui n’a pas été altérée par des apports extérieurs, cette authenticité de la langue favorisant la créativité et la puissance d’innovation d’un peuple.
  • La langue est le facteur de la cohésion nationale.
  • L’éducation est la forteresse de la nation car elle transmet la langue et les valeurs culturelles et éveille le patriotisme.
  • L’unité linguistique doit mener à l’unité politique et à l’indépendance de la nation : « Il n’y a pour moi aucun doute. Lorsqu’une langue séparée se forme, il y a une nation séparée qui existe, qui a le droit d’être indépendante et de se gouverner elle-même 14 . »

30 Fichte est ainsi le précurseur de la formation de l’État national allemand.

La conception civique de la nation : Renan

31 À la suite de la conquête de l’Alsace et de la Lorraine par les armées allemandes en 1870, au nom de l’unité culturelle et linguistique, Ernest Renan amorcera une réflexion sur le sens de la nation et proposera une théorie de la nation civique. Cette annexion forcée de provinces qui étaient juridiquement françaises, mais où vivaient des citoyens qui parlaient une langue germanique, l’obligera à remettre en cause sa perception de l’Allemagne, car jusqu’à la guerre de 1870 il avait été partisan d’une alliance franco-allemande. « J’avais, écrit-il, fait le but de ma vie de travailler à l’union intellectuelle, morale et politique de l’Allemagne et de la France. » Les événements l’obligeront à changer de point de vue et à s’attaquer à la conception ethnique de la nation qui avait inspiré l’offensive militaire de Bismarck. Il systématisera ses réflexions dans une conférence prononcée à la Sorbonne, le 11 mars 1882, qui s’intitulait « Qu’est ce qu’une nation ? ».

32 Renan cherche à définir des critères fiables et universels légitimant l’existence des frontières entre les nations. Sa problématique est la suivante : comment distinguer entre un groupement humain qui constitue une nation et un autre qui n’en est pas une ? Il passe alors en revue une série de principes qui peuvent être évoqués pour justifier les distinctions nationales : l’origine ethnique, la géographie, la langue, la religion, la communauté d’intérêts.

33 La nation peut-elle se constituer sur une base raciale ?

34 Dans une lettre à son collègue allemand Strauss, Renan dissociait nettement sa conception civique, ou politique, de la nation de la conception raciale de la nation :

Notre politique, c’est la politique du droit des nations, la vôtre, c’est la politique des races ; nous croyons que la nôtre vaut mieux. La division trop accusée de l’humanité en races, outre le fait qu’elle repose sur une erreur scientifique, très peu de pays possédant une race vraiment pure, ne peut mener qu’à des guerres d’extermination [...] analogues à celles que les diverses espèces de rongeurs ou de carnassiers se livrent pour la vie 15 .

35 Cette analyse allait s’avérer prémonitoire des deux guerres mondiales.

36 Il tente de montrer par une série d’exemples qu’il ne peut y avoir de nation qui soit pure sur le plan ethnique. Il avance comme premier argument que les nations n’ont pas toujours existé, qu’elles sont une nouvelle forme de regroupement des individus qui a été précédée par d’autres types de communautés, comme les tribus, les cités, les empires. Les groupements humains sont le fruit de l’histoire et ne dépendent pas de caractères morphologiques. Il y a eu dans le passé, à la suite de vagues successives de conquêtes et d’invasions, mélange de populations : ceux qui envahissent un territoire sont en principe moins nombreux que ceux qui y résident et ils ont tendance avec le temps à s’intégrer à la population conquise, principalement en raison du manque de femmes. Ainsi, la France n’est pas le pays de l’ethnie des Francs, car ceux-ci furent très peu nombreux à s’y établir et ceux qui le firent ne se distinguaient guère de la population locale au bout de deux ou trois générations. Renan montre que les frontières de l’Europe au Moyen Âge n’avaient rien d’ethnographique et qu’elles résultaient des guerres et des invasions. Les peuples sont formés de gens de diverses origines :

La France est celtique, ibérique, germanique. L’Allemagne est germanique, celtique et slave. L’Italie est le pays où l’ethnographie est la plus embarrassée. Gaulois, Étrusques, Pélasges, Grecs, sans parler de bien d’autres éléments, s’y croisent dans un indéchiffrable mélange 16 .

37 L’idée allemande qui fonde la nation sur un groupe primitif est une chimère, elle n’est pas conforme à la réalité historique. Le critère de l’origine commune ne peut donc pas servir à délimiter les nations en Europe : « La race [...] n’a pas d’application en politique [...] les premières nations de l’Europe sont des nations de sang essentiellement mélangé 17 . »

38 Est-ce que les frontières politiques doivent coïncider avec les frontières linguistiques ? Renan reconnaît que la langue commune est un facteur d’unité et que parler la même langue renforce le sentiment d’appartenance, mais ce n’est pas une nécessité absolue. Il cherche ici à réfuter l’argument principal des Allemands qui justifiaient leurs prétentions sur l’Alsace et la Lorraine par le fait que les habitants de ces provinces parlaient des patois germaniques. Il ne s’étend pas très longuement sur le facteur linguistique. Il raisonne a contrario, c’est-à-dire que, au lieu de montrer que ce critère ne correspond pas à la réalité de l’Alsace-Lorraine, il rappelle d’une part qu’il y a des États multilingues, comme la Suisse, et d’autre part qu’il y a des pays séparés où l’on parle la même langue, comme c’est le cas pour les États-Unis et l’Angleterre, ou encore les différents pays de l’Amérique latine. Encore là, c’est le principe de la diversité des nations qui alimente son argumentation, de sorte que si la langue peut être un critère distinctif d’une nation, l’homogénéité linguistique n’est pas une condition nécessaire de la formation de la nation. Il a toutefois de la difficulté à valider son principe de diversité dans le cas de la France et de l’Allemagne où il est forcé de reconnaître qu’il y a homogénéité linguistique. Il soutient que celle-ci résulte d’un processus historique et que la Prusse n’a pas toujours parlé allemand puisque le prussien, une langue slave disparue, était jadis parlé sur ce territoire. Mettant lui-même en pratique le principe de l’oubli, il prétend que la France n’a jamais cherché à obtenir l’unité linguistique par la coercition : « Un fait honorable pour la France, c’est qu’elle n’a jamais cherché à obtenir l’unité de la langue par des mesures de coercition 18 . » On peut douter que cette thèse reçoive l’assentiment des Bretons, des Basques et des Corses. Il veut surtout montrer que les Alsaciens peuvent être français même s’ils parlent une autre langue :

N’abandonnons pas ce principe fondamental que l’homme est un être raisonnable et moral avant d’être parqué dans telle ou telle langue, avant d’être un membre de telle ou telle race, un adhérent de telle ou telle culture. Avant la culture française, avant la culture allemande, il y a la culture humaine 19 .

39 Autrement dit, l’universel prime sur le particulier.

40 La religion peut-elle servir de base à la constitution des nations ?

41 Renan rejette aussi ce critère même s’il reconnaît que cette relation entre nation et religion a eu des fondements historiques à Athènes et à Sparte. Conformément à l’esprit républicain, il soutient que dans les sociétés modernes la religion est du domaine privé, elle relève de la croyance personnelle. Le principe de la liberté de conscience interdit donc à l’État d’imposer la même religion à tous ses citoyens. Cette logique républicaine n’est toutefois pas universelle, car il y a de nombreux États qui ont adopté une religion officielle, comme c’est le cas de certains pays musulmans.

42 La théorie des frontières naturelles a joué un rôle important dans la délimitation des nations parce que ces frontières ont facilité la défense du territoire et inspiré les stratégies militaires. Mais il faut reconnaître que les limites d’une nation ne peuvent être dictées par des accidents topographiques. Les chaînes de montagne ne sauraient découper les États. « Non, ce n’est pas la terre plus que la race qui fait une nation 20 . » Le coins des fleuves, le relief des montagnes ne sont pas des critères pertinents pour définir une nation car il y a des nations qui sont traversées par des frontières naturelles et qui demeurent unies, d’autres qui existent sans frontières naturelles, comme la Belgique ou la Hollande, et il y a quelques cas, plus rares, de nations qui regroupent des territoires non contigus, comme c’est le cas pour les États-Unis.

43 Renan pense aussi que la communauté d’intérêts n’est pas non plus un critère suffisant pour faire une nation. L’intérêt peut lier les hommes entre eux, mais par définition les intérêts sont changeants et diversifiés, alors que la nation doit être durable.

44 « Une nation est un principe spirituel, résultant des complications profondes de l’histoire, une famille spirituelle, non un groupe déterminé par la configuration du sol 21 . »

45 Tous les critères discutés précédemment sont insuffisants pour justifier l’existence d’une nation Ce sont des conditions non essentielles. Ce qui constitue la nation, c’est e désir de vivre ensemble, le vouloir-vivre collectif, et celui-ci s’appuie sur le passé vécu en commun et sur le présent. Les deux ingrédients essentiels de la nation sont le partage de souvenirs communs et la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu : « La nation [...] est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouement. [...] avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple 22 . »

46 Renan pense que les épreuves vécues par une collectivité et les sacrifices consentis pour assurer la survivance du groupe sont des ferments indispensables de l’identité nationale parce qu’ils renforcent le sentiment de solidarité :

Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune. L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie 23 .

47 Cette définition pose le principe du consentement, de l’adhésion volontaire comme fondement de la nation. L’appartenance nationale est affaire de volonté individuelle et se manifeste quotidiennement par notre participation à la vie collective. À titre de citoyens, nous acceptons implicitement d’être membres de la nation. Mais Renan est bien conscient que sa métaphore du plébiscite de tous les jours ne peut être systématique : « Aucun principe, dit-il, ne doit être poussé à l’excès, » Le contrat d’association qui lie les individus en nation ne peut être remis en cause à tout moment. Renan pense toutefois qu’on devrait avoir recours à l’idée de consentement par le plébiscite lorsqu’il y a des conflits ou des contestations de frontières entre deux États qui se disputent un territoire ou l’allégeance de ses habitants. Il préfère l’usage des référendums à l’usage de la force pour déterminer l’appartenance nationale des populations.

48 Renan plaide pour la reconnaissance de la diversité d’origine des nations. Il veut montrer qu’il n’y a pas une seule cause à la formation des nations, que chaque nation est créée par une dynamique particulière. Il illustre cette thèse par l’exemple de la France qui a été constituée par l’action centralisatrice de la dynastie des Capétiens, alors que la Hollande, la Suisse et la Belgique ont été créées par la volonté directe des provinces. Mais au-delà des facteurs spécifiques ou des contingences historiques, il y a une variable essentielle qui doit jouer dans tous les cas, c’est la nécessité d’une vision mythique du passé. Comme la violence est un ingrédient inévitable des processus historiques, l’oubli du passé est indispensable au maintien de l’unité nationale. Renan soutient paradoxalement que l’histoire peut être nuisible à la formation de la conscience nationale et que tout nationalisme repose sur une mystification : « [...] l’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun et aussi que tous aient oublié bien des choses 24 . » Ainsi, la conscience nationale française doit occulter les massacres des Albigeois au XIII e siècle ou encore la Saint-Barthélemy, tout comme la construction de l’identité nationale canadienne tente d’occulter la déportation des Acadiens, la Conquête de 1759 et la répression des rébellions de 1837-1838.

49 Renan reconnaît que les nations n’ont pas toujours existé et qu’elles seront peut-être intégrées un jour dans des unités politiques plus vastes, telle une confédération européenne, mais il défend le principe des nationalités parce que les nations sont garantes de la liberté et que celle-ci serait menacée si le monde était uni sous une seule loi. La diversité enrichit l’humanité.

La nation sociopolitique : Michel Seymour

50 Les deux définitions classiques que nous venons de décrire sont trop dichotomiques pour coller à toutes les réalités que recouvre le phénomène national. La nation étant un phénomène d’autoreprésentation, il en résulte une multiplicité de formes qui reflètent les contextes particuliers où se trouvent certains peuples. Pour être systématique, il faut donc introduire une troisième définition qui tienne compte de situations intermédiaires où se trouvent des groupes nationaux qui ne sont ni des nations ethniques ni des nations civiques, c’est-à-dire qui ne possèdent pas d’État souverain et qui ne se perçoivent pas non plus comme des minorités ethniques au sein d’un État-nation dominé par une autre nationalité. Cette situation correspond au cas des Québécois, des Écossais, des Catalans, des Corses, des Basques, etc.

51 Pour illustrer ce phénomène, nous ferons appel à la conception de la nation du philosophe québécois Michel Seymour 25 . Cette conception a été élaborée dans le contexte de l’échec de l’accord du lac Meech qui visait à reconnaître constitutionnellement le Québec comme société distincte. Cette réforme constitutionnelle n’a pas passé le test du nationalisme canadien. Seymour tente de contrer les effets pervers de la définition civique de la nation canadienne qui exclut la reconnaissance de la nation québécoise. Il propose un concept qui transcende le caractère mutuellement exclusif des deux précédents. Sa vision amalgame les critères suivants : une différenciation culturelle sur une base linguistique, le contrôle d’un territoire qui délimite un contexte de choix spécifique et la disposition d’ institutions politiques qui exercent l’autorité et balisent la citoyenneté. Le concept de nation sociopolitique combine des variables qui renvoient à la composition sociologique du groupe et à sa dimension politique, c’est-à-dire le fait que ce groupe constitue une communauté politique dotée d’institutions propres.

52 Le facteur linguistique est ici primordial, mais il présuppose que le groupe linguistique forme une communauté et que celle-ci ait une histoire particulière. La langue seule est insuffisante car cette communauté doit aussi posséder une culture spécifique qui résulte d’une expérience historique unique. Il faut que cette communauté ait l’exclusivité de cette expérience : « Il faut qu’elle constitue dans le monde entier le plus important échantillon d’une communauté linguistique partageant la même histoire et la même culture 26 . » Ensuite, ce type de nation suppose que cette communauté linguistique distincte soit majoritaire sur un territoire donné dont elle constitue la majorité nationale. Comme le concept de majorité implique celui de minorité, dès lors le territoire national peut être habité par d’autres groupes linguistiques, qui peuvent constituer soit des minorités nationales, soit des minorités culturelles, ce dernier concept désignant les communautés issues de l’immigration. Une minorité nationale est l’extension sur un territoire contigu d’une majorité nationale voisine. « Il s’agit d’un échantillon de population ayant des traits culturels spécifiques que l’on trouve à proximité du heu où se trouve le principal échantillon de population ayant ces traits spécifiques 27 . » Le concept de nation sociopolitique englobe alors dans une même communauté politique plusieurs nations : une qui est majoritaire sur le territoire et les autres qui sont minoritaires. Il peut même arriver que deux nations majoritaires cohabitent sur le même territoire, comme c’est le cas des nations québécoise et canadienne au sein de l’État canadien ou encore des nations québécoise et autochtones dans le cas de l’État québécois.

53 Cette définition contient un projet politique dans la mesure où elle justifie la reconnaissance du Québec comme nation distincte au sein d’un État multinational canadien, de même qu’elle implique la reconnaissance du statut de nation avec des droits conséquents aux autochtones et aux anglophones du Québec dans un État multinational québécois, advenant l’indépendance du Québec. Une communauté peut ainsi accéder au statut de nation sans nécessairement posséder la souveraineté politique, ce qui distingue la conception sociopolitique de la conception civique de la nation. Elle se démarque aussi de la nation ethnique car la communauté linguistique ne coïncide pas avec un État-nation. En concevant l’existence de la nation sans son incarnation étatique, Seymour nous ramène en quelque sorte à la vision fichtéenne de la nation. S’il faut en croire l’interprétation d’Alain Renaut, ce dépassement des concepts ethniques et civiques de la nation dans l’ébauche d’une troisième conception « corrigeant les insuffisances symétriques des deux précédentes 28  » se trouve aussi chez Fichte.

54 Quoi qu’il en soit, le modèle de la nation civique ne se retrouve nulle part à l’état pur dans le monde réel, car les États qui s’en réclament se montrent très soucieux de promouvoir et de protéger leur différence culturelle. À l’ère de la mondialisation, la préservation de la différence culturelle est devenu un enjeu des relations internationales et certains États veulent faire reconnaître la clause de l’exception culturelle dans les négociations commerciales multilatérales afin de protéger leurs produits culturels et de préserver leur identité.

Notes de bas de page

1 Roger Martelli , Comprendre la nation, Paris, Éditions sociales, 1979, p. 21.

2 Voir Hans Kohn , The Idea of Nationalism, New York, Macmillan, 1961.

3 Voir Brigitte Krulic , La nation : une idée moderne, Paris, Ellipses, 1999, p. 5.

4 Cité par John Hare , La pensée socio-politique au Québec, 1784-1812, Ottawa, Éditions de l’Université d’Ottawa, 1977, p. 45.

5 Emmer de Vattel , Le droit des gens, Paris, J. P. Aillaud, édition de 1835, p. 66.

6 Ibid., p. 95.

7 Alain Renaut , « Présentation », dans Fichte, Discours à la nation allemande, Paris, Imprimerie nationale, 1992, p. 13.

8 Sieyès , Qu’est-ce que le Tiers-État ? , Paris, Presses universitaires de France, 1982, p. 31.

9 Cette argumentation est développée par Alain Finkielkraut , La défaite de la pensée, Paris, Gallimard, 1987, p. 22-23.

10 Herder , Traité de l’origine du langage, Paris, Presses universitaires de France, 1992, p. 129.

11 Louis Dumont , Essais sur l’individualisme, Paris, Seuil, 1983, p. 119.

12 Fichte , Discours à la nation allemande, Paris, Aubier-Montaigne, 1975, p. 62-63.

13 Ibid., p. 171-172.

14 Cité par Anthony Birch , Nationalism and National Integration, Londres et Boston, Unwin Hyman, 1989, p. 19.

15 Lettre à Strauss, 15 septembre 1871, in Ernest Renan , Qu’est-ce qu’une nation ? et autres essais politiques, Paris, Presses Pocket, 192, p. 157.

16 Ibid., p. 46.

17 Ibid., p. 48.

18 Ibid., p. 50.

19 Ibid., p. 51.

20 Ibid., p. 53.

21 Ibid., p. 53.

22 Ibid., p. 54.

23 Ibid., p. 54-55.

24 Ibid., p. 42.

25 Voir La nation en question, Montréal, L’Hexagone, 1999.

26 Ibid., p. 100.

27 Michel Seymour , Nationalité, citoyenneté, solidarité, Montréal, Liber, 1999, p. 163.

28 Alain Renaut , « Présentation », dans Fichte , Discours à la nation allemande, Paris, Éditions de l’Imprimerie nationale, 1992, p. 42.

Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books . Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.

Couverture Drogue et criminalité

Drogue et criminalité

Une relation complexe

Chantal Plourde, Natacha Brunelle et Serge Brochu

Couverture Inégalités : mode d'emploi

Inégalités : mode d'emploi

L'injustice au travail au Canada

Stéphane Moulin

Couverture L'éducation aux médias à l'ère numérique

L'éducation aux médias à l'ère numérique

Entre fondations et renouvellement

Anne-Sophie Letellier et Normand Landry (dir.)

Couverture L'intégration des services en santé

L'intégration des services en santé

Une approche populationnelle

Lucie Bonin, Louise Belzile et Yves Couturier

Couverture Les enjeux éthiques de la limite des ressources en santé

Les enjeux éthiques de la limite des ressources en santé

Jean-Christophe Bélisle Pipon, Béatrice Godard et Jocelyne Saint-Arnaud (dir.)

Couverture Penser la formation en gestion

Penser la formation en gestion

Repères pour l'enseignement supérieur

Jean-Pierre Béchard

Couverture La délinquance sexuelle des mineurs

La délinquance sexuelle des mineurs

Théories et recherches

Monique Tardif (dir.)

Couverture La détention avant jugement au Canada

La détention avant jugement au Canada

Une pratique controversée

Fernanda Prates et Marion Vacheret (dir.)

Couverture La politique comparée

La politique comparée

Fondements enjeux et approches théoriques

Jane Jenson et Mamoudou Gazibo

Couverture Les approches qualitatives en gestion

Les approches qualitatives en gestion

Paul Prévost et Mario Roy

Couverture La Réussite éducative des élèves issus de l'immigration

La Réussite éducative des élèves issus de l'immigration

Dix ans de recherche et d'intervention au Québec

Marie McAndrew (dir.)

Couverture Agriculture et paysage

Agriculture et paysage

Aménager autrement les territoires ruraux

Gérald Domon et Julie Ruiz (dir.)

Accès ouvert freemium logo

Accès ouvert freemium

PDF du chapitre

Édition imprimée

Ce livre est cité par

  • Choquette, Éléna. (2017) Construction de l'identité québécoise : des impacts sur la science politique autochtoniste. Canadian Journal of Political Science , 50. DOI: 10.1017/S0008423917000233
  • Castelas, Anne. Rivard, René. Bergeron, Yves. (2019) La rencontre de l’ethnologie et de la muséologie, toute une histoire. Ethnologies , 40. DOI: 10.7202/1056382ar
  • Courtois, Charles-Philippe. (2010) « La nation québécoise et la crise des accommodements raisonnables: bilan et perspectives ». International Journal of Canadian Studies . DOI: 10.7202/1002183ar
  • Violette, Isabelle. (2018) Des immigrants pour la cause : la logique nationaliste du discours de presse sur l’immigration francophone en Acadie. Francophonies d'Amérique . DOI: 10.7202/1054039ar
  • Daniel, Rémi. (2022) Zionism and Québécois nationalism: An initial comparative analysis. Nations and Nationalism , 28. DOI: 10.1111/nana.12679
  • Marut, Jean-Claude. (2005) Les racines mondiales du particularisme casamançais. Canadian Journal of African Studies / Revue canadienne des études africaines , 39. DOI: 10.1080/00083968.2005.10751319
  • Le Coadic, Ronan. (2017) Éléments nouveaux sur les attitudes des Bretons envers les étrangers. Lapurdum . DOI: 10.4000/lapurdum.3483
  • Turgeon, Luc. Bilodeau, Antoine. (2021) Contextes territoriaux et perceptions de l’immigration : ethnocentrisme et contact dans trois régions du Québec1. Politique et Sociétés , 40. DOI: 10.7202/1075745ar
  • Venne, Michel. (2017) Que faire de notre nationalisme? Entre impuissance et résignation. Cantin, Serge, La souveraineté dans l’impasse, Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2014, 250 p. Laforest, Guy et Jean-Olivier Roy (collaboration), Un Québec exilé dans la fédération. Essai d’histoire intellectuelle et de pensée politique, Montréal, Québec-Amérique, 2014, 280 p.. Recherches sociographiques , 58. DOI: 10.7202/1042173ar
  • Rocher, François. (2021) La dépolitisation post-révolution tranquille : une société peut-elle démissionner? Jacques Beauchemin, Une démission tranquille : la dépolitisation de l’identité québécoise, Québec, Boréal, 2020, 205 p.. Recherches sociographiques , 62. DOI: 10.7202/1084937ar

Merci, nous transmettrons rapidement votre demande à votre bibliothèque.

Vérifiez si votre bibliothèque a déjà acquis ce livre : authentifiez-vous à OpenEdition Freemium for Books . Vous pouvez suggérer à votre bibliothèque d’acquérir un ou plusieurs livres publiés sur OpenEdition Books. N’hésitez pas à lui indiquer nos coordonnées : access[at]openedition.org Vous pouvez également nous indiquer, à l’aide du formulaire suivant, les coordonnées de votre bibliothèque afin que nous la contactions pour lui suggérer l’achat de ce livre. Les champs suivis de (*) sont obligatoires.

Veuillez, s’il vous plaît, remplir tous les champs.

La syntaxe de l’email est incorrecte.

Le captcha ne correspond pas au texte.

Ce livre est diffusé en accès ouvert freemium. L’accès à la lecture en ligne est disponible. L’accès aux versions PDF et ePub est réservé aux bibliothèques l’ayant acquis. Vous pouvez vous connecter à votre bibliothèque à l’adresse suivante : https://freemium.openedition.org/oebooks

Si vous avez des questions, vous pouvez nous écrire à access[at]openedition.org

Référence numérique du chapitre

Référence numérique du livre

01 86 76 13 95

(Appel gratuit)

La dissertation en philosophie

Introduction :

Le mot « dissertation » dérive de l’étymologie latine du mot « discussion » qui signifie « examen attentif, contradictoire » ; « échange d’arguments ». La dissertation est donc un effort de réflexion dans lequel on examine de manière attentive les problèmes philosophiques liés à un sujet.

Une dissertation réussie se prépare avec trois ingrédients : une méthode (ensemble de règles qui guide la réflexion), de la culture (culture personnelle et culture philosophique acquise en cours) et de la curiosité (la philosophie est un regard curieux sur soi-même et sur le monde).

L’épreuve de la dissertation dure 4 heures. Deux sujets au choix sont proposés, sous forme de questions. Nous prendrons ici pour sujet support « La liberté doit-elle être sauvée ? »

Décortiquer le sujet

Pour répondre à une question, il faut d’abord la comprendre. Pour cela, il faut analyser les mots du sujet, c’est-à-dire le décomposer en tous ses éléments pour comprendre ce qui est réellement demandé. Ce travail préparatoire s’effectue au brouillon.

Première étape : relever les notions du sujet

Dans un premier temps, il s’agit de repérer dans le sujet les notions du programme étudiées en cours.

Dans le sujet, les notions peuvent être explicites ou implicites. Lorsqu’elles sont implicites, il faut donc les mettre en évidence.

  • « La liberté doit-elle être sauvée ? »

La notion du programme est explicite : la liberté .

  • « L’ État doit-il faire notre bonheur  ? »

L’ État et le bonheur sont explicites. Une autre notion est désignée implicitement par l’expression « doit-il faire » : le devoir .

Il faut ensuite faire subir le même traitement aux autres termes, afin d’éviter de plaquer sur votre sujet du bac un autre sujet traitée pendant l’année, impliquant la même notion, mais pourtant différent.

« La liberté doit-elle être sauvée ? » est différent de « La liberté doit-elle parfois être sauvée ? » :

  • « Sauver » : le verbe est à définir.
  • « Doit-elle » : il s’agit d’une formulation typique de sujet.

Deuxième étape : la libre association

Il s’agit de noter spontanément les idées qui vous viennent à l’esprit en rapport avec la question du sujet. La question vous suggère une réponse, qui elle-même amène à une idée ; cette idée s’enchaine sur une autre et ainsi de suite… Surtout ne vous censurez pas ! Le « tri sélectif » des idées se fait dans un second temps. Au départ, l’objectif est d’amasser un maximum d’idées, de références et d’exemples.

Troisième étape : la conceptualisation

Cette étape est la plus complexe. Conceptualiser, c’est définir un terme de manière philosophique par rapport au sens courant que nous en avons, le sens du dictionnaire. Pour conceptualiser, il faut :

  • s’aider de l’étymologie quand on le peut. Ici, « liberté » vient de libertas , qui signifie « indépendance » et « libre pouvoir » ;
  • distinguer les différents domaines de réflexion dans lesquels la notion se retrouve : liberté politique, morale, métaphysique, religieuse ;
  • distinguer la notion des notions voisines et des notions contraires : liberté/individualisme, liberté/émancipation, liberté/servitude liberté/aliénation ;
  • énoncer les différents attributs de la notion, ceux qui sont évidents puis plus réfléchis :
  • « La liberté est un ressenti indéfinissable mais agréable » ;
  • « La liberté est la capacité à user de son libre arbitre » ;
  • mobiliser ses cours. La notion de liberté est conceptualisée de manière différente chez Hobbes, chez Spinoza ou chez Sartre ;
  • les repères au programme sont également utiles, ils comportent des distinctions relatives aux notions du programme.

Il est essentiel de conceptualiser. C’est en conceptualisant un terme que vous ferez apparaître les pistes de réflexions philosophiques qu’il vous faudra détailler dans votre développement.

Le type de sujet

Les questions du type : «  peut-on/peut-il  » interrogent sur :

  • la possibilité pratique . Il s’agit de retraduire le sujet en se demandant si on dispose des moyens techniques de faire telle ou telle chose ;
  • la possibilité morale ou le droit . Il s’agit de retraduire le sujet en se demandant si on a le devoir moral ou le droit juridique de faire telle ou telle chose.

Les questions du type : «  faut-il/doit-on  » interrogent sur :

  • la nécessité matérielle, le besoin . Il s’agit de retraduire le sujet en se demandant si nous sommes contraints de X, à quel besoin répond X ;
  • l’ obligation morale, le devoir . Il s’agit de traduire le sujet en se demandant si notre dignité exige que X, si nous avons le devoir moral de X…

Pour les questions du type : «  pourquoi X/à quoi sert X  » :

  • il s’agit de mettre en évidence les raisons, les causes de X, ses buts et/ou son utilité . Il faut aussi poser la question de l’inutilité de ce X.

Ces réflexes de traduction, combinés à la compréhension des termes du sujet, aident à problématiser le sujet.

Pour notre sujet « La liberté doit-elle être sauvée ? », on peut donc se demander :

  • sommes nous contraints de protéger politiquement les libertés ?
  • À quel(s) besoin(s) répond notre volonté de protéger la liberté ?
  • Avons-nous l’obligation morale de combattre ce qui entrave nos libertés ?

La problématique

Pour structurer les idées récoltées, il faut ensuite cadrer une problématique. Pour cela, il faut déterminer deux réponses au sujet, et les mettre, d’une certaine manière, en compétition.

Répondre à la question du sujet ne consiste pas à opposer radicalement une première réponse et une deuxième réponse au sujet : vous vous contredirez vous-même et votre réponse globale sera incohérente. Ainsi, si vous dites tout d’abord que nous devons sauver la liberté parce qu’elle est menacée puis qu’il n’est pas nécessaire de protéger la liberté car elle n’est pas menacée, vous vous contredisez !

Il faut donc construire des réponses crédibles et consistantes , et cela demande un savoir faire particulier.

Proposer une première réponse et la questionner

Après avoir formulé une première réponse, il faut énoncer les implications de cette thèse, en se demandant ce qu’implique le fait de soutenir cette réponse . Trouvez des conséquences et formulez-les sous formes d’idées brèves, aidez-vous de la formule « si… alors… ». Il s’agit ensuite de questionner ces implications, puis d’associer les idées et références philosophiques pour amorcer l’argumentaire.

L’Homme doit sauver la liberté.

Si la liberté doit être sauvée alors c’est que la liberté est en danger. De quels dangers souffre la liberté ? Quels sont les dangers qui font obstacle à la liberté ? Existe-t-il des personnes (esclavage) / des politiques (tyrannie, totalitarisme) / des facteurs socio-culturels (déterminisme) / des désirs (Inconscient) qui nuisent à la liberté ? Quels dangers ruinent la liberté morale ? La liberté politique ?

C’est que nous ne sommes pas vraiment libres ou bien que nous sommes libres « en sursis ».

Pourquoi pouvons-nous affirmer que nous ne sommes pas libres ? D’un point de vue politique , certains peuples sont encore sous le joug de dictateurs. L’ONU est une organisation qui veille à la préservation des libertés de l’Homme, premier droit à sauver et préserver selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. D’un point de vue moral et politique , la notion de déterminisme vient confirmer que la liberté est menacée et que nous devons nous émanciper de bons nombres d’influences qui pèsent sur notre existence et la déterminent à notre insu. D’un point de vue métaphysique , Spinoza effectue une critique du libre arbitre montrant finalement que nous sommes dans une liberté illusoire.

Proposer une deuxième réponse à la question et la questionner

La liberté n’a pas besoin d’être sauvée.

Si la liberté n’a pas a être sauvée, alors c’est que nous avons le sentiment imprescriptible d’être libre. Comment se manifeste notre sentiment de liberté ? Que ressentons-nous ? La liberté ne se prouve pas, elle s’éprouve. C’est un sentiment agréable mais indéfinissable. C’est donc que la liberté fait partie de la nature de l’homme, elle est inhérente à la nature humaine. L’homme est-il libre par nature ? Rousseau l’affirme : l’homme naît libre même si partout il est sous les fers, sous le joug de ceux qui le gouvernent. Selon la Déclaration des droits de l’homme, les hommes naissent libres et égaux en droit. D’un point de vue moral, Sartre affirme le caractère imprescriptible de la liberté qui fait partie de l’essence de l’Homme.

C’est par le questionnement des réponses apportées au sujet que des idées philosophiques majeures sont mobilisées.

Formuler cette opposition sous la forme d’une alternative

  • Doit on penser que X et admettre que Y ou bien penser que … ce qui revient à …
  • Doit on penser que X alors que … ou bien penser Y mais alors … ?

Doit-on penser que la liberté est une valeur résolument en danger et considérer qu’elle est attaquée dans tous les domaines ou bien admettre qu’il persiste en l’Homme une part de liberté naturelle, inaliénable et indestructible, même s’il est bien difficile de l’exercer ?

Sans problématique, la dissertation n’a aucune orientation, aucune piste de réflexion n’est lancée. Une problématique consiste a rendre explicite le ou les problèmes qui sont contenus dans la question initiale, mais qui sont cachés.

Construire un plan

On ne peut pas appliquer un même type de plan pour tous les sujets. Nous présenterons donc ici trois plans possibles.

Plan thèse, antithèse, synthèse

Ce plan est appelé plan dialectique et s’effectue nécessairement en trois parties. La troisième partie, la synthèse, explique l’insuffisance des deux thèses précédemment opposées et résout la difficulté rencontrée. Mais il n’est pas toujours possible de procéder ainsi et selon le type de sujet, le plan dialectique n’est pas toujours pertinent.

Plan en trois parties avec deux thèses : l’opinion et la réfléchie

Il s’agit ici de présenter une première thèse, une opinion spontanée, puis de critiquer cette opinion en réfutant les arguments de la première thèse. La troisième partie consiste en la proposition d’une deuxième thèse, plus réfléchie.

I) La liberté est menacée en tous bords

II) Nous avons les moyens politiques et moraux de protéger nos libertés

III) Mais la liberté n’est-elle pas, au fond, une illusion ?

Plan qui conteste le sens de la question

Ce plan contient également trois parties. La première apporte une réponse. La deuxième partie la nuance ou la conteste. La troisième partie critique le présupposé du sujet.

La liberté est-elle une illusion rassurante ?

I) L’homme se croit libre mais ne l’est pas

II) La liberté est une croyance nécessaire au bon fonctionnement de la morale et de la justice

III) La liberté n’est pas une illusion mais elle est une conquête qui exige de l’engagement et du courage

  • Quel que soit le plan envisagé, ils progressent tous vers le même but : la résolution des problèmes liés au sujet.

La structure du devoir

La dissertation possède une structure, un squelette qui est toujours le même.

Introduction

L’introduction doit contenir un certain nombre d’étapes et avoir une longueur d’une demi page à une page. Tout d’abord, une accroche qui introduit la ou les notions du sujet mais surtout qui permet d’arriver à la problématique : un acte de la vie quotidienne, un événement historique, une scène de roman ou de film, un mythe, une citation… Tout ce qui amène à se poser la question du sujet est le bienvenu. On expose ensuite la problématique, puis l’annonce du plan.

Développement

Le développement, en deux ou trois parties, court sur trois à huit pages. Chaque partie se découpe selon le même schéma.

L’ idée directrice est la formulation d’une première réponse consistante à la question.

L’ argumentation doit ensuite contenir une progression logique (avec des connecteurs logiques),un travail de conceptualisation, des exemples, des références philosophiques ( on peut utiliser les idées, les arguments, les exemples d’un auteur philosophique, ou partir d’une citation) et des connaissances (en art, en science, en histoire).

Le bilan permet de revenir au sujet et d’y répondre partiellement.

Enfin, la transition permet de relancer la discussion afin de passer à la deuxième partie.

La conclusion, d’une demi page environ, doit répondre à la question initiale. Elle se fait en deux temps. Tout d’abord, il faut faire un bilan récapitulatif, expliquer le cheminement entre les différentes parties du devoir. Ensuite, on apporte une réponse claire et précise à la question posée.

Les fausses réponses du style « cela dépend des points de vue de chacun » ou bien « c’est une question difficile à laquelle on ne peut pas répondre » sont à bannir. De même, les ouvertures avec une question sans aucun rapport avec le sujet initial ne sont pas pertinentes.

Conclusion :

Rédiger une dissertation demande donc un travail en deux temps. Le temps du brouillon est nécessaire, mais aussi déterminant. Plus on interroge le sujet et pose clairement deux ou trois pistes de réflexion pour y répondre, plus le devoir sera réussi. C’est pourquoi il faut passer entre 1 h 30 et 2h sur le brouillon. Cependant, il ne faut pas rédiger tout le devoir au brouillon, seulement l’introduction. Le deuxième temps est celui de la rédaction, qui doit être soignée tant du point de vue de la forme que de l’expression écrite. La rédaction prend environ 2h.

dissertation philosophique sur la nation

plans philo à télécharger pour préparer examens & concours     > tous nos plans

La politique  > plans rédigés disponibles

Votre sujet n'est pas dans la liste ? Obtenez en moins de 72h : - problématique entièrement rédigée - un plan détaillé rédigé complet, avec parties et sous-parties - la possibilité de questionner le professeur sur le plan proposé Prestation personnalisée réalisée par un professeur agrégé de philo

dissertation philosophique sur la nation

Liste des sujets traités

dissertation philosophique sur la nation

Commentaires disponibles

dissertation philosophique sur la nation

La justice et le droit

La société.

 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine

Bac philo : dissertations, textes... Tous les corrigés des épreuves

L'épreuve du bac philo 2023 a eu lieu mercredi 14 juin. Nous avons publié tout au long de la journée des corrigés des épreuves, que vous pouvez retrouver ci-dessous :

Filière générale

-  Le bonheur est-il affaire de raison  ? - Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice  ? - Explication de texte  : La Pensée sauvage , de Claude Lévi-Strauss.

Filière technologique

-  L'art nous apprend-il quelque chose  ? - Transformer la nature, est-ce gagner en liberté  ? - Explication de texte  : Théorie des sentiments moraux , d'Adam Smith.

Expresso : les parcours interactifs

dissertation philosophique sur la nation

Jusqu’où faut-il « s’aimer soi-même » ?

Sur le même sujet, le bac philo en terminale générale.

L’enseignement et l’épreuve de philosophie font partie du tronc commun des voies générales. Tous les élèves de terminale générale, quelle que soit leur spécialité, auront ainsi à suivre un enseignement en philosophie tout au long de l…

Le bac philo en terminale technologique

L’enseignement et l’épreuve de philosophie font partie du tronc commun des voies technologiques. Tous les élèves de terminale technologique, quelle que soit leur spécialité, auront ainsi à suivre un enseignement en philosophie tout au…

L’épreuve de philo ouvre les examens du baccalauréat

Lundi 16 juin 2014, l'examen écrit du baccalauréat débute avec l'épreuve de philosophie. Philosophie magazine vous accompagne tout au long de l…

L’épreuve de philo ouvre les examens du baccalauréat

Ce qu’il faut avoir en tête le jour de l’épreuve

L’épreuve de philosophie n’est pas une épreuve de connaissance, soulignaient hier Mathias Roux et Aïda N’Diaye dans notre live de préparation à l…

Ce qu’il faut avoir en tête le jour de l’épreuve

L’épreuve de philo ouvre les examens de la session 2016 du baccalauréat

Mercredi 15 juin 2016, l'examen écrit du baccalauréat débute avec l'épreuve de philosophie. Philosophie magazine suivra l'épreuve et présentera à…

L’épreuve de philo ouvre les examens de la session 2016 du baccalauréat

L’épreuve de philo ouvre les examens de la session 2015 du baccalauréat

Mercredi 17 juin 2015, l'examen écrit du baccalauréat débute avec l'épreuve de philosophie. Philosophie magazine vous accompagne tout au long de l…

Repasse ton bac philo (virtuel) d’abord !

“Peut-on aimer sans se toucher ?” Voici le sujet métaphysique que nous avons proposé la semaine dernière à nos lecteurs sur notre newsletter …

Repasse ton bac philo (virtuel) d’abord !

Explication de texte : Nietzsche, “Humain, trop humain”

Des professeurs de philosophie ont endossé l’habit du lycéen afin de plancher sur de vrais sujets tombés au bac lors des années passées. Ils se sont prêtés au jeu, voici le fruit de leurs réflexions : des dissertations et explications…

  • Introduction
  • Table des matières
  • Cours de Philosophie
  • Lecture suivie
  • Bibliographie

Cours de philosophie

Idée de nation.

27 Nov 2010 par Simone MANON

dissertation philosophique sur la nation

   « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l’inspire aussi bien que la raison. Ce qu’il y a, en moi, d’affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et exceptionnelle. J’ai, d’instinct, l’impression que la Providence l’a créée pour des succès achevés ou des malheurs exemplaires. S’il advient que la médiocrité marque, pourtant, ses faits et gestes, j’en éprouve la sensation d’une absurde anomalie, imputable aux fautes des Français, non au génie de la patrie. Mais aussi, le côté positif de mon esprit me convainc que la France n’est réellement elle-même qu’au premier rang; que, seules, de vastes entreprises sont susceptibles de compenser les ferments de dispersion que son peuple porte en lui-même; que notre pays, tel qu’il est, parmi les autres, tels qu’ils sont, doit, sous peine de danger mortel, viser haut et se tenir droit. Bref, à mon sens, la France ne peut être la France sans la grandeur. »

         Charles de Gaulle, Les Mémoires de guerre, ouverture. Pléiade, p. 5.

    Qu’il est loin le temps où l’on pouvait s’exprimer ainsi ! Faire de la France une princesse de légende, se sentir partie prenante d’une communauté de destin marquée au sceau de la grandeur contre la pente inverse d’un peuple sourd à l’appel d’une vocation exemplaire … Légendaire général de Gaulle illustrant « ce que Chateaubriand appelait l’intelligence de la grandeur d’âme » ; « type humain qui n’a pas de nom, mais qui joue peut-être, dans l’Histoire, un rôle aussi singulier que celui du héros ou du saint » (Malraux, dans Les chênes qu’on abat, Gallimard, p. 23 et 59. )

   Il n’est peut-être pas inutile de rappeler ce rapport mystique à la Nation pour prendre la mesure de la désaffection dont elle est l’objet. Nous l’avons constaté dans l’article précédent avec Pierre Manent ( https://www.philolog.fr/pierre-manent-la-religion-de-lhumanite/ ). Non seulement nos concitoyens ont l’ingratitude d’ignorer l’assise qu’elle fournit à leur fantasme d’un rapport immédiat à l’humanité mais, de surcroît, ils voient en elle l’obstacle majeur à la réalisation de leur rêve d’une communauté universelle. Or qu’est-ce qu’une communauté ne disposant plus des instruments faisant surgir le commun et accomplissant ses valeurs dans le gouvernement de soi-même ? Le docile troupeau d’une gouvernance nouvelle , soumis à des règles abstraites dont on ne sait plus qui en est l’auteur, mais troupeau sûr de son bon droit à incarner l’avenir du monde. Pour combien de temps encore ? Si la gouvernance européenne figure cette destinée d’une dépossession de la responsabilité de se gouverner virilement, ne doutons pas que sa survie soit compromise. Car la modernité n’est pas, me semble-t-il un accident de l’histoire. Elle révèle une dimension fondamentale de notre humaine nature : celle d’aspirer à l’autonomie morale , ce qui passe par l’autonomie politique et implique, d’une part de se libérer de l’emprise de la tradition , d’autre part de trouver une alternative à l’empire. Ainsi «  L’Etat-nation fut à l’Europe moderne ce que la cité fut à la Grèce antique : ce qui produit l’unité, et donc le cadre de sens, de la vie en produisant la chose commune. En dépit d’excellents travaux historiques, la comparaison entre les deux formes politiques recèle encore bien des enseignements qu’il importerait de porter au jour. Ce que l’on peut dire en tout cas, c’est que la cité et l’État-nation sont les deux seules formes politiques qui ont été capables de réaliser, du moins dans leur phase démocratique, l’union intime de la civilisation et de la liberté. Il y eut de grands empires civilisés : même dans leurs jours les plus doux, ils ignorèrent la liberté. La vie des tribus, plus généralement la vie « primitive », comporte une forme très caractérisée de liberté, mais elle ignore les aménités et les charmes de la civilisation. »  Pierre Manent, La raison des nations, Gallimard, p. 46.

   Cet Etat-nation s’est voulu un Etat laïque, un Etat neutre garantissant à chacun, croyant ou incroyant, l’égalité des droits et la liberté de conscience. Mais, comme interroge Pierre Manent ; cet « Etat neutre et agnostique » suffit-il à nous définir ? » N’est-il pas « l’instrument, le « bras séculier » de la nation »  de telle sorte qu’il ne faut pas oublier que « l’installation de l’Etat neutre et laïque suppose la formation préalable d’une nouvelle communauté sacrée, la nation précisément. L’Etat ne pouvait devenir neutre que si, au préalable, la nation française était devenue, pour la grande majorité des citoyens, la « communauté par excellence », succédant ainsi à l’Eglise. Pour que l’Etat laïque devînt possible, il était nécessaire que « la France » eût remplacé « la France toute catholique » . Il était nécessaire que la proposition « je suis français » contînt la promesse d’un dévouement sans réserve à la nation et au peuple français » Ibid., p. 77.

   D’où l’intérêt d’interroger cette idée de nation.

 Comme l’Etat, elle semble bien être un abstrait-concret :

  • Un abstrait car elle est avant tout une certaine idée qu’un peuple se fait de lui-même. Mais cette  idée est moins strictement rationnelle que celle de l’Etat et relève plutôt d'un imaginaire qui, comme tel, s'enracine dans un fonds  émotionnel et affectif.
  • Une réalité concrète car la nation s’exhibe sous la forme d’un territoire, d’organes de pouvoirs, d’un drapeau et d’un hymne etc.

   L’expression : l’Etat-Nation montre qu’on ne distingue pas clairement l’Etat et la Nation. En France, depuis la Révolution, on assimile même les notions de Nation, de Peuple et d’Etat. La nation est conçue comme un ensemble de citoyens détenant la souveraineté politique. Cf. Constitution de 1958, article 3 : « La souveraineté nationale appartient au peuple ».

   Pourtant cette superposition d’une notion d’ordre juridique, (L’Etat est une personne morale et juridique représentant une collectivité à l’intérieur et à l’extérieur d’un territoire déterminé sur lequel elle exerce la souveraineté), et d’une autre d’ordre identitaire, (La nation est une communauté humaine unie par la conscience de son identité, quelle que soit la nature de celle-ci : historique, culturelle, linguistique ou religieuse), ne va pas de soi. En témoigne le fait qu’un Etat peut englober plusieurs Nations (cas de l’Empire austro-hongrois, de l’Union soviétique, du Canada, du Royaume Uni etc.) ou qu’une Nation peut ne pas être organisée en Etat (cas des Kurdes ressortissants de l’Etat irakien, turque ou syrien ou des Basques, membres de l’Etat français ou espagnol etc.) En témoigne aussi le fait que ce n’est pas toujours la Nation qui fait l’Etat, il arrive que ce soit l’Etat qui fasse la Nation comme le montrent certains Etats postcoloniaux.

   Il convient donc de préciser ce que l’on entend par la notion de Nation, notion ambiguë s’il en est. L’expérience historique l’a rendue suspecte à cause de sa dérive nationaliste et les difficultés des constructions supranationales (Europe, ONU) ainsi que la dissolution de certains Etats comme la Tchécoslovaquie ont fait apparaître la résistance du fait national.

Qu’est-ce donc qu’une nation?

   L’étymologie en fait un lieu de naissance. (Nascor = naître) comme si l’appartenance nationale était moins un fait de volonté   et de raison qu’un fait de nature. L’expression « naturaliser » est d’ailleurs éloquente sur ce point.

  Ainsi à Sieyès définissant la nation comme « un corps d’associés vivant sous une loi commune et représenté par la même législature » ( Qu’est-ce que le tiers-état ? ), Joseph de Maistre rétorque : « une assemblée quelconque d’hommes ne peut constituer une nation. Une entreprise de ce genre doit même obtenir une place parmi les actes de folie les plus mémorables » (Œuvres complètes, I, Vitte, Lyon, 1884, p. 230). 

   Il nous faut donc distinguer deux grandes conceptions de la nation. L’une dite romantique ou allemande , l’autre dite révolutionnaire ou française .

   1) Selon la conception romantique , la nation n’est pas le produit d’un libre contrat passé entre des sujets, considérés abstraitement comme des êtres rationnels ; elle est une réalité organique liant certains hommes à une terre, à des morts, à une langue, à un passé commun et rendant illusoire l’affirmation de leur autonomie. Chaque nation a son génie , tributaire d’un terroir et déposé dans une langue, dans un imaginaire collectif ou « une âme collective » (Joseph de Maistre). C’est dire que la nation est un déterminant identitaire. Elle est ce qui exige de décliner l’humanité au pluriel avec la tentation de ne voir dans l’humanisme universaliste qu’une vue de l’esprit. Ce qui existe, ce sont des communautés nationales irréductiblement hétérogènes , véritables creusets de différences humaines, se posant en s’opposant les unes aux autres.

  L’idée de la  nation-génie ne fait donc pas bon ménage avec celle de l’universalité du genre humain et l’espérance que celle-ci fonde d’un dépassement de la guerre dans une communauté internationale de statut juridique.

    Elle est aussi antinomique de l’idée de liberté . Car on ne choisit pas sa nation, on lui appartient par sa naissance et sa mentalité. Ce n’est pas l’individu qui fait la nation, c’est la nation qui fait l’individu . Barrès écrit en ce sens : « Un nationaliste est un Français qui a pris conscience de sa formation. Nationalisme est acceptation d’un déterminisme » ( Scènes et doctrines du nationalisme, t1, p. 10 ) .

    Contrairement à la foi des Lumières, l’individu n’est définissable ni comme liberté, ni comme raison. Il est ce qu’une tradition nationale a fait de lui, il ne peut ni se choisir ni se penser dans l’horizon de l’universel. Il se définit par son inscription dans une communauté vivante de langue et de culture qui le détermine. «  Nous ne sommes pas les maîtres des pensées qui naissent en nous. Elles sont des façons de réagir où se traduisent de très anciennes dispositions physiologiques. Selon le milieu où nous sommes plongés, nous élaborons des jugements et des raisonnements. Il n’y a pas d’idées personnelles ; les idées même les plus rares, les jugements même les plus abstraits, les sophismes de la métaphysique la plus infatuée, sont des façons de sentir générales et apparaissent nécessairement chez tous les êtres de même organisme assiégés par les mêmes images. Notre raison, cette reine enchaînée, nous oblige à placer nos pas sur les pas de nos prédécesseurs […] nous sommes le prolongement et la continuité de nos pères et mères. C’est peu de dire que les morts pensent et parlent par nous ; toute la suite des descendants ne fait qu’un même être. Sans doute, celui-ci, sous l’action de la vie ambiante, pourra montrer une plus grande complexité, mais elle ne le dénaturera point. C’est comme un ordre architectural que l’on perfectionne : c’est toujours le même ordre. C’est comme une maison où l’on introduit d’autres dispositions : non seulement elle repose sur les mêmes assises, mais encore elle est faite des mêmes moellons et c’est toujours la même maison. Celui qui se laisse pénétrer de ces certitudes abandonne la prétention de sentir mieux, de penser mieux, de vouloir mieux que ses père et mère ; il se dit : « Je suis eux-mêmes ». Le deux novembre en Lorraine. Amori et dolori sacrum, 1903.

  2) Selon la conception française , héritière du legs révolutionnaire, la nation se construit au présent, dans un contrat tacitement renouvelé par tous ses membres à chaque instant, le regard tourné vers l’avenir. Elle se confond avec la construction étatique , l’Etat étant une personne morale, un « être de raison » comme l’écrit Rousseau. La nationalité n’est donc pas un fait de nature, elle est un fait de volonté. Elle exige de considérer les contractants comme des sujets rationnels et libres n’ayant pas d’autre identité qu’une identité humaine , support de droits identiques pour tous. La communauté nationale n’est donc que la communauté démocratique fondée sur les principes des droits de l’homme et requérant comme unique condition, l’adhésion rationnelle et volontaire à ces principes. Ceux qui les refusent s’excluent de facto de cette communauté, mais tous ceux qui veulent contracter sur ces principes sont, de droit, intégrables. La nation-révolutionnaire n’alimente donc pas un nationalisme dangereux pour d’autres nationalismes. Son horizon est le cosmopolitisme et la paix perpétuelle . « Elle se pense sur fond de sa propre disparition comme nation distincte des autres, lorsque la communauté démocratique se sera élargie à l’ensemble des peuples » Alain Renaut, Les deux logiques de l’idée de nation dans le n° 14 des Cahiers de philosophie politique et juridique, Etat et Nation, 1988.

   L’exposé succinct de ce qu’Alain Finkielkraut appelle la nation-génie et la nation-contrat, fait apparaître les apories de ces deux conceptions :

  • L’une résolument axée sur le passé ferme la communauté nationale à la dimension de l’avenir et a surtout le tort de nier la liberté des personnes et leur capacité de faire surgir du nouveau. Voilà pourquoi le grand mérite de Renan est de rappeler : « N’abandonnons pas ce principe fondamental que l’homme est un être raisonnable et moral avant d’être parqué dans telle ou telle langue, avant d’être membre de telle ou telle race, un adhérent de telle ou telle culture. Avant la culture française, la culture allemande, la culture italienne, il y a la culture humaine. Voyez les grands hommes de la Renaissance ; ils n’étaient ni Français, ni Italiens, ni Allemands. Ils avaient retrouvé, par leur commerce avec l’antiquité, le secret de l’éducation véritable de l’esprit humain, et ils s’y dévouaient corps et âme. Comme ils firent bien ! » Qu’est-ce qu’une nation  ?
  • L’autre résolument axée sur un présent ouvert sur l’avenir fait peu de cas de ce qu’il y a d’émotionnel, d’affectif dans le lien national , un lien qu’il est utopique de prétendre désolidariser d’un passé commun et d’une communauté de valeurs transmises par héritage. Voilà pourquoi le grand mérite de Renan, là encore, est de pointer cette dimension du fait national. « Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire n’en font qu’une constituent cette âme, ce principe spirituel. L’une est dans le passé, l’autre dans le présent. L’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs; l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. L’homme, Messieurs, ne s’improvise pas. La nation, comme l’individu, est l’aboutissant d’un long passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j’entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu’on a consentis, des maux qu’on a soufferts. On aime la maison qu’on a bâtie et qu’on transmet. Le chant spartiate: « Nous sommes ce que vous fûtes; nous serons ce que vous êtes» est dans sa simplicité l’hymne abrégé de toute patrie. Dans le passé, un héritage de gloire et de regrets à partager, dans l’avenir un même programme à réaliser; avoir souffert, joui, espéré ensemble, voilà ce qui vaut mieux que des douanes communes et des frontières conformes aux idées stratégiques; voilà ce que l’on comprend malgré les diversités de race et de langue. Je disais tout à l’heure: « avoir souffert ensemble»; oui, la souffrance en commun unit plus que la joie. En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes, car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun. Une nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu’on a faits et de ceux qu’on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible: le consentement, le désir clairement exprimé de continuer la vie commune, L’existence d’une nation est (pardonnez-moi cette métaphore) un plébiscite de tous les jours, comme l’existence de l’individu est une affirmation perpétuelle de vie ».Ibid.

   Il faut lire cette conférence que Renan prononce à une époque où l’Allemagne et la France s’affrontent sur la question de l’Alsace-Lorraine. Il ne faut pas s’y tromper. Le propos de Renan est une charge contre la conception allemande de la Nation, masquée sous un exposé didactique apparemment neutre.

   Reste que la question demeure de savoir s’il a raison de considérer que « les nations ne sont pas quelque chose d’éternel. Elles ont commencé, elles finiront. La confédération européenne, probablement, les remplacera ».

   A constater la résistance du fait national, le problème reste entier de savoir comment il est   possible de l’articuler avec la nécessaire construction étatique, nationale et internationale dans un monde où la pluralité ethnique est le propre de la plupart des territoires et où elle remet en cause les principes de l’universalisme rationaliste.

Marqueurs: abstrait-concret , cité , communauté , empire , Etat , état laïque , humanité , nation , nationalisme , universel

Posté dans Chapitre XX - Etat et Société. , Répertoire

Laisser un commentaire

Nom (requis)

Mail (will not be published) (requis)

XHTML: You can use these tags: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Entrées complémentaires

  • Pierre Manent. La religion de l’humanité.

Profil

Tous droits réservés.

10 leçons sur : la liberté

10 leçons sur la lierté

10 Chapitres du cours sur la liberté, sélectionnés et édités dans un format papier agréable et pratique.

Impression à la demande au format poche

Pour Commencer

Comment se repérer dans ce blog ?

Présentation du chapitre I

  • Chapitre I – La philosophie.
  • Chapitre II – Conscience. Inconscient. Sujet.
  • Chapitre III – Autrui.
  • Chapitre IV – Désir.
  • Chapitre IX – L'art.
  • Chapitre V – Bonheur et moralité.
  • Chapitre VI – Nature-Culture.
  • Chapitre VII – Le travail.
  • Chapitre VIII – La technique.
  • Chapitre X – La religion.
  • Chapitre XI – Le langage.
  • Chapitre XII – Le réel, l'expérience.
  • Chapitre XIII – La raison.
  • Chapitre XIV – L'interprétation.
  • Chapitre XIX – Droit et justice.
  • Chapitre XV – L'histoire
  • Chapitre XVI – La vérité.
  • Chapitre XVII – Matière, vie, esprit.
  • Chapitre XVIII – La politique.
  • Chapitre XX – Etat et Société.
  • Chapitre XXI – La liberté.
  • Chapitre XXII – Réflexions sur l'Europe
  • Chapitre XXIII- L'existence, le temps, la mort
  • Chapitre XXIV- L'ennui
  • Chapitre XXV. Le plaisir.
  • Chapitre XXVI: La guerre.
  • Présentation des chapitres
  • Dissertations
  • Explication de texte
  • Méthodologie

Commentaires Récents

  • Simone MANON dans Laïcité: une institution désenchantée.
  • Noon dans Laïcité: une institution désenchantée.
  • Pierre dans Laïcité: une institution désenchantée.
  • AHINOU dans Descartes: La morale provisoire. Discours de la méthode, III.
  • Simone MANON dans Charles Stépanoff: L’animal et la mort. Chasses, modernité et crise du sauvage
  • Milan Caroline dans Charles Stépanoff: L’animal et la mort. Chasses, modernité et crise du sauvage
  • Simone MANON dans Le jugement est un don particulier qui ne peut pas du tout être appris, mais seulement exercé. Kant.
  • Pecos dans Le jugement est un don particulier qui ne peut pas du tout être appris, mais seulement exercé. Kant.

Articles Récents

  • Kant. La condition nécessaire à la possibilité de la paix entre les Nations.
  • La dialectique du bourgeois et du barbare
  • Charles Stépanoff: L’animal et la mort. Chasses, modernité et crise du sauvage
  • Joyeux Noël.
  • Vincent Coussedière. Eloge de l’assimilation

Liens - Chambéry

  • Lycée Vaugelas
  • Proxy Informatique

Liens - Cuisine

  • La cuisine de Mercotte
  • Les bonheurs de Senga

Liens - Philosophie

  • La république des livres
  • La vie des idées
  • Le blog de Marcel Gauchet
  • Les beaux cours de philosophie de Jacques Darriulat
  • PhiloSophie sur l'académie de Grenoble
  • Sens Public
  • Tumulti e ordini. Le blog de Thierry Ménissier.
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • Site de WordPress-FR

PhiloLog © 2024 Tous droits réservés.

Propulsé par WordPress - Thème « Misty Look » par Sadish Proxy Informatique -->

Apprendre la philosophie

Découvrir la philosophie pas à pas

Comment réussir le développement de la dissertation de philosophie

Bienvenue sur Apprendre la philosophie ! Si vous êtes nouveau ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous explique comment réussir votre épreuve de philosophie au bac : cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement ! 🙂

Bienvenue sur Apprendre la philosophie ! Comme ça n'est pas la première fois que vous venez ici, vous voudrez sans doute lire mon livre qui vous explique comment réussir votre épreuve de philosophie au bac : cliquez ici pour télécharger le livre gratuitement ! 🙂

Aujourd’hui, je vous explique comment réussir le développement de la dissertation de philosophie.

Admettons que vous ayez à traiter le sujet : Sommes-nous réellement libres ?

Vous avez fait un plan en trois parties et vous commencez votre deuxième partie où vous voulez défendre que nous ne sommes pas réellement libres. Vous devez donc développer votre 1er sous-partie. (Sachant qu’il doit y en avoir au moins 2 par grande partie).

Bien comment le développement de la dissertation de philosophie.

Vous devez commencer par énoncer l’idée que vous allez défendre suivie d’un argument pour justifier votre idée.

Cela peut donner :

« Nous allons voir à présent que nous ne sommes pas réellement libres car nos choix sont en fait déterminés par le milieu social dans lequel nous évoluons. »

Evidemment, ça n’est pas suffisant, à présent il faut expliquer votre argument car même si ce que vous dites vous paraît évident, ça ne l’est pas pour les autres. Il faut donc maintenant expliquer votre argument. C’est à ce stade que beaucoup d’élèves sèchent un peu. Que faire concrètement ?

Expliquer dans une dissertation c’est faire deux choses : clarifier et justifier

Pour clarifier , il faut essentiellement définir ce dont vous parlez. Ici, il faudra définir « déterminés », « milieu social » et préciser en quel sens vous avez pris « liberté ». Sur les différents sens possibles de la notion de liberté, je vous renvoie à cette vidéo .

Donc je reprends le développement et je précise en gras ce que je fais :

(« Nous allons voir, à présent, que nous ne sommes pas réellement libres car nos choix sont en fait déterminés par le milieu social dans lequel nous évoluons. »)

« En effet, nous pouvons nous croire libres, car notre capacité de faire des choix, c’est-à-dire notre libre arbitre, nous donne le sentiment que nous sommes à l’origine de nos décisions. (définition du sens de liberté dont je parle ici : le libre arbitre) . Mais, en réalité, cette liberté n’est qu’une illusion car nos choix sont déterminés c’est-à-dire ici influencés ou causés par notre milieu social. ( Définition de « déterminés » ). Cela signifie que nous seul et notre raison ne sommes pas à l’origine de nos choix. (reformulation de l’argument d’une autre manière toujours pour clarifier) Ce qui cause nos choix, c’est aussi la pression souvent inconsciente de notre milieu social c’est-à-dire de notre famille, nos amis, notre entourage d’une manière générale. » ( définition de milieu social ).

Donc vous l’avez compris clarifier c’est beaucoup définir et parfois reformuler ce que vous dites d’une autre manière.

Prendre un exemple :

Pour clarifier encore un peu plus vous pouvez prendre un exemple, c’est à dire un cas particulier qui illustre la pertinence de votre argument

Ici cela peut donner :

Par exemple, nous pouvons penser qu’un élève de terminale qui doit choisir les études dans lesquelles il veut s’engager peut être influencés par sa famille. Sans doute que la profession de ses parents et les idées qu’ils ont sur ce qu’est un « bon métier » vont peser dans sa décision consciemment ou inconsciemment.

Bien donc pour le moment vous avez clarifié votre argument en définissant – reformulant et en prenant un exemple.

Justifier votre argument

A présent vous pouvez et devez aller encore plus loin en justifiant votre argument. Cela signifie que vous devez dire pourquoi votre argument est pertinent et énoncer des preuves.

Quel type de preuves utiliser en philosophie ? le plus souvent vous pouvez justifier votre argument en faisant référence au raisonnement d’un auteur vu dans votre cours, mais vous pouvez aussi faire références à des études scientifiques par exemple.

Cela va donc donner :

« Le sociologue français, Pierre Bourdieu, a ainsi montré que chaque famille possède un capital culturel, un capital social et un capital financier. Le capital culturel c’est les connaissances et l’intérêt pour la culture de la famille. Le capital social correspond au réseau de relation auquel la famille peut faire appel et le capital financier c’est l’ensemble des biens qu’elle possède. ( définition des concepts de l’auteur ) . Or, selon Bourdieu, ces différents capitaux de la famille et la richesse de ces capitaux vont avoir une grande influence sur les membres de la famille. Par exemple, il sera plus facile pour un adolescent d’obtenir un stage dans le secteur de la mode si sa famille connait des personnes dans ce secteur. Ainsi, le réseau de sa famille va lui offrir des possibilités de choix que tout le monde n’a pas. C’est ce qui explique, pour Bourdieu, que statistiquement beaucoup d’enfants choisissent des professions similaires ou proches des professions de leurs parents. »  ( développement de la référence )

J’attire votre attention sur le fait qu’ il n’est pas suffisant de dire « l’auteur dit ça », il faut que vous expliquer pourquoi il le dit c’est-à-dire comment il justifie son idée. C’est ce que je viens de faire ici rapidement, mais il serait possible de développer davantage.

Une fois que vous avez justifié votre argument, il ne vous reste plus qu’à conclure votre sous-partie en rappelant rapidement en quoi ce que vous venez de dire répond bien au sujet.

Cela donne :

« Ainsi, les moyens financiers, la culture et le réseau de la famille influencent grandement les choix que font ou peuvent faire les membres de cette famille. C’est pourquoi, on peut considérer que nous ne sommes pas réellement libres car notre milieu social influence nos choix. » ( rappel du sujet et de la réponse que vous apportez)

Structure finale de la sous-partie :

  • Enoncer la thèse et son argument
  • Expliquer l’argument en définissant les termes employés et en reformulant si besoin
  • Prendre un exemple
  • Justifier votre argument en apportant une preuve (raisonnement d’un auteur, études scientifiques, sociologiques, psychologiques etc)
  • Rappeler en quoi ce que vous venez de dire répond au sujet

Voilà pour cet article sur le développement de la dissertation de philosophie. J’espère qu’il vous aidera à bien développer vos sous-parties. Pour davantage de conseils de méthode sur la dissertation, vous pouvez consulter cette page.

Articles similaires

Laissez un commentaire annuler la réponse..

  • ESH ESCP / SKEMA 2024 – Sujet
  • Géopolitique ESCP 2024 – Analyse du sujet
  • Géopolitique ESCP / SKEMA 2024 – Analyse du sujet
  • ESH ESCP/ SKEMA 2024 – Analyse du sujet
  • Géopolitique ESCP 2024 – Sujet

Misterprepa

Laissez-nous vous aider, Indiquez ce que vous cherchez en quelques mots !

Pour vous faciliter la navigation sur le site, Mister prépa vous sélectionne tous les articles en relation avec votre recherche.

dissertation philosophique sur la nation

Les références de philosophie politique à connaître

Dans cet article, on s’intéresse aux textes de philosophie du politique qui ont marqué l’histoire de la pensée. Voici, pour enrichir vos dissertations, une sélection des références incontournables sur le thème de la politique.

PLATON, Lettre VII : Le philosophe-roi

Il paraît difficile, d’expérience, d’administrer l’Etat. Socrate constate d’ailleurs que “tous les Etats actuels sont mal gouvernés ”. C’est ainsi qu’il fut amené à louer la philosophie , proclamant que seule elle est à même de reconnaître où est la justice. Socrate en arrive à la conclusion suivante : “les maux ne cesseront pas pour les humains avant que la race des purs et authentiques philosophes n’arrive au pouvoir ou que les chefs des cités, par une grâce divine, ne se mettent à philosopher véritablement.”. Pour réaliser la cité juste, il faut que les philosophes deviennent roi ou inversement.

Il est intéressant de noter que la position du philosophe vis-à-vis du pouvoir est très variable selon les penseurs. En effet, si l’on reprend la célèbre formule de Montesquieu : “C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser” , on se rend compte que le philosophe-roi, tout philosophe qu’il est, sera sujet aux abus. Dans cette perspective, Kant ( Vers la paix perpétuelle ) place le philosophe dans un rôle de conseiller. Arendt ( La Nature du totalitarisme ) va jusqu’à dire qu’on ne peut pas se fier à eux en matière de politique, car le philosophe est un être solitaire sujet à la désolation (à approfondir pour plus d’informations).

PLATON, La République , Livre III : Le mensonge, remède politique

“Le mensonge est inutile aux dieux, mais utile aux hommes sous forme de remède”. C’est ainsi que Platon conçoit le mensonge. Ce dernier ne doit servir qu’en tant que remède doit être réservé à celui qui est apte à l’appliquer, le chef de cité, le philosophe-roi donc. S’il ment, c’est toujours dans l’intérêt de la cité. En revanche, parmi les citoyens, le mensonge est une faute. Tout menteur sera donc puni car dangereux pour la cité. Le mensonge est réservé aux dirigeants politiques .

Le thème du mensonge a été grandement étudié en philosophie morale. Kant ( D’un prétendu droit de mentir par humanité ) ne voit en lui que du mauvais, alors que Jankélévitch ( Le traité des vertus ) trouvera des exceptions dans son application.

Lire plus : Peut-on mentir par humanité ? L’avis des philosophes

ARISTOTE, Politique :  l’homme est un animal politique

Pour Aristote, l’homme est naturellement à conduit vivre dans la cité car “l’homme est naturellement un animal politique”. Il est fait pour cette société politique. L’homme est un animal politique car “seul, entre les animaux, l’homme a l’usage de la parole. La voix est le signe de la douleur et du plaisir”. La parole, propre de l’homme, lui permet de se faire comprendre , de discuter du juste et de l’injuste, de l’utile et de l’inutile et de s’affirmer sur la place publique (thèse que l’on retrouvera chez Arendt dans The Human Condition . Ainsi, la cité est un ensemble de sous-ensembles qui a pour première base la famille et pour premier chef le père . C’est au sein de la cité que l’homme accomplit sa nature.

ARISTOTE, Ethique à Nicomaque : le Souverain Bien relève de la science politique

Quel est le sens de la vie ? Pour le philosophe Grec, le but en soi à nos actions est le bien suprême. La politique est la science souveraine qui vise ce bien , “car c’est elle qui dispose quelles sont parmi les sciences celles qui sont nécessaires dans les cités.” La finalité de la science politique englobe celle de toutes les autres sciences. Il en résulte que le bien de l’Etat prime sur le bien individuel. La science politique doit nous conduire vers le bonheur.

HOBBES, Léviathan : le pouvoir fort est seul à même d’assurer la sécurité des hommes

“La cause finale […] que poursuivent les hommes, […] c’est le souci de pourvoir à leur propre préservation et de vivre plus heureusement par ce moyen”. Les hommes acceptent des contraintes pour leur sécurité. A l’Etat de nature, les hommes vivent en guerre, ils cherchent donc à s’arracher à cet état de guerre : seule la puissance d’un pouvoir effrayant peut leur assurer. Il s’agit “de les lier par la crainte des châtiments”. C’est le contrat social. Selon Hobbes, sans un pouvoir disposant de la force, les lois morales sont contrariées par les passions naturelles. Les lois ont besoin d’un glaive pour ne pas demeurer de simples paroles dénuées de la force d’assurer aux gens la moindre sécurité. Pour certains philosophes modernes, Poutine est un parfait exemple du modèle hobbesien.

Notons la position de Rousseau vis-à-vis d’un droit fondé sur la violence : “Qu’est-ce qu’un droit qui périt là où la force cesse ?”. Pour Rousseau, la violence ne fait pas le droit. A l’inverse Pascal considère que le droit est justement confondu avec la force : “Ne pouvant faire que le juste fût fort, on a fait que le fort fût juste […]. Ne pouvant fortifier la justice, on a justifié la force.”

MACHIAVEL, Le Prince : le pouvoir politique exige la violence, voire la cruauté, mais doit éviter la haine

La thèse de Machiavel semble se rapprocher de celle d’Hobbes dans sa dimension manichéenne. Pourtant, celle-ci l’est bien mieux et a souvent tendance à être exagérée. Machiavel ne veut pas d’un Prince et tyrannique mais il estime, au vue de l’expérience et du contexte historique, qu’inspirer la crainte est nécessaire . Notons que Machiavel est le premier philosophe à intégrer un regard empirique dans la pensée politique.

Il est une violence nécessaire au souverain , toutefois “un prince […] doit être clément”. “Quand il s’agit de contenir ses sujets dans le devoir, on ne doit pas se mettre en peine du reproche de cruauté, d’autant qu’à la fin, le prince se trouvera avoir été plus humain”. La cruauté peut être nécessaire à un pouvoir, en particulier lorsque celui-ci est nouveau , “toute domination nouvelle étant pleine de danger”. Ainsi, le Prince doit inspirer la crainte plutôt que l’amitié : “il est plus sûr d’être craint que d’être aimé.” . D’après Machiavel, les hommes ménagent plus celui qui se fait craindre que celui qui se fait aimer.  Le prince veillera toutefois à ne pas être haï. Pour cela, “il lui suffit […] de respecter les priorités de ses sujets et l’honneur de leurs femmes”. La crainte diffèrent de la haine en ce qu’elle préserve le respect du souverain et n’attise pas les mauvaises intentions.

MACHIAVEL, Le Prince : les principales armes du pouvoir résident dans la loi et la ruse

Après avoir analysé le comportement du Prince, Machiavel présente ses armes. A ses yeux, “il y a deux manières de combattre, l’une avec des lois, l’autre avec la force. La première est propre aux hommes, l’autre nous est commune avec les bêtes; mais lorsque les lois sont impuissantes, il faut bien recourir à la force; un prince doit savoir combattre avec ces deux espèces d’armes”. Ces moyens s’apparentent à la force et à la ruse. “Le prince apprendra du premier à être adroit, et de l’autre à être fort.”. La force et la ruse sont donc complémentaires. Par la ruse, le Prince peut camoufler ses faiblesses. Il doit veiller aux apparences de ses bonnes qualités (“il est indispensable de paraître les avoir”). “Un prince doit s’efforcer de se faire une réputation de bonté, de clémence, de piété, de justice, de fidélité à ses engagements, et de justice”. Ainsi Machiavel distingue deux visages : celui de la place publique (le lion) et celui du palais (le renard).

Napoléon est un bon exemple de figure machiavélienne. Il dira lui-même : “Je sais, quand il le faut, quitter la peau du lion pour prendre celle du renard.”

Lire plus :   Nietzsche et la « Généalogie de la morale »

FREUND , L’essence du politique : “Il n’y a point de politique sans ennemi réel ou virtuel.”

L’opposition irréductible des hommes est le critère du politique . Le couple ami-ennemi est le critère du politique, celui qui détermine spécifiquement son activité. L’ennemi désigne l’autre, c’est une source de conflits qui ne peuvent être arbitrés et qui dépendent des seuls intéressés. “La caractéristique de l’État est de supprimer à l’intérieur de son ressort la division de ses membres ou groupements internes en amis et en ennemis, pour ne tolérer que de simples rivalités agonales ou luttes de partis” . On retrouve ici le paradigme du tissage de Platon : la politique est une science pratique, un art de gouverner les hommes en les liant. Le chef de cité doit prendre garde aux dissensions existantes dans la cité car elles menacent sa pérennité.

Le rôle de l’Etat est de supprimer la distinction ami-ennemi là où il est le maître afin d’éviter la guerre civile. Tous les autres antagonismes (religieux, scolaires, sociaux ou économiques) “ne sont politiques que secondairement” et deviennent politiques dès qu’ils répondent à ce critère ami-ennemi (tant “qu’ils ne divisent pas les membres de la collectivité en amis et en ennemis”). Le conflit est donc le fondement de la politique, cette dernière le porte en elle. 

LA BOÉTIE, Discours de la servitude volontaire : le pouvoir politique tyrannique est une énigme qui révèle la faiblesse des hommes

Le tyran n’a d’autre puissance que celle qu’on lui accorde.  Les sujets obéissent donc au tyran, “non qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés”. Le tyran est d’une puissance nulle en lui-même , pourtant il gouverne une masse d’hommes qui ensemble sont plus forts que lui. “N’est-ce pas honteux de voir un nombre infini d’hommes, non seulement obéir, mais ramper, non pas être gouvernés, mais tyrannisés.” La tyrannie apparaît aux yeux de La Boétie comme une énigme qui révèle la faiblesse des hommes (et leur besoin d’avoir un maître pour Kant).

MONTESQUIEU, De l’esprit des lois : il faut que, par des institutions, le pouvoir arrête le pouvoir

Etre libre politiquement  ne consiste pas à faire ce que l’on veut: “la liberté politique ne consiste point à faire ce que l’on veut” : “la liberté ne peut consister qu’à pouvoir faire ce que l’on doit vouloir, et à n’être point contraint de faire ce que l’on ne doit pas vouloir.” La liberté consiste à obéir aux lois. En effet, si un citoyen pouvait faire ce qu’elles défendent, il n’aurait plus de liberté car tous les autres auraient ce même pouvoir et dès lors les libertés empiéteraient les unes sur les autres et s’annuleraient. Sous un gouvernement modéré, les hommes sont libres mais “c’est un expérience universelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser” . Face à ce constat, Montesquieu en vient à la conclusion qu’ il faut contrôler le pouvoir par le pouvoir. “Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.” C’est pourquoi seule la loi peut réaliser la liberté politique et garder des abus de pouvoir.

MONTESQUIEU, De l’esprit des lois : la distribution des pouvoirs garantit le fondement de l’Etat libre

Il faut distinguer puissance législative et exécutric e (lorsque celles-ci sont réunies dans le même corps de magistrature, il n’y a point de liberté). En effet, celui qui ferait des lois tyranniques pourraient les exécuter comme il le souhaite. De même “si la puissance de juger n’est pas séparée de la puissance législative et de l’exécutrice”, l’Etat n’est pas libre. Il est donc nécessaire de séparer les 3 pouvoirs. Si cette idée est de nos jours ancrées dans les esprits, elle représentaient un grand changement pour l’époque. Montesquieu est le précurseur de la tripartition du pouvoir, garante du fondement de l’Etat libre.

WEBER, Le savant et le politique : la politique, lutte pour le pouvoir, donne accès à la violence légitime

L’Etat est un groupement politique défini par son moyen spécifique : la violence physique. “Tout Etat est fondé sur la force” écrivait Trotski : sans violence, l’Etat disparaît. “ L’Etat a le monopole de la violence physique légitime”, il est l’unique source du droit de violence. La politique est donc la lutte pour le pouvoir : “nous entendons par politique l’ensemble des efforts que l’on fait en vue de participer au pouvoir ou d’influencer la répartition du pouvoir”. Elle est ce qui donne ainsi accès à la violence légitime.

Pour approfondir le concept de violence : Walter Benjamin, Pour une critique de la violence.

WEBER, Le savant et le politique : 3 types de domination régissent le pouvoir politique

Il y a trois formes d’autorités (“trois fondements de la légitimité”) :

  • traditionnelle (“l’autorité de l’éternel hier”, celle des coutumes sanctifiées par leur validité immémoriale et par l’habitude enracinée en l’homme de les respecter)
  • charismatique (“fondée sur la grâce personnelle et extraordinaire d’un individu”) 
  • légale (“qui s’impose en vertu de la “légalité”, en vertu de la croyance en la validité d’un statut légal et d’une “compétence” positive fondée sur des règles établies rationnellement”)

FOUCAULT, Cours au Collège de France : la souveraineté du XIXe siècle est devenue un pouvoir sur la vie elle-même  

Foucault introduit ici son concept de biopouvoir . Il observe au XIXe siècle l’étatisation du biologiqu e : “un des phénomènes fondamentaux du XIXe siècle […] est ce qu’on pourrait appeler la prise en compte de la vie par le pouvoir”. C’est la prise de pouvoir sur l’homme en tant qu’être vivant. Le droit de vie et de mort est l’un des attributs de la souveraineté au sens classique. Ce droit est étranger au niveau théorique car dire de quelqu’un qu’il a droit de vie et de mort ôte à ces phénomènes leur caractère naturel. Toutefois, ce paradoxe théorique se complète par un déséquilibre pratique : le droit de vie et de mort s’exerce du côté de la mort. “Le droit de vie et de mort ne s’exerce que d’une façon déséquilibrée; et toujours du côté de la mort.” C’est en réalité le droit de tuer qui détient en lui le fondement de ce droit de vie et de mort. Le droit de vie s’exerce négativement : “c’est le droit de faire mourir ou de laisser vivre.”

Or, le XIXe siècle a substitué ce vieux droit de souveraineté par un autre droit nouveau, “qui ne va pas effacer le premier, mais qui va le pénétrer” . Il s’agit du “pouvoir de “faire” vivre et de “laisser” mourir.” C’est en cela que la souveraineté du XIXe siècle est devenu un pouvoir sur la vie elle-même.

Filière ECG ECT Littéraires

Année Bizuth Carré Cube

Prépa d'origine

Groupe d'école visé TOP 3 (HEC Paris, ESSEC, ESCP) TOP 5 (EDHEC, EMLYON) TOP 7 (SKEMA, AUDENCIA) TOP 10 (NEOMA, GEM, TBS) TOP 12 (KEDGE, RSB) TOP 15 (MBS, BSB, ICN) TOP 18 (IMT-BS, Excelia, EM Strasbourg) TOP 20 (EM Normandie, ISC Paris) TOP 24 (INSEEC, ESC Clermont, SCBS, BBS)

  • ← Les bienfaits de la globalisation financière
  • Le monde dans Le parti pris des choses de Francis Ponge →

Citations philosophiques expliquées épisode 3

Évitez les fautes dans vos écrits académiques

Évitez le plagiat gratuitement, faire une bibliographie gratuitement.

  • Dissertation

La méthode de la dissertation de philosophie !

Publié le 27 novembre 2018 par Justine Debret . Mis à jour le 7 décembre 2020.

Quelle méthode suivre pour une dissertation de philosophie ? C’est une question que l’on se pose depuis le lycée et qui nous préoccupe encore à l’université.

Table des matières

Étape 1 de la méthode d’une dissertation – analyser le sujet en profondeur, étape 2 de la méthode d’une dissertation – problématiser, étape 3 de la méthode d’une dissertation – faire un plan, étape 4 de la méthode d’une dissertation – argumenter, étape 5 de la méthode d’une dissertation – l’introduction, le développement, les transitions et la conclusion, étape 6 de la méthode d’une dissertation – la relecture et correction de votre dissertation, présentation gratuite, 1. lire le sujet attentivement.

Cela parait évident, mais la première étape est de lire le sujet en entier . Si plusieurs sujets de dissertation sont proposés, il vous faut les lire  tous   avant de choisir le sujet qui vous semble le plus approprié (celui que vous avez le plus préparé).

Exemple de sujets

2. définir les termes du sujet.

Il est primordial de définir les termes du sujet, afin de le comprendre et de choisir un angle d’attaque.

Conseil Utilisez l’étymologie des mots.

Les mots ont des définitions diverses et vous devrez choisir une définition spécifique pour les termes centraux du sujet en introduction.

Exemple de définition des termes

Sujet  : Le travail n’est-il qu’une contrainte ?

Il faut définir les termes “travail”, “contrainte” et “qu’une”. Si des idées, des concepts, des théories ou des auteurs vous viennent à l’esprit, notez les sur votre brouillon !

Travail  : au sens économique, le travail est une activité rémunérée ou non qui permet la production de biens et services. Avec le capital, c’est un facteur de production de l’économie. L’étymologie du terme travail est tripalium (instrument de torture), un instrument formé de trois pieux, deux verticaux et un placé en transversale, auquel on attachait les animaux pour les ferrer ou les soigner, ou les esclaves pour les punir.

Contrainte  : une chose imposée par l’extérieur contre la volonté d’un individu (différent d’une obligation).

Qu’une  : seulement, uniquement.

3. Faire un brainstorming sur le sujet

Soulignez les mots du sujet qui vous semblent essentiels et essayez de les définir ou de trouver des synonymes.

Étalez plusieurs feuilles de brouillon et écrivez toutes les idées qui vous viennent à l’esprit concernant votre sujet.

Relisez souvent le sujet pour éviter le hors-sujet.

L’analyse du sujet constitue une étape majeure de la réponse : elle cerne à viser précisément les exigences du libellé.

  • Elle porte sur les termes essentiels figurant dans le libellé.
  • Elle doit permettre de dégager le ou les problèmes posés par le sujet et de délimiter le domaine concerné par le sujet.

Exemple de brainstorming

  • Le travail peut être un plaisir.
  • Est-ce une contrainte ou une obligation que l’homme s’inflige ? Que serions-nous sans le travail ?
  • C’est une activité imposée de l’extérieur, donc une contrainte.
  • Le travail permet de nous libérer ?
  • Le travail est une fin en soi ?
  • Est-ce imposé par la société ?

Reformuler des textes rapidement et facilement

Reformulez des phrases, des paragraphes ou des textes entiers en un clin d'œil grâce à notre outil de paraphrase gratuit.

Reformuler un texte gratuitement

Grâce aux définitions et au brainstorming , faites un travail de reformulation avec vos propres mots de la question qui vous est posée.

Astuce Commencez la question par “en quoi” (pour une réponse avec différents arguments) ou “est-ce que” (pour une réponse en thèse/antithèse).

Lors de la problématisation du sujet, demandez-vous si vous pouvez y répondre avec vos connaissances et si vos propos sont en relation directe avec le sujet de la dissertation de philosophie.

Exemple de problématique

Problématique  : Est-ce que l’Homme est contraint ou obligé de travailler ?

Maintenant que vous avez une problématique, il faut faire un plan qui y répond. Recherchez des idées et notez-les de manière ordonnée.

En fonction du sujet de dissertation de philosophie proposé, un type de plan va s’imposer : dialectique, analytique ou thématique.

Nous conseillons de faire un plan en trois parties (et deux sous-parties). Toutefois, ce n’est pas obligatoire et vous pouvez faire deux parties (et trois sous-parties).

Il existe plusieurs types de plan  :

  • Le plan dialectique (ou critique).
  • Le plan analytique.
  • Le plan thématique

Exemple de plan

Plan  :

I) Le travail n’est qu’une activité imposée par l’extérieur contre la volonté de l’Homme

A) L’origine du travail B) Il est imposé à l’humanité par d’autres Hommes C) Le travail et la société

II) Le travail est une activité que l’être humain s’impose librement à lui-même

A) Travailler est naturel pour l’Homme ? B) Le travail comme une libération C) Le travail est une fin en soi

L’analyse du sujet de la dissertation de philosophie permet de dégager deux ou trois idées qui sont les parties de votre développement.

Chaque argument est l’objet d’un paragraphe qui doit présenter une explication de l’argument, des exemples précis et une phrase conclusive.

Exemple d’argumentation

B) Le travail comme libération

Argument 1 : D’après Kant, l’Homme se dicterait librement le travail car il en aurait besoin pour se libérer de la nature qui est en lui. En effet, le travail est une activité qui induit de suivre des règles, et ces règles permettent à l’être humain de se libérer de la nature qui réside en lui, c’est-à-dire de se civiliser. Cette nature qui habite l’être humain s’exprime par le désir, l’instinct et les sentiments d’après Kant. Le travail est donc l’activité qui permet à l’Homme de ne plus être esclave de sa nature et d’accéder à l’estime de soi.

Exemple : C’est-à-dire que lorsque l’Homme travail, tout ce qu’il construit « il doit en avoir tout seul le mérite et n’en être redevable qu’à lui-même ». D’après Kant, le travail permet aussi d’évoluer et d’accéder à la culture, car si l’Homme ne travaillait pas, il serait resté au stade primitif. Par exemple, un consultant qui travaille pour Deloitte sur différentes missions continuera de se perfectionner et d’accumuler des connaissances au fil de sa carrière.

Conclusion : Par conséquent, l’Homme s’oblige à travailler pour se libérer de la nature qui est en lui et pour accéder à l’estime de soi, ainsi qu’à la culture.

1. L’introduction d’une dissertation

L’introduction d’une dissertation de philosophie permet de poser le sujet et d’exposer clairement le problème.

Elle ne doit pas être trop longue (10 à 15 lignes) et s’adresse à un lecteur profane.

L’introduction d’une dissertation de philosophie doit comporter :

  • une amorce ;
  • l’énoncé du sujet (si c’est une citation, elle doit figurer dans l’introduction avec le nom de l’auteur) ;
  • la définition des termes et reformulation du sujet ;
  • la problématique ;
  • l’annonce du plan de la dissertation.

Exemple d’introduction

Sujet  : Le travail n’est-il qu’une contrainte?

Introduction  :

« Le travail a quelque chose de semblable à la mort. C’est une soumission à la matière. » a dit Guillaume Apollinaire. Il pose ainsi la question du travail, comme une unique contrainte. L’étymologie latine du mot travail, « tripalium », signifie « instrument de torture ». En outre, c’est une action liée à la souffrance et qui possède une dimension fortement négative. Par définition, le travail est une activité de transformation de la nature qui a pour effet de transformer l’Homme lui-même. Pour Blaise Pascal, c’est un divertissement qui occupe une grande partie de la vie des Hommes et qui permet de masquer les problèmes essentiels de l’existence humaine. On définit une contrainte comme étant est une chose imposée par l’extérieur contre la volonté d’un individu. Or, il faut bien différencier une contrainte d’une obligation, qui elle est une activité que l’individu s’impose lui-même librement. On peut donc se demander est-ce que l’Homme est contraint ou obligé de travailler ? Dans un premier temps, nous nous demanderons si le travail n’est qu’une activité imposée par l’extérieur contre la volonté de l’Homme, puis dans un deuxième temps nous nous interrogerons sur le fait que le travail est une activité que l’être humain s’impose librement à lui-même.

2. Le développement

Le développement comporte deux ou trois parties, nettement séparées. Il faut sauter une ligne après l’introduction, entre chaque partie, et avant la conclusion.

Chaque partie est divisée en trois ou quatre paragraphes qui s’articulent autour d’un argument ou d’une idée directrice.

Tout argument doit être illustré par un exemple littéraire qui donne lieu à une analyse permettant au lecteur d’apprécier leur pertinence. Chaque partie s’achève sur une phrase de conclusion.

Exemple de développement

Effectivement, l’Homme s’imposerait librement le travail, car il en aurait besoin pour se libérer.

Exemple : C’est-à-dire que lorsque l’Homme travail, tout ce qu’il construit « il doit en avoir tout seul le mérite et n’en être redevable qu’à lui-même ». D’après Kant, le travail permet aussi d’évoluer et d’accéder à la culture, car si l’Homme ne travaillait pas, il serait resté au stade primitif.

Conclusion : Par conséquent, l’Homme s’oblige à travailler pour se libérer de la nature qui est en lui et pour accéder à l’estime de soi ainsi qu’à la culture.

Argument 2 : Par ailleurs, d’autres philosophes voient dans le travail un autre facteur de libération. En effet, pour Pascal, le travail permet à l’Homme de se libérer de la misère existentielle, qui est le maux le plus douloureux de l’espèce humaine et qui est en fait la définition de la condition humaine. La misère existentielle est en fait une angoisse, un ennui qui est commun à tous les Hommes et qui résulte d’une interrogation sur l’existence humaine.

Exemple : Ces questions existentielles, qui sont universelles, plongeraient l’Homme dans une angoisse et un ennui profond. Il existe de nombreuses questions de ce genre comme « que faire de sa vie ? » ou bien « que faire face à l’angoisse de la mort ? ». Pascal considère que pour se libérer face à ce maux l’Homme s’impose librement le travail, qui est un divertissement qui l’occupe et l’empêche de se poser ces questions existentielles. C’est-à-dire que le travail est la seule solution pour l’Homme face au sentiment insupportable que l’existence humaine est absurde.

Conclusion  : Par conséquent, l’Homme se dicte librement le travail car c’est l’unique solution face à l’angoisse et l’ennui causés par la condition humaine. Le travail, d’après ces deux exemples constitue une obligation pour l’Homme dans le sens où il se l’impose librement afin de se libérer de la nature qui est en lui, ainsi que de la misère existentielle qui l’habite. Toutefois, le travail pourrait n’être considéré que comme une contrainte s’il constituait une activité réalisé pour une fin extérieure.

3. Les transitions

Dans une dissertation de philosophie, les transitions sont primordiales. Elles permettent de lier les parties entre elles.

Deux types de transitions sont utilisés :

  • Les transitions entre grandes parties (I et II par exemple).
  • Les transitions entre chaque sous-partie (entre A et B par exemple).

Une transition est faite de plusieurs parties :

  • une mini-conclusion de la partie ou sous-partie précédente ;
  • une critique d’un point faible de la partie précédente ;
  • l’annonce de la partie qui suit.

Exemple de transition

Transition (de B vers C) :

Nous avons mis en exergue que le travail permet à l’Homme de se libérer de la nature qui est en lui et de sa misère existentielle (B). Toutefois, notre étude ne s’est pas encore intéressée aux autres apports du travail. Nous allons désormais nous intéresser au travail comme une fin en soi (C).

4. La conclusion d’une dissertation

La conclusion d’une dissertation de philosophie est une synthèse du développement. Il faudra clairement indiquer la réponse à la problématique de l’introduction. Il est possible d’ajouter ensuite une ouverture qui propose une extension de la réflexion sur un autre angle du thème.

Exemple de conclusion

Conclusion  :

Le travail ne peut guère être uniquement considéré comme une simple contrainte même si il est imposé à l’Homme par d’autres individus. En effet, il s’agit aussi d’une obligation, une fin en soi, qui lui permet en quelque sorte de s’émanciper la nature qui est en lui ainsi que de sa condition humaine. Le travail permet en effet à l’Homme de se libérer d’aspects contraignant liés à l’existence humaine.

Voici une présentation de cours gratuite sur comment faire une dissertation. Vous pouvez l’utiliser avec vos élèves ou simplement de manière personnelle pour travailler la méthode de la dissertation de philosophie.

Sur Google Slides En version PowerPoint

Citer cet article de Scribbr

Si vous souhaitez citer cette source, vous pouvez la copier/coller ou cliquer sur le bouton “Citez cet article” pour l’ajouter automatiquement à notre Générateur de sources gratuit.

Debret, J. (2020, 07 décembre). La méthode de la dissertation de philosophie !. Scribbr. Consulté le 25 avril 2024, de https://www.scribbr.fr/dissertation-fr/methode-dissertation/

Cet article est-il utile ?

Justine Debret

Justine Debret

D'autres étudiants ont aussi consulté..., exemple de dissertation de philosophie, exemple de dissertation juridique, conclusion d’une dissertation : comment la rédiger .

Dissertations corrigés de philosophie pour le lycée

dissertation philosophique sur la nation

Choisir, est-ce renoncer à sa liberté ?

La dissertation suivante analysera la problématique : choisir est-ce renoncer à sa liberté ? Nous tenterons de répondre à cette question en passant en revue différents points de vue philosophiques sur la liberté et le choix.

  • Dissertations
  • La conscience

dissertation philosophique sur la nation

Ce qui est subjectif est-il nécessairement faux ?

Approcher la question « Ce qui est subjectif est-il nécessairement faux ? » veut nous amener à réfléchir à la corrélation entre subjectivité et fiabilité de la vérité. Cette dissertation analysera cette problématique stimulante depuis diverses perspectives philosophiques.

dissertation philosophique sur la nation

Comment puis-je savoir qui je suis ?

Nous aborderons ici une question essentielle : Comment puis-je savoir qui je suis ? Cette interrogation profonde nous incite à envisager notre propre identité à travers diverses perspectives, depuis un regard intérieur jusqu’à l’impact de notre environnement social.

dissertation philosophique sur la nation

Est-ce raisonnable d’avoir peur du progrès technique ?

La dissertation qui suit va analyser l’interrogation autour de la peur du progrès technique. Cette question enjoint à ruminer sur la rationalité de la peur, les implications du progrès technique et l’interaction entre les deux.

  • La technique

dissertation philosophique sur la nation

En quel sens peut-on dire que la vérité s’impose ?

La question de savoir si la vérité s’impose à nous est l’objection en philosophie. Autrement dit, est-ce que nous découvrons la vérité ou est-elle une construction de nos perceptions ? Ce débat stimulant est au cœur de notre dissertation.

dissertation philosophique sur la nation

Avons-nous le choix d’être libre ?

La notion de liberté soulève d’interminables questionnements, et le choix d’être libre entrelace l’ontologie de l’existence et l’éthique du comportement. Dans cette dissertation, nous tenterons d’interroger ce concept complexe et profond.

dissertation philosophique sur la nation

En quoi suis-je concerné par la liberté des autres ?

Dans le cadre de cette dissertation philosophique, nous allons nous pencher sur la problématique de la liberté d’autrui. Plus précisément, nous considérerons de quelle manière je suis, en tant qu’individu, affecté et impliqué par la libération de mes contemporains.

dissertation philosophique sur la nation

En quel sens les mots nous apprennent-ils à penser ?

La dissertation qui suit se penche sur l’interrogation suivante : en quoi les mots nous instruisent-ils à penser ? Nous analyserons d’abord la nature intrinsèque du langage, puis l’impact des mots sur notre processus de réflexion.

dissertation philosophique sur la nation

Dans quelle mesure les énoncés scientifiques peuvent-ils être considérés comme des vérités ?

La recherche de la vérité est un objectif fondamental en science. Toutefois, la notion de vérité en science est complexe et soulève de nombreuses questions philosophiques. Cette dissertation examinera donc la nature et la portée de la véracité des énoncés scientifiques.

dissertation philosophique sur la nation

Doit-on toujours dire la vérité ?

Le débat sur l’obligation morale de dire la vérité est ancien et complexe. C’est une question cruciale en philosophie morale et éthique. Cette dissertation vise à examiner les divers aspects et perspectives de cette problématique.

dissertation philosophique sur la nation

En art, tout s’apprend-il ?

La dissertation philosophique qui suit aborde la question fascinante : « En art, tout s’apprend-il ? ». De nombreux aspects seront examinés pour évaluer si l’art peut être entièrement enseigné ou s’il existe des éléments intrinsèquement innés.

dissertation philosophique sur la nation

Dire que l’art qu’il n’est pas utilitaire, est-ce dire qu’il est inutile ?

Dans cette dissertation philosophique, nous nous interrogerons sur le rôle et la valeur de l’art. Si l’art n’a pas d’utilité pragmatique, est-ce pour autant qu’il est sans valeur ou même inutile ? Une réflexion qui questionne l’essence même de l’art.

dissertation philosophique sur la nation

Connaissons-nous immédiatement le réel ?

Dans ce travail de réflexion philosophique, nous allons nous interroger sur le lien entre la connaissance et la réalité. Est-ce que nous connaissons immédiatement le réel ou notre compréhension de celui-ci est-elle filtrée ou indirecte ?

dissertation philosophique sur la nation

A-t-on besoin de certitudes pour agir ?

La question « A-t-on besoin de certitudes pour agir ? » nous invite à réfléchir sur l’interaction entre notre connaissance du monde et notre capacité d’action. Cette dissertation philosophique analysera comment la certitude influe sur nos actions.

dissertation philosophique sur la nation

Ce qui est naturel échappe-t-il à l’histoire ?

Dans le débat philosophique, la question de la relation entre nature et histoire suscite diverses réflexions. En effet, l’interrogation « Ce qui est naturel échappe-t-il à l’histoire ? » nous invite à une profonde analyse des liens entre ces deux dimensions.

dissertation philosophique sur la nation

Est-ce par la conscience qu’il faut définir l’homme ?

En se penchant sur la question « Est-ce par la conscience qu’il faut définir l’homme ? », cette dissertation philosophique s’efforce de comprendre si l’essence de l’homme réside réellement dans sa capacité à examiner son existence et ses actions.

dissertation philosophique sur la nation

Est-ce à la justice de dire où est le mal ?

La question de départager le bien et le mal est un débat vieux comme la philosophie elle-même. Ce dilemme, « Est-ce à la justice de dire où est le mal ? », révèle l’interaction entre les notions éthiques et juridiques, concept central à notre coexistence sociale.

dissertation philosophique sur la nation

Est-ce toujours par ignorance que nous commettons des erreurs ?

La dissertation philosophique qui suit s’interroge sur le lien entre ignorance et erreur. Est-ce que nos erreurs sont toujours le reflet de notre ignorance? Cette question conduit à une réflexion approfondie sur la nature humaine et l’origine de nos fautes.

dissertation philosophique sur la nation

Eduquer l’individu, est-ce porter atteinte à sa liberté ?

La question de l’éducation, et son supposé conflit avec la liberté individuelle, a toujours suscité un intense débat philosophique. Le sujet revient à s’interroger si éduquer, c’est inévitablement brider l’autonomie de l’individu.

dissertation philosophique sur la nation

Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ?

L’interrogation « Est-ce à la loi de décider de mon bonheur ? » soulève des questions complexes liées à la liberté individuelle, au rôle des institutions et à la définition même du bonheur. Cette dissertation se propose d’analyser ces aspects de manière critique.

LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC

  • Archives du BAC (43 537)
  • Art (11 063)
  • Biographies (6 177)
  • Divers (47 457)
  • Histoire et Géographie (17 971)
  • Littérature (30 273)
  • Loisirs et Sports (3 295)
  • Monde du Travail (32 160)
  • Philosophie (9 544)
  • Politique et International (18 654)
  • Psychologie (2 956)
  • Rapports de Stage (6 976)
  • Religion et Spiritualité (1 441)
  • Sante et Culture (6 437)
  • Sciences Economiques et Sociales (23 576)
  • Sciences et Technologies (11 298)
  • Société (10 930)
  • Page d'accueil
  • / Politique et International

Dissertation sur la nation

Par nonon83   •  8 Avril 2018  •  Dissertation  •  1 072 Mots (5 Pages)  •  1 326 Vues

TD2 droit constitutionnel

« Nous sommes ce que vous fûtes,nous serons ce que vous êtes ».Cet extrait vient Qu’est ce qu’une nation qui est une conférence d’Ernest Renan qui a eue lieu le 11 mars 1882 à la Sorbonne et publié en 1887  dans les Discours et conférences. Ernest Ronan était un philologue dans les langues sémitiques,un professeur au Collège de France mais aussi un grand officier de la légion d’honneur.

Cette conférence a eue lieu dans le contexte de la défaite de Sedan de 1870 et de l’annexion de l’Alsace-Lorraine du à la défaite Française,il s’oppose donc ici au courant Allemand,ce qui exsplique du courant Francais.Dans cet extrait,il va conférer sur le faite que la nation est le fruit,la construction d’une histoire et donc d’un passé et que c’est un héritage a transmette.Ernest Ronan va ici se poser la question de qu’est ce qu’ne nation,qu’elle est son passé,commment elle se nourri du passé pour être ce qu’elle est aujourd’hui,mais aussi de l’importance de l’honorer et de la transmettre.Nous verrons donc comment la nation c’est nourri du passé pour être la nation moderne d’aujourd’hui et l’importance de transmettre cet héritage.

Nous verrons dans un premier temps comment la nation c’est nourri du passé,puis dans un second temps l’imoortance de transmettre cet héritage et de l’honorer.

Nous verrons donc dans un premier temps comment la nation c’est nourri du passé pour être la nation moderne d’aujourd’hui.

La nation c’est construite sur des moments,des faits historique qu’elle a vécu et qui font ce qu’elle est aujourd’hui.

I)La nation se nourri du passé pour être la nation moderne d’aujourd’hui.

A)La nation fruit de l’histoire

En effet par les guerres,les conflits et les révolutions la nation c’est nourri de cela pour se forger,Ernest Renan cite le massacre de la Saint-Barthélemy qui est une guerre de religion provoquant le massacre des protestants et qui a eue lieu le 24 août 1572.Ou il cite également les massacres du midi au XIIIe siècle,de ce faite il montre que ce n’est pas une réalité naturelle.

-De ce faite Renand considère que ces évenements passé légitime le présent.

-Il monte ensuite que le lien entre le lien être la langue,la religion,la race.

-Quand on parle de réalité naturelle on parle de droits naturels donc que ces droits seraient issus de la nature humaine , et qu'ils seraient donc inhérents à chacun, indépendamment de sa position sociale , de son ethnie , de sa nationalité , ou de toute autre considération.

-Il renforce son idée de droit naturel avec le lien avec la race,la langue,la religion,la géographie avec l’exemple des cours du fleuves et des chaines de motagnes,en disant que l’homme n’est pas esclaves de ces derniers ;

Pour renforcer son propos il va alors se poser la question de qu’est ce qu’une nation et comment on peut être considérer comme une nation.

B/L’attribut de nation

-En effet,il cherche a nous éclairer sur la notion de nation

-Il va tout d’abord poser des questions réthoriques afin de nous interpeller nous même sur la sgnification de nation et sur comment peut-on dire qu’un Etat est une nation : « Mais qu’est ce donc qu’une nation?Pourquoi la Hollande est elle une nation,quand la Toscane,par exemple (…) et non pas une nation ?

-Il va prendre l’exemple de plusieurs pays qui sont pour certaines des nations et pour les pays qui sont une nation,pourquoi elle sont une nation alors qu’il y a plusieurs race et pourquoi d’autres pays  qu’il considèrent comme homogène,ne le sont pas.Puis il va définir ce qu’est une nation pour pouvoir répondre a ces questions.

IMAGES

  1. Dissertation 2

    dissertation philosophique sur la nation

  2. DM de philosophie : La conscience et l'inconscient

    dissertation philosophique sur la nation

  3. Philo dissertation les Lois visent elles à instaurer la justice

    dissertation philosophique sur la nation

  4. Méthodologie 1 Dissertation philosophique

    dissertation philosophique sur la nation

  5. dissertation philo méthode PDF Cours,Exercices ,Examens

    dissertation philosophique sur la nation

  6. Dissertation Corrige Philosophie

    dissertation philosophique sur la nation

VIDEO

  1. DISSERTATION PHILOSOPHIQUE: "LA PAIX, ON PEUT L'ÉVITER" QUE PENSEZ-VOUS DE CETTE AFFIRMATION?

  2. SYNTHESE PHILOSOPHIQUE LYCEE YENNE AVEC PROF SONGUE DIOUF

  3. Dissertation philo : 20 Arguments pour disserter sur l'impact de la société sur la liberté humaine

  4. Dissertation : trucs et astuces pour l’introduction

  5. Correction dissertation philosophie Bac 2018

  6. Comment analyser un sujet de dissertation philosophique ?

COMMENTS

  1. PDF Autour des fondamentaux théoriques sur le concept de « nation

    Une communauté politique imaginaire et imaginée. Benedict Anderson définit la nation comme « une communauté politique imaginaire, et imaginée comme intrinsèquement limitée et souveraine40 ». D'abord, l'accent est mis sur la nature politique de la nation. Ainsi État et nation se confondent-ils.

  2. Exemple de dissertation de philosophie

    Voici des exemples complets pour une bonne dissertation de philosophie (niveau Bac). Vous pouvez les utiliser pour étudier la structure du plan d'une dissertation de philosophie, ainsi que la méthode utilisée. Conseil. Avant de rendre votre dissertation de philosophie, relisez et corrigez les fautes. Elles comptent dans votre note finale.

  3. 289 sujets de Philo corrigés

    Les incontournables du BAC de philosophie : plans rédigés de dissertations et commentaires de texte. Annales corrigées du BAC philo en téléchargement. ... avec parties et sous-parties - la possibilité de questionner le professeur sur le plan proposé Prestation personnalisée réalisée par un professeur agrégé de philo. Bon à savoir ...

  4. Qu'est-ce qu'une nation ?

    Pourquoi poser aujourd'hui la question de la nation ? Parce que l'État nation est en crise, et singulièrement en France, patrie de la nation européenne moderne. Notre objectif consistera simplement ici à décrire la situation de la France en nous appuyant sur le présupposé de tout État nation, l'identité de la nation et de l'État, et en dressant le constat d'une rupture que ...

  5. La nation, l'État et la question de l'identité

    La figure de l'État-nation désigne deux réalités très différentes : la nation, communauté humaine rassemblée par l'Histoire sur un territoire ; l'État, instrument politique et juridique que la nation s'est donné pour décider et vivre en paix. Le trait d'union établit un lien, une articulation, qu'il faut penser à nouveaux frais quand la nation s'interroge sur son ...

  6. Bac philo, série S : le corrigé du 1er sujet, « La pluralité des

    Nous publions ici le corrigé type du 1er sujet de l'épreuve de philosophie réservé aux élèves de la série scientifique lundi 17 juin.

  7. 2. Les théories de la nation

    3 La nation émergera comme concept politique dans le sillage de la philosophie rationaliste et cette idée deviendra un sous-produit du libéralisme. La nation fut d'abord un concept révolutionnaire. En contestant l'origine divine du pouvoir et en fondant la légitimité de l'autorité politique sur le principe de la souveraineté du peuple, on liait l'exercice du pouvoir au ...

  8. Maîtriser la dissertation en philosophie

    Une dissertation réussie se prépare avec trois ingrédients : une méthode (ensemble de règles qui guide la réflexion), de la culture (culture personnelle et culture philosophique acquise en cours) et de la curiosité (la philosophie est un regard curieux sur soi-même et sur le monde). L'épreuve de la dissertation dure 4 heures.

  9. Plan d'une dissertation de philosophie

    L'introduction d'une dissertation de philosophie est très importante. Elle permet de définir les termes du sujet et d'annoncer le plan. Dans l'introduction d'une dissertation de philosophie, on retrouve ces éléments : la phrase d'accroche (amorce) ; l'énoncé du sujet ; la définition termes et reformulation du sujet ; la ...

  10. Dissertation de philosophie

    La dissertation de philosophie. La dissertation de philosophie vous demande d'étudier un sujet qui peut être posé sous forme de question, citation ou phrase. Il est primordial de construire une réflexion autour de la question sous-jacente au sujet : la problématique. Il vous faut disserter de manière argumentative en utilisant des ...

  11. La politique > plans rédigés disponibles

    La politique : plans de dissertations et corrigés de commentaires de textes philosophiques. Votre sujet n'est pas dans la liste ? Obtenez en moins de 72h: - problématique entièrement rédigée - un plan détaillé rédigé complet, avec parties et sous-parties - la possibilité de questionner le professeur sur le plan proposé Prestation personnalisée réalisée par un professeur agrégé ...

  12. Introduction de dissertation liberté et état

    Introduction de dissertation : liberte et état Introduction. La liberté et l'État sont deux notions fondamentales qui ont alimenté les débats en philosophie politique depuis des siècles. La liberté, en tant que concept central de notre existence, représente la capacité des individus à agir, choisir et vivre selon leurs propres ...

  13. Bac philo : dissertations, textes... Tous les corrigés des épreuves

    L'épreuve du bac philo 2023 a eu lieu mercredi 14 juin. Nous avons publié tout au long de la journée des corrigés des épreuves, que vous pouvez retrouver ci…

  14. Exemple de dissertation de philosophie rédigée

    Afin que vous compreniez mieux ce que l'on attend de vous dans une dissertation, voici un exemple de dissertation de philosophie. A chaque fois, je précise entre parenthèses juste après à quelle étape de la méthodologie de la dissertation cela correspond. Si vous ne l'avez pas lu, je vous invite à lire d'abord cet article sur la ...

  15. PDF guide pour la dissertation

    pour autant la conseiller, la pratique de l'annonce du plan à la fin de l'introduction. En revanche, lors d'une «leçon», c'est-à-dire l'équivalent oral de la dissertation, l'annonce du plan est indispensable à la fin de l'introduction.) le dØveloppement Le corps de la dissertation doit être organisé et argumenté.

  16. » Idée de nation.

    Idée de nation. 27 Nov 2010 par Simone MANON. « Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France. Le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison. Ce qu'il y a, en moi, d'affectif imagine naturellement la France, telle la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs, comme vouée à une destinée éminente et ...

  17. Comment réussir le développement de la dissertation de philosophie

    Justifier votre argument en apportant une preuve (raisonnement d'un auteur, études scientifiques, sociologiques, psychologiques etc) Rappeler en quoi ce que vous venez de dire répond au sujet. Voilà pour cet article sur le développement de la dissertation de philosophie. J'espère qu'il vous aidera à bien développer vos sous-parties.

  18. Les références de philosophie politique à connaître

    Dans cet article, on s'intéresse aux textes de philosophie du politique qui ont marqué l'histoire de la pensée. Voici, pour enrichir vos dissertations, une sélection des références incontournables sur le thème de la politique. PLATON, Lettre VII: Le philosophe-roi. Il paraît difficile, d'expérience, d'administrer l'Etat.

  19. La méthode de la dissertation de philosophie

    4. La conclusion d'une dissertation. La conclusion d'une dissertation de philosophie est une synthèse du développement. Il faudra clairement indiquer la réponse à la problématique de l'introduction. Il est possible d'ajouter ensuite une ouverture qui propose une extension de la réflexion sur un autre angle du thème. Exemple de ...

  20. Philo bac

    Dans le cadre de cette dissertation philosophique, nous allons nous pencher sur la problématique de la liberté d'autrui. Plus précisément, nous considérerons de quelle manière je suis, en tant qu'individu, affecté et impliqué par la libération de mes contemporains. Lire la suite. Dissertations. La liberté.

  21. Dissertation sur la nation

    La nation c'est construite sur des moments,des faits historique qu'elle a vécu et qui font ce qu'elle est aujourd'hui. I)La nation se nourri du passé pour être la nation moderne d'aujourd'hui. A)La nation fruit de l'histoire. En effet par les guerres,les conflits et les révolutions la nation c'est nourri de cela pour se ...

  22. PDF Qu'est-ce qu'une dissertation philosophique

    De fait la dissertation philosophique fait bien partie, à titre d'espèce, du genre de la dissertation, en tant qu'elle suppose de passer par l'écriture, de ... Se mesure ici l'importance de la place à accorder à la dissertation comme exercice écrit sur celui de l'oral. 9782340-041325_001_480.indd 7 30/06/2020 11:37. 8 La parole ...

  23. Dissertation sur l'Etat et la notion de peuple

    Dissertation sur la notion d'Etat et la notion de peuple. Sur l'identité commune ou distincte de deux notions dont aucune définition précise n'est arrêtée. et ... politique ou encore juridique ou philosophique mettent l'accent sur tel ou tel aspect de ces deux concepts. Ainsi concernant l'Etat, en droit constitutionnel, il est ...