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Analyse du Tartuffe de Molière

Analyse de l'acte i, scène 1, en quoi cette scène d’exposition est-elle originale .

I) Une scène d’exposition dynamique

La scène commence in medias res par une dispute entre Madame Pernelle et ses petits enfants: “Vous êtes, ma mie, une fille suivante, Un peu trop forte en gueule, et fort impertinente”. De plus, on peut observer un rythme rapide dû au fait que Madame Pernelle coupe sans cesse la parole à ses interlocuteurs, ce qui est marqué par les points de suspension: “Mais…”. 

Madame Pernelle ne supporte pas de voir ses petits-enfants vivre sans suivre les préceptes d’austérité édictés par Tarfuffe: “C’est que je ne puis voir tout ce ménage-ci”. Le personnage de Tartuffe n’est pas physiquement sur scène mais il est présent à travers les paroles des autres personnages dont il est le centre de l’attention. On comprend que Tartuffe sera le personnage principal de la pièce car ce sont ses idées qui sont la cause de cette dispute initiale : “C’est un homme de bien qu’il faut que l’on écoute”. 

II) Madame Pernelle, un personnage comique malgré elle

Dans ce texte, l’auteur a eu recours à plusieurs sortes de comiques. Tout d’abord, le comique de geste où l’on peut imaginer Madame Pernelle courir dans tous les sens: “Mais, ma mère, d’où vient que vous sortez si vite ?”, “Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée”. Mais on ressent aussi un comique de mots, Madame Pernelle donne des leçons à ses petits-enfants, leçons qu’elle-même ne respecte pas, puisqu’elle ordonne à ses petites-filles de ne pas parler davantage que les hommes alors qu’elle monopolise elle-même la parole: “On n’y respecte rien, chacun y parle haut, Et c’est tout justement la cour du roi Pétaud”. 

Ainsi, à la lecture de cette scène d’exposition, on se demande ce qu’il se passera par la suite. Cette scène est intrigante car on y voit plusieurs personnages s’y disputer alors que le rideau vient à peine de se lever. C’est une scène d’exposition qui, au lieu de nous apporter des réponses, nous questionne sur le personnage de Tartuffe : qui est-il au juste ? 

Analyse de l'Acte I, scène 6, Comment fonctionne le comique dans cette scène ?

I) Un maître de maison égaré

Dans la pièce Tartuffe, à l’acte I, scène 6, Molière dénonce l'hypocrisie et l’emprise croissante du parti dévot et de l’ordre du Saint-Sacrement auprès de la cour de Paris. Dans cet extrait, Orgon répète sans cesse la même question au sujet de Tartuffe, comme s’il était envoûté et qu’il répétait une incantation : “Et Tartuffe ?”

C’est un faux dialogue puisque Orgon n’écoute pas les réponses de Dorine qui pourtant lui dit à chaque réplique qu’Elmire est souffrante, cela montre l’indifférence d’Orgon et le souci de Dorine pour sa maîtresse : “Sans trouble il dormit jusques au lendemain [...] Le pauvre homme !” On remarque que les réponses de Dorine sont construites de façon parallèle pour donner des nouvelles de Elmire et de Tartuffe : Elmire a la nausée mais Tartuffe s’empiffre devant elle (“Le soir elle eu un grands dégoût [...] Il soupa, lui tout seul, devant elle; Et fort dévotement il mangea deux perdrix, avec une moitié de gigot en hachis”), Elmire n’arrive pas à fermer l’oeil mais Tartuffe dort sur ses deux oreilles (“Des chaleurs l'empêchaient de pouvoir sommeiller [...] Il passa dans sa chambre au sortir de table; et dans son lit bien chaud il se mit tout soudain, ou, sans trouble, il dormit jusques au lendemain.”). Ainsi Orgon est complètement fasciné par Tartuffe, plus rien ni personne d’autre n’a d’importance à ses yeux.

II) Une scène comique

C’est une scène comique qui repose essentiellement sur le comique de répétition, le comique de situation et l’ironie. Tout d’abord, on remarque que le texte est rythmé par la répétition des répliques d’Orgon : “Et Tartuffe ?” et “Le pauvre homme !” Le comique de situation s’ajoute par le fait que Orgon ne veut rien entendre à propos de sa femme qui est pourtant souffrante au point que ses domestiques l’ont veillée toute la nuit, mais en revanche se focalise sur le bien être de Tartuffe qui pourtant se porte à merveille : “Et jusqu’au jour, près d’elle, il nous fallut veiller [...] Et Tartuffe ?”. L’ironie de Dorine vient renforcer le comique en montrant la lucidité de la servante par rapport à son maître: “Je vais à madame annoncer, par avance, la part que vous prenez a sa convalescence.” Afin de souligner la relation toxique établie au sein de la maison d’Orgon, Dorine insiste pour dire que Elmire a subi une saignée tandis que Tartuffe buvait du vin. Tartuffe est ainsi présenté comme un vampire qui pompe le sang (et l’argent) de la famille d’Orgon : “Elle se résolut à souffrir la saignée [...] Il reprit courage comme il faut ; Et, contre tous les maux fortifiant son âme, pour réparer le sang qu’avait perdu madame, But, à son déjeuner, quatre grands coups de vin.”

Analyse de l'Acte II, scène 2, Quelles visions du monde s’opposent vivement dans cette scène ?

I) Un projet bien arrêté

a) La réaction d’Orgon

Orgon s’oppose vivement à Dorine car il n’accepte pas qu’une domestique, et une femme qui plus est, conteste sa décision : “Vous avez pris céans certaines privautés

Qui ne me plaisent point”. Cela est visible à travers la ponctuation expressive mais surtout les modes et les temps verbaux (impératif) : “Taisez-vous”. 

b) Les arguments d’Orgon

Au début de l’échange, Orgon fait l’éloge de Tartuffe : “Sachez que c’est par là qu’il faut qu’on le révère”. Comme il n’arrive pas à convaincre Dorine, il change de stratégie et prend un ton autoritaire pour affirmer qu’il a légalement le droit de disposer de sa fille et de la donner en mariage à qui il veut : “Je vous dis qu’il me faut apprendre d’elle à vivre !”

II) Une résistance farouche

a) La stratégie de Dorine

Tout d’abord, Dorine essaie de monopoliser la parole en enchaînant rapidement ses arguments dans le but de défendre son amie qui va être mariée de force à Tartuffe, personnage hypocrite et malhonnête qui est, de plus, beaucoup plus âgé qu’elle. Par conséquent, Dorine met Orgon en garde car selon elle c’est un mariage contre nature qui ne peut aboutir qu’à un échec puisque la jeune femme finira forcément par tomber amoureuse et tromper son vieux mari : “Que le dessein d’y vivre en honnête personne Dépend des qualités du mari qu’on lui donne”.

b) Les arguments féministes de Dorine

Les arguments de Dorine sont féministes car elle demande à Orgon de considérer sa fille Marianne en tant que femme et non pas comme un objet dont il pourrait disposer selon son bon vouloir : “Votre fille n’est point l’affaire d’un bigot”. Dorine essaie de faire entendre raison à Orgon en lui expliquant que les femmes sont des êtres passionnés, qu’elles sont faites pour aimer et que tous les stratagèmes qu’il pourrait déployer pour contraindre Marianne à épouser un homme qu’elle n’aime pas ne l’empêcheront pas d’éprouver des sentiments pour un autre, en l’occurrence Valère à qui elle était initialement fiancée : “Sachez que d’une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu”. Dorine met en garde Orgon en lui disant qu’il sera seul responsable de la futur infidélité prévisible de Marianne si elle est mariée à Tartuffe : “Il est bien difficile enfin d’être fidèle À de certains maris faits d’un certain modèle ; Et qui donne à sa fille un homme qu’elle hait, Est responsable au ciel des fautes qu’elle fait.”

Analyse de l'Acte III, scène 3, En quoi cette scène est-elle dérangeante ?

I) La proposition audacieuse de Tartuffe

a) Tartuffe avance par étapes

Tartuffe, étant amoureux de Elmire, passe par plusieurs étapes pour arriver à sa déclaration. Premièrement, Tartuffe complimente Elmire au sujet de son fichu, ce qui lui permet de la toucher. “Mon Dieu ! que de ce point l’ouvrage est merveilleux !”. Puis, il demande d’obtenir la fille du mari d'Elmire en mariage pour se rapprocher de la famille. “On tient que mon mari veut dégager sa foi, Et vous donner sa fille : Est-il vrai ? dites-moi.” Ensuite, il fait comprendre à Elmire qu’il ne cherche pas sa fille mais quelqu’un d’autre “Et je vois autre part les merveilleux attraits”.  Tout au long de sa démarche, Tartuffe tourne au rond, il essaye de faire un aveu à Elmire mais n’ose pas. Tartuffe, étant très religieux, contredit tout propos de croyant pour montrer son amour envers Elmire: “Et je vois autre part les merveilleux attraits De la félicité qui fait tous mes souhaits”. Il finit ensuite par déclarer son amour à Elmire.

b) Une stratégie de séduction basée sur des antithèses

Dans sa tirade, Tartuffe emploie plusieurs antithèses, ayant chacune un but différent. Tout d’abord, Tartuffe montre à Elmire que son amour pour la religion ne gâche pas son amour pour elle : “L’amour qui nous attache aux beautés éternelles N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles”. Tartuffe, dans ses arguments, utilise Dieu pour complimenter Elmire. Par exemple, Tartuffe fait comprendre à Elmire qu’elle est la plus belle femme de la création :  “Ses attraits réfléchis brillent dans vos pareilles ; Mais il étale en vous ses plus rares merveilles”. Grâce à ses arguments basés sur la religion, Tartuffe s’autorise à déclarer son amour à Elmire.

II) La réaction mesurée d’Elmire

a) Ses réponses sont fondées sur des valeurs morales

Elmire essaie de contredire Tartuffe en répondant avec des arguments fondés sur des valeurs morales. Elle utilise tout d’abord des arguments religieux, pour répondre à Tartuffe, afin de lui rappeler qu’il est lui même religieux : “C’est que vous n’aimez rien des choses de la terre”. Encore une fois, Elmire avec des arguments religieux tente de contredire Tartuffe: “Pour moi, je crois qu’au ciel tendent tous vos soupirs, Et que rien ici-bas n’arrête vos désirs”, “Et raisonner un peu sur un pareil dessein.Un dévot comme vous, et que partout on nomme…”.

b) L’ironie d’Elmire

Elmire joue le jeu de Tartuffe, elle lui rappelle tout ce qu’il doit ou ne doit pas faire, pour rester conforme à l’image qu’il a construite lui-même. Elmire, qui a compris que Tartuffe n’est pas un dévot, continue de le traiter ainsi pour qu’il assume le rôle qu’il s’est approprié : “Mais elle est, à vrai dire, un peu bien surprenante. [...] Et raisonner un peu sur un pareil dessein”. Après la déclaration de Tartuffe, Elmire le gronde comme un garçon, et se place en position de supériorité en gardant son calme dans cette situation périlleuse.

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Analyse des Vers 966 à 1000 : la tirade de Tartuffe

De quelle manière Tartuffe déclare-t-il sa flamme ?

1) La composition de la tirade

Du vers 966 à 980, Tartuffe fait sa déclaration d’amour à Elmire. On se rend compte de l’émotion de Tartuffe par l’exclamatif “ah!” qui ouvre la tirade, par l’éloge physique d’Elmire grâce au champ lexical de la beauté: “appas” (v.967), “regards” (v.975), “charmes” (v.978), “charmants attraits” (v.972); et par la densité du lexique de l’amour: les termes “coeur” (v.968 et 976), “aveu” (v.971), “yeux et mes soupirs” (v.979). L’insolite de la situation qui est qu’un dévot déclare sa flamme à une femme mariée est souligné et excusé dans le vers 970. Du vers 981 au vers 986, Tartuffe met l’accent sur un hypothétique consentement d’Elmire, introduit par les subordonnées de condition “que si” (v.981), “s’il faut” (v.983). Il fait plus appel à sa gentillesse qu’à un éventuel amour comme le montre le champ lexical : “un peu bénigne” (v.981), “vos bontés” (v.983), “me consoler” (v.983). Tartuffe explique que si elle répond à son amour, il l’aimera comme jamais elle n’a été aimée (v.984-985). Pour cela, il emploie le futur “j’aurai” qui exprime la certitude dans le but de mieux persuader Elmire et l’hyperbole “nulle autre”. Enfin, du vers 987 au vers 1000, Tartuffe oppose l’attitude des hommes de cour, les courtisans “ces galants de cour” (v.989) et celle des dévots “les gens comme nous” (v.995). Cette opposition est nettement marquée par le connecteur d’opposition “mais” (v.995). Les vers 989 à 994 font donc un portrait négatif des courtisans avec les termes péjoratifs “bruyants”, “se targuer”, “déshonore” et les vers 995 à 1000 décrivent d’une manière méliorative l’attitude des dévots en général auxquels Tartuffe s’associe par le pronom “nous”. Tartuffe tente ici de garantir à Elmire un amour secret par des termes mélioratifs comme “sûr du secret”, “le soin” et “acceptant”.

2) Le double langage de Tartuffe

On voit que Tartuffe déclare sa flamme à Elmire en la complimentant non sur son intelligence mais sur sa beauté. Pour cela, il utilise l’hyperbole remarquée notamment dans l’emploi des adjectifs : “célestes appas” (v.967), “charmants attraits” (v.972), “splendeur plus qu’humaine” (v.973), “regards divins” (v.975), “ô suave merveille” (v.985), “l’ineffable douceur” (v.975). Il tente ainsi de rendre compte de son attirance physique. Elmire est, ici, divinisée. L’ensemble de la tirade fait apparaître le double registre de la religion et de la sensualité. Ainsi, dès le premier vers, on trouve le mot “dévot” qui renvoie à la religion et le mot “homme” qui a ici une signification sensuelle car Tartuffe veut parler de l’homme en tant que personne physique. Ces deux termes rapprochés qu’on peut considérer comme antithétiques, montrent que, selon Tartuffe, on peut être les deux simultanément. Les deux termes ne sont donc pas incompatibles pour cet homme d’église. Ce double langage se trouve tout le long de la tirade à travers le rapprochement de termes appartenant à des domaines différents: l’un au vocabulaire religieux, l’autre à l’amour et la galanterie: “célestes appas” (v.967), “splendeur plus qu’humaine” (v.973), “regards divins” (v.975), “mes voeux du côté de vos charmes” (v.978). En fait, Tartuffe détourne le vocabulaire religieux pour servir ses ambitions amoureuses. Cela montre de sa part une forme d’hypocrisie : Tartuffe dissimule sa nature sensuelle sous le manteau de la religion.

3) La stratégie de Tartuffe

Tartuffe va se montrer fin stratège dans sa déclaration. Il va minorer sa responsabilité en reposant toute la situation actuelle sur les épaules d’Elmire: “vous devez vous en prendre” (v.972). Il va ainsi faire le récit de sa lutte pour résister au désir que lui provoque cette femme comme le montre l’énumération “jeûnes, prières, larmes” (v.977). Et, par l’emploi de certains verbes comme “força” (v.976), “surmonta” (v.977), “tourna” (v.978), il va insinuer que cette femme a sciemment désiré l’état amoureux de Tartuffe. Il se montre ici particulièrement hypocrite en attribuant à Elmire la responsabilité de la situation, en insinuant qu’il est sous sa domination et en se dégageant ainsi de toute responsabilité. Cette domination d’Elmire se remarque par la présence du champ lexical de l’humilité désignant Tartuffe: “mes yeux et mes soupirs” (v.979), “esclave indigne” (v.982), “mon néant” (v.984). Elmire est donc toute puissante. Elle a réussi à battre la volonté de Tartuffe. On a l’impression que Tartuffe n’est en aucune façon responsable de l’amour qu’il a pour Elmire, il a même tenté de le combattre: “la résistance” (v.976), “jeûnes, prières, larmes” (v.977); en vain: elle a donc la nécessité de l’aimer. L’amour est ici vu comme un rapport dominant/dominé. Les avantages qu’elle pourrait avoir en l’aimant sont donnés en opposant galants et dévots. En effet, du vers 989 à 994, Tartuffe critique les hommes de cour et dénonce leur indiscrétion comme on le voit avec les adjectifs péjoratifs “bruyants” (v.990), “vains” (v.990), “indiscrète” (v.993). Ces termes vont s’opposer au champ lexical du secret utilisé pour décrire l’attitude des dévots: “discret” (v.995), “secret” (v.996), “sans scandale” (v.1000). Tartuffe insiste donc sur la notion de discrétion. Finalement, cette déclaration semble trop bien construite et calculée pour être honnête. On peut se demander si cette tentative de séduction n’est pas plus orientée vers le plaisir que vers un amour véritable ce que tend d’ailleurs à souligner les derniers mots de la tirade “du plaisir sans peur” (v.1000) ou le mot “plaisir”, donc assouvissement sexuel a remplacé le mot “amour”.

Analyse de l'Acte IV, scène 5, En quoi Tartuffe est-il un scélérat ?

I) L’argumentation habile de Tartuffe

a) Les arguments religieux

Si Tartuffe, dès le début du dialogue, utilise des arguments religieux, c’est pour se cacher derrière une apparente moralité : “Le ciel défend, de vrai, certains contentements”. Cependant il transforme totalement les préceptes moraux en les tournant à son avantage dans le but de convaincre Elmire, femme mariée, de céder à ses avances, ce qui est totalement immoral en plus d’être irréligieux : “Vous êtes assurée ici d’un plein secret, Et le mal n’est jamais que dans l’éclat qu’on fait.”

b) L’hypocrisie de Tartuffe

Selon Tartuffe, si une mauvaise action est accomplie en secret et qu’elle reste dissimulée, ce n’est pas un mal : “Et ce n’est pas pécher que pécher en silence”. Ainsi, le personnage de Tartuffe révèle une fois de plus son hypocrisie. Molière condamne à travers lui les nombreux faux-dévots qui prolifèrent à la cour de Louis XIV : “De ces secrets, madame, on saura vous instruire ; Vous n’avez seulement qu’à vous laisser conduire.”

II) Une situation délicate pour Elmire

a) L’évolution de l’attitude d’Elmire

Au début du dialogue, Elmire garde son calme: “Mais des arrêts du ciel on nous fait tant de peur !”. Mais plus on avance dans la scène, plus elle commence à stresser (“(Elmire tousse plus fort.)”), tout ça avant de tousser encore plus afin d’envoyer un message de détresse à son mari qui est sous la table, avant que Tartuffe ne lui saute dessus : “Elmire, après avoir encore toussé et frappé sur la table”.

b) Le double discours d’Elmire adressé à Orgon

Ses premières répliques sont courtes et à la forme interrogative afin de faire parler Tartuffe, pour prouver à Orgon, caché sous la table, qu’il lui fait des avances : “Mais comment consentir à ce que vous voulez, Sans offenser le ciel, dont toujours vous parlez ?”. Ensuite, elle tousse pour attirer l’attention d’Orgon qui ne réagit pas. Alors, elle parle de plus en plus afin qu’Orgon lui vienne en aide : “Enfin je vois qu’il faut se résoudre à céder Qu’il faut que je consente à vous tout accorder”. A la fin de sa réplique, ses paroles sont uniquement adressées à Orgon et non plus à Tartuffe : “Mais, puisque l’on s’obstine à m’y vouloir réduire, Puisqu’on ne veut point croire à tout ce qu’on peut dire, Et qu’on veut des témoins qui soient plus convaincants, Il faut bien s’y résoudre, et contenter les gens.” Elle utilise avec insistance le pronom personnel “on” pour désigner Orgon et l’accuser de la laisser en difficulté. 

C’est ainsi que Orgon découvre le vrai visage de Tartuffe, un faux-dévot hypocrite qui ne s’intéresse pas du tout à la religion et qui ne l’utilise que pour s’enrichir. On voit ici que Tartuffe est une menace pour la maison, car non seulement il avait persuadé Orgon de lui donner toutes ses richesses ainsi que la main de sa fille, mais il avait aussi jeté son dévolu sur sa femme, Elmire.

Analyse de l'Acte V, scène 7, En quoi ce dénouement est-il une véritable révélation ?

I) L’affrontement verbal

a) La répartition des vers entre les personnages

Au début de la scène, Orgon et Tartuffe se disputent à propos du vol que Tartuffe a commis dans la famille. Tartuffe justifie ses actes en faisant encore croire qu’il est dévot, ce qui énerve fortement Orgon. Les enfants de Orgon et Elmire sont là pour faire des commentaires, montrer l'énervement et le dégoût de Orgon. Orgon essaie de faire sentir coupable Tartuffe, mais il continue à résister, en disant qu’il est soumis aux ordres du roi Louis XIV ainsi qu’à l’amour de Dieu. Tout au long de l’extrait de scène, Tartuffe se sent en position de supériorité sans savoir la vérité, qu’il ira lui-même en prison: “Dans la prison qu’on doit vous donner pour demeure / Qui, moi monsieur? / Oui, vous”. 

b) Les reproches adressés à Tartuffe

Tartuffe est reproché par Orgon d’avoir trahi la famille et d’en être si fier “C’est le coup, scélérat, par où tu m'expédier ; Et voilà couronner toutes tes perfidies”. Tartuffe estime qu’il a beaucoup souffert pour arriver la ou il en est aujourd’hui. Cléante, ironiquement, dit à Tartuffe qu’il n’a rien fait pour Dieu, juste voler et trahir une famille pour son propre bien. Tartuffe n’assume pas d’avoir été sauvé par la famille d’Orgon, et est reproché par Orgon: “Mais t’es-tu souvenu que ma main charitable, Ingrat, t’a retiré d’un état misérable ?”

II) Le portrait de Tartuffe

a) La réaction des autres personnages face au comportement de Tartuffe

Tous les personnages sont choqués et dégoûtés par chaque parole de Tartuffe. Ils l’ont aidé, mais lui les a trahis juste parce qu’il voulait de l’argent : “Traître !”, “Ingrat”, “L’imposteur !”

b) L’intervention de l’homme de loi donne une dimension solennelle à la scène

L’Exempt a de l'autorité sur les autres personnages car il représente la loi et parle au nom du Prince. C’est le seul personnage qui réussi à remettre Tartuffe à sa place et celui-ci n’en revient pas car c’est la première fois qu’on lui oppose une résistance : “Qui ? moi, monsieur ?”. 

Cette comédie a donc un dénouement surprenant. Tartuffe, qui dominait toute la pièce se fait démasquer alors qu’il voulait faire emprisonner Orgon. Grâce au désir qu’avait Tartuffe pour Elmire, les personnages ont réussi à prendre Tartuffe en défaut. Ce retournement de situation final est un véritable coup de théâtre.

En quoi cette scène est-elle un dénouement de comédie ?

1) Les personnages 

La scène s’ouvre sur une nouvelle péripétie: l’entrée triomphante de Tartuffe marquée par l’apostrophe “Monsieur” (v.1861) interpellant Orgon qui semble fuir, souligné par l’impératif “ne courez point”. La répétition de “tout beau” montre qu’il veut arrêter Orgon et affirmer sa supériorité. La situation de la famille semble bloquée, marquée par les négations “ne courez point” et “vous n’irez point” car la loi et le roi se rangent derrière Tartuffe (v.1863) ce qui constitue une situation problématique pour le lecteur/spectateur qui déteste Tartuffe et qui le voit être soutenu par le roi donc être dans son droit. Le lecteur/spectateur n’a pourtant pas envie que Tartuffe gagne. Le début de la scène commence sous tension: tous les personnages sont sur scène, comme dans les dénouements classiques: Cléante (v.1869), Damis (v.1870), Mariane (v.1873-1874), Elmire (v.1885), Dorine (v.1886-1887) et Madame Pernelle (v.1946). Ils parlent tour à tour et sont tous là pour s’en prendre à Tartuffe. On note donc un vocabulaire péjoratif : Orgon le qualifie de “traître” (v.1864), terme qu’il avait auparavant réservé à son fils. Elmire utilise le terme “imposteur” (v.1855) qui fait référence au sous-titre comme pour boucler la boucle. Damis utilise “l’infâme” (v.1870). Dorine, elle, prend l’expression “traîtresse manière” (v.1886). Tartuffe continue son rôle de faux-dévot. Il justifie son attitude de façon divine en employant le champ lexical de la religion: “le Ciel” (v.1868), “mon devoir” (v.1872), “devoir sacré” (v.1883) mais il est devenu aussi royaliste (v.1876-1880). Il est sûr de son pouvoir et donne des ordres à l’exempt en utilisant l’impératif: “délivrez-moi” (v.1897), “daignez” (v.1898). Il se montre même dédaigneux en employant le terme péjoratif “criaillerie” (v.1897) pour désigner les critiques de la famille.

2)Le coup de théâtre 

Le coup de théâtre se passe au moment où l’exempt répond à l’injonction de Tartuffe (v.1899). Il retourne la situation par une phrase elle aussi injonctive : “suivez-moi [...] demeure” (v.1901-1902) ce qui provoque la stupéfaction de Tartuffe marquée par deux questions successives: “qui, moi monsieur ?” et “pourquoi donc la prison ?” (v.1903). L’exempt va dans une tirade (v.1904 à 1944) expliquer le renversement de situation. Cette tirade est entièrement consacrée au Prince, caractérisé par le champ lexical de l’intelligence et de la bonté comme la périphrase “ennemi de la fraude” (v.1906), et les expressions “fin discernement, grande âme” (v.1909), “droite vue” (v.1910), “ferme raison” (v.1912), “vives clartés” (v.1919), “se souvient du bien” (v.1944). L’attitude du prince est également rendue à travers une énumération d’actions: “il donne aux gens de bien” (v.1913), “fait briller ce zèle” (v.1914), “il a percé” (v.1919). Le coup de théâtre vient donc de l’intervention du Prince dans le conflit entre Tartuffe et la famille. Ce retournement fait donc intervenir un Deus Ex Machina qui est une personne ou un évènement venant opportunément dénouer une situation inextricable. Le dialogue final (v.1945 à 1962) est consacré aux sentiments et exprime le soulagement des membres de la famille comme le montrent les exclamations de Dorine (v.1945) et d’Elmire (v.1946) mais aussi la tentation d’Orgon de s’en prendre à Tartuffe marquée par l’apostrophe “traître” (v.1947) tandis que Cléante, considéré comme un libertin, va conseiller la modération et la générosité soulignées par les négations (v.1948 et 1950), ce qui peut sembler paradoxal. Orgon termine la pièce par un départ chez le roi pour le remercier (v.1957-1958) et par l’évocation d’un futur mariage (v.1960 à 1962). La pièce se termine donc comme une comédie dans le bonheur et avec un mariage en vue. 

3) La tirade de l’exempt

Les différents termes élogieux qu’attribue l’exempt au roi se répartissent en trois grands thèmes: le souci de vérité, son comportement à l’égard de Tartuffe, son comportement à l’égard d’Orgon. La première partie de la tirade a pour thème la question de la vérité et le refus de l’imposture. On le voit à la présence d’un champ lexical du vrai et du faux donc on sait qu’il domine l’ensemble de la pièce: “fraude” (v.1906), “se font jour” (v.1907), “ne peut tromper” (v.1908), “imposteurs” (v.1908), “discernement” (v.1909), “droite vue” (v.1910), “les vrais” (v.1915), “les faux” (v.1916). Une des qualités du roi est ainsi de ne pas tolérer les imposteurs, de les identifier et de savoir distinguer le vrai du faux. L’exempt va ensuite vanter la perspicacité royale en ce qui concerne Tartuffe en faisant la critique de celui-ci. Tartuffe est caractérisé par l’expression “fourbe renommé” (v.1923), auteur d’actions présentées comme “toutes noires” (v.1925) et particulièrement nombreuses comme le souligne l’hyperbole “dont on pourrait [...] histoire” (v.1926). Les termes péjoratifs “autres horreurs” (v.1929), “impudence” (v.1931), “traître” (v.1934) insistent par leur connotation sur le caractère criminel du personnage puni par son arrestation mais aussi par la privation de tous ses biens qu’il avait amassés grâce à son hypocrisie (v.1933-1934). La fin de la tirade s’adresse plus particulièrement à Orgon. Le pronom “vous” est plus fréquent (v.1937-1938) et souligne une relation personnelle instaurée entre le Roi et Orgon. Les termes utilisés sont tous positifs et montrent le pouvoir souverain du Roi exercé en faveur d’un homme dont l’honnêteté et la fidélité méritent d’être récompensées. Le champ lexical de la bonté “il brise les liens” (v.1935), “vous pardonne” (v.1937), “verser la récompense” (v.1942), “il se souvient du bien” (v.1944) définissent l’attitude du Roi, généreux et bienveillant à l’égard d’un homme honnête victime d’un escroc. La tirade de l’exempt est donc un portrait élogieux de Louis XIV comme le souligne le champ lexical de la lumière “se font jour”, “sans aveuglement”, “briller”, “clartés” . On reconnaît sous le personnage de l’exempt Molière lui-même qui, par ce portrait, adresse un remerciement officiel au Roi qui a permis que la pièce soit jouée. 

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Le tartuffe de Molière

Présentation - 1 pages - littérature.

''D'après le personnage de Molière, tentez une definition du faux-dévot en insistant sur les trois aspects, illustrés par des citations du livre''

Lecture analytique "Le tartuffe" de molière

Étude de cas - 4 pages - littérature.

Lecture analytique "Le tartuffe" de molière Tartuffe , IV, 7-8

Lecture analytique : Tartuffe , IV, 7-8

Corneille, dans ses discours de 1660, suggère de laisser à la fin de chaque acte le spectateur dans ce qu'il appelle une « agréable suspension » : « il est nécessaire que chaque acte laisse une attente de quelque chose qui se doive faire dans celui qui le suit ». La fin de l'acte constitue donc...

Le Tartuffe - Molière (1669) - L'accent mis sur le rôle du père est-il seulement propre à la pièce ou est-il un reflet de la place donnée au père de famille dans la société à l'âge classique ?

Commentaire de texte - 4 pages - littérature.

Orgon est le chef de famille, celui qui prend toutes les décisions au sein du foyer, et qui ainsi, se trouve au centre de la pièce. Molière, dramaturge et premier metteur en scène de la pièce, a choisi de jouer le rôle d'Orgon, ce qui corrobore l'analyse de J. Guicharnaud et affirme sa...

Tartuffe - Molière (1669) - Résumé scène par scène

Fiche de lecture - 3 pages - littérature.

Ce document propose un résumé scène par scène de la pièce de théâtre Tartuffe de Molière.

Julien Sorel ou Le Tartuffe de Stendhal : L'influence de Molière dans Le Rouge et le Noir

Dissertation - 16 pages - littérature.

"Tartuffe , comme Julien, c'est l'hypocrite avec du caractère." Cette citation de l'article de Thibaudet dans sa réflexion sur la littérature (1936), résume à elle seule la ressemblance entre les protagonistes des oeuvres Le Rouge et le Noir de Stendhal et Tartuffe de Molière....

Tartuffe , Acte III scène 3 - Molière - publié le 30/01/2008

Commentaire de texte - 2 pages - littérature.

Plan détaillé de commentaire composé de l'Acte 3 scène 3 de l'oeuvre Tartuffe de Molière.

Tartuffe , Acte III scène 3 - Molière

Fiche - 3 pages - littérature.

Commentaire composé portant sur l'acte III scène 3 du « Tartuffe » de Molière. Analyse du thème de la dévotion dans cette scène selon la problématique suivante : Dans quelle mesure les potentialités du langage révèlent-elles Tartuffe ?

Tartuffe , Acte I scène 4 - Molière

Commentaire composé semi-rédigé sur l'Acte I scène 4 de la pièce de théâtre Tartuffe de Molière.

Tartuffe , Acte I scène 4 - Molière - publié le 17/02/2007

Commentaire composé de l'Acte I scène 4 du "Tartuffe" de Molière. Cette scène est capitale dans la dynamique de la pièce dans la mesure où elle propose des portraits qui se complètent ainsi qu'un type de comique qui met en avant les limites des personnages.

Le Tartuffe ou l'Imposteur - Molière (1664 et 1969) - Le mélange du comique et du sacré

Dissertation - 3 pages - littérature.

Comédie à l'histoire très mouvementée, elle a fait l'objet de trois versions successives. La première représentation du Tartuffe date du 12 mai 1664, la pièce est représentée comme une pièce en trois actes, jouée dans les jardins de Versailles. On n'a pas d'exemplaire ! Cette pièce plaît...

Le Tartuffe ou l'Imposteur, scène 5, acte 1 - Molière (1669)

Cette tirade est un extrait de la scène 5 de l'acte 1 ; c'est seulement la deuxième scène dans laquelle Orgon apparaît et la première où il peut s'exprimer un peu plus longuement. En effet, dans sa première scène, il se contente de répéter “le pauvre homme” quatre fois face...

Molière, "Tartuffe" , Acte V

Analyse linéaire de l'acte V du Tartuffe de Molière au niveau hypokhâgne. Toutes les scènes sont expliquées individuellement sous l'égide d'une dialectique d'ensemble qui prend en compte les trois niveaux d'analyse : l'auteur, le lecteur et le spectateur.

Molière, "Tartuffe" , Acte I scène 4

Explication de texte thématique de la quatrième scène du premier acte du Tartuffe de Molière.

Le Tartuffe de Molière, acte II scène 4

Commentaire de texte - 3 pages - littérature.

Molière est un auteur du XVIIe siècle. Il publie en 1664, une pièce de théâtre appelé Tartuffe . Tartuffe est une comédie en 5 actes et en vers. Le passage que nous allons étudier est un extrait de cette pièce. Orgon ne veut plus marier Valère et Marianne mais il veut que sa fille se...

Molière, "Tartuffe" : Acte I scène 1 (commentaire)

Commentaire (niveau Lycée) de la première scène de l'acte I de Tartuffe de Molière. En quoi ce passage comique est-il bien une scène d'exposition ?

Molière, "Tartuffe" , Acte III scène 3 (vers 933 à 1000)

Commentaire composé semi-rédigé sur un extrait de la pièce de théâtre Tartuffe de Molière. Il s'agit des vers 933 à 1000 de l'Acte III Scène 3.

Molière, "Tartuffe" , Acte V scène 7 : lecture analytique

Lecture analytique de la dernière scène de Tartuffe de Molière. Celle-ci comprend le texte étudié, ainsi qu'une analyse des deux thèmes principaux de cette scène à savoir "un dénouement politique" puis par la suite "un dénouement traditionnel de comédie".

Molière, "Tartuffe" , Acte I scène 5 (vers 281 à 310) : la tirade d'Orgon

Commentaire de texte - 1 pages - littérature.

Commentaire composé semi-rédigé sur un extrait de Tartuffe de Molière. Il s'agit des vers 281 à 310 de l'Acte I scène 5, la tirade d'Orgon.

Molière, Tartuffe , Acte IV scène 5

Commentaire composé semi-rédigé sur l'Acte IV scène 5 de Tartuffe de Molière.

Les placets de "Tartuffe" de Molière

Analyse détaillée des placets du Tartuffe de Molière dans le cadre d'un cours universitaire sur le théâtre. Cette analyse reprend chaque paragraphe pour en analyser précisément son contenu. Elle traite aussi de la cabale des dévots et la lutte contre l'hypocrisie de certains...

Molière, "Tartuffe" , Acte V scènes 6 et 7 : commentaire

Commentaire de texte - 6 pages - littérature.

Le schéma traditionnel de la plupart des comédies de Molière est l'amour de deux jeunes premiers contrarié par un individu dont le mariage dépend. Il est bien appliqué dans Tartuffe , où l'union de Marianne et Valère est compromise par un père dévot, Orgon. Toutefois, sous cette...

Molière, "Tartuffe" , Acte I scène 1

Commentaire composé semi-rédigé sur l'Acte I scène 1 de la pièce de théâtre Tartuffe de Molière.

Molière, "Tartuffe" , Acte III scène 2 - publié le 30/01/2008

Resumé de l'Acte 3 scène 2 de Tartuffe de Molière. Plan détaillé de commentaire composé.

Molière, "Tartuffe" , Acte I

Analyse linéaire de l'acte I du Tartuffe de Molière au niveau hypokhâgne. Les quatre premières scènes sont expliquées individuellement sous l'égide d'une dialectique d'ensemble qui prend en compte les trois niveaux d'analyse : l'auteur, le lecteur et le spectateur.

Molière, "Tartuffe" , Acte I scène 5 (vers 318 à 345) : tirade de Cléante

Commentaire composé semi-rédigé sur la tirade de Cléante de la pièce de théâtre Tartuffe de Molière. Il s'agit des vers 318 à 345 de l'Acte I scène 5.

Molière, "Tartuffe" , Acte I scène 1 : commentaire - publié le 16/06/2009

Fiche - 5 pages - littérature.

Tartuffe est l'une des plus célèbres pièces de Molière. Créée en 1669 au Palais-Royal de Paris, cette pièce en cinq actes et en vers dresse le portrait d'un faux dévot, Tartuffe , qui, en tant que directeur de conscience, s'introduit dans la maison d'Orgon et tentera...

Premier placet présenté au roi sur la comédie du Tartuffe , Molière

Dissertation - 4 pages - arts divers.

La pièce a été jouée une première fois à Versailles, le 12 mai 1664, le 8° jour de la grande fête du roi, « Les Plaisirs de l'Île enchantée ». Elle a provoqué le rire du souverain, et l'indignation des proches de la reine Anne d'Autriche, appartenant à la Compagnie du Saint-Sacrement....

Molière, Tartuffe et Dom Juan

Fiche - 1 pages - littérature.

En 1664, Molière se voit interdire les représentations de Tartuffe , pièce violemment condamnée par les dévôts, réunis dans la compagnie des saints-sacrements. Fondée en 1627, cette organisation secrète joue un rôle actif dans le combat mené par la contre réforme catholique. Celle-ci...

L'hypocrisie au XVIIe siècle : Dom Juan (acte V, scène 2), Tartuffe (acte II, scène 3) et La Bruyère (Les Caractères « De la mode »)

Etude intertextuelle sur le thème de l'HYPOCRISIE au XVIIème siècle Une tirade sur l'éloge de l'hypocrisie, parallèle avec l'éloge du libertinage. Il emploi un registre polémique. Il y a ici une polémique contre les dévots, il se venge des dévots qui avaient interdit Tartuffe ,...

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Le Tartuffe de Molière : Résumé détaillé et analyse de l’œuvre

Le Tartuffe de Molière est une pièce de théâtre comique écrite en 1664. Elle met en scène Tartuffe, un personnage hypocrite et manipulateur qui parvient à séduire Orgon, un homme riche et naïf, en se faisant passer pour un homme dévot. Cette pièce, qui critique les faux dévots et la religion hypocrite, a suscité de vives controverses à l’époque de sa création. Dans cet article, nous vous proposons un résumé détaillé de l’œuvre ainsi qu’une analyse de ses thèmes et de ses personnages.

Contexte historique et social de « Le Tartuffe »

Le Tartuffe, une des pièces les plus célèbres de Molière, a été créé en 1664. À cette époque, la France était sous le règne de Louis XIV, également connu sous le nom de Roi-Soleil. Le contexte historique et social de l’époque a grandement influencé l’écriture et la réception de cette comédie satirique.

Sur le plan social, la société française était profondément marquée par la religion catholique. L’Église jouait un rôle central dans la vie quotidienne des Français, et la piété religieuse était considérée comme une vertu essentielle. Cependant, cette religiosité excessive a également donné lieu à des abus et à une hypocrisie généralisée, ce qui a fourni à Molière une source d’inspiration pour sa pièce.

Le Tartuffe met en scène un personnage éponyme, un faux dévot qui se fait passer pour un homme pieux afin de manipuler et d’exploiter la famille d’Orgon. Molière utilise ce personnage pour critiquer l’hypocrisie religieuse et dénoncer les faux dévots qui abusent de la confiance des autres pour servir leurs propres intérêts.

Sur le plan politique, la France de l’époque était également marquée par un pouvoir monarchique absolu. Louis XIV était un roi puissant et autoritaire, qui cherchait à renforcer son pouvoir et à centraliser l’État. Dans ce contexte, Molière a dû faire preuve de prudence dans sa satire, afin de ne pas s’attirer les foudres du roi ou de l’Église.

Malgré ces contraintes, Le Tartuffe a été un succès immédiat auprès du public, mais a également suscité la controverse. La pièce a été interdite par l’Église et a même été retirée de l’affiche pendant cinq ans, en raison de son contenu jugé blasphématoire. Cependant, cette interdiction n’a fait qu’accroître la popularité de la pièce, qui est devenue un symbole de la lutte contre l’hypocrisie religieuse et la censure.

Ainsi, Le Tartuffe de Molière s’inscrit dans un contexte historique et social marqué par la religiosité excessive et l’autorité monarchique. Cette comédie satirique a permis à Molière de critiquer l’hypocrisie religieuse et de dénoncer les abus de pouvoir, tout en divertissant le public et en suscitant la réflexion sur les valeurs et les normes de la société de l’époque.

Présentation des personnages principaux

Dans la pièce de théâtre « Le Tartuffe » de Molière, plusieurs personnages principaux se démarquent par leur importance et leur rôle dans l’intrigue. Chacun d’entre eux apporte sa propre dimension à l’histoire, contribuant ainsi à la richesse et à la complexité de l’œuvre.

Tout d’abord, nous rencontrons Orgon, le maître de maison. Orgon est un homme crédule et naïf, qui tombe sous le charme de Tartuffe, un homme hypocrite et manipulateur. Orgon est prêt à tout sacrifier pour Tartuffe, y compris sa famille et sa fortune. Son aveuglement face aux véritables intentions de Tartuffe crée une tension dramatique tout au long de la pièce.

Mariane, la fille d’Orgon, est un personnage qui incarne la soumission et la résignation. Elle est promise en mariage à Valère, mais lorsque son père décide de la marier à Tartuffe, elle se retrouve déchirée entre son amour pour Valère et son devoir d’obéissance envers son père. Mariane représente la voix de la raison et de l’amour véritable, s’opposant ainsi à l’hypocrisie et à la manipulation de Tartuffe.

Dorine, la servante de la famille, est un personnage comique et astucieux. Elle est dotée d’un esprit vif et d’un sens de l’observation aiguisé, ce qui lui permet de déjouer les manigances de Tartuffe. Dorine est également une voix de la raison et de la vérité, n’hésitant pas à confronter les autres personnages lorsque cela est nécessaire.

Enfin, Tartuffe lui-même est le personnage central de la pièce. Il se présente comme un homme dévot et pieux, mais en réalité, il est un imposteur qui cherche à profiter de la crédulité d’Orgon pour s’approprier sa fortune et sa famille. Tartuffe incarne l’hypocrisie et la duplicité, et sa présence dans la pièce crée un climat de tension et de méfiance.

Ces personnages principaux, chacun à leur manière, contribuent à l’intrigue et à la thématique centrale de « Le Tartuffe » de Molière : la dénonciation de l’hypocrisie et de la manipulation. Leurs interactions et leurs conflits alimentent le développement de l’histoire, offrant ainsi une réflexion profonde sur la nature humaine et les dangers de la crédulité.

Acte 1 : L’introduction des personnages et de l’intrigue

Dans le premier acte du célèbre chef-d’œuvre de Molière, « Le Tartuffe », l’auteur nous présente les personnages clés de l’intrigue et pose les bases de l’histoire captivante qui va se dérouler sous nos yeux.

L’acte s’ouvre sur une scène où Orgon, le maître de maison, exprime son admiration et son adoration pour Tartuffe, un homme qu’il considère comme un saint et un modèle de vertu. Orgon est complètement aveuglé par le charme et la piété apparente de Tartuffe, au point de le considérer comme un membre de sa famille. Cette fascination pour Tartuffe est d’autant plus surprenante que ce dernier est un étranger, un homme sans titre ni fortune.

Les autres membres de la famille, en particulier Elmire, la femme d’Orgon, et Damis, son fils, sont beaucoup plus sceptiques à l’égard de Tartuffe. Ils voient en lui un hypocrite qui se sert de la religion pour manipuler Orgon et profiter de sa générosité. Ils tentent de convaincre Orgon de la véritable nature de Tartuffe, mais en vain.

L’intrigue se complique lorsque Valère, le fiancé de Mariane, la fille d’Orgon, apprend que son mariage avec elle est menacé par le désir d’Orgon de la marier à Tartuffe. Valère est déterminé à sauver leur amour et à démasquer Tartuffe pour ce qu’il est réellement.

Cet acte introductif nous plonge dans un univers où les apparences sont trompeuses et où la manipulation et la duplicité règnent en maîtres. Molière utilise l’ironie et le comique de situation pour dépeindre les personnages et leurs interactions, tout en posant les bases d’un conflit qui ne fera que s’intensifier au fil de l’œuvre.

Ainsi, l’acte 1 de « Le Tartuffe » nous offre une introduction captivante à l’intrigue et aux personnages de cette pièce emblématique de Molière. Il nous laisse avec une question en suspens : jusqu’où ira la fascination d’Orgon pour Tartuffe et quelles seront les conséquences de cette relation toxique sur sa famille et son entourage ?.

Acte 2 : Les premiers signes de l’influence de Tartuffe

Dans le deuxième acte de la pièce « Le Tartuffe » de Molière, les premiers signes de l’influence grandissante de Tartuffe commencent à se manifester. Alors que la famille d’Orgon, le maître de maison, est encore sceptique quant aux véritables intentions de Tartuffe, certains personnages commencent à remarquer des changements inquiétants.

Dès le début de l’acte, Dorine, la servante de Mariane, la fille d’Orgon, exprime ses doutes quant à la sincérité de Tartuffe. Elle remarque que depuis l’arrivée de ce dernier, la maison est devenue un lieu de piété excessive et d’austérité, où les plaisirs de la vie sont réprimés. Dorine souligne également que Tartuffe semble avoir une influence considérable sur Orgon, qui est de plus en plus aveuglé par sa dévotion.

Ces doutes sont confirmés lorsque Damis, le fils d’Orgon, surprend une conversation entre Tartuffe et Elmire, la femme d’Orgon. Damis entend Tartuffe faire des avances à Elmire et tente de révéler la vérité à son père. Cependant, Orgon refuse de croire les accusations de son fils et se range du côté de Tartuffe, allant même jusqu’à le défendre contre Damis.

Cet épisode met en évidence la manipulation subtile de Tartuffe, qui parvient à convaincre Orgon de sa pureté et de sa sainteté, malgré les preuves contraires. Cela montre également la vulnérabilité d’Orgon face à l’influence de Tartuffe, qui a réussi à gagner sa confiance et à le manipuler à sa guise.

Ce deuxième acte marque ainsi le début de l’intrigue principale de la pièce, où Tartuffe, en se faisant passer pour un homme pieux et dévot, parvient à s’immiscer dans la vie de la famille d’Orgon et à semer le trouble. Les premiers signes de son influence sont clairement visibles, et il devient évident que sa présence aura des conséquences désastreuses pour la famille.

Acte 3 : Les tensions familiales s’intensifient

Dans l’acte 3 du célèbre chef-d’œuvre de Molière, « Le Tartuffe », les tensions familiales atteignent leur paroxysme. Les personnages principaux, Orgon et sa famille, sont plongés dans un tourbillon d’émotions et de conflits qui menacent de détruire leur unité.

Tout commence lorsque Tartuffe, l’hypocrite manipulateur, tente de séduire Elmire, la femme d’Orgon. Elmire, consciente des véritables intentions de Tartuffe, décide de mettre en place un stratagème pour dévoiler sa véritable nature à son mari. Elle convainc Orgon de se cacher sous une table pendant qu’elle entretient une conversation avec Tartuffe, espérant ainsi le prendre en flagrant délit de séduction.

Cependant, les choses ne se déroulent pas comme prévu. Au lieu de se montrer révulsé par les avances de Tartuffe, Orgon est convaincu de la pureté de l’homme et refuse de croire les paroles d’Elmire. Cette scène est le point culminant des tensions familiales, car Orgon, aveuglé par son admiration pour Tartuffe, se met à douter de sa propre famille.

Les autres membres de la famille, tels que Damis et Mariane, sont consternés par la crédulité d’Orgon. Ils tentent désespérément de le convaincre de la véritable nature de Tartuffe, mais en vain. Les tensions entre Orgon et sa famille s’intensifient alors, créant un climat de méfiance et de ressentiment au sein du foyer.

Cet acte met en évidence les thèmes centraux de l’œuvre, tels que l’hypocrisie, la manipulation et la loyauté familiale. Molière dépeint avec brio les conséquences dévastatrices de la cécité d’Orgon face à la véritable nature de Tartuffe, mettant ainsi en garde contre les dangers de l’aveuglement et de la confiance aveugle.

En conclusion, l’acte 3 de « Le Tartuffe » de Molière marque un tournant crucial dans l’intrigue, où les tensions familiales atteignent leur apogée. Les personnages sont confrontés à des choix difficiles et à des révélations choquantes, mettant en péril leur unité et leur bonheur. Cette section de l’œuvre est un véritable tour de force dramatique, captivant le lecteur et le plongeant au cœur des conflits familiaux.

Acte 4 : Le dévoilement des intentions de Tartuffe

Dans l’acte 4 du Tartuffe de Molière, les intentions hypocrites de Tartuffe sont enfin dévoilées au grand jour. Alors que la famille d’Orgon est sur le point d’être ruinée à cause de la confiance aveugle qu’elle accorde à ce faux dévot, les autres personnages commencent à se rendre compte de la véritable nature de Tartuffe.

C’est dans cet acte que Dorine, la servante de la famille, décide de prendre les choses en main. Elle met en place un stratagème pour démasquer Tartuffe devant tous les membres de la famille. Avec l’aide de Cléante, le beau-frère d’Orgon, ils organisent une fausse conversation où ils prétendent parler de la générosité de Tartuffe envers la famille. Ils espèrent ainsi attirer Tartuffe et le pousser à se vanter de ses intentions malveillantes.

Le plan fonctionne à merveille. Tartuffe, aveuglé par son arrogance, tombe dans le piège et se livre à des confessions choquantes. Il avoue son désir de séduire Elmire, la femme d’Orgon, et de s’emparer de tous les biens de la famille. Les autres personnages, stupéfaits par ces révélations, comprennent enfin la véritable nature de Tartuffe.

Cet acte marque un tournant dans l’histoire. Les masques tombent et la vérité éclate au grand jour. Les personnages, qui étaient jusqu’alors sous l’emprise de Tartuffe, prennent conscience de la manipulation dont ils ont été victimes. Orgon, en particulier, est profondément choqué par la trahison de celui en qui il avait mis toute sa confiance.

L’acte 4 du Tartuffe est donc crucial dans le déroulement de l’histoire. Il permet de révéler les véritables intentions de Tartuffe et de montrer les conséquences désastreuses de la crédulité et de l’aveuglement. C’est également un moment de prise de conscience pour les personnages, qui doivent maintenant trouver un moyen de se débarrasser de Tartuffe et de sauver leur famille de la ruine imminente.

Acte 5 : Le dénouement et la rédemption des personnages

Dans l’acte 5 du Tartuffe de Molière, l’intrigue atteint son point culminant avec le dénouement tant attendu. Les personnages, qui ont été manipulés et trompés par Tartuffe tout au long de la pièce, trouvent enfin la rédemption et la justice.

Tout d’abord, Orgon, le maître de maison, réalise enfin la véritable nature de Tartuffe. Aveuglé par sa dévotion excessive envers ce faux dévot, Orgon a été prêt à sacrifier sa famille et sa fortune pour lui. Cependant, grâce aux révélations de sa femme Elmire et à l’intervention de son fils Damis, Orgon ouvre enfin les yeux sur les manigances de Tartuffe. Il se rend compte de la duplicité de ce dernier et de son intention de s’emparer de sa maison. Orgon est alors rempli de remords et de honte pour avoir été si naïf et crédule.

Parallèlement, Tartuffe, qui pensait avoir réussi à manipuler tout le monde à sa guise, est finalement démasqué. Il est arrêté par les autorités et emmené en prison. Cette chute spectaculaire du personnage principal de la pièce est un moment de satisfaction pour le public, qui a assisté impuissant à ses manœuvres sournoises tout au long de l’œuvre. La rédemption des autres personnages, qui ont été victimes de Tartuffe, est également soulignée dans cet acte.

Enfin, l’acte 5 met en lumière la justice et la moralité triomphantes. Les personnages vertueux, tels que Elmire, Cléante et Dorine, sont récompensés pour leur honnêteté et leur perspicacité. Orgon, quant à lui, est pardonné par sa famille malgré ses erreurs passées. Cette fin heureuse permet de rétablir l’ordre et la sérénité dans la pièce, tout en soulignant l’importance de la vérité et de la droiture.

En conclusion, l’acte 5 du Tartuffe de Molière marque le dénouement tant attendu de l’intrigue. Les personnages, après avoir été manipulés et trompés par Tartuffe, trouvent enfin la rédemption et la justice. Cette fin heureuse souligne l’importance de la vérité et de la moralité, tout en offrant une conclusion satisfaisante pour le public.

Analyse des thèmes principaux de l’œuvre

Dans « Le Tartuffe » de Molière, l’auteur aborde plusieurs thèmes majeurs qui sont au cœur de l’œuvre. Tout d’abord, la pièce met en lumière la question de l’hypocrisie et de la duplicité. Tartuffe, personnage central de l’intrigue, se présente comme un homme dévot et pieux, mais en réalité, il cache ses véritables intentions et manipule les autres personnages pour parvenir à ses fins. Molière dénonce ainsi l’hypocrisie religieuse et met en garde contre les faux dévots qui utilisent la religion comme un moyen de tromper les autres.

Un autre thème important abordé dans l’œuvre est celui de la crédulité. Les personnages de la pièce, notamment Orgon, le père de famille, sont aveuglés par leur confiance envers Tartuffe et refusent de voir sa véritable nature. Molière critique ainsi la naïveté et l’aveuglement des individus qui se laissent facilement manipuler par des personnes mal intentionnées.

Par ailleurs, la pièce met en scène les conflits de classe sociale. Tartuffe, en se faisant passer pour un homme de foi, parvient à s’immiscer dans la famille bourgeoise d’Orgon et à prendre le contrôle de leur vie. Molière souligne ainsi les tensions et les rivalités qui peuvent exister entre les différentes classes sociales de la société de l’époque.

Enfin, « Le Tartuffe » aborde également la question de la morale et de la vertu. Molière met en opposition les personnages vertueux, tels que Elmire et Cléante, qui voient clairement la véritable nature de Tartuffe, et les personnages plus faibles moralement, comme Orgon, qui se laissent séduire par les apparences. L’auteur souligne ainsi l’importance de la vertu et de la droiture morale dans la société.

En conclusion, « Le Tartuffe » de Molière aborde de nombreux thèmes qui sont toujours d’actualité aujourd’hui. L’hypocrisie, la crédulité, les conflits de classe et la morale sont autant de sujets qui résonnent encore dans notre société contemporaine. Molière nous invite ainsi à réfléchir sur ces questions et à rester vigilants face aux manipulations et aux faux-semblants.

Le rôle de la religion dans « Le Tartuffe »

Dans « Le Tartuffe » de Molière, la religion occupe une place centrale et joue un rôle crucial dans le déroulement de l’intrigue. L’auteur utilise habilement ce thème pour critiquer les excès et les abus de pouvoir de l’Église de son époque.

L’histoire tourne autour du personnage éponyme, Tartuffe, un homme qui se présente comme un fervent dévot et qui est accueilli chaleureusement par Orgon, le chef de famille. Orgon, aveuglé par sa piété excessive, est prêt à tout sacrifier pour suivre les enseignements de Tartuffe, y compris sa propre famille et son patrimoine.

Molière utilise le personnage de Tartuffe pour dénoncer l’hypocrisie religieuse et la manipulation des croyants. En effet, Tartuffe se révèle être un imposteur qui profite de la crédulité d’Orgon pour s’enrichir et prendre le contrôle de sa maison. Il se sert de la religion comme d’un masque pour dissimuler ses véritables intentions et manipuler les autres personnages.

L’auteur met également en scène d’autres personnages qui représentent différentes attitudes face à la religion. Par exemple, Cléante, le beau-frère d’Orgon, incarne la voix de la raison et de la modération. Il critique ouvertement l’aveuglement d’Orgon et met en garde contre les dangers de l’extrémisme religieux.

Molière utilise l’humour et la satire pour dénoncer les excès de la religion et pour montrer que la foi aveugle peut conduire à des conséquences désastreuses. Il souligne l’importance de la réflexion critique et de la remise en question des dogmes religieux.

En conclusion, la religion joue un rôle central dans « Le Tartuffe » de Molière. L’auteur utilise ce thème pour critiquer les abus de pouvoir de l’Église et pour mettre en garde contre l’aveuglement religieux. Cette pièce reste une critique acerbe de l’hypocrisie et de la manipulation, tout en soulignant l’importance de la réflexion et de la modération dans les croyances religieuses.

La satire sociale dans l’œuvre de Molière

La satire sociale est un élément central dans l’œuvre de Molière, et cela se reflète particulièrement dans sa pièce « Le Tartuffe ». Cette comédie, écrite en 1664, met en scène un personnage éponyme qui incarne l’hypocrisie religieuse et la duplicité.

L’histoire du « Tartuffe » tourne autour d’Orgon, un homme naïf et crédule, qui est tombé sous le charme de Tartuffe, un faux dévot. Orgon est tellement aveuglé par sa piété feinte qu’il décide de marier sa fille à Tartuffe, malgré les protestations de sa famille. Cette situation absurde est une critique directe de l’emprise que peut avoir la religion sur les individus, et de la manière dont certains peuvent en abuser pour manipuler les autres.

Molière utilise également le personnage de Tartuffe pour dénoncer l’hypocrisie sociale. En effet, Tartuffe se présente comme un homme pieux et vertueux, mais en réalité, il est un imposteur qui profite de la crédulité d’Orgon pour s’enrichir et assouvir ses désirs. Cette critique de l’hypocrisie sociale est d’autant plus pertinente à l’époque de Molière, où la société était marquée par de nombreuses conventions et faux-semblants.

La pièce « Le Tartuffe » est également une satire de la noblesse et de la bourgeoisie. Molière dépeint les personnages de la famille d’Orgon comme des individus naïfs et manipulables, qui se laissent berner par Tartuffe. Cette représentation met en lumière les faiblesses et les travers de la classe sociale dominante de l’époque, et souligne l’importance de la réflexion critique et de la remise en question des autorités.

En conclusion, « Le Tartuffe » de Molière est une œuvre qui utilise la satire sociale pour critiquer l’hypocrisie religieuse, l’hypocrisie sociale et les travers de la noblesse et de la bourgeoisie. Cette pièce reste d’une grande pertinence aujourd’hui, car elle nous invite à réfléchir sur les faux-semblants et les manipulations qui peuvent exister dans notre société.

L’importance de la comédie dans « Le Tartuffe »

L’une des caractéristiques les plus marquantes de « Le Tartuffe » de Molière est son utilisation de la comédie pour transmettre des messages profonds et critiques. En effet, la comédie joue un rôle essentiel dans cette pièce, permettant à Molière de dénoncer les vices et les hypocrisies de la société de son époque.

Tout d’abord, la comédie dans « Le Tartuffe » permet à Molière de mettre en lumière les travers des personnages. À travers des situations comiques et des dialogues savoureux, l’auteur dépeint des personnages ridicules et excessifs, tels que Orgon, le père de famille aveuglé par sa dévotion envers Tartuffe. La comédie permet ainsi de souligner l’absurdité de leurs comportements et de critiquer les excès de la piété religieuse.

De plus, la comédie dans « Le Tartuffe » permet à Molière de dénoncer l’hypocrisie sociale. En mettant en scène un personnage comme Tartuffe, qui se présente comme un homme pieux et vertueux mais qui se révèle être un imposteur et un manipulateur, Molière dénonce les faux dévots qui utilisent la religion à des fins personnelles. La comédie permet ainsi de révéler les masques et les faux-semblants de la société de l’époque.

Enfin, la comédie dans « Le Tartuffe » permet à Molière de faire réfléchir le public sur des questions morales et sociales. En utilisant l’humour et la satire, l’auteur invite les spectateurs à prendre du recul et à remettre en question les normes et les valeurs de la société. La comédie devient alors un moyen efficace de susciter la réflexion et de provoquer le débat.

En conclusion, la comédie joue un rôle central dans « Le Tartuffe » de Molière. Elle permet à l’auteur de dénoncer les vices et les hypocrisies de la société de son époque, de mettre en lumière les travers des personnages et de faire réfléchir le public sur des questions morales et sociales. La comédie devient ainsi un outil puissant pour critiquer et questionner la société de manière divertissante et percutante.

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Molière, Le Tartuffe, Analyse et Commentaires

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« C’est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée de tout le monde ». Dire que Le Tartuffe a eu un parcours de création et de représentation chaotique serait un euphémisme extrême. En effet, la pièce fut représentée pour la première fois à Versailles le 12 mai 1664 dans une version à l’époque abrégée et en trois actes, au cours d’une série de journées de divertissements que le jeune Louis XIV avait donné à la cour, sous le nom de Plaisirs de l’île enchantée. Bien que la pièce rencontre un franc succès lors de cette première représentation, Louis XIV se verra contraint d’en interdire la représentation pendant près de cinq ans, jusqu’à la date fatidique du 23 mars 1669, date à laquelle la pièce fut présentée sous la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Les historiens se partagent beaucoup sur les raisons qui auraient pu pousser le Roi à promulguer cette interdiction. Influence pieuse et sévère d’Anne d’Autriche, pression des sociétés secrètes comme le Compagnie du Saint-Sacrement, ou alors la volonté du jeune Roi de ne pas affaiblir d’avantage un religion chrétienne frappée de plein fouet par la vague janséniste. Quoiqu’il en soit, on assistera à une véritable Querelle du Tartuffe, dans laquelle Molière deviendra la cible des attaques de la part de groupes religieux – qui allèrent jusqu’à le comparer au Diable et à lui promettre les flammes de l’Enfer – et ce dernier devra prendre la plume à de nombreuses reprises afin de défendre sa pièce. De là émergeront les quatre textes en prose les plus célèbres du dramaturge : les trois placets au Roi, ainsi que sa préface au lecteur de 1669, dans laquelle Molière défend la dignité de la comédie, ainsi que sa véritable utilité sociale et morale : celle d’instruire et de corriger les vices des hommes. Le Tartuffe fut un succès considérable, et reste aujourd’hui l’une des pièces majeures de Molière, l’une de ses grandes comédies. On entend par là ces pièces au sein desquelles l’entreprise comique réserve aux lecteurs et spectateurs plus qu’un simple rire gras de circonstance. Il s’agit au contraire de pièces au sein desquelles Molière ose affronter des thèmes plus sérieux que ne le sont les simples cocus ou faux médecins, mais dans lesquelles il engage la société dans son ensemble dans des réflexions sur son temps, sur ses pratiques et sur ses mœurs. À l’instar de L’École des femmes, par exemple, dans laquelle Molière nous met face à une réflexion sur la position de la femme au sein de la société, sur son autonomie, sa liberté d’aimer et d’être maîtresse de sa propre destinée amoureuse.

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Le Médecin malgré lui, c’est la pièce médiévale de Molière par excellence, tant du point de vue formel, – de par sa brièveté, simplicité d’intrigue et de jeu scénique –, que du point de vue des sources d’inspiration. Nous l’avons dit : la pièce est à l’origine un fabliau dont les traces remontent au Moyen-Âge, européen en général plus que français uniquement. Il faut noter que la pièce reprend des éléments généraux, et joue sur des représentations universelles, qui n’ont pas d’âge, ni de localisation précise : conflits de couple, opposition hommes-femmes [au niveau effectif, sur scène, mais aussi au niveau général, symbolique, du point de vue de représentations séculaires (les femmes ne peuvent pas être muettes, et elles parlent naturellement plus que les hommes ; leurs humeurs sont jugées problématiques pour les hommes, la science et la société de manière générale ; etc.)]. C’est peut-être là ce qui a séduit les audiences à travers les âges. Car le succès fut immédiat, malgré le fait que la pièce fut conçue comme accompagnement à une autre mise en scène. L’habileté de Molière réside aussi dans le fait qu’il ait su allier sa propre poétique à ces représentations générales et à cette « matière » médiévale. On retrouve donc au sein de la pièce les éléments qui définissent selon lui le genre de la comédie : crise(s) de ménage(s) (ici, au moins quatre ménages différents nous sont présentés), mariage menacé par des opposants, mais qui est finalement célébré, etc.). La critique sociétale ne pouvait elle aussi être absente. Les répliques entourant l’ethos dont soit s’entourer la figure du médecin poussent évidemment à la réflexion, et c’est probablement un débat touchant au thème de la médecine que Molière souhaitait lancer. C’est ainsi contre le charlatanisme et contre la crédulité de patients tels des fidèles qui sont critiqués ici. Et lorsque l’on croit aveuglément en quelque chose, le fanatisme qui en découle rappelle étrangement la religion, tout comme l’habit du médecin rappelle étrangement l’habit du prêtre, ou la robe du Christ. Sans oublier dans tout cela les jeux de mots, les sous-entendus religieux qui achèvent de faire de cette pièce l’une des grandes représentantes d’un théâtre galant et grivois tout à la fois.

exemple dissertation tartuffe

La pièce en question, en vers, est présentée pour la première fois le 26 décembre 1662. Comme souvent chez Molière, on y traite des questions du mariage, du cocufiage et, surtout ici, de la condition de la femme. Non pas que l'on ait ici affaire à une pièce dite féministe. Cela serait anachronique est surtout absurde d'attribuer à Molière de telles idées, mais il est indéniable que la pièce cherche du moins à attirer l'attention sur ce sujet. Au travers de la touchante naïveté qui entoure le personnage pur d'Agnès, et au travers encore de la façon si noble et courtoise dont prend forme l'honnête amour rassemblant le soupirant Horace et la timide et innocente Agnès-qui porte d'ailleurs le nom d'une sainte martyre reconnue pour sa pureté-on reconnaît bien vite que le nom enferme une destinée grande mais noble qui est toutefois niée par la société de l'époque. Ses aspirations sont d'une simplicité enfantine : se marier avec l'homme qu'elle aime, l'homme de son choix. Car à ces aspirations font office de pendant les monomanies de son vieux maître Arnolphe, qui la veut tout entière pour lui, on le perçoit bien, aux dépens de l'aspect peu naturel de la chose. Mais malgré cette évidente satire de Molière envers son époque et ses protagonistes, le dramaturge n'en oublie pas le comique, l'aspect plaisant du spectacle qui doit se dérouler sous les regards captivés des spectateurs. Comme toujours, il s'agit d'instruire et plaire, selon la devise esthétique de l'époque. Tel est donc le double rôle joué par Arnolphe : à la fois problématique par ses volontés, ses valeurs et ses actes, mais à la fois comique et bouc émissaire de par l'ampleur de la mise en scène et le tragique de l'épilogue.

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Les Femmes savantes, c’est l’exact opposé, – en termes de pièce ayant pour sujet de préoccupation la femme et sa place dans la société –, de l’École des Femmes, jouée dix ans auparavant. Si cette dernière mettait l’accent sur les aspirations simples mais qui étaient pourtant niées à une jeune femme « ignorante » en termes d’amour et de science, mais au cœur pur et tendre, la pièce actuelle donne à voir le versant opposé : les extrêmes dans lesquels la pédanterie et la quête de savoirs peuvent faire basculer la femme. Le changement de perspective est évidemment drastique. D’une créature mise à l’écart, reléguée au ménage et aux soins de son mari, la femme devient maîtresse de son destin, à tel point qu’il devient possible d’en rire, de s’amuser du contraste et de cette nouvelle place. Car ont-elles effectué la bonne décision, une fois cette nouvelle forme de liberté obtenue ? Peut-être était-ce là une manifestation, de la part de Molière, que les temps changeaient et que ce changement pouvait déjà être perçu, mais, tout à coup, une ribambelle de femmes en vient à se mettre en tête, plutôt que de s’occuper du ménage et d’élever des enfants, qu’il fait meilleur de s’approprier la métaphysique, l’astronomie et la philosophie antique et contemporaine. Finalement, ce qui rapproche ces deux pièces, c’est qu’elles accordent une place importante à la femme, et qu’elles sont écrites en vers. En mettant la femme au centre de ces deux pièces, Molière dresse et met sur pieds tout l’éventail de comportements qui s’offrent à elle. Mais, cela est une certitude, la pitié qui est réservée au personnage d’Agnès ne suffit pas à racheter les excès ridicules de Philaminte, Armande, Bélise et compagnie. Il s’agit d’en rire avant tout !

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Maylis Ardit écrit dans le magazine 50-50 : « Implicitement, Madame de Villedieu adresse à Louis XIV, à sa cour et à notre société aujourd'hui les questionnements sur la place des sujets face au pouvoir politique. Quelles sont les marges de manœuvre, entre tartufferie et misanthropie, pour réussir dans la société ? Comment servir le pouvoir sans se compromettre ? Existe-t-il encore des espaces de libertés où l'on puisse conserver son autonomie de sujet et lutter pour ses idéaux ? Derrière un souverain généreux ne se cache-t-il pas un tyran en puissance ? En 1661, c’est l’apogée de la monarchie de droit divin instaurée par Louis XIV. Elle est marquée par l’arrestation de Nicolas Fouquet, surintendant des finances et la virulente querelle du Tartuffe , opposant le parti dévot soutenu par la reine mère d’un côté et Molière et ses défenseurs de l’autre. Nous entrons dans une période, en 1661 comme aujourd’hui, où il est de plus en plus à propos de se questionner sur la place des sujets face au pouvoir politique : quels sont les moyens à disposition, « entre tartufferie et misanthropie », pour parvenir à s’élever dans la société, à réussir ? Comment être au service du pouvoir tout en gardant des espaces de libertés où l’on puisse conserver son indépendance en tant que sujet et lutter pour ses idéaux ? Le roi, qui apparaît comme magnanime, n'est il pas en réalité un « tyran en puissance » ?

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Sunday, june 12, 2011, l’hypocrisie de molière (tartuffe), no comments:, post a comment.

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Molière, Tartuffe Résumé-analyse

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Tartuffe: analyse de l'argumentation de Molière dans la préface

Lecture analytique: texte extrait de la préface de Tartuffe de Molière

Objectifs : Identification et analyse du texte argumentatif - énonciation - arguments et objections - fonctions de la comédie.

Si l’on prend la peine d’examiner de bonne foi ma comédie, on verra sans doute que mes intentions y sont partout innocentes, et qu’elle ne tend nullement à jouer les choses que l’on doit révérer ; que je l’ai traitée avec toutes les précautions que demandait la délicatesse de la matière ; et que j’ai mis tout l’art et tous les soins qu’il m’a été possible pour bien distinguer le personnage de l’hypocrite d’avec celui du vrai dévot. J’ai employé pour cela deux actes entiers à préparer la venue de mon scélérat. Il ne tient pas un seul moment l’auditeur en balance ; on le connaît d’abord aux marques que je lui donne ; et, d’un bout à l’autre, il ne dit pas un mot, il ne fait pas une action, qui ne peigne aux spectateurs le caractère d’un méchant homme, et ne fasse éclater celui du véritable homme de bien que je lui oppose.

Je sais bien que, pour réponse, ces messieurs tâchent d’insinuer que ce n’est point au théâtre à parler de ces matières ; mais je leur demande, avec leur permission, sur quoi ils fondent cette belle maxime. C’est une proposition qu’ils ne font que supposer, et qu’ils ne prouvent en aucune façon ; et, sans doute, il ne serait pas difficile de leur faire voir que la comédie, chez les anciens, a pris son origine de la religion, et faisait partie de leurs mystères ; que les Espagnols, nos voisins, ne célèbrent guère de fêtes où la comédie ne soit mêlée ; et que, même parmi nous, elle doit sa naissance aux soins d’une confrérie à qui appartient encore aujourd’hui l’hôtel de Bourgogne ; que c’est un lieu qui fut donné pour y représenter les plus importants mystères de notre foi ; qu’on en voit encore des comédies imprimées en lettres gothiques, sous le nom d’un docteur de Sorbonne ; et, sans aller chercher si loin, que l’on a joué, de notre temps, des pièces saintes de M. de Corneille [1] , qui ont été l’admiration de toute la France.

Si l’emploi de la comédie est de corriger les vices des hommes, je ne vois pas par quelle raison il y en aura de privilégiés. Celui-ci est, dans l’État, d’une conséquence bien plus dangereuse que tous les autres ; et nous avons vu que le théâtre a une grande vertu pour la correction. Les plus beaux traits d’une sérieuse morale sont moins puissants, le plus souvent, que ceux de la satire ; et rien ne reprend mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts. C’est une grande atteinte aux vices, que de les exposer à la risée de tout le monde. On souffre  aisément des répréhensions ; mais on ne souffre point la raillerie. On veut bien être méchant ; mais on ne veut point être ridicule.

Molière , Préface de Tartuffe , 1669.

_________________________________________________________________________________________________

1. La thèse de Molière et celle de ses adversaires

Le début du premier paragraphe comporte tout un vocabulaire touchant d’une part à la morale, d’autre part à la religion et, enfin, au théâtre.

Le vocabulaire touchant à la morale regroupe les mots intentions, innocentes (l. 2). Il est question du théâtre à travers les mots art et personnage (l. 3 et 4). Le thème de la religion apparaît à travers les mots révérer (l-2), hypocrite, vrai dévot (l. 4). La lecture du premier paragraphe montre aussi l’importance des négations et des affirmations. Dans l’utilisation des trois lexiques, on peut remarquer l’emploi polysémique du verbe jouer (l. 2) qui signifie à la fois « représenter sur scène » et « se moquer de ».

La manière dont ces trois éléments, religion, théâtre et morale, se trouvent associés dans le premier paragraphe fait apparaître que Molière se défend d’une accusation d’immoralité, qu’il réfute en utilisant des négations (ne tend nullement, l. 3), accusation qui constitue d’ailleurs la thèse de ses adversaires. Le paragraphe donne ainsi de manière simultanée les deux thèses, l’une étant une accusation et l’autre une réponse négative :

■ Thèse des adversaires de Molière : le dramaturge s’est moqué de la religion en mettant en scène, dans une comédie, un dévot et en le ridiculisant.

■ Thèse de Molière : il n'a pas ridiculisé la religion ( les choses qu’on doit révérer , l. 2), et n’a pas faire rire de thèmes graves. Il a, au contraire, fait en sorte qu’il n’y ait aucune confusion possible entre un vrai et un faux dévot, les deux personnages étant représentés dans Tartuffe, comme le suggère l’emploi des articles définis, l’hypocrite, du vrai dévot (l. 4).    

 2. L’argumentation de Molière dans le premier paragraphe

L’argumentation développée par Molière est inscrite dans la thèse, lorsque se trouve affirmée la volonté de différencier l’hypocrite du vrai dévot. Ce que Molière développe est l’expression tout l’art et tous les soins (l. 3), c’est-à-dire la manière dont il a montré la vérité de son personnage et l’a différencié d’un croyant authentique et il le fait en renvoyant à la structure de la pièce. L’allusion aux deux actes entiers utilisés à préparer l’arrivée de Tartuffe fait référence à l’originalité de la composition de Tartuffe : le personnage principal n’arrive en effet qu’au début de l’acte III. L’idée d’une différence qui saute aux yeux entre vrai et faux dévots est soulignée avec insistance par les mots et expressions : ne tient pas... en balance (l. 5), caractère d’un méchant homme (l.7) et par des doubles négations catégoriques il ne dit pas... il ne fait pas... qui ne (l. 6), équivalant à des affirmations (tout ce qu’il dit, ce qu’il fait...). L’emploi du mot scélérat est également là pour montrer le jugement que Molière a du personnage : le mot a des connotations religieuses et morales très négatives.

3. Les objections de la partie adverse et l’argumentation en réponse

Au début du second paragraphe, on observe une modification en ce qui concerne l’énonciation. L’apparition de locuteurs différents, ces messieurs auxquels Molière donne la parole, mais pas au style direct, par l’expression tachent d’insinuer que ... indique l’expression d’un point de vue qui appartient à d’autres que Molière ; ce point de vue est donné à la ligne 9 et peut se reformuler ainsi : le théâtre n’a pas pour fonction de s’occuper de problèmes de religion. L’expression ces matières renvoie à ce qui a été évoqué dans le premier paragraphe, à travers tous les termes du lexique religieux et du lexique moral.

La réponse de Molière vient immédiatement sous une double forme, demande de preuves (l. 10), puis preuves du contraire, données dans un exposé qui associe théâtre et religion, et qui constitue une argumentation. On peut en effet remarquer les différents rapprochements théâtre / religion :

■ Origines de la comédie : religion et mystères ( dans l ’Antiquit é , l. 11).

■ En Espagne : comédie et religion se mêlent à l’occasion des fêtes (l.12).

» En France : la comédie a pour origine les Confrères de la Passion (l. 13) ; elle était jouée pour représenter les mystères de la religion.

■ Des comédies ont été écrites par un docteur en théologie (allusion à la Sorbonne).

■ Corneille est l’auteur de pièces sacrées.

On remarque ainsi dans cette préface cinq alliances de la religion et du théâtre qui soulignent, dans la double tradition du théâtre et de la religion, non seulement une compatibilité, mais une relation très étroite : relation de cause à effet (origine), théâtre mis au service de la religion, religion nourrissant l’inspiration théâtrale. On remarque qu’il s’agit constamment de la comédie, citée à la ligne 12, le terme (au singulier ou au pluriel) étant repris de manière insistante aux lignes 15 et 17. Il n’y a que pour Corneille que le mot n’est pas employé. Il est intéressant de remarquer que Molière n’annonce pas ici sous forme de thèse le développement sur les relations théâtre / religion, que d’autre part il ne reprend pas de manière synthétique les cinq points énoncés, et qu’enfin, ces cinq points sont des exemples historiques servant d’arguments.

L’argumentation donnée en réponse à une objection prévue, énoncée et ainsi réfutée, consiste à puiser dans la tradition historique du théâtre pour rappeler que celui-ci a toujours, depuis ses origines antiques, été associé à la religion et que la thèse selon laquelle le théâtre n’a pas pour rôle de s’occuper de problèmes religieux ne tient pas. I L’efficacité de la démonstration vient de l’énumération chronologique et de la récurrence d’une structure syntaxique qui consiste à accumuler des propositions introduites par que ou et que (11. 13, 14, 15, 17, 19). On note même la proposition intermédiaire, que c’est un lieu qui fut donné, permettant de développer, avec force, le troisième exemple (la France). Cette efficacité vient aussi de ce que Molière ne donne pas d’arguments personnels, mais fait reposer sa défense sur j une réalité constatable par tous. C’est d’ailleurs ce qu’il annonce dans l’expression il ne serait pas difficile de leur faire voir... Cette défense n’est pas personnelle ; elle est historique et littéraire.

4. Rôle du dernier paragraphe

Le lexique dominant du dernier paragraphe de cet extrait de la préface de Tartuffe est celui de la morale, corriger, vices, vertu, correction, sérieuse morale, reprend, défauts, atteinte, vices, risée. On observe une forte concentration de termes renvoyant, d’une part, aux défauts et, d’autre part, à leur correction. Le tout début du paragraphe fait référence, sous forme hypothétique, à la comédie. L’ensemble a pour objectif de rappeler, d’une part, la fonction morale du théâtre, définie par Horace, catigat ridendo mores, et, d’autre part, l’étendue de son champ d’application (pas de vices susceptibles d’y échapper). Le paragraphe contient ainsi trois idées force : la fonction morale de la comédie, les dangers politiques et sociaux de l’hypocrisie, et la manière dont agit le théâtre, par la satire, en faisant rire, en ridiculisant les vices.

Conclusion-bilan de l'analyse 

L’extrait de la préface de Tartuffe donné ici permet d’abord une approche du texte argumentatif, avec le problème de la coexistence de deux thèses, mais d’un seul locuteur reprenant habilement le point de vue adverse pour le contrer. L’argumentation donnée dans une préface permet de s’interroger sur les fonctions de ce genre de texte, placé avant une œuvre, mais composé la plupart du temps après, en réponse à des accusations. L’intérêt du texte est enfin de mettre en place un historique du théâtre, à partir duquel on peut mener différentes recherches, et de poser une fonction importante et traditionnelle du théâtre, notamment de la comédie. Il y a là matière à une étude sur l’importance de la tradition issue de l’Antiquité.

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Le thème central de Tartuffe est l’hypocrisie. Tartuffe en est la personnification, il fait mine d’être moralement droit et très pieux, alors qu’il est un faux-dévot. Ses discours et ses actes sont en totale contradiction.

La religion

Molière ne se moque pas de la religion: il se moque de ceux qui l’utilisent à leurs propres fins pour obtenir ce qu’ils veulent. Il fait montre de sympathie à l’égard de la morale des honnêtes gens sous une forme d’une religion mondaine et aimable, personnifiée par Cléante et qui est en réalité également celle de la Cour. D’autre part, il s’en prend aux pratiques trop austères de la religion, sous les traits des personnages ridicules de la pièce, Orgon et Mme Pernelle, qui cumulent les travers à la fois du jansénisme et du jésuitisme. Dans Tartuffe, Molière, brocarde le fanatisme de quelque nature qu’il soit.

La crédulité

Orgon croit naïvement et bêtement tout ce que dit et fait Tartuffe. Même si les membres de sa famille attirent son attention sur l’hypocrisie évidente de ce dernier, Orgon le soutient obstinément, jusqu’à même faire de lui son héritier et lui offrir la main de sa fille. La crédulité aveugle d’Orgon représente l’attitude des fidèles qui acceptent la religion factice caractérisée par le fanatisme.

Le fanatisme obsessionnel

Molière fait la satire de la piété et la moralité anormalement rigides. Mais ce n’est pas Tartuffe qui souffre d’une fixation ou une manie (il n’est qu’un charlatan qui prétend être un parfait dévot). Au contraire, son protagoniste Orgon agit sous l’influence une obsession. Sa fascination névrotique à propos des prêches perfides de Tartuffe sur la religion et la sainteté est si puissante qu’il fiance de force sa fille à Tartuffe, ignore sa femme malade, et déshérite son fils au profit de Tartuffe. Orgon, n’est plus un mari ou un père « normal », en raison de son obsession.

C’est comme s’il était sous l’emprise d’un sort qui balaie ses propres préoccupations terrestres en faveur de ce qu’il perçoit comme étant des questions plus spirituelles: la personne de Tartuffe lui-même. À une époque où des hommes tels que Tartuffe ont réellement existé – prêchant une forme austère de spiritualité, Molière rend bien compte du danger des obsessions perverses.

La critique sociale

Bien que Dorine ne soit qu’une humble servante, elle est perspicace, spirituelle et franche, avec une force de caractère qui ne la fait pas craindre de dire tout ce qu’elle pense. À bien des égards, cette jeune fille à la personnalité trempée est le personnage le plus admirable de la pièce. Molière démontre que l’on n’a pas besoin d’être bien né pour avoir l’esprit élevé.

Son opposition à la soumission des femmes dans une société dominée par les hommes depuis des siècles est en avance sur son temps, comme en témoignent les conseils qu’elle prodique à Marianne après que le père de cette dernière, Orgon, lui ait ordonné d’épouser Tartuffe.

La relation entre Orgon et Elmire est un deuxième exemple de critique sociale. Dans la société de l’époque, les épouses de l’époque n’étaient pas considérés comme parties prenantes à la vie de la société. Même les épouses des hommes de premier plan au siècle des Lumières étaient considérées comme des sujets inférieurs. Dans la quatrième scène de l’acte IV, Elmire fait preuve d’un comportement peu conventionnel lorsqu’elle participe activement à la manipulation de son mari.

Après qu’Orgon ait été impliqué pour entrave à la justice, tout semble perdu pour lui – ses biens, son argent, sa renommée. Mais, merveille des merveilles, un officier du roi débarque soudain en annonçant l’arrestation de Tartuffe, affirmant que le monarque astucieux a vu clair dans le jeu de l’escroc intrigant. Le roi, se souvenant de la loyauté d’Orgon durant la Fronde, a pris la décision de lui rendre tous ses biens et fait emmener Tartuffe.

Tout le monde respire et loue la magnanimité du Monarque. L’apparition d’un deus ex machina est clairement un artifice littéraire qui affaiblit la vraisemblance de la fin, mais qui démontre clairement la volonté de Molière a de rester dans les bonnes grâces du roi afin de pouvoir monter la pièce en public.

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Tartuffe est l’une des comédies les plus célèbres de Molière. En raison de son ambitieuse critique de la religion, cette pièce subit plusieurs censures et donna lieu à une célèbre querelle .

En effet, cette comédie en cinq actes met en scène l’hypocrisie religieuse de Tartuffe, un faux dévot qui s’insinue dans la maison d’un riche bourgeois pour séduire sa femme et s’approprier ses biens.

Entre 1630 et 1666, la compagnie du Saint-Sacrement de l’Autel est une société secrète religieuse qui défend l’ordre moral et exerce une pression politique et religieuse très forte sur la société et sur le roi.

Or Tartuffe, qui s’introduit dans une riche famille bourgeoise pour en devenir le directeur de conscience s’apparente à un membre de la compagnie du Saint Sacrement de l’autel .

Sans surprise, ces derniers critiquèrent férocement cette intrigue jugée trop provocante . Ils voyaient en Molière un impie corrompant les mœurs.

Leurs vives attaques s’inscrivent dans la traditionnelle dénonciation du théâtre par l’Église, qui lui reproche de détourner les âmes par des divertissements mondains.

Il faut savoir que Le Parlement de Paris avait d’ailleurs interdit la représentation des mystères religieux* (*drames religieux joués depuis le Moyen-âge) en 1548. Il était donc très audacieux pour Molière d’aborder les questions religieuses sur scène au 17ème siècle.

Mais la pièce Le Tartuffe fut également célébrée par les cercles mondains et libéraux qui voyaient dans cette comédie une éclatante dénonciation de l’hypocrisie religieuse, voire de la religion en elle-même.

Scènes de Tartuffe analysées sur ce site :

♦ Tartuffe, acte 1 scène 1 ♦ Tartuffe, acte 3 scène 3 ♦ Tartuffe, acte 4 scène 5

Qui est Molière ?

Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673) est l’un des dramaturges les plus connus du théâtre français.

Après avoir grandi à Paris, il mena de longues tournées théâtrales (1645-1658), en jouant tant des tragédies que des comédies au sein de la troupe qu’il dirige : l’Illustre Théâtre .

Ses succès lui valent d’être appelé à Paris en 1658 par Philippe d’Orléans, frère du Roi Louis XIV. Le Roi ne tardera pas à le soutenir à son tour.

S’ouvre alors pour Molière une période de gloire . Le dramaturge sut plaire à la haute société en empruntant à la farce populaire ses procédés comiques, tout en les adaptant à la bienséance de la comédie de mœurs .

Molière élève ainsi la comédie en la mettant au service d’une dénonciation des passions excessives, et d’une satire sociale audacieuse.

Ses pièces les plus célèbres sont L’École des femmes (1662), Le Tartuffe (1664), Dom Juan (1665), Le Misanthrope (1666), Le Bourgeois gentilhomme (1670) et Le Malade imaginaire (1673).

Le Tartuffe : une pièce controversée

Il est important de dire quelques mots sur la réception houleuse de cette œuvre.

En effet, il aura fallu à Molière écrire trois versions de Tartuffe et attendre cinq années pour que cette pièce soit enfin jouée en 1669.

Molière écrit en effet la première version de Tartuffe en 1664 . Il s’agit alors d’une comédie en trois actes intitulée Le Tartuffe ou L’Hypocrite . Cette pièce déchaîne les critiques du parti dévot qui fait tant pression sur le roi que ce dernier fait interdire la pièce.

Mais Molière ne renonce pas à sa pièce. Il en compose en deuxième version , interdite en 1667 et une troisième version intitulée Le Tartuffe ou L’imposteur autorisée à la représentation publique par le roi en 1669 .

C’est cette troisième version, en cinq actes, que nous connaissons et étudions aujourd’hui.

Comment résumer Le Tartuffe ou l’Imposteur ?

Le tartuffe – acte 1.

La scène d’exposition s’ouvre in medias res* (*en pleine action),  avec Madame Pernelle qui quitte la maison de son fils Orgon.

Cette femme autoritaire et dévote fait le blâme de sa famille, dont elle dénonce les mondanités impies. Elle leur oppose Tartuffe, dont elle loue la piété.

Mais les autres personnages accusent Tartuffe d’être un hypocrite opportuniste .

Cléante, le beau-frère d’Orgon, s’agace de l’admiration de Madame Pernelle pour Tartuffe.

Mais Dorine, la suivante, lui répond que cette admiration est sans mesure chez Orgon , le maître de maison qui traite le faux-dévot excessivement bien, ce dont Tartuffe profite largement.

Elmire , la femme d’orgon annonce l’arrivée de son mari.

Damis, le fils d’Orgon, demande à Cléante d’inviter Orgon à accepter le mariage de Mariane (fille d’Orgon et soeur de Damis) et de Valère. En effet, Tartuffe s’oppose à ce mariage.

Orgon , qui revient de la campagne, s’instruit auprès de Dorine de l’état de sa maison.

Son indifférence pour les maladies d’Elmire contraste comiquement avec ses inquiétudes pour Tartuffe , qui mange abondamment, ce dont Orgon se réjouit.

Cléante raisonne Orgon afin qu’il prenne conscience de l’hypocrisie et de l’opportunisme de Tartuffe, qui profite de lui.

Mais Orgon vante la générosité et la piété de son directeur de conscience.

Cléante s’insurge contre cette piété trop ostentatoire pour être véritable. Il dénonce l’instrumentalisation de la religion par «  ces francs charlatans  » qui en tirent profit, et fait l’éloge des âmes humbles et pieuses.

Cléante demande à Orgon d’accepter le mariage de Mariane et de Damis. Mais Orgon ne répond pas.

La Tartuffe – Acte II

Orgon veut imposer à Mariane d’épouser Tartuffe . Mariane refuse, et Orgon s’insurge autoritairement.

Dorine , la suivante de Marianne, souhaite faire abandonner à Orgon ce projet de mariage , qu’elle considère absurde. Elle lui explique que Tartuffe est pauvre et laid, tandis que Mariane, vertueuse mais insatisfaite, le tromperait sûrement.

Orgon défend cependant Tartuffe, rejette Valère qu’il accuse de libertinage, et veut battre la suivante Dorine qui s’oppose à sa décision, quand bien même elle affirme défendre ses intérêts.

Dorine reproche à Mariane d’être trop soumise à Orgon. Elle l’invite à rappeler à son père qu’elle se marie pour elle-même, et que son amour pour Valère est réciproque.

Avec ironie, Dorine, qu’agacent les hésitations de Mariane, feint de l’abandonner à ce mariage non désiré.

Valère surgit, et demande à Mariane si elle acceptera de se marier avec Tartuffe.

Par orgueil, les amants se prétendent favorables à cette union. Valère reproche à Marianne de ne pas tenir sa promesse de mariage, mais Dorine le rattrape au moment où il prétend partir. La suivante ironise sur l’amour : «  les amants sont bien fous !  »

Dorine organise alors le stratagème familial contre Tartuffe. Mariane doit repousser le mariage.

Le Tartuffe – Acte III

Damis veut s’en prendre physiquement à Tartuffe à cause de son projet de mariage. Mais Dorine condamne vivement sa violence, qu’elle juge moins efficace qu’un stratagème collectif.

Tartuffe paraît pour la première fois.

Il parle pieusement , puis reproche à Dorine l’indécence de sa tenue.

La suivante lui reproche d’être justement excessivement attentif « à la tentation ». Elle remarque avec malice combien Tartuffe se calme lorsqu’elle lui apprend qu’Elmire, la femme d’Orgon, veut s’entretenir avec lui.

Tartuffe manifeste une attirance charnelle qui brusque Elmire.

En une tirade qui confond le sacré et le sacrilège, Tartuffe lui révèle même son amour pour elle  : «  L’amour qui nous attache aux beautés éternelles / N’étouffe pas en nous l’amour des temporelles  ».

Elmire le menace alors d’apprendre cette «  galante ardeur  » à son époux, qu’elle gardera secrète à condition que Tartuffe renonce au mariage avec Mariane.

C’est alors que Damis surgit du cabinet où il s’était caché.

Contrairement à la discrète Elmire, Damis veut faire connaître le projet de Tartuffe pour «  prendre la vengeance / De son hypocrisie et de son insolence  ». Il annonce qu’il va faire ses révélations à Orgon, qui paraît.

Damis révèle en effet à Orgon la « coupable flamme » de Tartuffe pour Elmire. La mère reproche à son fils de troubler la famille par ses révélations scandaleuses. Elle part.

Tartuffe reconnaît ces accusations en se désignant comme «  Le plus grand scélérat qui jamais ait été.  »

Cependant, ses aveux sont si hyperboliques et violents, qu’ils suscitent paradoxalement la pitié d’Orgon.

Le père s’emporte en revanche violemment contre son fils, qu’il accuse de jalousie à l’encontre de Tartuffe.

Orgon décide alors de marier Tartuffe et Mariane le jour même , afin d’affirmer sa domination sur sa famille. Il déshérite également son fils Damis.

Tartuffe affirme qu’il souhaite quitter la maison d’Orgon, où trop de «  fâcheux débats  » l’accusent.

Orgon lui demande au contraire de rester, et même de fréquenter sa femme , tant il prend de plaisir à contredire sa famille. Il lui lègue également tous ses biens .

Le Tartuffe – Acte IV

Cléante cherche à raisonner Tartuffe. Il l’invite à pardonner Damis, à refuser un mariage source de discorde, et à rendre ses bien à Orgon.

Tartuffe lui oppose «  les intérêts du ciel  », et sa volonté de consacrer les biens d’Orgon à de pieux usages.

Cléante l’invite à prouver son honnêteté et son humilité chrétienne en restituant à Damis son héritage et en quittant la maison d’Orgon, mais Tartuffe fuit la conversation.

Paraissent Elmire, Mariane et Dorine.

La suivante exhorte Cléante de les aider à faire annuler le projet de mariage qui plonge Mariane dans « une douleur mortelle ». Elle l’invite à raisonner Orgon, qui entre.

Malgré les supplications de Mariane, et les exhortations de tous, Orgon maintient le mariage . Il fustige son fils, dont Elmire reconnaît qu’il eut tort de confondre la défense de son honneur et la violence.

Elmire convainc cependant Orgon de se soumettre à un stratagème par lequel elle lui fera voir l’hypocrisie de Tartuffe.

Elmire demande à Orgon de se cacher et de ne pas paraître, malgré les propos qu’elle tiendra afin de démasquer Tartuffe . Orgon accepte.

Elmire séduit Tartuffe , jusqu’à le pousser à révéler son hypocrisie religieuse , son goût pour les plaisirs charnels, et son mépris pour Orgon : «  C’est un homme, entre nous, à mener par le nez.  »

Elmire feint d’être surprise par son insistance, puis lui demande de vérifier à la porte s’il n’y a personne.

Orgon sort de sa cachette, s’insurge contre l’hypocrisie et l’impiété de Tartuffe.

Mais Elmire lui demande de se cacher à nouveau, afin qu’elle lui donne des preuves plus éclatantes de la bassesse de Tartuffe.

Orgon s’emporte contre l’hypocrisie de Tartuffe, à qui il ordonne de quitter sa maison. Tartuffe lui répond cependant qu’il est désormais le possesseur de la maison , et en droit de les chasser, afin de «  Venger le ciel qu’on blesse  ».

Elmire ne comprend pas les menaces de Tartuffe. Orgon lui avoue qu’il a légué ses biens à Tartuffe . Orgon part ensuite vérifier si sa cassette est toujours à sa place.

Le Tartuffe – Acte V

Orgon explique à Cléante que la cassette disparue contient des documents capitaux que Tartuffe lui proposa de cacher à sa place .

Orgon prend conscience des stratagèmes du faux dévot, et promet d’être désormais odieux à tous les «  gens de bien  ».

Mais Cléante l’invite à davantage de mesure, en étant plus méfiant sans pour autant devenir cruel.

Damis paraît, et témoigne à Orgon une affection réciproque. Afin de défendre son père, Damis promet de s’en prendre physiquement à Tartuffe.

Cependant Cléante le raisonne, en lui rappelant que seul le pouvoir royal est en droit d’exercer la violence.

Madame Pernelle paraît, et interroge son fils quant aux «  terribles mystères  » qui agitent sa maison.

Orgon lui révèle comment Tartuffe s’est approprié ses biens en instrumentalisant la religion.

Cependant Madame Pernelle ne le croit pas , tant elle est aveuglée par la confiance absolue qu’elle accorde aux dévots tels Tartuffe. Sa foi lui fait nier la réalité, et provoque la colère d’Orgon.

Entre Monsieur Loyal, ancien domestique de la maison devenu huissier. Tartuffe l’a envoyé pour exproprier Orgon et sa famille. Monsieur Loyal exprime son ordre d’expulsion avec une bienveillance exagérée.

Son hypocrisie suscite chez la famille une violence que Cléante parvient à réfréner.

Madame Pernelle croit enfin Orgon, que Dorine agace par son ironie. Elmire veut faire connaître à tous la déloyauté de Tartuffe afin de déjouer son stratagème.

Valère surgit, et apprend que Tartuffe fit montrer la cassette d’Orgon aux autorités royales , et que son contenu criminel rend Orgon lui-même criminel . Valère propose alors à Orgon de fuir dans son carrosse.

Orgon accepte, en promettant à Valère qu’il saura un jour lui témoigner sa vive gratitude.

L’ arrivée de Tartuffe empêche la fuite d’Orgon. Le dévot justifie son comportement en se présentant en défenseur zélé du Roi.

Mais lorsque Tartuffe demande à l’officier de justice d’arrêter Orgon, c’est lui-même qui s e fait arrêter. L’officier de justice apprend alors à Orgon que Tartuffe vient d’être reconnu comme étant «  un fourbe renommé  ». Il fait l’éloge d’«  Un prince dont les yeux se font jour dans les cœurs  », à même de démasquer les hypocrites comme Tartuffe, et de rétribuer les méritants comme Orgon.

Cléante réfrène alors l’emportement d’Orgon qui se réjouit du malheur de Tartuffe. Cléante considère en effet l’épreuve que Tartuffe subit comme l’occasion de retourner à la vertu.

Orgon se calme en effet, et annonce joyeusement le mariage de Valère et de Mariane .

Tu peux lire ici un autre résumé détaillé de Tartuffe .

Quels sont les thèmes importants dans Tartuffe de Molière ?

La dénonciation de l’hypocrisie religieuse.

À travers le personnage de Tartuffe, Molière dénonce l’hypocrisie , c’est à dire l’écart qui existe entre les propos et les actes.

On peut noter d’ailleurs qu’en 1664, la première version de la pièce s’intitulait Le Tartuffe ou l’Hypocrite .

Bien évidemment, c’est l’ hypocrisie religieuse qui est pointée du doigt dans cette comédie.

Tartuffe incarne les faux dévots , c’est à dire ceux qui se cachent derrière un «  excès de zèle  » (III, 3) pour œuvrer à leurs intérêts personnels , au détriment des autres.

À l’époque d’écriture, il était fréquent pour les membres de la Compagnie du Saint Sacrement de l’Autel de s’immiscer dans les riches familles pour imposer leur morale austère.

Or Molière dénonce ces directeurs de conscience. Ainsi, Tartuffe est un personnage qui prêche la morale austère mais tente de séduire Elmire, la femme d’Orgon.

Son discours confond le sacré et le profane comme à l’acte III scène 3 où il tente de faire céder Elmire. À travers cette scène, Molière parodie la rhétorique religieuse qui cherche à impressionner pour justifier toutes les malhonnêtetés.

La religion

Le Tartuffe de Molière dénonce l’hypocrisie religieuse, les faux dévots, c’est à dire ceux qui détournent la religion pour servir leurs intérêts personnels.

Néanmoins, il est difficile de ne pas voir dans cette pièce une critique de la religion également.

Au XVIIème siècle, le roi Louis XIV est un monarque absolu de droit divin qui souhaite préserver l’unité religieuse du royaume, surtout après les guerres de Religion du XVIème siècle.

Or plusieurs courants catholiques rigoristes fissurent cette unité. Molière dénonce certains de ces courants.

Ainsi, lorsque Tartuffe se réfugie derrière la pureté de ses intentions (aimer à travers Elmire «  une parfaite créature de Dieu « ) pour justifier ses actes (séduire Elmire), on peut y voir une critique de la casuistique des Jésuites , un ordre religieux très influent au 17ème siècle.

Dans la religion chrétienne, la casuistique est une étude de cas de conscience , c’est à dire une réflexion sur la façon dont un individu doit agir dans à une situation particulière.

Sous l’influence des Jésuites, cet exercice courant au 17ème siècle permettait souvent d’ innocenter un coupable . Molière dénonce ce procédé trop conciliant qui rend l’exercice de la religion accommodant  : «  Mais on trouve avec lui [avec le Ciel] des accommodements » dit Tartuffe.

Enfin, à travers Tartuffe, Molière dénonce également les dévots de la Compagnie du Saint Sacrement de l’autel , très influents entre 1630 et 1666, et qui s’introduisaient dans les riches familles bourgeoises pour imposer leur morale austère.

La crédulité

À travers la figure d’ Orgon , la pièce dénonce également l’excès de passions, toujours mal perçu dans un XVIIème siècle cartésien qui prône la mesure et la maîtrise.

Orgon est en effet un personnage trop crédule . Sa passion est de trop croire les apparences et de chercher la contradiction plutôt que la vérité : «  Faire enrager le monde est ma plus grande joie  » dit-il à l’acte III scène 7.

Madame Pernelle , la mère d’Orgon, est le pendant féminin de cet aveuglément obstiné . Autoritaire, dévote, acariâtre, c’est un personnage satirique qui s’oppose au bonheur de ses enfants. Dans l’acte V scène 3, elle continue à défendre Tartuffe alors même que celui-ci est démasqué.

L’éloge de sincérité

Si la pièce condamne l’hypocrisie, c’est pour mieux faire l’ éloge de la sincérité et de la vérité .

C’est Cléante , le beau-frère d’Argan, qui incarne l’ honnête homme guidé par la recherche de la mesure et de la vérité .

Cléante est également le porte-parole de Molière dans cette pièce.

Ce personnage raisonneur distingue le «  vrai dévot  » de l’hypocrite : «  Hé quoi ! vous ne ferez nulle distinction / Entre l’hypocrisie et la dévotion ?  » (I, 5). Cela montre que la pièce ne condamne pas la religion en tant que telle. À travers ce porte-parole calme et modéré , Molière prône un christianisme sincère et bienveillant.

L’éloge du libertinage

On relève un subtil éloge du libertinage dans cette pièce, qui peut faire écho à la pièce Dom Juan censurée en 1665.

En effet, en prônant la sincérité, la famille d’Orgon invite ce dernier à reconnaître que la sensualité est un penchant naturel qui ne devrait pas être coupable. Molière justifie ainsi l’innocence d’une mondanité sans excès.

Tartuffe lui-même exprime son attirance naturelle pour les plaisirs sensuels : «  Mon sein n’enferme pas un cœur qui soit de pierre.  » (III, 3)

Le stratagème

Le plus grand stratège de cette pièce est Tartuffe qui élabore un plan diabolique pour s’approprier les biens d’Orgon.

Mais la famille de Tartuffe va devoir elle aussi recourir à un stratagème collectif pour contrecarrer le projet de Tartuffe.

Pour démasquer le faux dévot, Elmire feint ainsi d’être libertine , démasquant le libertin qui se cache derrière le faux dévot.

Ces stratagèmes donnent lieu à de savoureuses scènes de comédie dans la comédie .

La défense du théâtre

Ces stratagèmes réciproques montrent qu’à travers cette pièce, Molière défend le théâtre , notamment contre les dévots qui accuse le théâtre d’impiété.

L’Église reproche traditionnellement au théâtre de détourner les âmes par des divertissements mondains.

Le Parlement de Paris avait d’ailleurs interdit la représentation des mystères religieux* (*drames religieux joués depuis le Moyen-âge) en 1548.

Or Molière veut montrer que le théâtre est un moyen de révéler des vérités , comme l’hypocrisie religieuse.

Par le détour du masque et du jeu, le théâtre démasque le mensonge et fait éclater la vérité.

Loin de corrompre les âmes, le théâtre permet de «  Démêle[r] la vertu d’avec ses apparences  » (acte V, scène 1).

Quelles sont les caractéristiques de l’écriture de Molière dans Tartuffe ?

Une comédie traditionnelle.

Le Tartuffe de Molière est une grande comédie traditionnelle dont l’intrigue repose sur un mariage forcé que les amants contrariés souhaitent éviter.

On retrouve dans cette pièce des procédés comiques liés à la farce populaire , comme la bastonnade dans l’acte II scène 2, et des procédés comiques liés à la comédie de mœurs comme les scènes de séduction à l’acte III scène 3 et à l’acte IV scène 5.

En comparaison avec les autres comédies de Molière, le pièce Le Tartuffe se distingue néanmoins par la réduction des procédés comiques.

Élever la comédie

Molière souhaitait en effet élever ses comédies , genre populaire, au rang de la tragédie , genre noble.

Le dramaturge parvint ainsi à doter sa comédie d ’éléments nobles propres à la tragédie :

♦ Composition en cinq actes ♦ Versification en alexandrins rimés (Molière va jusqu’à pasticher Corneille à l’acte III scène 3 : «  Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme  ») ♦ Situation de péril aux deux derniers actes où la cassette compromettante entraîne Orgon dans un mécanisme tragique ♦ Mise en scène de Tartuffe , un personnage qui semble plus diabolique que comique

Cette comédie de Molière est donc profonde et audacieuse . La gravité du sujet et la virulence du Tartuffe en font l’une des grandes comédies de Molière.

La parodie du discours religieux

Les répliques de Tartuffe constituent une parodie de discours religieux , notamment lorsqu’il tente de séduire Elmire.

L’instrumentalisation du vocabulaire chrétien à des fins pécheresses suscitèrent de nombreuses critiques des contemporains de Molière.

Tu étudies Le Tartuffe de Molière ? Regarde aussi :

♦ Le Malade imaginaire [Fiche de lecture] ♦ L’école des femmes [Fiche de lecture] ♦ Dom Juan : résumé ♦ Le Misanthrope : résumé ♦ Les Fausses confidences, Marivaux [Fiche de lecture] ♦ Cyrano de Bergerac, Rostand [Fiche de lecture] ♦ L’illusion comique, Corneille [Fiche de lecture] ♦ Les Caractères, Jean de la Bruyère [Fiche de lecture] ♦ Le Menteur, Corneille [Fiche de lecture] ♦ Pour un oui ou pour un non, Sarraute [Fiche de lecture] ♦ On ne badine pas avec l’amour, Musset [Fiche de lecture]

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Le Tartuffe

Pour molière, le tartuffe citations et analyse.

Ceux de qui la conduite offre le plus à rire, / Sont toujours sur autrui les premiers à médire ; / Ils ne manquent jamais de saisir promptement / L'apparente lueur du moindre attachement, / D'en semer la nouvelle avec beaucoup de joie, / Et d'y donner le tour qu'ils veulent qu'on y croie.

Dorine répond ici à l'accusation de Madame Pernelle selon laquelle la famille est devenue le sujet des ragots du voisinage. Dorine, et Cléante par la suite, suggèrent que les rumeurs font partie intégrante de la vie. Dorine considère également que les personnes les plus enclines à critiquer les autres sont celles qui espèrent dissimuler leur propre comportement ; elles veulent détourner l'attention afin de protéger leurs secrets. Toutes ces idées sont au cœur de la pièce, puisque les attaques de Tartuffe contre la moralité des autres visent à dissimuler son propre manque de vertu.

Mais il est devenu comme un homme hébété, / Depuis que de Tartuffe on le voit entêté. / Il l'appelle son frère, et l'aime dans son âme / Cent fois plus qu'il ne fait mère, fils, fille et femme. / C'est de tous ses secrets l'unique confident, / Et de ses actions le directeur prudent.

Dorine et Cléante se plaignent de la dévotion aveugle d'Orgon envers Tartuffe. Dorine suggère qu’Orgon a perdu toute capacité de raisonner par lui-même. Orgon est complètement envoûté par l’imposteur, au point de ne pas tenir compte des avertissements de ses proches. La gravité du propos de Dorine préfigure à quel point Orgon s'est fait manipuler par Tartuffe, allant jusqu’à lui remettre l'acte de propriété de sa maison et le coffre-fort.

Je vois qu'il reprend tout, et qu'à ma femme même, / Il prend pour mon honneur un intérêt extrême ; / Il m'avertit des gens qui lui font les yeux doux, / Et plus que moi, six fois, il s'en montre jaloux.

Tartuffe est le maître de la tromperie – même ses actions les plus mauvaises sont dissimulées sous une apparence de piété et de moralité. Ici, Orgon explique à son beau-frère comment il a rencontré Tartuffe et pourquoi il l’admire tant. Il est tellement aveuglé qu'il interprète la débauche de Tartuffe comme une vertu, croyant que l'hypocrite porte une attention particulière à Elmire par devoir envers Orgon. Orgon a choisi de faire confiance à Tartuffe plutôt qu'à sa famille, supposant implicitement que sa femme est digne de suspicion. Son attitude est amusante en raison de l'ironie dramatique : nous, spectateurs, savons très bien pourquoi Tartuffe est si attentif à Elmire.

Et comme je ne vois nul genre de héros / Qui soient plus à priser que les parfaits dévots ; / Aucune chose au monde et plus noble et plus belle, / Que la sainte ferveur d'un véritable zèle ;

Lors de sa première dispute avec Orgon, Cléante partage sa propre vision de la foi. Certains critiques pensent que la philosophie de Cléante, reflétée dans cette citation, représente le point de vue de Molière lui-même. Cléante privilégie l'honnêteté et la sincérité aux démonstrations de piété. Il explique que la véritable ferveur religieuse vient du plus profond de soi.

Un père, je l'avoue, a sur nous tant d'empire, / Que je n'ai jamais eu la force de rien dire.

Mariane explique ici à Dorine pourquoi elle a accepté avec tant de facilité le projet d'Orgon de lui faire épouser Tartuffe. Elle considère, comme il était coutume à l’époque, qu’elle ne peut remettre en question la parole de son père. Son personnage contraste fortement avec celui de Dorine, qui revendique sa liberté d’action et de décision.

Nous en ferons agir de toutes les façons. / Votre père se moque, et ce sont des chansons. / Mais pour vous, il vaut mieux qu'à son extravagance, / D'un doux consentement vous prêtiez l'apparence, / Afin qu'en cas d'alarme il vous soit plus aisé / De tirer en longueur cet hymen proposé.

Lorsque Dorine propose que Mariane et Valère s’allient pour contrer les projets d’Orgon, elle établit son rôle de personnage central de la pièce. Contrairement à la plupart des autres membres de la famille, trop irréfléchis, elle s’oppose intelligemment à l’injustice et à l’ignorance. Elle veut que Mariane et Valère lui fassent confiance et qu'ils soient heureux l'un avec l'autre. De plus, en suggérant à Mariane de feindre la complicité, elle montre qu'elle comprend les méthodes que Tartuffe, qu’elle décide d’utiliser pour le bien des autres plutôt que pour son plaisir personnel.

Oui, mon cher Fils, parlez, traitez-moi de perfide, / D'infâme, de perdu, de voleur, d'homicide. / Accablez-moi de noms encore plus détestés. / Je n'y contredis point, je les ai mérités, / Et j'en veux à genoux souffrir l'ignominie, / Comme une honte due aux crimes de ma vie.

Dans ce discours, Tartuffe feint la culpabilité pour détourner l'attention d'Orgon des affirmations de Damis selon lesquelles Tartuffe aurait tenté de séduire Elmire. Il révèle ici sa maîtrise de soi, en ne niant ni ne confirmant rien. Le public voit ici à quel point la prétention à la piété peut être forte. Bien que la scène soit amusante, elle révèle également à quel point Tartuffe est redoutable.

Le scandale du monde est ce qui fait l'offense, / Et ce n'est pas pécher que pécher en silence.

À la fin de la pièce, le public comprend que le principal défaut de Tartuffe est sa luxure. Lors de sa deuxième rencontre avec Elmire, il lui dévoile à la fois sa lubricité et ses manipulations. La scène est comique en raison de l'ironie dramatique (Orgon se cache sous la table) : c’est la première fois que les tromperies de Tartuffe échouent.

Ah, ah, l'homme de bien, vous m'en voulez donner ! / Comme aux tentations s'abandonne votre âme ! / Vous épousiez ma Fille, et convoitiez ma femme !

Quand Orgon découvre enfin que Tartuffe est un menteur et un imposteur, il le confronte immédiatement. Orgon accepte la vérité sur Tartuffe seulement lorsqu’il voit sa perfidie de ses propres yeux. En apostrophant Tartuffe si frontalement, il le pousse à se venger, alors qu’une approche plus subtile aurait pu lui permettre de protéger sa famille.

C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien. / J'en aurai désormais une horreur effroyable, / Et m'en vais devenir, pour eux pire qu'un Diable.

Orgon apprend la vérité sur Tartuffe mais n’en change pas moins sa manière d’agir. Il conserve son tempérament impulsif. Des tromperies de Tartuffe, il déduit que tous les religieux sont des hypocrites. En y opposant la réplique de Cléante, Molière fait de sa pièce non pas une diatribe contre la religion, mais plutôt une réflexion sur ce qu’est une foi véritable.

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Tartuffe acte 3 scène 2. Molière écrit Tartuffe ou l’imposteur en 1669. Cette version finale est écrite après diverses versions dont la première, Tartuffe ou l’hypocrite, est donnée en 1664 au château de Versailles. Mais très rapidement la pièce est censurée. Quelques années plus tard, en 1667, Molière en fait une version moins provocatrice dans laquelle il a retiré les passages sensibles: l’imposteur . Depuis le début de la pièce, le spectateur entend parler de Tartuffe dont les uns, font un portrait négatif tandis que d’autres, comme Orgon, le maître de maison, sont subjugués par sa ferveur chrétienne. Cette entrée en scène du héros éponyme est donc bien tardive. Elle s’effectue en outre face à la servante de comédie qu’est Dorine.

On voit Tartuffe réfléchir seul avec hypocrisie.

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Le Tartuffe ou L'Imposteur, Molière. Introduction

Introduction générale, 1. historique.

Il faudra se reporter dans les introductions diverses à l’œuvre, à sa préface et aux trois placets de Molière pour faire l’histoire de la représentation de la pièce qui fut par deux fois interdite. Molière, pour pouvoir la jouer, eut beau renoncer au titre, non plus « Tartuffe ou l’Hypocrite » (première représentation 1664) et à l’identité de son personnage, non plus un ecclésiastique mais un homme du monde, la pièce resta toujours interdite : « En vain je l’ai produite sous le titre de L’Imposteur , et déguisé le personnage sous l’ajustement d’un homme du monde. J’ai eu beau lui donner un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée et des dentelles sur tout l’habit… »(second placet au Roi) ; la transformation vestimentaire comme le nouveau titre ne suffirent pas, pourtant c’étaient là des changements importants : avec le changement d’habits, le clergé n’était plus mis en cause ; quant au titre, il faut savoir qu’à cette époque le terme d’hypocrisie est d’abord synonyme de « fausse dévotion » (avant de désigner toutes les formes de dissimulation), et c’est un vice dénoncé par l’Église. Si Molière change son titre, c’est qu’une imposture représente une forme de dissimulation et d’usurpation beaucoup plus générale. Parmi les « imposteurs » (ceux donc qui abusent de la crédulité d’autrui pour en tirer profit), il y a celui qui cherche à imposer par de fausses apparences des dehors de vertu, et celui-là est un hypocrite. C’était donc une attaque moins directe de l’Eglise. Mais il faudra attendre l’année 1669 pour que la pièce soit jouée (et connaisse un énorme succès).

Quant au nom propre de Tartuffe, (nom commun qui existait à l’époque, au féminin, dans le sens de « trompeur rusé »), c’est Molière qui lui a donné son sens actuel à travers son personnage d’hypocrite.

2. Une « grande comédie »

En cinq actes et en vers (à l’inverse des « farces », en prose et en un acte), cette grande comédie, d’un style soutenu, emprunte à la comédie italienne latine (Térence et Plaute) et à la farce française. Sous cette histoire d’une famille de bourgeois du XVII è  siècle perturbée par un faux-dévot, on peut voir en réalité des types de situation ou de personnages « abstraits », des rôles, comme dans la comedia del arte, et c’est le génie de l’homme de théâtre que de partir de ces schémas ou de ces masques pour les incarner dans des objets réels.

Une situation héritée de la Farce du moyen-âge

Molière sait ici intégrer la structure traditionnelle de la farce dans la grande comédie : Orgon, Elmire, Tartuffe, c’est le trio traditionnel de la farce médiévale : le mari, la femme et l’amant (qui est d’ailleurs très souvent un prêtre !), et la situation d’Orgon sous la table se retrouve dans nombre de farces, quand la femme veut montrer à son mari dubitatif les convoitises sexuelles d’un tiers.

Une intrigue et des personnages issus de la comédie italienne

L’intrigue se résume à celle d’un couple d’amoureux contrariés par le père-obstacle qui veut marier sa fille à un prétendant choisi par lui. Toutes les fonctions dépendant de cette intrigue (si fréquente dans la comédie latine) vont donc se retrouver : le jeune-homme amoureux, le vieux barbon, le soldat fanfaron (le prétendant éconduit). Il y a en général un adjuvant-entremetteur, soit un esclave (ici Dorine) soit un ami (le parasite) du jeune homme. Or ce rôle de parasite (qui en échange de sa loquacité obtient des repas gratuits) est peut-être le niveau archéologique le plus profond du personnage de Tartuffe (qui d’ailleurs, dès l’acte I, est décrit comme un bon mangeur) : il s’agit d’échanger…le Ciel contre des dons en nature…

Nous reviendrons sur le parasitisme fondamental du personnage. Constatons pour le moment qu’ici le parasite ne joue pas le même rôle que dans l’intrigue traditionnelle : il prend la place du soldat-fanfaron, par définition ridicule. C’est à lui qu’Orgon veut marier sa fille, et c’est lui qui se ridiculise avec Elmire.

Quel rapport entre un parasite et un hypocrite ? C’est que le parasite doit cacher ses appétits gloutons sous un masque (la bouffonnerie, la plaisanterie dans la comédie italienne, et ici la dévotion), grâce auquel il peut les satisfaire.

Lien entre la farce et la comédie d’intrigue

Le croisement de ces deux fils est assuré par Orgon et Tartuffe : « le mari en puissance d’être trompé est en même temps l’obstacle au bonheur des amants, et le prétendant qu’il a choisi est aussi celui qui veut le faire cocu : Tartuffe étant à la fois l’amant concupiscent de la farce et le prétendant burlesque de la comédie italienne. »  Ainsi Orgon et Tartuffe forment-ils un couple complémentaire, qui se trouve toujours au centre du dispositif dramatique ; mais au départ, Tartuffe est le destinataire de l’intrigue matrimoniale, puis il est le sujet de l’intrigue farcesque, alors qu’Orgon est d’abord le père tout puissant de l’intrigue matrimoniale puis le cocu et l’opposant impuissant de l’intrigue farcesque.

Entre le début et la fin, ce qu’il faut comprendre, c’est comment les structures dramatiques permettent cette évolution qui peut schématiquement se résumer à ceci : un homme qui n’a rien mais qui finit par tout posséder (avant le dénouement heureux et quasi miraculeux), et au contraire, un  homme qui est au départ un père tout puissant et qui, sans ce dénouement, n’aurait plus rien.

Unité de ton

Il faut bien réaliser cependant que l’unité de ton impose d’adoucir la brutalité, voire la vulgarité de la farce (ainsi le geste de Tartuffe essayant de caresser le genou d’Elmire remplace un geste plus obscène dans la farce), et toute cette scène est une énorme farce rendue honnête : le burlesque d’une femme poursuivie par un homme gros et gras, les gestes obscènes, sont ramenés à des intentions. C’est à Orgon pourtant que sont réservés les situations et les gestes les plus proches de la farce (cf. quand il manque la gifle qu’il veut donner, ou bien quand il est sous la table). Ainsi la farce, présente mais à demi-cachée dans la pièce, est-elle détournée de sa fonction purement amusante : tantôt elle entre en contraste avec l’honnêteté de certains personnages (Elmire) et provoque un rire assorti d’un jugement (qui porte sur Orgon ou Tartuffe), tantôt, n’étant que suggérée par le langage (cf. au vers 1135 quand Orgon s’écrie « Un bâton, un bâton… » c’est la menace seule, et non l’objet qui est brandie par Orgon ; de même aux vers 1768 et 1804), elle devient le signe même du contrôle (et du ton) qui pèse sur l’univers de la pièce : un ton général plaisant et de bonne compagnie.

La farce est plutôt déplacée au plan des intentions : elle colore le sérieux de l’intrigue et du sujet sans l’étouffer, et le cocuage d’Orgon n’y est que possible.

Donc un bel équilibre qui permet l’existence de sujets inquiétants (et pas du tout comiques) : une ignoble tentative de séduction, un adultère projeté, à la place d’un cocuage consommé et de bastonnades. L’énormité de la farce étoufferait la gravité du sujet. Au contraire la continuité d’un style moyen, le ton de bourgeoisie honnête revivifié par la joyeuse gaieté de la farce assurent l’unité de la pièce.

3. La structure de la pièce (cf. J. Guicharnaud)

Le titre  : tartuffe ou l’imposteur.

C’est une promesse : le nom « Tartuffe » présente une sorte de lourdeur et d’ampleur dans sa première syllabe, prolongée par le glissement insinuant de la seconde « tuffe » ; promesse confirmée par le sous-titre, qui   annonce un personnage double bâti sur une tension sans équivoque.

Les personnages

Nous retrouvons ce mélange de farce et de comédie sérieuse : les uns portent des noms réels ou très voisins de la réalité, évoquant une certaine bourgeoisie (cf. Madame Pernelle, les valets Flipote, Dorine, ou même Mariane), les autres ont des noms de fantaisie, et de théâtre (Orgon, Elmire..), établissant cette distance par rapport à la réalité propre au théâtre. Cette disparité révèle les possibilités de différents tons dans la pièce, et effectivement, Elmire ne joue pas comme Madame Pernelle, par exemple. La distribution des personnages montre ce mélange entre une pièce bourgeoise, une farce et une comédie élégante.

Quant à l’intrigue annoncée dans cette distribution, c’est donc celle d’un « faux dévot » dans une famille bourgeoise.

Qu’est-ce exactement qu’un faux dévot ? ( cf. Ferreyrolles)

Nous avons déjà vu que l’imposteur était un hypocrite en matière de religion. Cet hypocrite prend au XVIIème la figure du dévot. Jamais la dévotion ne connut plus d’éclat qu’au début de ce siècle. François de Sales écrit en 1609 une « Introduction à la vie dévote », dans laquelle il propose à tous les laïcs l’idéal chrétien le plus exigeant. Mais cette exigence devait entraîner des manifestations suspectes : Pascal parle de ces chrétiens « qui ont plus de zèle que de science ». Et la dévotion va devenir pour certains un moyen de conquérir du pouvoir (cf. l’existence d’une compagnie secrète, la compgnie du Saint-Sacrement). Sous prétexte de surveiller l’observance des jeûnes et abstinences, on s’introduit dans « le gouvernement des grandes maisons » et cette situation de pouvoir est propice à la délation, ou au mouchardage. C’est d’ailleurs ce que dit Orgon à Cléante qui ne partage pas la même opinion que son beau-frère sur Tartuffe : « Vous vous attirerez quelque méchante affaire » (v. 317). Les dévots (du moins dans leurs excès) sont dangereux aux particuliers comme à l’État. Et même si les réunions non autorisées par le Roi sont interdites, leur activité souterraine se poursuit cf. second placet « La cabale s’est réveillée aux simples conjectures qu’ils (les dévots) ont pu avoir de la chose ». À quel titre le (faux) dévot peut-il s’introduire dans une famille ? Les dévots peuvent être des laïcs , et ils peuvent très bien devenir ces directeurs de conscience qui à cette époque avaient coutume de conseiller ceux qu’ils dirigeaient (Mais il ne faut pas confondre pour autant un directeur de conscience avec « un confesseur »). Molière ne semble pas condamner cette pratique fréquente, mais c’est Orgon qui en use mal, lui qui ne respecte pas les deux règles prévues, avec raison, pour empêcher une soumission indue : d’une part le discernement dans le choix du directeur et d’autre part l’absence d’attachement du dirigé envers son directeur. Pourtant les réactions les plus hostiles se sont faites à cause de cette attaque contre le pouvoir du directeur de conscience, cf. un pamphlet de P. Roulès « Eloge du Roy très glorieux au monde ou Louis XIV le plus glorieux des rois du monde », où il est écrit que  le moyen par lequel Tartuffe « va à ruiner la religion catholique, c’est en blâmant et jouant sa plus sainte pratique, qui est la conduite et la direction des âmes par de sages guides et conducteurs pieux ». Ainsi Tartuffe est-il un directeur qui, sous le manteau de l’humilité, exerce un pouvoir tyrannique sur une créature faible qui, pour asseoir sa propre autorité, préfère s’en remettre complètement à celle d’un autre.

Nous verrons qu’un des problèmes de la pièce est ce rapport complexe entre un être qui par nature détient le pouvoir (le Père) mais qui, incapable de l’exercer ou même d’assumer sa propre perversité, se soumet à un autre pour soumettre tous ceux avec qui il lui est donné de vivre. Une toute-puissance par délégation donc qui équivaut à une dépendance totale. Mais la pièce va montrer comment cette volonté de toute puissance de la part du parasite va être, sur le plan théâtral comme sur le plan psychologique, conduite à l’échec.

Le déroulement de l’intrigue

Acte I : 5 scènes (réparties entre scènes de mouvement, d’information, comiques, ou de débats d’idées), comme il y a 5 actes avec un parallélisme entre la scène 1 de l’acte I et le début de la scène 5 de l’acte V : l’une finit par la fuite de Madame Pernelle et l’autre commence par la fuite d’Orgon.. La scène la plus importante de l’acte I est la scène 4 où, d’emblée, Orgon marque son ridicule par son inquiétude exclusive pour Tartuffe, et montre son aveuglement en face de Cléante.

Acte II : très différent de tous les autres (se référer à l’histoire de la pièce). Il est uniquement consacré au problème du mariage de Mariane. Le conflit se noue dans cet acte, dont Dorine en est la vedette et qui est essentiellement composé d’une scène classique de dépit amoureux.

Le problème que pose cet acte, c’est précisément de le justifier par rapport à l’ensemble parce qu’il apparaît comme étranger au reste.

Acte III : on y voit l’arrivée, retardée jusque-là, de Tartuffe. La grande scène 3 est le sommet de la pièce, et entre la scène 3 et la scène 6 qui marque la réconciliation Orgon-Tartuffe, il se produit un retournement extraordinaire : non seulement Tartuffe reste le prétendant de Mariane, mais Damis est chassé et renié, et Orgon fait donation de ses biens à Tartuffe.

Acte IV : il est comme il se doit celui du rebondissement : pour tirer son mari de son aveuglement, Elmire tend un piège à Tartuffe (scène 5, le sommet de l’acte). Rebondissement, mais non dénouement puisque Tartuffe, quoique démasqué, est en possession de la maison, des biens, et des secrets politiques d’Orgon.

Acte V : Le dénouement sera un coup de théâtre : le triomphe de Tartuffe est de courte durée. L’Exempt au nom du Prince va l’arrêter. Le Prince est, à l’inverse d’Orgon, le Père tout puissant qui sait, lui, voir l’imposture au-delà du masque.

Pour une typologie des scènes, on peut classer l’ensemble (mis à part les scènes de transition) entre des scènes de groupe, des scènes d’idées, et des scènes d’affrontement.

On a pu dire que cette pièce était double dans la mesure où il y a deux intrigues : de l’acte I à l’acte III, le problème du mariage, et de l’acte III à l’acte V, l’imposture de Tartuffe. Mais le lien entre les deux est profond, puisque l’unique sujet de cette double intrigue est la destruction d’une amille, d’abord avec l’accord d’Orgon (il promet sa fille à Tartuffe) et ensuite sans son accord (Tartuffe séduit son épouse). Le sujet finalement peut se résumer à celui du débordement d’un personnage (Orgon) par sa passion (pour Tartuffe). Et la pièce progresse non comme la succession d’obstacles à surmonter (cf. la dramaturgie classique) mais comme un engrenage présentant des périls de plus en plus graves : six périls, d’abord sur le plan sentimental le mariage de Mariane avec Tartuffe (de II 1 à IV 1) et la séduction d’Elmire (actes III et IV) puis une nouvelle étape est marquée par deux périls financiers : Damis est deshérité, et Orgon fait la donation de ses biens à Tartuffe (scènes III 6 et III 7). Enfin, dernière étape : les périls politiques (la cassette et la prison). Ce qui est intéressant c’est cette progression, très moderne, car au départ, Tartuffe ne fait rien, il parle, critique, puis peu à peu ces paroles se transforment en actes, de plus en plus redoutables, puis catastrophiques, dans un développement graduel et imprévisible (à l’inverse des règles classiques).

Mais, au bout du compte le mariage contrarié comme la farce du cocuage sont des sujets factices. Ce qui compte, c’est que ces deux sujets sont reliés par le mouvement qui permet de passer de l’un à l’autre : de l’accord Orgon/Tartuffe, par lequel Tartuffe pourra consommer une femme que lui donne Orgon, au dépassement d’Orgon par Tartuffe qui cherche à consommer une femme qu’Orgon ne peut ni ne veut lui donner. La pièce raconte donc la libération de Tartuffe qui de parasite veut devenir le maître de maison, et la surprise douloureuse d’Orgon devant cette libération.

« La scène est à Paris dans la maison d’Orgon  » (cf. Ferreyrolles)

Si la scène est à Paris, les allusions au lieu où s’ébattent les personnages sont si fréquentes qu’elles impriment un sens à la pièce. Le décor représente le salon parisien d’un riche bourgeois. Une notice de 1678 précise : « deux fauteuils, une table, un tapis dessus ; deux flambeaux, une batte » (Elmire et Tartuffe s’assoiront dans les deux fauteuils, les flambeaux seront allumés à la fin de la pièce, et du jour ; quant à la batte (le bâton) elle marque la présence de la farce comme horizon.) Une porte sépare ce salon du « petit cabinet » où se cache Damis, une autre mène aux étages, et une troisième donne sur la galerie ( c’est par cette porte que Damis sera chassé, et c’est celle qu’Elmire demande à Tartuffe de fermer pour lui faire ses confidences (cf. v. 1389) puis d’ouvrir (v. 1521) pour échapper à ses assauts.

Or ce lieu est l’enjeu des manœuvres de Tartuffe ; l’adverbe « céans » si souvent utilisé renvoie presque toujours à un rapport de maîtrise (cf. v. 45, 62, 476, 1554). La lutte dans cette pièce s’ordonne autour de l’occupation du terrain : en tant que parasite, Tartuffe est le dehors dedans : il s’agit s’un organisme (présence capitale de la famille, représentée par la maison)  parasité par un microbe, et la famille, contre son chef, ne tend qu’à l’expulsion de l’intrus tandis qu’en sens inverse, Orgon fait tout pour le retenir. Quand Tartuffe sera démasqué, Orgon lui dira : « Il faut, tout sur le champ, sortir de la maison » (v. 1556)et Tartuffe qui pense s’être approprié les lieux lui répliquera « C’est à vous d’en sortir ». Donc le problème est lié à la présence sur la scène : qui va rester sur scène ? et il est spécifiquement théâtral. De même, et bien avant dans la grande scène avec Damis, et Tartuffe, la présence de l’un est exclusive de l’autre : « S’il rentre céans, c’est à moi d’en sortir » dit Tartuffe de Damis (v. 1208).

Ainsi pour le parasite, comme pour son hôte, la plus grande catastrophe est de « vider » (1749) les lieux. Métonymiquement enjeu de la pièce, le lieu – la scène- est aussi métaphorique de la maison d’Orgon, il représente la famille d’Orgon.

Car cette famille apparaît tout entière plusieurs fois sur scène, dès le lever de rideau, puis au début de l’acte IV, enfin dans l’acte V. Et elle y apparaît comme un bloc, un être collectif vivant, un groupe que madame Pernelle désigne par « eux ». C’est un organisme vivant qui représente un ordre à l’intérieur duquel se développe, comme un germe de destruction, le drame Orgon/Tartuffe. Cet ordre représente la norme de la pièce, ce qui veut dire que les défenseurs de cet ordre sont pris au sérieux et ne provoquent jamais le rire contre eux. Une forme donc traditionnelle, plus qu’une réalité incarnée puisque Elmire n’est pas la mère de Mariane et de Damis, mais une forme qui est un modèle raisonnable, conforme aux préceptes de la religion.

Et c’est par rapport à cette famille, et à cette norme, qu’il faut envisager le couple Orgon/Tartuffe et problématiser leurs relations.

4. Le Mal dans Tartuffe

Tartuffe est ce parasite qui infecte cet organisme qu’est la famille, avec cette caractéristique que c’est le chef de famille qui volontairement l’a introduit et qui l’aide en définitive à étendre son pouvoir sur cet organisme. Tartuffe, c’est le mal en l’homme, ici, c’est la passion d’Orgon, comme l’or est le mal de l’avare ou la maladie celui d’Argan. Qu’est-ce que le mal dans la pièce ? Un principe de désordre dans issue, d’une part, et la volonté d’en rester aux apparences de l’autre. La première définition met en jeu le couple « honnêteté, raison/passion » et la seconde, le couple vérité/apparence ou personne/masque.

Raison et passion

Nous avons évoqué cet aspect raisonnable de la norme-famille. Au contraire le rapport Tartuffe/Orgon est un rapport d’amour. Le comportement de Tartuffe est sensuel, c’est un être charnel (c’est tout son problème du reste : sa vérité ne colle vraiment pas au masque qu’il s’est choisi). Quant à Orgon, c’est un rapport quasi d’amour qui le lie à Tartuffe, celui qui lui permet de vivre (avant d’être dévoré) cf. les vers de Dorine 189 sq. Tartuffe a satisfait son besoin de « Ciel », comme son besoin de s’évader de son rôle de paterfamilias . C’est ce qui explique la paix profonde d’Orgon (vers 273), plein, repu de Tartuffe. Donc un personnage à valeur féminine dans la mesure où il choisit Tartuffe pour être possédé par lui. Ainsi par rapport à la norme-raison, soudain, c’est la passion, le bouleversement d’une aventure totalitaire : aventure destructrice de cette norme justement, mais destructrice moins de l’extérieur (pourtant la famille est détruite, le fils déshérité etc.) que du fait d’une contradiction interne, dans la mesure où la norme, définie une fois pour toutes, impose l’autorité du chef de famille. Et de fait la révolte de tous se fait pour rétablir l’autorité d’Orgon (qui laisse Tartuffe faire la loi chez lui) : il n’y a pas de mutinerie contre Orgon (cf. l’obéissance de Mariane) car tous sont respectueux de l’ordre établi : il s’agit non de résister à Orgon mais de le convaincre de retrouver son autorité. Ainsi la contradiction est la suivante : l’ordre étant garanti par la personne du chef, si cette personne se trompe, se révolter contre son erreur, c’est se révolter contre l’ordre, mais ne pas se révolter, c’est se faire complice d’une erreur qui met en danger cet ordre. Donc la seule solution, c’est sauver la Forme, donc qu’Orgon reste père de famille.

Cette situation, qui serait inextricable dans l’univers de la tragédie, ne l’est pas dans celui de la comédie, univers optimiste où le dénouement va faire intervenir, pour régler les désordres de cette famille, un Prince lucide et sage : au-dessus de l’ordre familial se développe donc le désordre du chef de famille, au-dessus de qui règne l’ordre du Prince. Coincé entre deux ordres, le mal-passion fait le sujet de la pièce, qui montre comment l’homme vit avec lui, comment ce mal le dépasse et le dévore. Mais en même temps, ce mal-passion, s’opposant à la Norme-Raison-Ordre devient profondément ridicule, dans la mesure où le ridicule est précisément la « déraison » apparente de celui qui est « hors norme » (cf. les Précieuses ridicules par exemple).

Le masque et la personne

Mais si le mal est Tartuffe, on a compris qu’il était comme « appelé » par ce dont Orgon ressent le manque et qu’il veut satisfaire. Théâtralement parlant, le mal est donc moins dans ce personnage que dans le rôle qu’Orgon l’oblige à jouer. En choisissant Tartuffe, en découvrant cet homme qui lui convient si bien, il le crée en quelque sorte pour nourrir sa passion. L’existence de Tartuffe en tant que dévot est une création d’Orgon, si bien que Tartuffe ne parviendra plus à échapper à cette définition, même lorsqu’il le désirera (voir les vers 1091 sq.). En face d’Orgon, Tartuffe n’est plus le maître de sa signification : « Son tout, son héros » dit Dorine. Ainsi Orgon maintient par tous les moyens de la mauvaise foi Tartuffe dans sa situation dominatrice parce qu’il a besoin d’être dominé par lui ; et ce sont les autres, parce qu’ils refusent d’accepter ce système parfait et vicieux, qui vont provoquer les ennuis d’Orgon, qui précisément voudrait que, comme Tartuffe, ils lui renvoient l’image qu’il attend d’eux. Le mal d’Orgon est donc, de façon générale, d’obliger les autres à coïncider avec l’image qu’il leur impose cf. v. 450 : « Pourquoi me faire dire une telle imposture ? » dit Mariane  « Mais je veux que cela soit vérité » lui répond Orgon. La tyrannie d’Orgon est de figer son entourage dans des rôles qui ne conviennent pas à leur nature, dans une comédie qui serait son idéal. Orgon est un créateur fou qui veut faire disparaître l’être au profit d’un paraître qui lui agrée.

Mais ce à quoi nous assistons, c’est la revanche de la vérité sur les apparences, de l’être sur le paraître. Ainsi peut-on lire la pièce selon l’évolution du rapport être-paraître ou masque/personne chez Tartuffe. Au départ, un hypocrite, masque choisi pour plaire à Orgon, puis un masque difficile à enlever avec Elmire, ensuite un masque enlevé, mais Orgon n’y croit pas, enfin un masque dénoncé par l’Exempt qui montre la vérité du personnage : ainsi un trajet du masque à la personne, ou un comédien auquel on ne croit plus : toute la pièce à cet égard est une réflexion sur le comédien, sur les rapports masque/personne, parce que le héros est un hypocrite, c’est-à-dire un « acteur » (sens du terme en grec : exactement, celui qui donne la réplique au théâtre), et de ce sens, on passe à celui d’hypocrite cf. Saint Augustin : « Les hypocrites sont des simulateurs en ce qu’ils parlent le langage d’un autre, comme cela se passe au théâtre. En effet, celui qui joue le rôle d’Agamemnon… n’est pas en vérité le personnage, mais il fait semblant de l’être, et on l’appelle « comédien » (hypocrita). De même dans l’Église et la vie en général, quiconque veut se faire passer pour ce qu’il n’est pas est un « hypocrite ». Dans le cas de Tartuffe, c’est non seulement l’acteur mais le personnage qui est « hypocrite ». Mais la différence, c’est que l’acteur ne trompe personne (fiction de la représentation reconnue), alors que Tartuffe veut faire passer la fiction pour la réalité. Mais sur le plan scénique, c’est plus subtil : un acteur   joue un autre acteur, et alors que les acteurs n’ont qu’un public, Tartuffe, lui, en a deux, le public et les autres personnages (sauf Orgon et Madame Pernelle). Ainsi, chaque fois qu’il est sur scène, il installe le théâtre dans le théâtre (et même le suscite, puisque Elmire joue pour le démasquer). Et son jeu ne s’interrompt pas puisque, quand il est démasqué, il persévère dans son rôle.

Comment dans ces conditions savons-nous qu’il joue ? C’est là une question capitale ; s’il est impossible de le savoir, cela veut dire qu’il ne peut pas représenter l’hypocrisie au théâtre, donc, que sur le plan des apparences, il n’y a aucune différence entre un vrai et un faux dévot (et on comprend la querelle soulevée contre Molière). Or jamais Tartuffe n’a des apartés ou des monologues où il dit qu’il joue. Comment le savons-nous ? Par les autres personnages qui le disent pour lui : « Tout son  art, croyez-moi, n’est rien qu’hypocrisie » dit Dorine (v. 70) (dont la parole est plus crédible que celle de madame Pernelle). En quoi consiste cet « art » ? Celui du comédien justement (cf. vers 359-366) dans lesquels Cléante décrit les faux dévots (posture, scène, maquillage, rétribution) .

L’hypocrite au théâtre est un mensonge dénoncé par les autres personnages mais surtout, et on va comprendre pourquoi on est dans une comédie qui fait rire,  parce que Tartuffe joue mal à l’hypocrite  (contrairement à l’Onuphre des Caractères de La Bruyère). Il en fait trop, ou pas assez (par ex. dans sa déclaration à Elmire, quand son être véritable déborde de son masque qui le gêne) : il est incapable de garder la bonne distance du comédien par rapport à son personnage. C’est pourquoi il est comique, en tant que mauvais comédien qui ne sait pas gérer cette distance trop flagrante entre l’ascète détaché du monde et le sensuel débauché. Il manifestera donc une austérité gloutonne, une dévotion…paillarde etc…

Parce que Tartuffe ne sait pas faire coïncider exactement le masque et a personne, la pièce, d’une part fait rire, et d’autre part ne s’attaque pas à la dévotion. C’est ce que dit Molière lui-même.

Dans cette comédie, on peut dire en conclusion qu’il y a finalement deux coupables, Orgon d’abord, parce qu’il refuse et la réalité (la chair même de Tartuffe, qu’il transfigure) et la Norme consacrée, voulant imposer un nouvel ordre fantôme qui nie cette réalité vitale de Tartuffe ; le second coupable est Tartuffe qui, lui, reconnaît (trop) la chair, la vie mais qui s’abrite (mal) sous cette fausse apparence de dévot. Autrement dit, l’un impose une fausse apparence à la réalité pour ne plus la voir, et l’autre s’abrite sous une fausse apparence pour mieux jouir de la réalité. Un jeu de masques dont on voit le caractère théâtral (cf. toutes les scènes au second degré où une partie des personnages est spectatrice de son jeu), et qui devient une image de la comédie de la vie : un conflit entre les forces primaires de l’homme et les formes-masques qu’il invente pour endiguer (Orgon) ou libérer (Tartuffe) ces forces.

Et s’il y a comédie, et non tragédie, ce n’est pas que l’homme soit guéri (nous verrons qu’Orgon reste toujours dans les apparences ; chez Molière, la nature humaine est stable), mais c’est que, comme dit Ch. Mauron, l’univers est réversible : la présence du Prince garantit le triomphe de la Norme, un moment malmenée. Une comédie enfin, parce que Louis XIV est le protecteur souverain de Molière, c’est-à-dire que la Norme n’est jamais contestée (ce qui ne sera plus le cas dans les grands comédie suivantes).

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Hypocrisie et Imposture dans la querelle du Tartuffe (1664-1669) : La Lettre sur la comédie de l’imposteur (1667)

Entrées d’index, mots-clés : , notes de la rédaction.

Ce texte devait initialement figurer dans un volume collectif sur Littérature et philosophie au xvii e  siècle , qui n’a pas vu le jour.

Texte intégral

Hypocrisie et Imposture dans la querelle du Tartuffe (1664-1669) : La Lettre sur la comédie de l’imposteur (1667)

1 à partir de quelques textes, et tout particulièrement de la Lettre sur la comédie de l’imposteur , je me propose de réfléchir sur la querelle du Tartuffe , envisagée comme un conflit dont l’une des caractéristiques majeures est l’accusation réciproque d’hypocrisie et d’imposture, entre d’une part Molière et ses partisans et, de l’autre, les nombreux et puissants détracteurs de la pièce. Le ton est d’emblée donné par les titres successivement choisis par l’auteur : Tartuffe, ou l’hypocrite , en 1664, puis Panulphe, ou l’imposteur, en 1667. La dénonciation de l’hypocrisie et de l’imposture (qu’il faut différencier) d’une certaine dévotion, mais aussi, en retour, l’accusation d’hypocrisie et d’imposture libertines, sont au centre de la querelle, à travers l’interrogation sur le lien accidentel ou essentiel de l’un ou/et de l’autre vice avec la dévotion, mais aussi avec le libertinage.

  • 1  « Prenant la place du prêtre à l’église, du magistrat dans les villes et du père de famille à la m (...)
  • 2  Voir l’ouvrage déjà ancien, mais excellent, de Raoul Allier, La Cabale des dévots, 1627-1666 , Pari (...)
  • 3 Voir à ce sujet, entre autres, les importantes analyses de René Pintard, Le Libertinage érudit dans (...)
  • 4  Je laisse ici la querelle, si importante, de la moralité du théâtre sur laquelle il existe une imp (...)

2 Pour qui travaille sur la tromperie et le secret au début de l’époque moderne, la querelle du Tartuffe est un objet d’étude particulièrement riche, parce qu’il met en jeu tout un ensemble de questions sur la falsification des apparences. Questions d’abord de définition : qu’est-ce que l’hypocrisie ? Qu’est-ce que l’imposture ? Qu’est-ce qui les différencie ? Question redoutable ensuite des moyens de connaissance disponibles pour distinguer l’hypocrite de l’homme sincère, l’imposteur de l’homme de bien. Questions ensuite, d’identification sociale des hypocrites : qui sont les hypocrites dénoncés par Molière, qui sont les tartuffes ? Les faux dévots, comme Molière et l’auteur de la Lettre l’affirment haut et fort ? Tous les dévots, laïques et ecclésiastiques, la dévotion étant elle-même subrepticement réduite dans la pièce à l’hypocrisie, selon l’accusation des dévots ? Ou bien l’hypocrite n’est-il pas plutôt le libertin lui-même, déguisé en redresseur de dévotion ? Quel est le rapport entre l’hypocrisie prétendue de l’un et l’autre camp, et les pouvoirs en présence ? En quoi d’abord les stratégies idéologiques, sociales et économiques d’infiltration dans la société française de groupes organisés de dévotion, comme la Compagnie du Saint Sacrement, pouvaient-elles aisément donner lieu à l’accusation d’hypocrisie et d’imposture 1  ? Il existe bien sûr un lien étroit entre cette accusation et la semi-clandestinité, à la fois choisie et imposée, de la fameuse Compagnie, foyer de la cabale, combattue par le pouvoir royal : la victoire de celui-ci, comme ont le sait, sera d’ailleurs symboliquement signée par la victoire finale du Tartuffe 2 . Mais pourquoi également, et jusqu’où, la culture libertine, par les pressions conjuguées de l’Église et du corps social tout entier, était-elle objectivement contrainte à la dissimulation et à la dénégation pour s’exprimer, en prêtant ainsi nécessairement le flanc à l’accusation d’hypocrisie ? 3 Pourquoi également le théâtre fut-il un médium aussi efficace pour dénoncer l’hypocrisie dévotieuse ? Mais pourquoi aussi le théâtre était-il considéré par ses détracteurs comme un art en lui-même fallacieux et hypocrite ? Ces deux dernières questions sont au centre de la double querelle, dans laquelle vient s’inscrire les conflits autour du Tartuffe, de la légitimité de traiter des sujets de religion au théâtre, et ensuite de la légitimité morale, sociale et politique du théâtre lui-même 4 .

3 Un bref examen de la querelle et la lecture de la Lettre nous permettront d’aborder ces questions, sans aucune prétention à l’exhaustivité et à la systématicité.

Hypocrisie dévote et imposture libertine

4 La querelle du Tartuffe met en scène, c’est-à-dire exprime et représente, le conflit de deux options culturelles antagonistes et, plus profondément, de deux façons de concevoir la vie sociale, mais qui ne peuvent être correctement appréhendées l’une sans l’autre : le libertinage et la dévotion. Je me garderai bien de tenter ici de donner de ces grandes catégories des définitions précises, mais leur emploi est d’abord commandé par les textes où elles ne cessent d’être mises en avant. Le libertinage forme une catégorie presque exclusivement négative, qui indique la corruption intellectuelle et morale, la dissolution de la piété et des mœurs, la transgression des lois — personne ne pouvant ni ne voulant revendiquer le libertinage ainsi entendu — et d’autre part la dévotion, comme telle incontestée, car la foi et l’observation du culte ne sauraient être mises en cause frontalement et publiquement. Le Tartuffe , relayé par la Lettre sur la comédie de l’imposteur , s’en prend uniquement à la fausse dévotion, à la mauvaise dévotion, présentée comme une corruption de la religion et des mœurs, et un péril pour l’ordre social et politique.

5  Cf. le texte de l’ordonnance de l’Archevêque de Paris Hardouin de Péréfixe, cité infra .

  • 6  Cf. Premier Placet présenté au roi et Second Placet  présenté au roi ,in Molière, Œuvres Complètes , (...)
  • 7  B. A. Sieur de Rochemont, Observations sur... Le festin de Pierre, in Georges Mongrédien, Recueil (...)

5 Ce conflit consiste d’abord à dénoncer les pratiques dissimulatrices et mensongères de l’autre camp, en identifiant l’ennemi à travers, derrière et contre la représentation publique qu’il entend explicitement donner de lui-même. En effet, les accusations respectives sont celles de libertinage et de fausse dévotion, récusées dans les deux cas. Les libertins prétendus — Molière et ses partisans —, affirment parler seulement au nom de « l’honnêteté », en se référant au modèle social et culturel de « l’honnête homme » tel que l’a fixé Faret dans les années 1630, ou encore au modèle moral, plus vague et donc plus maniable encore, de « l’homme de bien ». Les adversaires déchaînés contre la pièce proclament bien sûr l’authenticité de leur dévotion et de leur moralité. Or comme précisément les accusations sont d’emblée récusées, elles ne peuvent être que des accusations réciproques de simulation et de dissimulation, de falsification et d’occultation : Molière est accusé par ses ennemis de diffuser dans sa pièce une doctrine libertine dissimulée 5 , et réciproquement Molière accuse ses détracteurs, dès le Premier Placet , d’être des « tartuffes » 6 . Cela est d’ailleurs très significatif : Tartuffe devient immédiatement un nom commun dans les textes de la controverse et sous la plume même de Molière. En parvenant ainsi à imposer son personnage comique comme un type à la fois moral et social dans la langue, l’auteur contraint ses ennemis à se battre sur son propre terrain, car chaque fois qu’ils acceptent d’utiliser le nom commun, y compris et surtout contre Molière lui-même, malgré qu’ils en aient, ils assurent la promotion symbolique de la pièce et de l’effet comique dont le mot est indissociable, à leur plus grand détriment. Mais en utilisant son personnage dans la polémique, en traitant ses ennemis de « tartuffes », Molière montre d’emblée qu’il entend bien faire le procès du camp dévot et pas seulement d’un imposteur isolé, ce qu’est le personnage de la pièce. Mais réciproquement Molière lui-même, dès 1665, est accusé d’être « un Tartuffe achevé et un véritable hypocrite » 7 , autrement dit un Tartuffe libertin, qui simule une défense de la dévotion raisonnable, pour mieux instiller secrètement l’impiété et l’immoralisme. La querelle consiste d’abord en cette accusation réciproque d’hypocrisie, chacun voyant Tartuffe en l’autre.

6 Mais si chacun peut accuser l’autre de cacher son jeu, c’est que tous semblent d’accord pour admettre que les comportements dont ils s’accusent mutuellement sont vicieux et condamnables. Cette simple remarque me paraît extrêmement importante pour comprendre les enjeux les plus profonds de la querelle : le fait que chaque partie récuse le procès qui lui est intenté par l’autre ; de sorte que les adversaires semblent partager une même doxa morale, un même système de valeur. Ce consensus apparent est la condition de la double dénégation : d’une part le libertin prétendu affirme haut et fort que le libertinage et l’impiété sont une abomination, et d’autre part le dévot résolu reconnaît volontiers que l’hypocrisie de Tartuffe est un vice parmi les plus graves.

  • 8  Voir surtout le récent ouvrage de Hélène Merlin, Public et Littérature en France au XVII e siècle , (...)

7 Il y a un consensus sur les valeurs morales et sociales, et même s’il recouvre des oppositions et des tensions idéologiques, culturelles et sociales qui le détruisent souterrainement, on ne saurait dire qu’il est purement formel. Car l’accord est premier, le partage obligé d’un même système de coordonnées éthiques, que personne ne peut transgresser publiquement sans être rejeté dans le crime, et sans s’exclure de toute possibilité de discussion. Cela n’est bien sûr pas un spécificité du xvii e  siècle, mais ce qui distingue peut-être cette société de la nôtre, c’est qu’elle ne reconnaît en son sein aucune relativité en matière de mœurs, pas plus qu’elle ne tolère — au sens actuel du terme — l’expression publique d’aucune « différence » et d’aucune mise en cause du cadre consensuel des valeurs éthiques et sociales. Dans le premier embryon d’espace public qui se constitue précisément à l’occasion des querelles littéraires 8 , il n’y a, on le sait, aucune place pour la liberté publique de conscience. Cette simple constatation, qui mériterait bien sûr une analyse autrement approfondie, permet de comprendre pourquoi une catégorie comme celle de libertin, et plus encore celle d’athée, ne sont jamais que des catégories négatives, même — et surtout — dans les discours publics, publiés de ceux qui, comme Molière, sont accusés de libertinage. De la part d’un texte comme la Lettre , visant à défendre publiquement — bien que sous la protection de l’anonymat — le Tartuffe , on ne peut donc s’attendre qu’à un discours de légitimation, au moins apparente (et en l’occurrence seulement apparente), du consensus.

8 Ces réflexions me poussent ainsi à développer une lecture soupçonneuse, entre les lignes, de la documentation sur le Tartuffe (et bien sûr du Tartuffe lui-même), car si l’on se contentait de prendre les discours respectifs des belligérants au premier degré, selon les intentions affichés, on serait fatalement conduit à réduire la querelle à un simple malentendu ; une fois admis que les uns et les autres sont d’accords sur l’essentiel, il faudrait reconnaître que chacun se trompe sur l’autre dans ses accusations.

9 Or, quelle que soit la mauvaise foi évidente de l’un et l’autre camp, je ne crois absolument pas à une telle mécompréhension et à de telles erreurs. Au contraire, je prends acte du paradoxe constitué par ce consensus apparent qui donne lieu à un conflit d’une extrême violence, pour mettre en évidence, de part et d’autre, la présence de complexes stratégies de simulation et de dissimulation, que cette adhésion formelle au même cadre de référence à la fois induit, nourrit, et contient.

Tartuffe interdit

  • 9  Cf. surtout Raoul Allier, La Cabale des dévots, 1627-1666 , op. cit. et voir également Francis Baum (...)
  • 10  On put même le considérer comme le commanditaire de la pièce, ainsi que l’attestent les Mémoires d (...)

11    Les Plaisirs de l’Île enchantée, 1664. Mongrédien, I, p. 215.

10 Rappelons brièvement que Tartuffe fut d’abord présenté en 1664 à Versailles, durant les somptueuses festivités des Plaisirs de l’Île Enchantée (7-13 mai 1664), sous le titre de Tartuffe, ou l’hypocrite . Très vite, ceux que l’on appelle les « dévots » s’emploient à faire interdire la pièce ; ces personnes influentes sont surtout membres de la Compagnie du Saint sacrement, cette organisation de dévots regroupés en société secrète, qui se propose, entre autres objectifs, la réforme des mœurs et la poursuite du blasphème et de l’impiété 9 . Louis XIV voit bien le danger politique que représente la Compagnie, et la pièce, qu’il semble d’abord beaucoup apprécier, vient à point nommé pour apporter une caution idéologique à son entreprise de démantèlement de l’organisation 10 . Il accepte cependant de l’interdire. Il vaut la peine de lire à ce sujet le passage de la relation officielle, assez embarrassée mais très significative des Plaisirs de l’Île enchantée  : « Le soir (12 mai 1664), Sa majesté fit jouer une comédie nommée Tartuffe , que le sieur de Molière avait faite contre les hypocrites; mais quoiqu’elle eût été trouvée fort divertissante, le Roi connut tant de conformité entre ceux qu’une véritable dévotion met dans le chemin du Ciel et ceux qu’une vaine ostentation des bonnes œuvres n’empêche pas d’en commettre de mauvaises, que son extrême délicatesse pour les choses de la religion ne put souffrir cette ressemblance du vice avec la vertu, qui pouvaient être prises l’une pour l’autre et quoi qu’on ne doutât point des bonnes intentions de l’auteur, il la défendit pourtant en public, et se priva soi-même de ce plaisir, pour n’en pas laisser abuser à d’autres, moins capables d’en faire un juste discernement » 11 . Ce texte, en voulant présenter le roi dans l’affaire de l’interdiction comme l’arbitre souverain, laisse apercevoir sa fonction de médiateur entre des forces antagonistes, et il fait clairement voir que Louis XIV doit cette fois céder aux pressions d’un groupe suffisamment puissant pour contrarier son goût, son « plaisir », mais aussi, et par là même, capable de mettre en cause la nature absolue de son pouvoir. Celle-ci est pourtant réaffirmée, par la transmutation idéologique des contraintes en arbitrage souverain, un arbitrage guidé par les seules considérations morales, auxquelles le monarque accepte librement de sacrifier son plaisir en interdisant la pièce. Et la raison invoquée est celle-là même de la querelle, lisible exactement, en deux sens opposés, par les deux partis en présence : l’inquiétante conformité, la ressemblance entre la fausse dévotion, toute investie dans les apparences et les manifestations de la vraie dévotion, autrement dit entre le vice et la vertu. De sorte que la pièce est susceptible d’amener les esprits manquant de discernement à confondre la fausse et la vraie dévotion. Évidemment, si la confusion est aussi facile, si la vraie dévotion est menacée d’être prise pour de l’hypocrisie, de deux choses l’une : ou la faute en revient à Molière, qui s’ingénie à rendre l’hypocrisie et la vraie dévotion indiscernables par malignité libertine, ou elle est imputable aux dévots qui ressemblent à s’y méprendre à l’hypocrite pendable de Molière. Mais la relation des Plaisirs de l’Île enchantée ne dit ni l’une, ni l’autre chose, et parle au contraire des bonnes intentions de tous les protagonistes : Molière, qui ne dénonce que le mal, les dévots, qui ont bien raison de craindre les effets néfastes pour la religion et la morale d’une mise en scène publique de la fausse dévotion, et le roi, qui aime la comédie et les bonnes mœurs, mais qui est par-dessus tout scrupuleux en matière de religion et bien conscient du fait que tous ses sujets ne sont pas capables de son discernement souverain.

De Tartuffe à Panulphe

  • 12   Cf . GC 835-838 et 842-846 et R. Mc Bride, in La Mothe Le Vayer, Lettre sur la comédie de l’imposte (...)
  • 13  « On appelle petit collet un homme qui s’est mis dans la réforme, dans la dévotion, parce que les (...)

14  Molière, op. cit. , p. 891.

  • 15   Cf . la discussion qu’aurait eu à ce sujet le Président Lamoignon avec Molière, au début de l’année (...)
  • 16  « ... voilà ce qui est arrivé lorsque des esprits profanes et bien éloignés de vouloir entrer dans (...)
  • 17  « Je ne doute point, Sire, que les gens que je peins dans ma comédie ne remuent bien des ressorts (...)
  • 18  Comme le fait remarquer J. S. Spink, op. cit. , p. 151, Tartuffe est présenté dans la pièce comme u (...)

11 Suite à cette première interdiction, Molière, dans les années qui suivent, remanie de façon substantielle le texte de la pièce. Il modifie le titre et transforme son personnage, qui change de nom, et de Tartuffe devient Panulphe 12 . La tenue vestimentaire de Panulphe n’évoque plus celle des ecclésiastiques, ni des dévots confirmés (« les petits collets » 13 ), mais elle est désormais celle d’un homme du monde, de façon à ce que l’on ne puisse plus accuser l’auteur de s’en prendre à la dévotion comme telle. Précautions inutiles, comme Molière s’en plaint amèrement à Louis XIV dans le Second Placet , suite à une représentation publique de la pièce, d’août 1667 : « En vain... [j’ai] déguisé le personnage sous l’ajustement d’un homme du monde ; j’ai eu beau lui donner un petit chapeau, de grands cheveux, un grand collet, une épée, et des dentelles sur tout l’habit [...], cela n’a de rien servi » 14 . Molière avoue par là même qu’il a « déguisé » Tartuffe en mondain, qu’il a délibérément brouillé les signes de son ancrage social 15 . Il semble donc que les dévots aient eu quelque raison — de leur propre point de vue bien sûr — de dénoncer l’hypocrisie de Molière pour ce déguisement du personnage initial, de sa tenue vestimentaire et de son identité sociale ; le but de ces transformations étant bien de faire diversion, c’est-à-dire de se soustraire à l’accusation de s’en prendre à une secte sociale et à une idéologie déterminées : celles des dévots déclarés et, à travers eux, à toute forme de dévotion 16 , ceci en présentant un personnage qui, par son apparence vestimentaire, pourrait être dans la société mondaine tout autre chose qu’un faux dévot : par exemple un vrai libertin... Mais les dévots ne sont pas dupes, et Molière d’une certaine façon leur donne raison dans le Second Placet , en disant que ceux qui se déchaînent contre lui sont ceux-là même qu’il a voulu peindre dans la pièce 17 . Il reconnaît ainsi que les véritables cibles de sa pièce diffèrent sensiblement du personnage explicitement présenté : un « fourbe renommé », un « gueux » travesti, mais en fait un pur et simple escroc, qui utilise la dévotion à des fins criminelles. Panulphe (Tartuffe) est un personnage qui en cache et désigne d’autres, et l’hypocrisie de Molière, pour le parti dévot, réside dans sa défense même, selon laquelle il ne viserait que les tartuffes stricto sensu , c’est-à-dire la figure exceptionnelle de l’imposture dévote : ce qui est faux 18 .

19   Ibid . Voir aussi la Préface de Molière au Tartuffe , in op. cit. , p. 888.

12 En contre partie, l’analyse de Molière est elle-même fort judicieuse, dans le même texte, lorsqu’il explique que si les dévots ont supporté par le passé des pièces licencieuses sans rien dire, alors que la sienne provoque un tollé, c’est parce que « celles-là n’attaquaient que la piété et la religion, dont ils se soucient fort peu ; mais celle-ci les attaque et les joue eux-mêmes et c’est ce qu’ils ne peuvent souffrir » 19 . L’hypocrisie des dévots, du point de vue de Molière, est totale, puisqu’ils mettent en avant la piété et la religion, mais savent bien qu’ils sont en fait attaqués comme groupe, un groupe qui ne se définit pas d’abord par son exemplarité morale, ni par un attachement exclusif aux valeurs religieuses, mais par ses modes d’intervention dans la vie sociale, économique et politique.

13 Rien, peut-être, ne montre mieux la stratégie de Molière, son effort pour adoucir le propos et éviter le scandale sans renoncer à la portée première de sa comédie (écrire contre les dévots, non pas considérés sur le seul plan des simagrées religieuses et de leur fausse morale, mais en rapport avec leurs ambitions de mainmise sur la société et leurs manœuvres politiques), que la substitution, en 1667 du titre d’imposteur à celui d’hypocrite.

De l’hypocrite à l’imposteur

14 Cette modification du titre, à partir du deuxième état du texte, le passage de l’hypocrite à l’imposteur, ou déguisement de l’hypocrite en imposteur, est très significatif de la démarche de Molière, et aussi bien de la véritable portée critique de son texte que de ses tentatives d’atténuation : hypocrisie et imposture ne sont bien sûr pas la même chose. Arrêtons-nous un instant sur la conception de l’hypocrisie communément reçue à l’époque de Molière et sur son lien étymologique et sémantique avec le théâtre. Furetière donne la définition suivante : « Déguisement en matière de dévotion ou de vertu. On cache bien des méchancetés sous le voile de l’ hypocrisie . Le plus grand de tous les vices c’est l’ hypocrisie . Ce mot vient du Grec Hypokrisis, simulatio, simulation, déguisement, du verbe hypokrinomai, simulo, je dissimule, je fais semblant  ». « Hypocrite, Qui contrefait le dévot, l’homme de bien, et qui ne l’est pas. Jésus-Christ a toujours fait la guerre aux pharisiens, parce qu’ils étaient hypocrites . Il a comparé les hypocrites aux sépulcres blanchis, beaux au dehors, et pleins de pourriture au dedans ».

15 Notons d’abord qu’il se pourrait bien que la première définition de l’hypocrite, comme contrefaisant le dévot, soit chez Furetière un effet de la littérature comique et satirique produite sur la question tout au long du siècle, et en dernier lieu de la pièce de Molière. Furetière montre en tout cas que l’hypocrisie est d’abord un terme et une notion qui appartiennent au vocabulaire de la morale chrétienne et, plus particulièrement, de la théologie morale.

  • 20   Cf . G. Couton, « Réflexions sur le Tartuffe et le péché d’hypocrisie, "cas réservé" », Revue d’His (...)

21  II a II ae , q. 111.

22  II a II ae , q. 111, art. 2.

  • 23    De sermone Domini in monte , Migne, t 34, col 1271, traduit et cité par Ferreyrolles, ibid. , p. 76

16 Certains commentateurs du Tartuffe , comme Georges Couton et Gérard Ferreyrolles, ont opportunément consulté les traités de confession et de casuistique du xvii e  siècle, pour examiner comment l’hypocrisie s’y trouve définie et considérée 20 . Les auteurs se fondent pour la plupart sur la Somme Théologique de Thomas d’Aquin 21 . Dans ce texte toujours cité, l’hypocrisie est présentée comme une forme spécifique de simulation, c’est-à-dire de mensonge par les actes, et le mensonge, il faut le rappeler, selon l’héritage d’Augustin, ne saurait être permis, sous aucune forme que ce soit. L’hypocrisie, écrit Thomas, est « une simulation ; non pas n’importe laquelle, mais seulement celle où l’on simule un autre personnage qu’on n’est pas, par exemple un pécheur simule le personnage de l’homme juste » 22 . L’hypocrite joue un personnage, comme un acteur, et Thomas rappelle l’étymologie — l’hypocrite en grec est le comédien —, et cite à l’appui saint Augustin : « les hypocrites sont des simulateurs en tant qu’ils parlent le langage d’un autre, comme cela se passe au théâtre. En effet celui qui joue le rôle d’Agamemnon dans une tragédie [...] n’est pas en vérité ce personnage ; mais il fait semblant de l’être et on l’appelle hypocrite — comédien. De la même façon dans l’Église et dans la vie en général, quiconque veut se faire passer pour ce qu’il n’est pas, est un hypocrite » 23 . L’hypocrite est ainsi celui qui joue la comédie dans la vie. Cette origine théâtrale de l’hypocrisie est très importante, et elle contera dans la querelle du Tartuffe , mais elle n’entraîne nullement la confusion de deux sphères du théâtre et de la vie : l’acteur de théâtre, en tant qu’acteur, n’est pas un hypocrite au sens moral du terme ; est hypocrite celui qui se comporte dans la vie comme au théâtre. L’acteur se présente comme tel, le spectateur sait qu’il a affaire à un comédien qui joue un personnage, alors que l’hypocrite s’emploie à passer vraiment pour le personnage qu’il simule ; il s’efforce de tromper ceux devant lesquels il se présente en se donnant pour ce qu’il n’est pas. Cette différence est essentielle, qui sépare chez Augustin la fiction théâtrale et discursive, ou bien la figuration rhétorique, du mensonge proprement dit.

  • 24 La fameuse maxime de La Rochefoucauld empruntée à Du Moulin — « L’hypocrisie est un hommage que le (...)
  • 25   Cf . par exemple, outre La Rochefoucauld, Bossuet, qui réagit sans doute au Tartuffe , « ... ne parl (...)
  • 26  Du reste, Le Premier Placet est suffisamment explicite : les hypocrites sont les « faux monnayeurs (...)

17 Mais Thomas présente une spécification supplémentaire : l’hypocrisie consiste d’abord à simuler la vertu, à jouer le personnage du vertueux alors qu’on ne l’est pas soi-même. L’hypocrisie peut être la simulation de toutes les vertus ou de n’importe quelle d’entre elles 24 , mais il apparaît, en référence aux passages bibliques où ce vice est stigmatisé, que l’hypocrisie est d’abord la simulation de l’état de perfection morale et religieuse : la sainteté. C’est essentiellement ce sens qui est repris au xvii e  siècle, mais l’accent est moins mis sur l’idée de perfection chrétienne, de sainteté, que sur celle de modèle à la fois moral et social en matière de piété, de dévotion et de charité, alors même que le sens plus général de simulation de la vertu reste présent (c’est pourquoi ses détracteurs peuvent traiter Molière d’hypocrite) 25 . C’est cet accent mis sur la simulation de la dévotion qui est attesté par la définition de Furetière et le premier titre du Tartuffe  ; il permet du même coup d’appréhender la principale raison de la transformation du titre de la pièce : on ne peut pas prononcer le mot hypocrite sans susciter une immédiate et très forte connotation religieuse, alors que l’imposture est neutre — il y a des imposteurs dans tous, absolument tous les domaines. En outre, dans l’idée d’imposture, l’accent est mis sur l’acte de tromperie et non sur celui de simulation 26 .

  • 27   Cf . Furetière, Dictionnaire  : «  Imposteur  : trompeur, affronteur [affronter signifie couvrir de ho (...)

18 La différence est conséquente, surtout si l’on prend l’hypocrisie en son sens restreint de simulation de la vertu de piété et de dévotion : au sens large l’imposteur est celui qui impose, c’est-à-dire qui trompe, qui abuse, qui calomnie également 27 , alors que l’hypocrite, au sens restreint, simule des vertus qu’il n’a pas : l’accusation d’hypocrisie est plus insidieuse, parce que facilement généralisable à tous les dévots, tandis que l’imposture n’a pas de connotation religieuse immédiate ; le sens en est plus large et plus flou, puisqu’elle est susceptible de recouvrir toute forme de tromperie. Mais aussi et surtout, l’imposteur est considéré comme tel, parce qu’il a commis des actes de tromperie déterminés et avérés, et l’on évite le problème de l’indiscernabilité du vice et de la vertu, qui se pose fatalement avec l’hypocrite : on peut s’interroger sur la légitimité d’accuser tel dévot d’hypocrisie, dès lors que dans les apparences rien ne le distingue du vrai dévot ; par contre, accuser le faux dévot d’imposture, revient à l’accuser d’avoir effectivement abusé son monde, d’avoir lésé autrui, ce qui est le cas de Tartuffe, dont le comportement ne cesse de démentir les apparences de la dévotion. Tartuffe n’est pas un simple dévot hypocrite, mais un gueux sans scrupule qui affecte la dévotion, et c’est semble-t-il ce trait que Molière a voulu grossir en remaniant sa pièce : il semble alors plus facile de le distinguer du commun des dévots et apparemment plus aisé de couper court à l’accusation de vouloir montrer que tous les dévots sont des tartuffes.

La Lettre sur la comédie de l’imposteur

28  Elle porte la date du 20 aôut 1667, soit deux semaines à peine après la représentation.

19 Mais les dévots ne sont pas dupes, et se sentent tout aussi offensés, sinon plus, par la deuxième version que la par la première : Molière, donne une représentation publique de sa Comédie de l’imposteur le 4 août 1667, en des circonstances particulières, alors que le roi est absent de Paris et guerroie en Flandre. Représentation unique, parce que la pièce est immédiatement interdite par les autorités civiles et religieuses. Quelques jours après cette double interdiction, comme une riposte, paraît la Lettre sur la comédie de l’Imposteur , sans nom d’auteur, sans lieu et sans nom d’imprimeur 28 .

  • 29  La Mothe Le Vayer, Lettre sur la comédie de l’imposteur , éd. Robert Mc Bride, Université de Durham (...)

20 Ce texte, bien connu des spécialistes de Molière, a récemment été attribué par Robert Mc Bride à François La Mothe Le Vayer 29 . Les relations de La Mothe Le Vayer avec Molière sont attestées et le dossier réuni pour démontrer cette attribution est très intéressant. Il est vrai que l’on retrouve dans le texte plus d’un motif présent dans les œuvres du libertin érudit. Mon propos n’est pas ici de discuter cette attribution, mais je dirai seulement que celle-ci n’emporte pas ma conviction de lecteur de Le Vayer. Dans cet écrit vif, clair et linéaire, je ne retrouve pas le style sinueux et contourné d’Orasius Tubero, son art d’exploiter les arguments pro et contra , et son penchant irrésistible pour la multiplication des références érudites. Il ne fait en tout cas presque aucun doute que ce texte est issu du milieu des intellectuels libertins fréquentés par Molière (les Chapelle, Bernier, Hénault, etc.), et l’auteur du Tartuffe a peut-être lui-même participé à sa composition : quelques signes laissent en effet penser qu’il a collaboré au texte, à commencer par la précision du compte rendu narratif de la pièce.

21 Dans le dispositif de protection de l’anonymat et de l’indépendance de l’auteur, il faut d’abord considérer la part proprement stratégique : pour que cette apologie de la pièce puisse avoir une réelle efficacité, elle ne devait pas sembler venir de l’entourage immédiat de Molière. C’est pourquoi le résumé de la pièce, qui occupe la plus longue partie du texte, est présenté comme un récit de l’unique représentation. Les vers n’en sont jamais cités, parce que l’auteur n’est pas censé avoir sous les yeux le texte de la pièce. Mais cela visiblement faux, car la narration est beaucoup trop détaillée pour n’être fondée que sur le souvenir. Cette première observation, met en évidence la présence dans le texte de dispositifs de protection et de persuasion, et elle nous invite à une lecture entre les lignes.

  • 30  La Lettre commence d’ailleurs par cette phrase ironique : « Puisque c’est un crime pour moi que d’ (...)

22 Comme le dit l’ Avis qui précède la Lettre , celle-ci est composée de deux parties : la première est la relation de la pièce et le texte est donc une forme de défi contre la censure 30 , puisque la comédie est interdite de représentation et de publication. Elle contient aussi un résumé des termes de la querelle du Tartuffe .

23 La seconde partie, sur laquelle je vais concentrer mon attention, développe « deux réflexions », qui présentent un aspect théorique, voire même pour la dernière, un caractère spéculatif, dont l’auteur feint de s’excuser pour ne pas rebuter un public mondain, peu enclin aux raisonnements philosophiques.

31  p. 82 ; GC 1169.

24 Dans la première de ces réflexions, dit l’ Avis , l’auteur de la lettre « s’attache simplement à combattre une objection générale sur ce qu’il est parlé de la religion ». Il s’emploie en effet à défendre la licéité et surtout l’opportunité d’ « exposer la religion dans une salle de comédie » 31 . Ce point conduit l’auteur à justifier la censure morale de la fausse dévotion dans la comédie de Molière, mais l’argumentation va beaucoup plus loin en introduisant habilement une conception de la religion et de la moralité inconciliable avec le christianisme. Loin de présenter une défense molle et timide, en concédant l’essentiel aux adversaires, peut-être la Lettre affûte-t-elle au contraire la pointe libertine de la pièce.

32  Avis, n. p.[p. 72, éd. Mc Bride] ; GC 1148.

33  p. 96 ; GC 1173.

  • 34  Il renverse ainsi l’accusation formulée explicitement par les ennemis du théâtre de favoriser la g (...)

25 La seconde réflexion repose sur la même innocence hypothétique et consiste à en tirer « une utilité accidentelle [...] contre la galanterie et les galants » 32 . Cette partie est consacrée à la nature et aux effets du ridicule, présentés comme l’« une des plus sublimes matières de la véritable Morale » 33 . Cette réflexion propose une argumentation très habile, puisqu’elle renverse complètement l’accusation d’immoralité, que l’on ne cesse d’adresser à Molière et à la comédie en général, en mettant de côté la question de la religion pour ne considérer que celles des mœurs, et tout particulièrement de la « galanterie solide » : l’incitation à la luxure et à l’adultère dont le dévot Panulphe se rend coupable envers la maîtresse de maison, dans la famille qu’il a phagocytée. Mais pour les détracteurs de Molière, il s’agit d’abord là des vices que flatterait la comédie : la Comédie de l’imposteur , par son irréligion et la grivoiserie des deux scènes de séduction, inciterait à la débauche et au libertinage de mœurs. L’auteur anonyme s’emploie à montrer au contraire, du moins formellement, l’effet moralisateur du théâtre comique 34 . Mais l’argumentation me paraît, là encore et alors même que la seule cible apparente est la galanterie, mettre fondamentalement en cause la morale chrétienne, en faisant de la décence un accord du comportement avec la nature, là où cette morale prétendue implique en fait le divorce entre l’être et le paraître, et institue l’hypocrisie, c’est-à-dire le règne de Tartuffe.

35  Voir supra .

26 Il faut d’abord considérer le rôle tactique de ces « réflexions » générales et philosophiques dans l’économie de la querelle : il s’agit en effet, pour l’auteur de Lettre , de poursuivre le combat en faveur de Molière, mais en refusant de s’inscrire explicitement dans l’alternative suscitée par la querelle elle-même, qui s’était montrée en fait si dommageable. Dans ce conflit, les partisans de Molière ne pouvaient en effet qu’osciller entre deux manières tout aussi défaillantes l’une que l’autre de défendre la pièce : soit ils laissaient le plus clairement entendre que la lutte était bien engagée à travers Tartuffe contre le parti des dévots et contre la conception de la vie sociale et de la culture que celui-ci s’efforçait d’imposer — ce qui revenait à heurter de front un ennemi autrement puissant qu’ils ne l’étaient eux-mêmes, malgré le timide appui royal —, soit ils insistaient avec Molière sur le caractère exceptionnel, extraordinaire du cas traité par la comédie, en présentant le personnage principal comme un imposteur exceptionnel plutôt qu’un hypocrite commun, au risque cette fois de renoncer à toute portée critique, ou plus certainement d’être accusés eux-mêmes, non sans de bonnes raisons, d’être de fieffés hypocrites 35 .

36  n.p. [éd. Mc Bride, p. 72] ; GC 1148

37  p. 79 ; GC 1169.

  • 38  Cf. Georges Mongrédien, Recueil des textes et des documents du xvii e  siècle relatifs à Molière , CN (...)

39  p. 37-38 ; GC 1158.

27 Or, pour éviter ce piège, l’auteur de la Lettre refuse d’aborder ce qu’il appelle le « fond de la question », sur lequel les « puissances légitimes » comme il les appellent, ont au moins momentanément tranché, certes pour de mauvaises raisons (cela il ne peut s’empêcher de le dire, dès l’ Avis au lecteur 36 ), mais il avoue craindre de se « faire des affaires » 37 . Le « fond de la question », la question de fond, est l’accusation sans cesse portée contre Molière de vouloir ridiculiser toute forme de dévotion. Il suffit de se reporter à l’ordonnance de l’Archevêque de Paris Péréfixe, publiée quelques jours avant la Lettre. Elle déclare que la comédie de Molière est « d’autant plus capable de nuire à la religion que, sous prétexte de condamner l’hypocrisie ou la fausse dévotion, elle donne lieu d’en accuser indifféremment tous ceux qui font profession de la plus solide piété, et les expose par ce moyen aux railleries et aux calomnies continuelles des libertins » 38 . C’est la grave dénonciation d’une prétendue hypocrisie libertine de Molière, affectant de dénoncer l’hypocrisie des faux dévots pour s’en prendre à la dévotion elle-même : « La grande objection qu’on a toujours faite contre cette pièce », est-il dit dans la Lettre , « est que décriant les apparences de la vertu, on rend suspects ceux qui, outre cela, en ont le fond, aussi bien que ceux qui ne l’ont pas » 39 . Et le texte de poursuivre : « comme si ces apparences étaient les mêmes dans les uns que dans les autres, que les véritables dévots fussent capables des affectations que cette pièce reprend dans les hypocrites, et que la vertu n’eût pas un dehors reconnaissable de même que le vice » 40 . Or, qu’il soit immédiatement possible de distinguer les apparences de la vertu et les apparences du vice, tel est précisément ce qui ne va pas de soi, puisque la spécificité du vice d’hypocrisie est, comme on l’a vu, de se rendre extérieurement indiscernable de la vertu. Mais c’est là précisément ce que s’emploie à nier l’auteur de la Lettre  : pour lui Molière montre dans sa comédie que les apparences du vice feignant la vertu et les dehors de la vraie vertu sont en effet bel et bien distincts, parce que les unes sont ridicules et les autres non. Son analyse du ridicule repose sur cette distinction très rigoureusement établie sur un substrat philosophique hérité de l’épicurisme.

41  n. p. [éd. Mc Bride, p. 72] ; GC 1148.

28 Pourtant l’auteur anonyme déclare qu’il met de côté la question de fond, ou plutôt qu’il la tient pour résolue au profit de Molière, à titre hypothétique, afin de développer librement « deux réflexions », présentées comme secondes et marginales : « il suppose, dit l’ Avis qui précède le texte, l’innocence de cette pièce quant au particulier de tout ce qu’elle contient » 41 . Cette hypothèse ne préjuge en rien du fait que « les puissances » ont pu avoir raison de condamner la pièce, question non examinée pour elle-même. Mais en fait il s’agit là d’un coup de force stratégique que permet dans la Lettre le rejet d’un style polémique au profit de l’adoption du ton de la réflexion et d’une analyse de type philosophique, où le recours à des hypothèses heuristiques est une procédure courante. Mais évidemment la supposition d’innocence n’est pas innocente, et les « deux réflexions » qu’elle permet, conduisent à des conséquences qui dédouanent entièrement Molière, et donc rétrospectivement valident l’hypothèse.

29 Mais surtout, contre ce qui peut apparaître à première lecture comme une simple entreprise visant à apaiser la querelle et à défendre au mieux la moralité contestée de la pièce, beaucoup plus profondément et subtilement, ces déductions réflexives me semblent poursuivre le travail subversif de la pièce. Il se pourrait en effet qu’elles en développent et prolongent des présupposés difficilement conciliables avec la dévotion chrétienne et avec l’ordre moral en vigueur.

« Exposer la Religion dans une salle de Comédie »

42  p. 82 ; GC 1158.

  • 43  Déjà en 1654, Godeau, l’évêque de Grace, était intervenu au sujet des pièces de Corneille ( Polyeuc (...)
  • 44  Le président Lamoignon, qui fait interdire la pièce en août 1667, aurait déclaré à Molière : « il (...)

30 L’objet de la première réflexion est de réfuter ceux qui dénient au théâtre tout droit d’« exposer la religion dans une salle de comédie, pour bien, pour dignement, pour discrètement, nécessairement qu’on le fasse » 42 . L’intervention s’inscrit dans la querelle plus ancienne 43 , mais ravivée par la pièce de Molière, autour de la légitimité de traiter de religion au théâtre. Le simple fait que l’on puisse aborder des sujets religieux sur scène, même (et surtout) dans un but apologétique, est l’objet des plus vives contestations à l’époque de Molière, y compris dans les rangs des plus fervents défenseurs du théâtre 44 . La condamnation d’une pièce où l’on se permettait de ridiculiser des comportements religieux ne pouvait qu’être plus véhémente encore.

45  p. 82 ; GC 1169.

47  Voir infra .

31 L’auteur de la Lettre , apparemment, accepte de se situer sur le même terrain que les contempteurs de la religion au théâtre : celui du zèle religieux. Il se montre d’une adresse consommée, car il ne s’en prend pas alors aux excès de la dévotion, mais bien plutôt à sa timidité et à sa paresse : la vraie religion devrait se prêcher partout et surtout là où il en est le plus besoin, là où elle est le moins reçue, jusque sur le théâtre lui-même. Il en profite alors pour s’en prendre à cette dévotion effarouchée, en faisant de « ce sentiment » un effet de la « corruption du siècle où nous vivons » 45 . Est en cause une « fausse bienséance » ennemie de la vertu chrétienne de charité, qui exige que nous travaillions partout à la sanctification de nos frères, et d’abord dans les lieux où la moralité est la plus menacée 46 . Mais ce prosélytisme ne laisse pas d’être suspect, ne serait ce que parce que son arme principale, à la comédie, est le rire, et le ridicule, selon l’analyse même de l’auteur, est un sentiment bien peu charitable 47 .

49  p. 83 ; GC 1170.

32 Surtout, l’auteur insiste sur le fait que cette fausse bienséance est ennemie, non pas d’abord de la foi — c’est bien pourtant le terme que l’on attendrait de la part d’un dévot authentique —, mais de la « raison » et de la « vérité » : « C’est par ce principe de fausse bienséance qu’on relègue la Raison et la Vérité dans les pays barbares et peu fréquentés, qu’on les borne dans les Écoles et dans les Églises, où leur puissante vertu est presque inutile, parce qu’elles n’y sont cherchées que de ceux qui les aiment et qui les connaissent » 48 . « Les pays barbares et peu fréquentés » sont-ils les destinations des missions chrétiennes ? Les solitudes monastiques ? Quoi qu’il en soit, l’apposition avec l’Église et l’École — pays où pour beaucoup règne la barbarie gothique du mauvais latin — ne laisse pas d’être troublante. Dans tous les cas, concernant la raison et la vérité, c’est « dans les lieux les plus profanes, dans les places publiques, les tribunaux, les palais des grands seulement que se trouve la matière de leur triomphe » 49 .

50   Ibid .

33 Le discours, par le ton et le propos, est ici au plus près de l’apologétique, sauf que le triomphe dont il est question n’est pas (du moins explicitement) celui de la vérité révélée et de la foi, mais celui de la vérité (non qualifiée) et de la raison. En outre, l’auteur insiste trop lourdement pour ne pas être suspect, sur le fait que c’est « détruire » l’une et l’autre, « que les réduire à ne paraître que parmi leurs adorateurs » ; ceux qui fréquentent les Églises et les Écoles. En effet, « elles ne sont, à proprement parler, vérité et raison, que quand elles convainquent les esprits  et qu’elles en chassent les ténèbres de l’erreur et de l’ignorance par leur lumière toute divine, on peut dire que leur essence consiste dans leur action » 50 . Elles ne sont donc guère agissantes dans les lieux de savoir et de culte, déjà tout imprégnés de leur lumière, mais il est difficile ne pas soupçonner une foncière ironie : si vérité et raison sont inactives dans les lieux où elles sont reléguées, n’est ce pas parce qu’elles ne s’y trouvent pas ? Ceux qui affirment en avoir la prérogative, en interdisant jalousement, par une fausse bienséance, leur communication à la société entière, ne sont-ils pas en fait des imposteurs ? L’auteur ne dit rien de tel explicitement, mais il laisse du moins son lecteur envisager d’inquiétants prolongements, car il va de soi que si son discours était sans arrière pensée, il ne pourrait dire que la vérité languit dans les églises.

51  p. 83-84 ; GC 1170.

34 Ces soupçons sont confirmés par la définition proposée de la religion, à peu près incompatible avec la conception chrétienne de la révélation et de la grâce, malgré la référence convenue au péché originel : « Il est certain que la Religion n’est que la perfection de la Raison, du moins pour la Morale ; qu’elle la purifie et l’élève et qu’elle dissipe seulement les ténèbres que le péché d’origine a répandues dans le lieu de sa demeure : enfin que la Religion n’est qu’une Raison plus parfaite » 51 . La religion ainsi entendue aurait le pouvoir, au moins sur le plan de la morale, d’effacer la corruption de la raison par le péché originel, autrement dit de restituer la raison naturelle dans sa pureté. Mais alors ce ne sont pas les commandements révélés qui dictent les lois morales, mais bien la raison naturelle elle-même. Et le renversement est inévitable : la religion est appréhendée, du point de vue de la morale, comme une raison plus parfaite, c’est-à-dire comme la raison naturelle purifiée, et rien ne la distingue alors plus, pratiquement, d’une sagesse profane, qui n’a plus de religion que le nom.

52  p. 84 ; GC 1170.

53  p. 84-85 ; GC 1170.

35 Cette conception foncièrement profane de la religion, qui transparaît dans le texte, me paraît confirmée par l’évocation de l’épicurisme, très prudente, mais qui ne saurait être fortuite : « Les philosophes les plus sensuels n’ont jamais douté que la raison ne nous fût donnée par la nature pour nous conduire en toutes choses par ses lumières » 52 . Là encore, l’argumentation explicite semble interdire, tout en les suggérant, ces dangereuses conséquences : si les plus sensuels des philosophes eux-mêmes ont considéré que la raison doit nous guider en tout et partout (« Il n’y a point d’acceptions de personnes, de temps ni de lieux auprès d’elle »), alors à plus forte raison la religion : « qui peut douter [...] que cette lumière divine, infinie comme elle est par essence, ne doive faire briller partout sa clarté ? », c’est-à-dire jusque « dans les lieux du monde les plus infâmes », et donc sur le théâtre même 53 . Mais cette élévation à l’infini est contrariée par l’absence de rupture entre cette lumière divine et la lumière naturelle de la raison finie : l’auteur refuse en effet d’envisager le passage aux mystères de la religion chrétienne comme un dépassement nécessaire de la raison, et ce refus, qui s’exprime dans la définition ambiguë de la religion comme perfection de la raison, est très significatif de son hétérodoxie.

54  p. 90-91 ; GC 1172.

56  p. 92 ; GC 1172.

36 D’ailleurs, même si l’anonyme prend bien soin d’évoquer au passage « les vérités saintes » qu’il a plu à Dieu de « manifester aux hommes », ces vérités révélées sont considérées du point de vue de la morale, et en ce que cette morale s’accorde avec la raison naturelle, cultivée par les philosophes. Du reste par une religion bien différente, les Anciens, qui eux n’hésitaient pas à montrer les dieux sur le théâtre, parvenaient à des effets semblables, sinon identiques 54 . Cette référence à la fonction morale de la religion dans le théâtre antique est extrêmement précieuse pour cerner un peu mieux la conception que l’auteur se fait de la religion instituée : « les païens, qui n’avaient pas moins de respect pour leur religion que nous en avons pour la nôtre, n’ont pas craint de la produire sur leurs théâtres ; au contraire, connaissant de quelle importance il était de l’imprimer dans l’esprit du peuple, ils ont cru sagement ne pouvoir mieux lui en persuader la vérité que par les spectacles qui lui sont si agréables » 55 . Une telle religion rendue séduisante par les spectacles n’est pas considérée comme vraie en elle-même (sinon le parallèle entre la religion païenne et la religion chrétienne n’aurait pas de sens), mais elle est bien plutôt envisagée du point de vue de l’utilité morale. En fait, dans cette perspective, on n’est pas si éloigné de la doctrine de l’imposture des religions : les religions instituées sont nécessaires pour maintenir dans leurs devoirs tous ceux qui ne sont pas philosophes et ne reçoivent pas les enseignements de la pure raison. Cette conception de la religion est bien sûr incompatible avec l’idée d’une religion elle-même raisonnable (ou comme raison plus parfaite), puisque les religions (et le pluriel est ici déterminant) n’ont pas pour fonctions d’enseigner directement les raisons naturelles de la morale, mais sont bien plutôt les instruments inventés par les législateurs pour susciter dans leurs peuples les passions (d’où l’efficacité du théâtre) susceptibles de les conduire selon les préceptes de la raison morale. La religion chrétienne a pu avoir dans le passé une telle utilité morale, lorsque « nos pères [...] voulant profiter à l’édification du peuple de son inclination naturelle pour les spectacles, instituèrent premièrement la comédie pour représenter la Passion du Sauveur du monde et semblables sujets pieux » 56 .

37 Aujourd’hui encore la religion pourrait sans doute avoir une véritable utilité morale et politique si elle osait se produire sur les théâtres, et si elle se défaisait de sa fausse bienséance qui la confine à l’église. Voilà encore une réflexion à laquelle le texte peut inciter le lecteur. Mais aussi celui-ci est-il amené à poursuivre au-delà encore, puisque Molière, dans sa pièce, loin de vouloir mettre en scène les saints mystères, dénonce une religion fallacieuse : en ridiculisant la fausse bienséance dévote, ne cherche-t-il pas à purifier une religion qui s’est détournée de sa finalité morale ? Le déchaînement des dévots contre le Tartuffe ne montre-t-il pas en fait que cette religion est corrompue, au sens où, loin de servir la raison naturelle et d’en maintenir l’empire sur la société humaine, elle en a corrompu les préceptes ? Et il existerait alors un lien étroit entre ce dévoiement immoral de la religion chrétienne et ce qu’elle présente de ridicule dans la figure de Tartuffe.

38 Or, c’est bien sur cette idée que se termine la « première réflexion » : Molière est ce « génie » capable de rendre au théâtre sa « première sainteté » en décriant l’hypocrisie et prêchant la véritable dévotion 57 . Mais cette image est alors parfaitement ambiguë : la Lettre accomplit le tour de force de montrer que Molière, dans le Tartuffe , est un auteur religieux, mais laisse aussi entendre que hors de la seule et stricte raison naturelle, tout ce qui relève de la religion est fallacieux, et que c’est pourquoi sa comédie nous fait rire.

La vraie bienséance

39 Mais avant d’envisager pareille conséquence, accordons à Molière une piété sincère, comme l’auteur l’établit à travers l’opposition entre la fausse bienséance, au nom de laquelle la religion est exclue du théâtre, et la vraie bienséance : loin d’être malséant parce qu’il porte la religion au théâtre, Molière, en corrigeant la malséance dévote, fait lui-même preuve de vraie bienséance. C’est précisément sur cette opposition que porte la « deuxième réflexion » à travers laquelle l’auteur tâche de montrer, formellement, que le ridicule porté sur la « galanterie » du dévot Panulphe est le meilleur rempart possible pour la protection de la vertu des femmes mariées contre les assauts de galanterie dont elles sont l’objet dans le monde. La pièce contribuerait ainsi très efficacement à moraliser la vie mondaine. Mais cette morale convoquée par l’auteur de la Lettre n’est pas tant celle de la religion et de l’Évangile, que celle de la raison et de la nature. Cela, bien sûr, change tout.

58  p. 99 ; GC 1174.

59  p. 97 ; GC 1173.

60  p. 97 ; GC 1174.

61  p. 115 ; GC 1178.

40 Qu’est-ce dont que la vraie bienséance, par rapport à laquelle la fausse paraît ridicule ? Le texte fait intervenir les deux notions qui structuraient la réflexion précédente sur la religion : la vraie bienséance est selon « la raison et la vérité ». La vraie bienséance est « la marque sensible », visible, de ce que l’auteur appelle « convenance », et qui est la justesse, la vérité de la raison qui anime une action : elle est « le fameux quod decet des anciens : de sorte que la bienséance est à l’égard de la convenance ce que les platoniciens disent que la beauté est à l’égard de la bonté, c’est-à-dire qu’elle en est la fleur, le dehors, le corps et l’apparence extérieure; [...] la bienséance est la raison apparente, et [...] la convenance est la raison essentielle. De là vient que ce qui sied bien est toujours fondé sur quelque raison de convenance, comme l’indécence sur quelque disconvenance, c’est-à-dire le ridicule sur quelque manque de raison » 58 . L’indécence, marque extérieure de la disconvenance, est ridicule, risible. La nature en effet a joint à la raison morale une marque sensible (« une forme extérieure et de dehors reconnaissable »), et cette forme est un motif de joie, de plaisir. Ainsi l’» objet moral » est-il « motif de joie », « matière de plaisir » 59 . Quand ce plaisir « vient des choses raisonnables, [il] n’est autre que cette complaisance délicieuse qui est excitée dans notre esprit par la connaissance de la vérité et de la vertu ; et quand il vient de la vue de l’ignorance et de l’erreur, c’est-à-dire de ce qui manque de raison, c’est proprement le sentiment par lequel nous jugeons quelque chose ridicule » 60 . Ainsi « l’apparence de ridicule » nous donne-t-elle « la connaissance du défaut de raison d’une chose » 61 .

62  p. 114 ; GC 1178.

41 De sorte que tout comportement duplice est ridicule, au sens où il présente des apparences malséantes ; malséantes parce que produites par une disconvenance : Tartuffe, par exemple, exhibe les apparences de la dévotion, mais il se comporte simultanément comme un goinfre libidineux. La duplicité dans le comportement est l’expression de la disconvenance, qui est contradiction, c’est-à-dire défaut de raison, et la duplicité est ridicule au titre de ce défaut de raison, en tant que ce défaut est apparent, visible : « Si le ridicule consiste dans quelque disconvenance, il s’ensuit que tout mensonge, déguisement, fourberie, dissimulation, toute apparence différente du fond, enfin toute contrariété entre actions qui procèdent d’un même principe, est essentiellement ridicule » 62 . La comédie serait l’art de rendre visible, aux yeux de tous, la duplicité, le mensonge, la fourberie, l’hypocrisie, et par là, elle aurait le pouvoir de neutraliser la puissance dévastatrice de ces vices dans la vie sociale.

63   Op. cit. , p. 80.

64    Ibid .

65  p. 111 ; GC 1177.

42 Cette doctrine, on le voit, fait entièrement confiance aux apparences, en tant qu’elles renvoient infailliblement à ce dont elles sont les apparences : elle est ainsi très manifestement d’inspiration épicurienne, ce que tend à masquer la référence platonicienne. « Les apparences ne nous trompent pas, c’est nous qui nous trompons à leurs sujets », comme l’écrit Gérard Ferreyrolles 63 , cela parce que nous sommes prévenus, aveuglés par nos préjugés et par nos passions : le Tartuffe proclame paradoxalement « l’innocence des apparences » 64 . La comédie met devant les yeux de tous, rend immédiatement visible ce que nous pouvons voir dans la vie, mais que nous ne voyons bien souvent pas, du fait que nous sommes abusés par de fausses représentations, produites par une imagination enflammée. L’imagination est elle-même stimulée dans sa production d’illusions mensongères par les sentiments exacerbés et les passions déréglées. Orgon est tellement aveuglé par sa passion pour Tartuffe qu’il ne le voit pas comme il paraît et comme d’autres, Dorine, Cléante, Elmire, etc., le voient bel et bien. Ainsi la comédie remet-elle la raison dans son droit à travers le ridicule, qui est le plus puissant et efficace ennemi du « sentiment passionné » 65 .

  • 66  François Bernier, Abrégé de la philosophie de Gassendi , éd. 1684 ; Fayard, Corpus des œuvres de ph (...)

43 Cette confiance dans les apparences s’accompagne d’un hédonisme foncier, qui lui aussi atteste l’inspiration épicurienne, dissimulée derrière l’apparent rigorisme moral. Cette morale de la convenance est hédoniste dès lors que tous les objets moraux sont considérés comme source de plaisir ; un plaisir de l’âme certes, mais rien ne s’oppose à ce que celui du corps ne l’accompagne, comme tel est le cas, précisément, dans le ridicule, qui est le plaisir spécifique de la disconvenance morale. Il se produit au détriment de l’objet ridicule, mais rien n’interdit une jouissance dans la convenance, c’est-à-dire dans l’accord retrouvé de la nature et des apparences. On songe à certains passages des Syntagma de Gassendi tels qu’on les trouve résumés par Bernier : « Le corps ne [peut] jouir d’un plaisir que l’esprit n’en devienne participant, ni l’esprit être dans le contentement qu’il ne redonde sur le corps, en sorte que tout plaisir [est] par conséquent en quelque façon commun à l’un et à l’autre » 66 .

67  p. 99-100 ; GC 1174.

44 L’auteur procède soigneusement à l’application au cas d’espèce : « Si la disconvenance est l’essence du ridicule, il est aisé de voir pourquoi la galanterie de Panulphe paraît ridicule, et l’hypocrisie en général aussi ; car ce n’est qu’à cause que les actions secrètes des bigots ne conviennent pas à l’idée que leur dévote grimace et l’austérité de leurs discours a fait former d’eux au public » 67 . Le rire suscité par la comédie est une réaction sensible de la raison morale face à l’indécence, marque de la disconvenance. Celle-ci se dénonce elle-même, dans un spectacle contradictoire, en l’occurrence dans la manifestation simultanée de la dévotion et de l’incontinence libidineuse. En percevant cette contradiction, le spectateur rit, mais son rire n’atteint pas la vraie dévotion, il n’affecte que la fausse, qui ne sert qu’à couvrir les actions vicieuses de Panulphe. Au contraire, on peut facilement soutenir que ce rire atteste a contrario l’existence d’une vraie dévotion, dont le spectacle ne produit pas le rire mais une autre forme de joie, complaisante et bienveillante.

45 Cependant, rien ne prouve au fond que la morale qui sous-tend l’analyse admette une telle dévotion bienséante ; par contre cette analyse laisse la porte ouverte à une honnêteté convenante sans dévotion, et entrouvre même une seconde porte conduisant à un libertinage conséquent, sans disconvenance...

68   p. 117 ; GC 1179.

  • 69  L’âme, « se défiant à bon droit de sa propre excellence depuis le péché d’origine, cherche de tous (...)

70   Ibid. (je souligne).

71   Op. cit. , p. 142, n. 295.

  • 72  Thomas Hobbes, Human Nature , chap. 9, 13 : « L’on voit encore des hommes rire des faiblesse des au (...)

46 De nombreux éléments, dans l’argumentation et d’abord dans la définition des concepts, viennent troubler l’accord formel du propos avec la vraie dévotion, et mettent en cause, plus généralement et plus profondément la morale chrétienne. D’abord la nature du ridicule telle que la définit l’auteur est apparemment inconciliable avec la charité chrétienne, au nom de laquelle il justifie que l’on traite de religion au théâtre. En effet le ridicule est un sentiment que la nature a institué en nous pour signaler un défaut de raison dans l’objet et nous faire nous-mêmes embrasser la raison dans nos actes. Mais s’il en est ainsi, c’est que le ridicule enveloppe deux sentiments bien peu moraux, qui sont la complaisance dans les maux d’autrui et l’orgueil. En effet, nous méprisons la personne ridicule, et ce mépris est un sentiment relatif, qui engage une comparaison entre la personne dans laquelle nous apercevons un défaut de raison et nous-mêmes qui en rions ; une comparaison tout à notre avantage, qui flatte notre orgueil, la satisfaction d’être plus raisonnable et donc supérieur à la personne ridicule. Ainsi le ridicule est-il fondé sur « les deux plus anciennes et plus essentielles maladies du genre humain, l’orgueil et la complaisance dans les maux d’autrui » 68 . Voilà donc ce qui rend le ridicule si agréable, et même si l’auteur fait une référence obligée au péché originel 69 , c’est après avoir affirmé que « cette connaissance d’être plus qu’un autre est fort agréable à la nature  » 70 . L’anthropologie qui se dégage alors est franchement naturaliste et étonnamment proche, dans cette analyse du ridicule, comme le remarque très bien Robert Mc Bride 71 , de Hobbes, qui écrit à peu près les mêmes choses dans le Traité de la Nature Humaine et le Léviathan . 72 .

47 Ce ridicule là pourrait très bien englober l’ensemble des comportements dévots, s’il est vrai qu’à travers Panulphe (Tartuffe), tous les dévots sont touchés, et s’il est aussi vrai que par cette dérision, la culture déniaisée et guérie du sot, pour parler comme La Mothe Le Vayer et ses amis, pourrait affirmer sa supériorité, comme le soupçonne, non sans quelques raisons, le parti dévot.

48 Et ceci d’autant plus que le ridicule ne demande qu’à passer d’un objet à l’autre, qui lui ressemble, même très imparfaitement, par la force des effets qu’il fait sur l’imagination et la mémoire. C’est du moins ce que veut montrer l’auteur de la Lettre pour prouver les effets salutaires de la pièce sur les mœurs mondaines, mais cette argumentation magistrale peut tout aussi bien être utilisée pour expliquer la redoutable efficacité démystificatrice de la comédie de Molière à l’égard de toute dévotion, même la plus éloignée des excès de Tartuffe.

73  p. 108 et 110-111 ; GC 1176 et 1177.

  • 74  « Il ne faut point dire que ce soient des affaires à être traitées en riant, n’y ayant rien de plu (...)

75  p. 114, GC 1178.

49 En effet, le ridicule frappe l’imagination, qui est son « réceptacle naturel », comme elle l’est de tous les sentiments et de toutes les passions. Mais cette puissance du ridicule est d’une telle force sur l’imagination, que l’on peut s’en servir pour contrer et détruire d’autres sentiments : le sentiment amoureux par exemple. Voilà donc à quoi peut servir la comédie : par la mise en scène du ridicule dans toute sa force, qui impressionne alors l’imagination du spectateur durablement, elle a le pouvoir d’empêcher d’autres sentiments de s’emparer de l’âme. C’est ce qui se passera avec la comédie de Molière lorsqu’elle pourra être représenté librement : le ridicule de la galanterie de Panulphe fera un tel effet sur les spectatrices, qu’immanquablement elles trouveront ridicules les arguments de tous les galants qui voudront les abuser, dévots ou non... et leurs galants seront rebutés par la manifestation chez leur maîtresse du ridicule « le plus froid », « le plus choquant, le plus rebutant, et le plus odieux de tous les sentiments de l’âme » 73 . L’auteur de la Lettre présente ainsi comme l’un des effets bénéfiques  de la Comédie de l’Imposteur sur les mœurs le discrédit jeté indirectement sur les procédés de tous les galants, indépendamment de toute mine de dévotion. Car dans une situation réelle de séduction, la dame ne va pas pouvoir s’empêcher de se souvenir de la scène de séduction de la comédie, et elle va trouver du ridicule dans les propos et le maintien de son soupirant, avant même de raisonner sur le fait que la galanterie mondaine n’est pas celle du dévot et que les deux situations sont bien différentes. Le raisonnement vient alors trop tard, le ridicule a déjà fait son œuvre : en tout galant, la dame verra Panulphe, et elle rira, ce qui revient à détruire l’entreprise de séduction, qui est la chose la plus sérieuse du monde 74 . Le pouvoir du sentiment de ridicule, est ainsi contraire et supérieur au sentiment amoureux, parce qu’il le prévient et l’étouffe dans l’œuf. Et quand bien même la dame raisonnera sur le fait que l’homme auquel elle a affaire n’est pas un dévot, il lui faudra bien reconnaître que la galanterie mondaine n’est elle-même au fond qu’une tartufferie : « Tous les galants qui se servent des mêmes persuasions que Panulphe sont en quelque degré dissimulés et hypocrites comme lui » 75

50 Si la galanterie est ridicule, c’est parce qu’elle consiste en une duplicité foncière entre le discours et ce à quoi il est employé : il consiste en effet en des propos qui euphémisent mensongèrement la passion amoureuse, des propos qui dissimulent le désir sexuel dont ils visent pourtant à assurer la satisfaction. On peut aussi déceler dans ce texte, sous l’apparence moralisatrice, une critique sérieuse et conséquente de la galanterie mondaine, de la galanterie amoureuse prise dans les codes de la civilité bienséante, et appréhendée comme un langage et un comportement dissimulateurs et mensongers.

51 On peut alors aller jusqu’à se poser la question suivante : si le discours amoureux est bienséant en ce sens très spécial, c’est-à-dire dire s’il témoigne de la convenance du désir et de la passion avec le discours qui les déclarent, il doit alors entraîner un tout autre plaisir dans la vie, comme au théâtre, que le plaisir mêlé de mépris, qui est celui du ridicule. On peut, autrement dit, envisager sur ces bases un convenance libertine, plaisante sans être ridicule comme est ridicule la galanterie du dévot et comme l’est aussi la galanterie dévote reçue dans le monde, qui se traduit par un langage amoureux en contradiction avec la réalité sexuelle du désir, et qui est disconvenant à ce titre : il y a une disconvenance de l’amour précieux, qui vaut bien celle de l’amour dévot.

52 Notons également que cette efficacité glaciale du ridicule sur le sentiment amoureux est tout autant susceptible d’agir contre le sentiment religieux.

53 J’outrepasse bien sûr ici la lettre du texte, pour déduire des conséquences possibles de la doctrine exposée qui contredisent ce que l’auteur montre explicitement : à savoir que la comédie de Molière, en ridiculisant l’hypocrite galant, fait barrage à la « galanterie solide » qui met en péril l’honneur des femmes mariées ou des jeunes filles dans le monde, et restitue pleinement dans ses droits la simple dévotion honnête. On peut en effet déceler dans la Lettre , à travers cette défense de Molière et cette dissertation du ridicule, une critique radicale de la morale chrétienne, qui récuse le plaisir et, ce faisant, pervertit le jugement naturel en cultivant et en s’employant à rendre inapparente la disconvenance entre les discours et les apparences d’une part et de l’autre tout ce à quoi les hommes sont portés par nature, par la nature, ce vers quoi ils ne cessent de tendre au rebours de ce qu’ils disent et montrent : c’est le cas de la dévotion de Tartuffe, mais aussi de sa galanterie et de la galanterie elle-même, qui procède en fait de la même culture de l’hypocrisie que la dévotion ostentatoire.

54 Le cruel paradoxe de la culture libertine, qui dénonce l’hypocrisie religieuse et sociale, réside dans le fait qu’elle doit nécessairement, pour pouvoir se manifester (et en fait exister), emprunter elle-même les voies de l’hypocrisie : ainsi de Molière jurant ses grands dieux qu’il n’en veut pas au dévots, mais seulement aux hypocrites ; ainsi de l’auteur de la Lettre , qui met en avant la religion et la morale, mais une religion toute de raison, et une morale naturaliste aux très forts accents épicuriens.

1  « Prenant la place du prêtre à l’église, du magistrat dans les villes et du père de famille à la maison, les dévots ne sont-ils pas en train de renverse l’ordre social et d’instaurer de nouveaux pouvoirs ? [...] Cet homme humble est partout. à l’église, à l’hôpital, dans les prisons et dans les chaumières des pauvres qu’il vient secourir, il décide en maître », Louis Châtellier, L’Europe des dévots , Paris, 1981, chapitre IX, p. 185-186.

2  Voir l’ouvrage déjà ancien, mais excellent, de Raoul Allier, La Cabale des dévots, 1627-1666 , Paris, 1902, reprint Slatkine, 1970.

3 Voir à ce sujet, entre autres, les importantes analyses de René Pintard, Le Libertinage érudit dans la première moitié du xvii e  siècle , Paris, 1943 (nouv. éd. augmentée, Genève-Paris, Slatkine, 1983) et John StephensonSpink, French Free-Thought from Gassendi to Voltaire , Londres, The Athlone Press, 1960.

4  Je laisse ici la querelle, si importante, de la moralité du théâtre sur laquelle il existe une importante bibliographie. On consultera, entre autres, Marc Fumaroli, « La Querelle de la moralité du théâtre avant Nicole et Bossuet », Revue d’Histoire Littéraire de la France , LXX, 1970, p. 1007-30.

6  Cf. Premier Placet présenté au roi et Second Placet  présenté au roi ,in Molière, Œuvres Complètes ,  éd. Georges Couton, Gallimard, Pléiade, 1971, t. I, p. 890 (désormais : GC 890).

7  B. A. Sieur de Rochemont, Observations sur... Le festin de Pierre, in Georges Mongrédien, Recueil des textes et des documents du xvii e  siècle relatifs à Molière , CNRS, Paris, 1965, t. II, p. 1201-2.« Molière a ruiné tout ce que ce sage politique [Richelieu] avait ordonné en faveur de la comédie, et d’une fille vertueuse, il en a fait une hypocrite », ibid . Cf. J. Cairncross, « Tartuffe, ou Molière hypocrite », Revue d’Histoire Littéraire de la France , septembre-décembre 1972, n° 5-6, p. 890-901.

8  Voir surtout le récent ouvrage de Hélène Merlin, Public et Littérature en France au XVII e siècle , Paris, Les Belles Lettres, 1994.

9  Cf. surtout Raoul Allier, La Cabale des dévots, 1627-1666 , op. cit. et voir également Francis Baumal, Molière et les dévots , Paris, 1919. Sur la répression du blasphème, voir l’ouvrage récent de AlainCabantous, Histoire du blasphème en Occident, xvi e -xix e  siècle , Paris, Albin Michel, 1998.

10  On put même le considérer comme le commanditaire de la pièce, ainsi que l’attestent les Mémoires du P. Rapin, éd. Aubineau, 1865, t. I, p. 294. Cité par GC 867.

12   Cf . GC 835-838 et 842-846 et R. Mc Bride, in La Mothe Le Vayer, Lettre sur la comédie de l’imposteur , Durham University, 1994, appendix 1, p. 145-155.

13  « On appelle petit collet un homme qui s’est mis dans la réforme, dans la dévotion, parce que les gens d’Église portent par modestie de petits collets, tandis que les gens du monde en portent de grands ornés de points et de dentelles. Et quelques fois, il se dit en mauvaise part des hypocrites, qui affectent des manières modestes, et surtout de porter un petit collet », Furetière, Dictionnaire .

15   Cf . la discussion qu’aurait eu à ce sujet le Président Lamoignon avec Molière, au début de l’année 1669 : « ... pourquoi, reprit le Président [Lamoignon], écrivez-vous contre les ecclésiastiques ? — Monseigneur, répondit le comédien, mon dessein n’a point été d’écrire contre eux, mais contre les hypocrites. — Molière, Molière, vous vous trompez fort, si vous prétendez vous moquer de moi... », J. Menudier, Le secret d’apprendre la langue fraçaise en riant et avec facilité , 1681, in Mongrédien, t. I, p. 333.

16  « ... voilà ce qui est arrivé lorsque des esprits profanes et bien éloignés de vouloir entrer dans les intérêts de Dieu, ont entrepris de censurer l’hypocrisie, non point pour en réformer l’abus, ce qui n’est pas de leur ressort, mais pour faire une espèce de diversion dont le libertinage dût profiter, en concevant  et faisant concevoir d’injustes soupçons de la vraie piété, par de malignes représentations de la fausse »,  Bourdaloue, Sermon du 5 février 1669 sur l’hypocrisie , in Mongrédien, op. cit. , t. I, p. 332.

17  « Je ne doute point, Sire, que les gens que je peins dans ma comédie ne remuent bien des ressorts auprès de Votre Majesté... Ils ne sauraient me pardonner de dévoiler leurs impostures aux yeux de tout le monde », Second Placet présenté au roi , Molière, op. cit., p. 892.

18  Comme le fait remarquer J. S. Spink, op. cit. , p. 151, Tartuffe est présenté dans la pièce comme un « fourbe renommé », mais il y a un évident décalage entre cette expression et le ce qui est dit dans le Second Placet en 1667 (voir n. supra ). Les dévots de la cabale pourraient difficilement être considérés comme des « fourbes renommés », c’est-à-dire des imposteurs : l’attribut d’hypocrite, à tout prendre, leur convient mieux...

20   Cf . G. Couton, « Réflexions sur le Tartuffe et le péché d’hypocrisie, "cas réservé" », Revue d’Histoire Littéraire de la France , 1969, t. 69, p. 404-413 et notice du Tartuffe , in Molière, op. cit. , p. 847-852 et G. Ferreyrolles, Molière. Tartuffe , Paris, PUF, 1987, p. 5-8. G. Couton croit pouvoir montrer qu’existe au xvii e  siècle une tendance à déculpabiliser l’hypocrisie, ce qui me semble globalement faux. La distinction entre une hypocrisie mortelle (dommage aux intérêts de Dieu ou du prochain, cupidité au détriment du prochain, etc.) et une hypocrisie vénielle (pour le plaisir, où la réputation sans léser autrui) que l’on trouve chez la plupart des auteurs vient tout droit de Saint Thomas (II a II ae , q. 111), et elle est calquée sur les degrés de gravité du mensonge ( ibid. q. 110). Or, comme le fait remarquer G. Ferreyrolles, sans nul doute l’hypocrisie de Tartuffe appartient au premier genre : personne ne songerait à la déculpabiliser. Mais G. Couton paraît victime de son propos, qui est de montrer la présence d’une culture religieuse de l’hypocrisie, que combattrait Molière. Tel est certainement le cas, si l’on adopte le point de vue de Molière, mais nullement si l’on suit celui des casuistes. Comme le note encore G. Ferreyrolles, la nouveauté intéressante au xvii e  siècle concerne l’hypocrisie édifiante, considérée comme vénielle voire excusée, qui consiste à affecter de paraître doux et modeste afin d’engager les autres à la pratique de la vertu, sans être vertueux soi-même.

23    De sermone Domini in monte , Migne, t 34, col 1271, traduit et cité par Ferreyrolles, ibid. , p. 76.

24 La fameuse maxime de La Rochefoucauld empruntée à Du Moulin — « L’hypocrisie est un hommage que le vice rend à la vertu », 218 — , se rapporte bien sûr à cette définition.

25   Cf . par exemple, outre La Rochefoucauld, Bossuet, qui réagit sans doute au Tartuffe , « ... ne parlons pas toujours de ceux qui contrefont les religieux. Le monde a encore d’autres hypocrites. N’y a-t-il pas des hypocrites d’honneurs, des hypocrites d’amitié, des hypocrites de probité et de bonne foi, qui en ont toujours à la bouche les saintes maximes mais pour être seulement des lacets aux simples et des pièges aux innocents ? », Sermon sur le Jugement dernier , cité par GC 851. Il revient à Madeleine Scudéry, dans son dialogue De l’hypocrisie , qui renvoie élogieusement au Tartuffe, de préciser cette ambiguïté entre le particulier et le général : « Quoique la belle Bérénice, reprit Méliton, ait avancé avec beaucoup d’esprit que tous ceux qui contrefont les vertueux sont hypocrites [« il y a, des hypocrites d’amour, des hypocrites d’amitié, des hypocrites de modestie, de générosité... tout le monde est hypocrite en quelque chose », p. 148], et qu’en effet la dissimulation et l’hypocrisie se ressemblent beaucoup : il est pourtant certain que l’usage qui est le tyran du langage chez toutes les nations, a fait qu’ordinairement on n’appelle véritablement hypocrites que ceux qui contrefont les dévots, et qui ne le sont point »,   Entretiens de Morale ..., 1692 ; in Choix de Conversations, éd. Phillip J. Wolfe, Ravenna, Longo, 1977, p. 150. « Vous appelez donc hypocrite sans contestation, reprit Amérinte, un homme qui en enlevant injustement le bien d’autrui fait quelques petites aumônes d’ostentation, et qui en affectant un extérieur plein d’austérité cache des vices énormes », ibid . Tartuffe est bien un tel hypocrite « sans contestation » possible...

26  Du reste, Le Premier Placet est suffisamment explicite : les hypocrites sont les « faux monnayeurs en dévotion, qui veulent attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité sophistiquée ».

27   Cf . Furetière, Dictionnaire  : «  Imposteur  : trompeur, affronteur [affronter signifie couvrir de honte], calomniateur. Mahomet a été un grand imposteur , qui a trompé bien des peuples. Ce banqueroutier était un imposteur qui avait l’art d’affronter ses confrères... ». Cf. également le verbe imposer  : « signifie encore Tromper, dire une fausseté. cet avocat impose souvent, et déguise la vérité. Nos passions nous trompent et nous imposent , en nous proposant pour un vrai bien celui qui n’est qu’apparent. La poésie impose à nos oreilles : la perspective impose à nos yeux ».

29  La Mothe Le Vayer, Lettre sur la comédie de l’imposteur , éd. Robert Mc Bride, Université de Durham, Durham Modern Languages Séries, 1994.

30  La Lettre commence d’ailleurs par cette phrase ironique : « Puisque c’est un crime pour moi que d’avoir été à la première représentation de l’ Imposteur , que vous avez manquée, et que je ne saurais en obtenir le pardon qu’en réparant la perte que vous en avez fait, et qu’il vous plaît de m’imputer, il faut bien que j’essaie de rentrer dans vos bonnes grâces, et que je fasse violence à ma paresse, pour satisfaire votre curiosité », Lettre sur la comédie de l’imposteur , sans privilège ou achevé d’imprimer, sans lieu, sans nom d’imprimeur, p. 1. C’est à la pagination originale que je renvoie, qui figure dans l’indispensable édition de R. Mc Bride. Je donne en complément la référence dans l’édition des Œuvres de Molière Georges Couton, op. cit. , p. 1149 [abrégé GC 1149]. L’orthographe est modernisée.

34  Il renverse ainsi l’accusation formulée explicitement par les ennemis du théâtre de favoriser la galanterie. Cf. Nicole, Traité de la comédie , 1667, éd. G. Couton, Paris, 1961, p. 61-62.

38  Cf. Georges Mongrédien, Recueil des textes et des documents du xvii e  siècle relatifs à Molière , CNRS, Paris, 1965, t. I, p. 292. La raillerie est toujours présentée comme l’arme libertine par excellence, une arme redoutable de désacralisation et de dissolution morale. Cette thèse est non seulement contestée, mais entièrement renversée par l’auteur de la Lettre dans son analyse du ridicule (voir infra ).

43  Déjà en 1654, Godeau, l’évêque de Grace, était intervenu au sujet des pièces de Corneille ( Polyeucte (1641) et Théodore, vierge et martyre (1645) : « Pour changer les mœurs et régler leur raison, / Les chrétiens ont l’Église et non pas le théâtre », Poésies chrétiennes, Paris, P. Le Petit, 1654, p. 464. Cf. G. Ferreyrolles, op. cit. , p. 15-17, G. Couton, in Molière, op. cit. , p. 847-855 et R. Mc Bride, in La Mothe Le Vayer, op. cit. , p. 23-31

44  Le président Lamoignon, qui fait interdire la pièce en août 1667, aurait déclaré à Molière : « il ne convient pas à des comédiens d’instruire les hommes sur les matières de la morale chrétienne et de la religion ; ce n’est pas au théâtre de se mêler de prêcher l’Évangile ». Cf . D’Aubignac : « ... en exhortant le peuple à pratiquer les Saints commandements de la loi et à renoncer à la vie du siècle, cela sent trop le prédicateur que le temps et le lieu ne peuvent aisément souffrir. On ne saurait ôter de l’imagination des spectateurs que la comédie leur doit servir de divertissement [...] en cette disposition d’esprit, ils ne peuvent approuver que l’on condamne leurs plaisirs [...]. Ce n’est pas ce qu’ils cherchent au théâtre [...] les esprits un peu libertins [...] regardent la sainteté dans la comédie comme un jeu de poésie. Et pour ceux qui font profession d’une véritable et sincère piété, ils ont beaucoup de répugnance de voir que ces discours soient ainsi profanés dans un lieu où ils savent bien qu’ils sont entièrement perdus... », Pratique du Théâtre , liv. IV, chap. 6. D’Aubignac s’en prend ici à Polyeucte de Corneille, mais il s’attaquera également au Don Juan et au Tartuffe de Molière : Addition à la Pratique du Théâtre , de février 1665, in Mongrédien, op. cit. , t. I, p. 233-234. Voir surtout sa Dissertation sur la condamnation du théâtre, 1666 .

66  François Bernier, Abrégé de la philosophie de Gassendi , éd. 1684 ; Fayard, Corpus des œuvres de philosophie en langue française, 1992, t. VII, p. 279.

69  L’âme, « se défiant à bon droit de sa propre excellence depuis le péché d’origine, cherche de tous côtés avec avidité de quoi la persuader aux autres et à soi-même par des comparaisons qui lui soient avantageuses, c’est-à-dire par la considération des défauts d’autrui », p. 118 ; GC 1179.

72  Thomas Hobbes, Human Nature , chap. 9, 13 : « L’on voit encore des hommes rire des faiblesse des autres, parce qu’ils s’imaginent que ces défauts d’autrui servent à faire mieux sortir leurs propres avantages... », etc., De la nature humaine , trad. du baron d’Holbach, Paris, 1971, p. 96 ; Leviathan, chap. 6, § 42.

74  « Il ne faut point dire que ce soient des affaires à être traitées en riant, n’y ayant rien de plus sérieux que ces sortes d’entreprises... », p. 110 ; GC 1177.

Pour citer cet article

Référence électronique.

Jean-Pierre Cavaillé , « Hypocrisie et Imposture dans la querelle du Tartuffe (1664-1669) : La Lettre sur la comédie de l’imposteur (1667) » ,  Les Dossiers du Grihl [En ligne], Hors-série n°3 | 2022, mis en ligne le 09 juin 2007 , consulté le 10 septembre 2024 . URL  : http://journals.openedition.org/dossiersgrihl/292 ; DOI  : https://doi.org/10.4000/dossiersgrihl.292

Jean-Pierre Cavaillé

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PISTE PÉDAGOGIQUE

La dénonciation de la fausse dévotion dans « Tartuffe »

Copyright de l'image décorative: © Claude James

exemple dissertation tartuffe

Niveaux et disciplines

Cette séquence conçue pour le niveau Seconde permet aux élèves d’appréhender le thème majeur de la pièce, la satire des faux dévots, et de comprendre la manière dont Molière dénonce l’hypocrisie. 

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Une comédie de mœurs

Une dénonciation des faux dévots.

Molière, dans cette pièce, dénonce la fausse dévotion. En effet, il se moque de ceux qui utilisent la religion à des fins personnelles. Ce sont des hypocrites. Tartuffe est une caricature des dévots du XVIIe siècle. Il utilise tout l'appareillage du dévot : mortification, prières à répétition, etc. Il sait très bien jouer l'homme religieux, mais il ne croit pas à ce qu'il dit et fait. Ses seules préoccupations sont égoïstes et matérielles. Molière s'attaque à des organisations religieuses de son époque, qui étaient très influentes. Ces dernières formaient des personnes qu'elles envoyaient dans des familles bourgeoises pour les manipuler. Ce qui intéressait soi-disant ces organisations était la religion, mais en vérité tout était fait à des fins politiques.

L'hypocrisie de la cour

Mais Molière ne dénonce pas uniquement la fausse dévotion. En effet, Tartuffe est surtout un hypocrite. Il prétend être "pur" et "chaste" et ne sait pourtant pas refréner ses désirs charnels. Il fait croire qu'il est l'ami d'Orgon mais tente de séduire sa femme. Il se montre détaché de la richesse mais manipule Orgon pour qu'il lui lègue toutes ses richesses. À la cour de Louis XIV, les hypocrites sont nombreux : ce sont les flatteurs. Molière met ainsi en garde contre ceux qui feignent de nous aimer outre mesure, qui nous flattent et nous adulent. Ce sont souvent des opportunistes. Molière est d'ailleurs malin, puisqu'il clôt la pièce en montrant que le roi punit les faux dévots, façon de dire à Louis XIV qu'il devrait se tenir éloigné des flatteurs.

Une critique du mariage forcé

Molière aborde une fois de plus le thème du mariage arrangé. Très souvent à son époque, les jeunes gens ne pouvaient choisir leur fiancé(e). Le dramaturge s'offusque contre cette pratique et défend au contraire le mariage d'amour. Le spectateur est du côté des jeunes gens amoureux et rejette nécessairement le comportement cruel des pères qui veulent les séparer. Orgon est ainsi montré comme un tyran. Il empêche sa fille d'épouser un homme qu'elle aime, alors que le mariage était déjà prévu. Il lui offre en échange un mari qui n'est autre que le Tartuffe. Le dramaturge dénonce l'oppression des enfants et les abus des parents.

La querelle du Tartuffe

Dans sa préface, Molière écrit que la pièce a un but moral : "Rien ne reprend mieux les hommes que la peinture de leurs défauts". Il écrit Tartuffe pour que les hommes cessent d'être de faux dévots et des hypocrites. Il sait qu'il va rencontrer une forte opposition : "C'est une grande atteinte aux vices que de les exposer à la risée de tout le monde. On souffre aisément des répréhensions ; mais on ne souffre point la raillerie. On veut bien être méchant mais on ne veut point être ridicule."

En effet, à sa sortie, la pièce fait scandale. En 1664, la pièce est interdite par plusieurs compagnies. C'est en 1669 qu'elle peut enfin être jouée. Il faut savoir que les dévots ont une très forte influence à l'époque, et la pièce est jugée antireligieuse. On dénonce l'athéisme de Molière (ce qui est une grave accusation à l'époque).

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Dissertation sur Tartuffe

Par ImNaro   •  31 Mars 2020  •  Dissertation  •  1 280 Mots (6 Pages)  •  11 622 Vues

Dissertation

L’histoire du théâtre débute il y a de cela bien longtemps, elle a commencé au cours de l’Antiquité selon la Poétique (335 av J.-C.) d’Aristote, étant à l’origine des cérémonies religieuses, elles évoluent énormément, aussi bien dans la forme que dans le fond. Au cours du XVIIème siècle, leur mission est notamment de faire passer un message qu’il soit explicite ou implicite. Le Tartuffe est une œuvre théâtrale de Molière écrite en 1664 dont la censure ne sera levée qu'en 1669, dénonçant les faux-dévots. Cette comédie fera beaucoup de bruit à sa sortie. Le théâtre est-il donc un bon moyen ou non de défendre des idées et faire passer un message ? Pour cela, dans une première partie, nous verrons en quoi est-ce que la pièce Le Tartuffe (5 février 1669) de Molière défend des idées et dénonce une réalité du XVIIème siècle et enfin, dans une deuxième partie nous en apprendrons plus sur les désavantages et inconvénients du théâtre pour défendre des idées, en utilisant encore une fois Le Tartuffe de Molière.

Le Tartuffe est une œuvre théâtrale où l'auteur attaque certains vices et les ridicules de son temps. Tartuffe, dont le personnage éponyme est le faux dévot et l'hypocrite par excellence, montre plusieurs satires ; celle des mœurs, celle de la société, et aussi celle de la religion. Molière défend ses idées à propos de la société et dénonce par la satire. Molière utilise le personnage de Tartuffe pour dénoncer et défendre son idée qu’il a de la réalité du XVIIème siècle en mettant en évidence la façon grossière dont le faux-dévot procède. D’abord, il met les maîtres de la maison (Mme Pernelle et Orgon) en confiance pour éloigner tout problèmes : « Mme Pernelle à Elmire : « Je vous dis que mon fils n’a rien fait de plus sage qu’en recueillant chez lui ce dévot personnage » (Acte I, scène 1, vers) 145-146) pour ensuite exploiter, voler et profiter (il arrive presque à s’emparer d’absolument tous les biens d’Orgon). Heureusement, le vrai Tartuffe est très vite démasqué par Dorine, la domestique (mais aussi le reste de la famille), qui le définit de sensuel, jouisseur et hypocrite, surtout lorsqu’il réplique : « Couvrez-moi ce sein que je ne saurais voir » (Acte III, scène 2, vers 860). L’intelligence de celle-ci montre aussi une satire de la société où le servant est plus habile que son maître. Molière est donc très fûté sur la façon dont il décrit Tartuffe et arrive parfaitement à dénoncer la façon dont procède un faux-dévot dans sa pièce, de ce fait, il défend l’idée bien fondée qu’il a sur cette société et prouve qu’il est tout à fait possible de faire passer un message et défendre cette idée à travers le théâtre.

Argument 2 : Molière caricature le personnage du faux-dévots, pour cela il montre son ignorance et la façon dont il profite et exploite les biens de la famille. De ce fait, il fait facilement passer au spectateur l’idée qu’il se fait à propos de ces fameux charlatans.

Exemples : “Il soupa, lui tout seul, devant elle, et fort dévotement il mangea deux perdrix, avec une moitié de gigot en hachis.” Acte I scène IV vers 240

« Qui savent ajuster leur zèle avec leur vice, Sont prompts, vindicatifs, sans foi, pleins d’artifices » (Acte I, scène 5, vers 373-374).

Argument 3 : Molière veut faire transparaître l’idée d’arrogance et de transgression dont les faux-dévots font preuves, et fait par le même billet passer un message au spectateur à travers la façon dont il l’expose.

Exemples : Tartuffe

COMMENTS

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