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La conscience est-elle source d'illusion ?
Par panawan • 28 Avril 2021 • Dissertation • 1 573 Mots (7 Pages) • 8 127 Vues
Gorlova Sage Lucie T3
La conscience est-elle source d’illusion ?
« Nous ne vivons que grâce à des illusions » disait Nietzsche. De telle manière que ce philosophe allemand, plusieurs philosophes, tels que Hegel, ou bien, Freud se sont demandé si la conscience était source d’illusions. La conscience et l’illusion sont deux termes qui peuvent être employés de manière différente. En effet, la conscience réfère au fait de ‘se rendre compte’, à la capacité d’être lucide concernant l’environnement qui nous entoure, nos émotions et nos sens : on parle de conscience spontanée, ou bien, à la capacité à analyser différentes valeurs morales, on parle de conscience réfléchie. De ce fait, l’illusion physique consiste en le manque de perception dû aux sens, tandis que l’illusion psychique consiste en un mensonge, ou bien un leurre, présent malgré la pratique et l’intellect, c’est-à-dire, à masquer la vérité.
De cette façon, la conscience contribue-t-elle à déformer ce qui est réel ? L’intellect est-il à l’origine de leurres ?
Ainsi, dans une première partie nous verrons que la conscience est le contraire de l’illusion, puis, dans une deuxième partie, nous verrons, quelle est la source d’illusions, dans la manière dont elle déforme la réalité, ensuite, dans une dernière partie, nous chercherons à comprendre comment sortir de cette illusion.
Tout d’abord, en premier lieu, la conscience ne peut pas être à l’origine de leurres, car elle est elle-même la vérité. En effet, la conscience consiste en la réflexion et de se rendre compte de nous-même et de l’environnement qui nous entoure. De cette manière, si l’on ne prend pas conscience de ce qu’il se passe, on reste alors dans le doute et l’illusion : on échappe ainsi à la vérité. De telle manière que Descartes, la conscience permet à la raison d’exister, alors de rationnaliser. Le philosophe du XVIIème siècle, défend la thèse selon laquelle la conscience est le fondement de toute certitude. Il a mis en place une réflexion, le cogito cartésien, où il rentre dans un doute méthodique, c’est-à-dire, où il se met à douter de tout ce qu’il perçoit à l’aide de ses sens, afin d’en venir au fait que la seule chose véritable qui lui permet d’exister est la pensée : « je pense donc je suis ». En effet, la conscience permet donc de se déterminer, mais également, à la raison d’exister. Or la raison comprend le fait de juger, de connaitre et de distinguer les éléments réels des éléments faux, en sachant que le faux est synonyme d’illusion. De cette façon, l’on ne peut répondre que négativement à la question posée : la conscience ne peut donc pas être la source d’illusion chez l’être humain, ainsi, ce serai le manque de conscience qui serait le générateur de mensonges.
En effet, le manque de prise de conscience serait à l’origine de leurres psychiques. Assurément, en grandissant mais aussi avec l’expérience, on a tendance à créer des « prises de conscience », c’est-à-dire, à sortir de l’illusion, du faux. On entend par là que l’on sort de l’illusion, et que l’on entre dans la désillusion. Ainsi, on « ouvre les yeux », sur le monde qui nous entoure, afin de discerner le vrai du faux, ou bien, l’idéal du réel. Or, avoir un « idéal » ne signifie pas « se faire des illusions », au contraire, il indique un objectif possible, voire impossible, à atteindre, et magnifie nos actions. De cette manière, Freud évoque le « Moi idéal », une identité que l’on souhaite avoir, qui, cependant, ne correspond à notre véritable identité. Dans ce cas, si l’illusion n’est pas le fruit de la conscience, d’où vient-elle ?
Dans un premier temps, la conscience peut être influencée par les émotions et les passions. Tout d’abord, nous avons l’auto-persuasion, consistant en un mensonge par rapport à soi-même : on se persuade d’une chose qui n’est pas réelle, on se fait des illusions, comme par exemple, la surestimation de soi. D’après Freud, l’origine de ce leurre est l’inconscient. En effet, il cite l’hypothèse selon laquelle, à un niveau inconscient, tous nos désirs se construisent. Selon lui, le « principe de désir » ne serait pas réfléchi, c’est-à-dire, pas accessible à la conscience, la surface de notre intellect : « Le psychique en toi ne coïncide pas avec ce dont tu es conscient ; ce sont deux choses différentes, que quelque chose se passe dans ton âme, et que tu en sois par ailleurs informé ». Dans ses topiques, Freud soutient le fait que le conscient serait la partie immergée, accessible, le « Moi », puis, au fond de notre esprit, se trouverait le « préconscient » ou bien le « ça », qui exerce une force sur le « moi » et le « surmoi », qui joue le rôle de censure. De cette façon, si l’inconscient est à l’origine de nos désirs et de nos pulsions les plus refoulées, et qu’il exerce une influence sur le conscient, dans ce cas, la conscience serait elle-même l’illusion, du fait qu’elle cache la véritable personnalité de l’Homme : « la pensée qui devient consciente ne représente que la partie la plus infime de tout ce qu’il pense », Nietzsche.
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LA CONSCIENCE EST-ELLE SOURCE D’ILLUSIONS ?
INTRODUCTION Une illusion est un terme qui peut être pris au sens propre et au sens figuré. Au sens physique, une illusion est un leurre engendré par les sens, et qui subsiste malgré la connaissance que l’on a de ce leurre. Par exemple, j’ai beau savoir que la Terre évolue dans l’espace à grande vitesse et en révolution par rapport au soleil, j’ai l’illusion par les sens que notre planète est immobile, parce que mes perceptions sont assez limitées quant à mon environnement. Quant à l’illusion au sens figuré, il s’agit d’un leurre spirituel et qui a tendance à subsister malgré la connaissance que l’on en a . La vie de l’esprit génère t-elle en l’être humain des leurres puissants ? La conscience favorise t-elle l’apparition de mirages , ou , au contraire, tend-elle à faire disparaître les fausses idées que l’on se fait à propos de la réalité ?
PREMIÈRE PARTIE : LA CONSCIENCE GÉNÈRE DES ILLUSIONS
La conscience produirait des illusions, parce que d’abord la vie est difficile bien souvent ; l’esprit s’ingénierait alors de manière individuelle ou collective (comme dans le cas des religions) à inventer certaines idées, ou certaines conceptions de la vie pour se faciliter l’existence. Ainsi le philosophe Nietzsche affirmait : « Nous ne vivons que grâce à des illusions ». Autrement dit pour être sage, il faudrait un peu de folie ; et celui qui n’aurait pas un peu de folie ne serait pas aussi sage qu’il croit. Mais il ne suffit pas de constater que nous avons besoin d’illusions, il faut déceler l’origine de nos chimères… Mais par laquelle commencer ? Nos yeux se déscillent et notre conscience vacille …
1) Les illusions de jeunesse, liées à l’enfance
On le constate sans cesse par le biais des programmes télévisuels pour enfants ou en regardant des dessins animés : le monde des enfants et celui des grandes personnes n’est pas tout à fait le même ! Il y a une pureté, une candeur dans l’enfance qui sont liées au manque d’expérience ; ce n’est pas lié à de la niaiserie, mais à la pureté du cœur non encore corrompue par le monde des adultes. Les illusions enfantines varient d’un jeune cerveau à un autre, mais globalement on retrouve des points communs : illusion d’être éternel, croyance que la mort ne nous atteindra jamais ou dans un temps très éloigné ; croyance aussi que l’on peut faire confiance à la plupart des adultes rencontrés ; croyance en une forme immanente de bonté dans l’univers comme on le voit avec la légende de Saint Nicolas, ou l’invention du père Noël. Les enfants ont tendance à croire en l’Amour, aux sentiments désintéressés ; ils ne sont pas encore « usés » par la vie. C’est le monde enchanté de l’enfance, tous les sentiments paraissent grands, et les adultes paraissent « sages », et quand on est amoureux, il suffit de se prendre la main pour être heureux. La première désillusion, c’est quand on commence à percevoir que le monde des adultes « va vraiment de travers ». La première désillusion, c’est de découvrir peu à peu que les actions humaines sont régies non par la sainte trinité, mais par cette terrible tripartition : « argent, pouvoir, sexe ». S’apercevoir de ceci prend un certain temps et le véritable humaniste s’illusionnera toujours un peu dans la mesure où il croira toujours en son idéal . Ainsi, c’est par exemple, la phrase de Jésus crucifié à ses bourreaux : « Père, pardonne leur, ils ne savent pas ce qu’ils font… ». Mais si justement … , ils savent très bien ce qu’ils font ! Et c’est cela le plus grave, mais en même temps peut-on dire de Jésus comme à propos du prophète Zarathoustra de Nietzsche : « Rien qu’un fou, rien qu’un poète ! » . Non objectivement, c’est le plus grand génie moral que la Terre ait porté, et le temps historique se mesure par rapport à son existence : en histoire, il y a avant ou après Jésus Christ . Jésus est donc considéré d’un point de vue métaphysique comme la Présence Totale puisqu’il est la marque même du temps historique. Mais donc, tout cela pour dire que la première des désillusions, c’est de apercevoir que notre force d’amour va se heurter aux dures réalités de l’existence.
2) Les illusions créées par la mesure du temps
Ensuite une des grandes illusions issues de l’esprit humain est celle liée au temps en tant que tel. La mesure du temps est une conquête de l’âge moderne, le port des montres ne s’est, en effet, répandu qu’à partir de la seconde moitié du XVIIème siècle. Avant, au Moyen-âge, les gens ne suivaient pas des horaires stricts et se fiaient aux sons des cloches des églises pour se repérer dans la journée. Donc, hormis dans les monastères et les couvents qui ont toujours été la plupart du temps régis par des règles assez sévères, la population de l’Occident vivait quelque peu « dans un flou artistique » en ce qui concerne la mesure du temps. Mais cela ne posait pas de problèmes très graves à la société, car celle-ci n’avait pas encore de dimension industrielle, et la plupart des individus avaient pour métier le travail de la Terre. Or, dans l’agriculture, ce n »est pas indispensable de bêcher son champ à un quart d’heure près. Autrement dit, les gens « prenaient plus le temps de vivre » que dans une civilisation technologique et industrielle. Le souci de rentabilité des usines impose que l’on suive des horaires précis afin que la production industrielle d’objet manufacturés ne soit pas perturbée. Le problème, c’est que cette mesure du temps n’est pas le temps réel, vécu par la conscience, c’est à dire la durée. Celui qui a démontré l’illusion liée à la mesure du temps est le philosophe Henri Bergson, notamment dans son premier ouvrage important : Essai sur les données immédiates de la Conscience . Bergson, dans ce livre, nous dit que la mesure du temps est une sorte de leurre pour l’esprit ; en effet, la mesure du temps ne s’effectue que par l’intermédiaire d’une traduction de l’espace en données temporelles. Par exemple, si on regarde une montre, on voit que c’est un espace circulaire découpé en points-instants et que l’heure y est calculée par rapport à un repères d’aiguilles pointées vers telle ou telle position dans l’espace. Autrement dit, le temps se mesure par les positions simultanées des deux aiguilles (une pour les minutes, une pour les heures) dans un espace circulaire. Or ce processus de mesure du temps se fait par rapport à un cadre spatial. La mesure du temps est donc une traduction du temps en espace, une sorte d’illusion par conséquent, et pas le temps lui-même ressenti par la conscience. Ainsi sur une montre, une heure en vaut toujours une autre, 60 minutes sont toujours égales à 60 minutes ; c’est le même tour de cadran qui s’effectue d’heure en heure. Pourtant toutes les heures qui s’écoulent ne sont pas équivalentes au niveau du ressenti de la conscience. Ainsi, c’est un fait avéré que pour tout être conscient, une heure passe plus ou moins vite selon que l’on est occupé ou pas, que l’on s’ennuie ou pas, que l’on souffre ou non. Tout être humain peut expérimenter que lors de douleurs intenses, même si cela ne dure pas longtemps ; on a l’impression que les secondes s’allongent et ne passent plus. Au contraire, si on est occupé sainement à une tâche ; on a presque l’impression que les heures filent « à une vitesse folle » ; et l’on s’écrie « déjà » !? d’un air étonné en lisant l’heure. Donc, selon le ressenti de la conscience, le temps est une continuité, alors qu’au niveau de sa mesure, c’est un espace découpé en points-instants (ce qui est une illusion). En effet, le temps réel est le temps vécu selon la conscience pour Bergson, c’est à dire la durée. Le temps n’est pas une succession de moments saccadés au niveau de la conscience, mais un écoulement incessant où les secondes s’engendrent les unes les autres par le biais de la mémoire. Car « qui dit conscience, dit aussi mémoire » (Bergson) ; ainsi un instant n’est jamais « pur », il est toujours rattaché à d’autres. Ainsi une personne qui oublierait sans cesse qui elle est et ce qu’elle fait serait dans un état d’inconscience totale. Le temps, si on peut se permettre une image spatialisante, est un peu comme le sable qui s’écoule dans un sablier ; sauf que dans l’existence concrète du vécu, on ne peut jamais retourner le sablier, car la durée est irréversible. Alors le temps est comme semblable à un tas de sable qui ne cesserait de s’accroître, le passé s’accumulant dans le présent pour faire le projet de l’avenir. Le temps s’écoule, il dure au niveau de la conscience, et la mesure du temps nous donne l’illusion que l’on peut maîtriser le temps, alors que c’est une dimension incontrôlable, car irréversible. Je peux remonter les heures sur le cadran des aiguilles de ma montre ; mais dans la durée réelle, cela est impossible. La mesure du temps est donc illusoire car elle ne rend pas compte de l’épaisseur de la durée. Je ne peux remonter le cours du temps que par la mémoire, mais un souvenir n’a jamais la fraîcheur de l’instant quand il était réellement vécu. C’est pourquoi la deuxième fois n’est jamais comme la première fois, car justement la seconde fois que je fais quelque chose, j’ai le souvenir de ma première fois, donc ce n’est plus pareil. L’attrait de la nouveauté et de la découverte a disparu ; c’est pourquoi le premier amour vraiment ressenti par la conscience garde, conserve toujours un aspect quelque peu nostalgique ; car , en général, c’est le moment le plus poétique du « roman personnel » de l’âme de chaque individu ; et c’est là qu’il faut décrire le troisième type d’illusions générées par la conscience : les illusions liées au sentiment amoureux. Mais résumons bien d’abord : la mesure du temps peut me faire croire illusoirement que j’ai une maîtrise du temps, mais en fait « le temps perdu ne se rattrape jamais » au niveau de la conscience. L’illusion de la maîtrise du temps est donc bel et bien engendrée par la conscience, car les bêtes, les animaux (qui n’ont pas de conscience réelle) n’ont pas de repères précis temporels du cours de leur existence, si ce n’est la course du soleil dans le ciel (ce qui est une mesure floue, car selon les saisons, la durée de l’ensoleillement varie ; par ailleurs selon qu’il y a des nuages ou pas, la luminosité est changeante). Seuls les êtres conscients, c’est à dire les êtres humains ont su créer une telle mesure du temps ; donc la conscience produit des illusions terribles, mais la plus belle de toutes est celle de l’Amour.
3) illusions liées au sentiment amoureux
Cette illusion provenant du cœur est aussi liée à la conscience ; car les sentiments n’existent vraiment pleinement qu’en l’être humain. Seul l’être humain peut ressentir le sentiment amoureux ; dans l’animalité , le lien affectif existe mais il est plus lié à l’instinct de reproduction que chez l’homme. Cela se remarque déjà d’un point de vue physique, puisque dans le règne animal, le mâle monte la femelle de dos, alors que les êtres humains « font l’amour », ce qui suppose une position physique « face à face ». Le sentiment amoureux est produit d’abord intuitivement par le cœur, puisque c’est l’esprit qui prend le relais aux premiers émois du cœur pour amplifier le phénomène. L’écrivain Stendhal dans son ouvrage De l’Amour a démontré que le sentiment amoureux est illusoire en grande partie, car reposant sur le phénomène de la cristallisation. Qu’est ce que le phénomène de cristallisation ? Stendhal nous dit que le processus amoureux est semblable au phénomène que l’on trouve dans les salines de Salzbourg ; on prend un bout de bois tout simple et on le plonge dans l’eau salée, il finit par ressortir couvert de cristaux étincelants au soleil. Le vulgaire bout de bois sous les éclats du soleil brille désormais comme un bijou. De même, dans le processus amoureux pour Sthendhal, on tombe sous le charme d’une personne humaine, et par les sentiments, on la pare de toutes sortes de qualités en grande partie illusoires. Par le biais du sentiment amoureux, la personne désirée devient exceptionnelle. Comme le dit familièrement le proverbe : « l’amour rend aveugle », c’est à dire que les qualités de la personne aimée sont exaltées, tandis que l’esprit ne s’attarde pas trop sur les défauts. Donc, l’amour nous donnerait le plus souvent une vision illusoire de l’être auquel on s’attache.
4) illusions liées à l’argent
Mais une autre source d’illusions pour les êtres conscients, est celle liée à l’argent. En effet, les inégalités sociales génèrent soit la mésestime de soi, soit la surestimation de soi. Les gens riches ont l’illusion d’être des personnages importants, des gens de valeur parce que les autres sont intéressés par l’argent qu’ils peuvent donner. Le statut social lié à l’argent n’est pas la valeur intrinsèque d’un individu donné, mais c’est souvent ce que croient les gens aisés car cela flatte leur ego. De même, a contrario, la pauvreté génère la méfiance et le rejet d’autrui. L’individu défavorisé par sa condition sociale aura en général tendance à se sous-estimer. Il y a des personnes aussi qui s’illusionnent en pensant pouvoir acheter les sentiments comme l’amour et l’amitié. Ainsi, il arrive assez régulièrement aux gens riches de dispenser de l’argent pour s’attirer la bienveillance des autres. C’est par ailleurs, un fait bien observé que les hommes riches trouvent plus facilement des partenaires « jeunes et jolies » que les hommes moins socialement favorisés. Un philosophe comme Pascal dans ses Pensées radicalise ce point de vue sur la société en affirmant que la vie humaine « est une illusion perpétuelle », « on ne fait que s’entre-tromper et s’entre-flatter ». La plupart des individus ont toujours des illusions sur autrui, car du fait de la conscience, on ne dit pas tout haut tout ce que l’on pense, tout simplement pour la bonne raison que si on se mettait tous à se dire nos « quatre vérités », la vie sociale ne serait même plus possible. La société humaine génère le problème de l’hypocrisie tout simplement parce qu’on ne peut faire autrement ! Quand on est conscient, on se parle à soi-même, et dans son for intérieur, « on a toujours la liberté de penser ce que l’on veut ». Cependant, du fait que l’on puisse cacher sa pensée et ses intentions profondes vis à vis d’autrui ; il y a dans le genre humain une duplicité qui ne se rencontre jamais dans le règne animal. Voilà pourquoi fondamentalement, la conscience peut provoquer des illusions. Mais un autre phénomène à affronter pour l’espèce humaine est la pensée de la mort, et là bien souvent les individus se leurrent, s’illusionnent avec des vues religieuses.
4) illusions liées à la religion
C’est sans doute la conscience de la mort, de la finitude qui a contribué à l’apparition du phénomène religieux. Beaucoup d’individus se consolent en s’illusionnant sur un au-delà où ils seront enfin récompensés et heureux. Ces illusions sur l’au-delà sont naturelles à l’homme puisque comme le disait La Rochefoucauld : « Ni le soleil, ni la mort ne se peuvent regarder en face ». L’homme ne supporte pas longtemps la pensée qu’il est un être éphémère. A cause de la conscience, il y a le désir d’éternité. Seul l’être humain a vraiment conscience de la mort, ainsi seuls les hommes font des sépultures et des tombeaux pour les morts. Dans le genre animal, les animaux les plus intelligents n’ont pas une telle lucidité sur leur condition mortelle ; la preuve en est, il n’y a pas de cimetière chez eux. L’angoisse de la mort est une des craintes les plus terribles pour un être conscient, la croyance au Paradis est donc une illusion nécessaire pour beaucoup. Cependant, à trop s’occuper de leur vie après la mort, beaucoup d’humains délaissent leur vie sur Terre ; ce qui est absurde pour une personne de bon sens puisque notre existence sur Terre est la seule dont nous puissions être vraiment certain. La croyance au Paradis est de plus une illusion qui en génèrent d’autres, comme par exemple celle « d’être un élu de Dieu » ; alors qu’en général, il s’agit d’une question de vanité et d’orgueil. Chez les Bantous, dans leur philosophie orale africaine, il y a aussi la croyance d’un Dieu bon et omniscient ; mais ils sont d’une lucidité terrible, car pour eux si Dieu existe, il faut être arrivé à un degré de conscience supérieur pour qu’une prière monte jusqu’à lui et qu’il daigne améliorer notre sort.
TRANSITION , LIMITES DE CET ARGUMENT ; DIEU ET LE PARADIS SONT DES ILLUSIONS
Mais la croyance en Dieu ne peut être qualifiée d’illusion à part entière, dans la mesure où même en étant des plus rationalistes et des plus scientifiques qui soit en matière de philosophie métaphysique ; on ne peut s’empêcher en regardant la nature et ses beautés : (fleurs, fonctionnement des organismes, paysages magnifiques) de s’avouer qu’il « y a quelque chose qui nous dépasse ». Et ce « quelque chose qui nous dépasse », la plupart des humains l’appellent Dieu. La réalité est d’une telle beauté parfois que la croyance en Dieu peut être qualifiée d’instinctive, ou du moins, comme le philosophe Descartes, nous dirons que « c’est une idée innée » dans le cœur de l’homme. Mais avec les illusions d’ordre religieux, nous sommes obligés de reconnaître qu’il s’agit de croyance, et donc on ne peut affirmer à 100 % que ce sont justement des illusions. Par ailleurs, s’il y a bien un phénomène qui n’est pas illusoire, c’est celui de la conscience. La conscience serait même une certitude absolue, le contraire même de l’illusion !
DEUXIÈME PARTIE : LA CONSCIENCE NE PEUT PAS ÊTRE ACCUSÉE DE GÉNÉRER BEAUCOUP D’ILLUSIONS PUISQU’ELLE EST LA CERTITUDE MÊME .
Premier argument : La conscience ne peut pas engendrer que des illusions, puisqu’elle est la vérité première.
Le philosophe qui a démontré ceci est Descartes. Cette vérité première qu’est la conscience est longuement déduite notamment dans les deux premières méditations de l’ouvrage les Méditations Métaphysiques . Dans ce livre, Descartes se met à douter de tout, et il s’aperçoit qu’il n’y a qu’un fait qui soit absolument indubitable : la conscience. Descartes commence par douter des opinions qu’il a reçu par le biais de son éducation, puis il se met à douter de la véracité de ses sensations (si ça se trouve, se dit-il, je ne suis pas vraiment en train de percevoir la réalité, mais je suis en train de rêver ; par ailleurs les sens sont souvent trompeurs) . Descartes se met à douter de la conscience chez autrui (si ça se trouve, se dit-il, je ne suis pas vraiment en train de voir des humains qui passent dans la rue, mais ce sont des automates). Descartes se met même ensuite à douter des vérités mathématiques (si ça se trouve , se dit-il 2+2 ne font pas 4 mais 5!). Enfin le philosophe se met à essayer de douter de son esprit ; (si ça se trouve je n’existe pas, pense t-il ). Mais justement pour penser : « je n’existe pas », il faut être ! Et quand bien même rajoute Descartes, il y aurait un « malin génie » qui s’amuserait à me tromper, même si je pense faux, n’empêche que je pense. Et cela est un fait indubitable et absolument certain : . cogito ergo sum ,« je pense donc je suis » La conscience est à elle-même sa propre lumière. Aussi Descartes dit que comme vérité première on peut dire de soi en tant qu’être conscient : « je suis une chose qui pense ». La conscience, en tant que vérité première, est donc le contraire d’une illusion !
Deuxième argument : Ce n’est donc pas la conscience qui provoque des illusions, mais, au contraire, c’est le manque de conscience qui génère des illusions.
Il suffit d’étudier le sens des expressions du langage commun sur l’illusion pour s’apercevoir de ceci. Prenons l’expression commune : « une prise de conscience ». Qu’est ce qu’une prise de conscience? Avoir une prise de conscience signifie dans le langage courant que l’on s’enlève ses illusions sur quelque chose ou quelqu’un. De même quand on dit que quelqu ‘un « a de la conscience », cela veut dire que cette personne ne se fait pas d’illusions. Par exemple, de nos jours, l’opinion publique n’a pas encore suffisamment conscience des dangers de la pollution sur l’environnement. « Être dans l’illusion » signifie au contraire qu’on se fait des idées, qu’on n’est pas conscient de quelque chose. Mais quand on prend conscience de quelque chose, cela se fait souvent dans une certaine violence. Et quand on dit que quelqu’un « a perdu ses illusions », cela veut dire qu’il ou elle a enfin ouvert les yeux. Quand on perd ses illusions, c’est généralement liée à l’expérience, plus précisément l’expérience de la déception. La déception est la plus grande désillusion qui soit, c’est s’apercevoir qu’on aime sans être aimé(e) en retour, c’est avoir le cœur brisé. La déception est l’expérience ultime de la désillusion, et cela s’accompagne toujours d’une prise de conscience.
CONCLUSION En résumé, on voit bien que la conscience génère plus de désillusions que d’illusions. C’est pourquoi trop souvent, on confond « avoir un idéal » et « se faire des illusions ». L’illusion et l’idéal ne sont pas des termes synonymes. L’illusion nous aveugle tandis que l’idéal nous transporte, sublime nos actions et nos pensées. La conscience a besoin d’idéal, mais elle n’a pas besoin d’illusions, la philosophie est d’ailleurs même la discipline où l’on traque et attaque les illusions puisque comme l’a dit Schopenhauer : « La philosophie, c’est la chasse aux préjugés ».
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Une réflexion au sujet de « la conscience est-elle source d’illusions ».
Merci !! c’est très bien fait
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La conscience est-elle source d'illusion? Cours de philosophie, sur la conscience, séquence
« connaître c’est se souvenir ».
La conscience est-elle source d'illusion?
La métaphore de la caverne n’est pas difficile à décoder : les prisonniers de la caverne sont des masses ignorantes qui ne se fient qu’aux ombres. La personne qui sort de la caverne est le philosophe ; le soleil est la source de toute vérité ; la mort évoquée à la fin fait allusion à l’exécution de Socrate. Morale ? La philosophie ne reçoit en récompense ni gloire ni richesse.
Problème : il est plus difficile qu’on ne le croit de s’échapper de la caverne de Platon. Si la vérité selon Platon se trouve hors du monde physique, existe-t-elle réellement ? Est-il possible, voire désirable de quitter la caverne ?
Question : qui libère le prisonnier ? Soit il se libère seul, ce qui pose problème, soit il est libéré par un autre qui a dû lui-même être libéré antérieurement, soit il serait un dieu ou d’un demi-dieu provenant du monde intelligible ; mais pourquoi les immortels viendraient-ils dans le monde des mortels ? Le mythe de la caverne est avant tout une réflexion sur l’éducation* : la cité idéale doit être constituée d’hommes capables de l’acte de pensée et non objets de manipulation.
*éducation : du latin ducere qui signifie conduire. En éduquant un individu, on le tire d’un état initial. On distingue l’éducation du dressage en la dimension purement conditionnée et animale de ce dernier, alors que l’éducation devrait reposer sur la construction et la transmission de connaissances. On ne peut éduquer qu’un être doté de raison, l’acte d’éduquer est ainsi ce qui trace une frontière entre l’humanité et l’animalité. Platon, dans La République, souligne la difficulté de l’acte d’éduquer parce qu’il s’agit précisément d’une action qui porte sur l’homme et que l’éducation varie selon la nature de l’âme des individus : tous les hommes ne disposent pas d’un naturel philosophe.
Dans la caverne, éduquer, c’est se retourner, c’est-à-dire se détourner de ses habitudes et de ses repères. Le prisonnier est retourné de force, on peut alors se demander s’il est possible de se retourner seul ou si le désir de savoir a nécessairement besoin d’initiateur. Si le retournement se fait par la force, c’est parce que le prisonnier croit qu’il regarde la vérité. Le premier acte pédagogique est de forcer l’élève à se retourner, à se détourner des images fausses. Du point de vue du prisonnier, l’éducateur l’éloigne de la vérité. Lorsque le prisonnier sort, il est ébloui. Dans l’éblouissement, le libérateur montre les véritables objets au prisonnier qui n’y voit que confusion ; pour lui, il s’agit d’illusion, mais si le prisonnier s’habitue, il voit ce qui est vrai.
Remarque 1 : L’éducateur ne nous transmet pas le savoir, mais le désir de savoir, l’enthousiasme.
Remarque 2 : La théorie de la réminiscence : « connaître c’est se souvenir ». L’âme, avant d’être unie au corps (c’est-à-dire enchaînée aux illusions) était dans le monde intelligible et contemplait les vérités éternelles ; mais quand l’âme a choisi un corps, elle a bu dans le fleuve de l’oubli, elle a donc oublié qu’elle sait. Quand l’âme s’incarne, c’est-à-dire entre dans la chair, l’âme oublie qu’elle a su. Apprendre c’est donc se souvenir. La réminiscence est la capacité à reconnaître la vérité en présence de la vérité. C’est la capacité à m’ouvrir à ce que j’ignorais, c’est donc une ouverture d’esprit.
Différence erreur/illusion : l’erreur est le fait de prendre pour vrai ce qui est faux ou inversement, on parle ainsi d’une erreur de calcul, d’une erreur d’appréciation. On distingue l’erreur de l’illusion, en ce que l’erreur est rectifiable, une fois la vérité reconnue, tandis que l’illusion reste indéracinable et inévitable. Si l’erreur consiste à se tromper par rapport à un savoir que l’on a, alors on doit s’interroger sur les raisons de cette méprise. Descartes assigne deux causes à nos erreurs : la précipitation et les préjugés. L’illusion est l’adhésion à des apparences trompeuses, et cette adhésion résiste à tout démenti argumentatif. Cela est vrai particulièrement pour l’illusion perceptive qui se maintient, même lorsqu’elle est démasquée aux yeux du sujet trompé lui-même, c’est pourquoi elle constitue un véritable défi pour la philosophie qui, depuis ses origines, semble s’être constituée comme le projet de combattre l’illusion sous toutes ses formes.
Si toute personne qui est dans l’illusion ignore, tous ceux qui ignorent ne sont pas dans l’illusion. Seul celui qui ignore son ignorance est dans l’illusion car il croît savoir, il croit posséder la vérité, et donc il ne la cherche pas. Comment alors sortir de cette ignorance ? Il faut se demander qu’est-ce que le désir d’apprendre ? Comment définir le désir d’apprendre pour qu’il permette de sortir de l’illusion ? Le désir d’apprendre est aussi bien le désir de recevoir (l’élève) que le désir de rendre (le maître). Le désir de savoir est un désir d’être. Le seul but dans la vie est la connaissance de soi (cf. Socrate, « Connais-toi toi-même).
Ajoutons à cela que la connaissance est souvent confondue avec l’opinion. Alors que la connaissance procède en expliquant rigoureusement un objet, l’opinion est une connaissance approximative, qui donne un jugement sur ce que semblent être les choses, et qui est susceptible d’être vrai ou faux sans jamais pouvoir rendre raison de sa vérité ou de sa fausseté.
Le mythe de la caverne est une illustration saisissante de la situation de l’homme dans le monde, abusé par de fausses apparences. Ces malheureux prisonniers, enchaînés au fond d’une caverne, prennent l’ombre du réel pour le réel lui-même, leur vie toute entière se passe sous le signe de l’illusion, et seul le philosophe peut les délivrer en les arrachant à ce monde des apparences. Il ne faut pas oublier que cette libération est pénible et douloureuse, arrachant les prisonniers de leurs sens et de leurs habitudes. La rupture avec l’illusion est difficile, notamment parce que, dans un sens, l’homme tient à ses illusions qui l’aident à vivre et le réconfortent.
Nombreux donc sont les obstacles à cette sortie de la caverne : le confort des habitudes, le refus d’accepter une autre réalité, la paresse intellectuelle ou la lâcheté fasse à la peur de la nouveauté. Ainsi, l’homme est le seul responsable de son enfermement dans l’illusion ; il lui faudrait mobiliser une conscience forte afin de briser l’illusion et de tendre vers la vérité.
Chez Platon, c’est la dialectique* qui est le moyen de tendre vers la connaissance vraie. *dialectique : il s’agit d’une technique, celle des questions et des réponses qui constituent un entretien oral. C’est à travers le dialogue philosophique que la pensée peut atteindre la connaissance de ce que sont les choses. En ce sens, la dialectique peut être considérée comme la seule science véritable car elle est la connaissance de la réalité.
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Date de dernière mise à jour : 13/12/2019
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Notion : la conscience
Ce cours sur la conscience vous aidera à préparer l'épreuve de philosophie du bac, quelle que soit votre filière (L, ES, S).
Au programme : la définition de l'homme comme roseau pensant par Pascal, la critique du libre-arbitre par Nietzsche...
Sujet possible : La conscience est-elle source de liberté ou de contrainte ?
Grâce à la conscience, je n’agis pas par simple réflexe, par instinct, comme on peut penser que c’est le cas chez les animaux. Le principe de mes actions se trouve dans ma volonté. J’agis de telle manière parce que je l’ai voulu. N’est-ce pas cela la liberté ?
Pourtant, on peut se demander s’il ne faut pas plutôt voir là une contrainte. Si j’agis de manière consciente, je deviens responsable de tous mes actes. Or avec la responsabilité commence la contrainte : les interdits, les impératifs, la loi morale, pèsent sur moi, et sur chacun de mes actes.
La question se pose donc : la conscience nous libère-t-elle, ou nous asservit-elle ?
La conscience nous libère de notre condition finie – Pascal
La conscience est ce pouvoir qu’a l’homme de se mettre à distance de lui-même, et de se prendre lui-même pour objet de réflexion : que suis-je ? Que dois-je faire ? Quel est le sens de la vie ?
On ne se contente plus d’ « être », simplement, comme cette pierre au bord du chemin « est », mais on sait qu’on existe. Nous ne sommes plus simplement « dans le monde » comme un simple objet posé çà ou là, mais nous nous connaissons comme inséré dans un monde, en tant que sujet pensant.
Cela constitue le privilège de l’homme : les autres êtres vivants tels que les animaux existent et agissent, mais sans en être conscients. Leurs actions sont déterminées par l’instinct. On ne trouvera jamais par exemple un chien ou un cheval qui médite sur son existence, et qui se pose la question du sens de la vie. Les animaux vivent, sans avoir conscience d’eux-mêmes comme êtres vivants.
De ce fait, la conscience est ce qui vient fonder la dignité humaine , ce par quoi il surpasse les autres êtres vivants, et même l’univers lui-même s’il faut en croire Pascal, dans les Pensées :
L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature ; mais c’est un roseau pensant. Il ne faut pas que l’univers entier s’arme pour l’écraser : une vapeur, une goutte d’eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée. C’est de là qu’il faut nous relever et non de l’espace et de la durée, que nous ne saurions remplir. Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. Roseau pensant. — Ce n’est point de l’espace que je dois chercher ma dignité, mais c’est du règlement de ma pensée. Je n’aurai pas davantage en possédant des terres : par l’espace, l’univers me comprend et m’engloutit comme un point ; par la pensée, je le comprends
On le voit : par la conscience, l’homme dépasse l’univers. Si du point de vue matériel, l’homme est écrasé par celui-ci, puisqu’il n’est qu’un point infiniment petit, du point de vue spirituel, l’homme prend sa revanche, et apparaît comme le sommet de la Création.
La conscience apparaît donc comme ce qui nous libère de notre condition finie et misérable ; comme ce qui nous libère du pouvoir néantisant de l’univers, que ce dernier exerce sur moi d’un point de vue matériel.
La conscience est donc bien une source de liberté, par le pouvoir qu’elle nous donne sur le reste du monde.
Néanmoins, avec la conscience apparaît la loi morale, et de multiples interdits vont peser sur mes actions : si j’agis consciemment, je deviens responsable de ce que je fais, et l’on peut me punir si j’agis mal.
La conscience n’apparaît-elle pas de ce fait comme un prétexte pour une lente entreprise de domestication morale, qui me fait perdre ma liberté première ?
La conscience comme ruse théologique asservissante - Nietzsche
Si j’agis de manière inconsciente, par exemple pris d’un accès de folie furieuse dans laquelle je ne m’appartiens plus, je ne suis pas responsable de mes actes. Avec la conscience apparaît la responsabilité . C’est pourquoi d’un point de vue judiciaire, un crime passionnel est moins sévèrement puni qu’une action commise de manière délibérée, calculée longtemps à l’avance.
Une action consciente est considérée comme effet d’une volonté libre, d’un choix rationnel. Aucun déterminisme ne vient s’y glisser. La notion de libre arbitre vient condenser ces trois idées liées : volonté, liberté et responsabilité. J’ « ai un libre arbitre » signifie : mon action est le fruit de ma volonté en tant qu’elle est libre (déterminée par rien d’autre qu’elle-même), et de ce fait je suis responsable des conséquences de celle-ci.
La notion de conscience devient donc le cheval de Troie par lesquels les théologiens et les partisans de la morale judéo-chrétienne viennent condamner la plupart de nos actions, étouffant notre spontanéité dans des dizaines de commandements et d’impératifs moraux. Ceux-ci n’ont aucun fondement : la loi morale n’a pas d’autre but que de donner le droit à ces bourreaux un prétexte pour punir, c’est-à-dire exercer leur violence en toute légalité, ainsi que l’affirme Nietzsche dans le Crépuscule des Idoles :
Il ne nous reste aujourd'hui plus aucune espèce de compassion avec l'idée du « libre arbitre » : nous savons trop bien ce que c'est - le tour de force théologique le plus mal famé qu'il y ait, pour rendre l'humanité « responsable » à la façon des théologiens, ce qui veut dire : pour rendre l'humanité dépendante des théologiens... Je ne fais que donner ici la psychologie de cette tendance à vouloir rendre responsable. Partout où l'on cherche des responsabilités, c'est généralement l'instinct de punir et de juger qui est à l'œuvre. On a dégagé le devenir de son innocence lorsque l'on ramène un état de fait quelconque à la volonté, à des intentions, à des actes de responsabilité : la doctrine de la volonté a été principalement inventée à fin de punir, c'est-à-dire avec l'intention de trouver coupable. Toute l'ancienne psychologie, la psychologie de la volonté n'existe que par le fait que ses inventeurs, les prêtres, chefs de communautés anciennes, voulurent se créer le droit d'infliger une peine - ou plutôt qu'ils voulurent créer ce droit pour Dieu... Les hommes ont été considérés comme « libres », pour pouvoir être jugés et punis, - pour pouvoir être coupables : par conséquent toute action devait être regardée comme voulue, l'origine de toute action comme se trouvant dans la conscience.
On voit qu’apparaît ici une tout autre conception de la liberté, qui repose plutôt sur l’idée de spontanéité : la conscience (et par-delà le libre arbitre) ne fait que brider cette spontanéité, la briser, sous des impératifs moraux. Pour Nietzsche, nous agissons, comme les animaux, par instinct. Il est donc injuste de responsabiliser l’homme par la notion de conscience, et cela n’est que le symptôme d’une volonté de punir, tout aussi animale, de la part des religieux.
Muni de cette nouvelle définition de la liberté, nous pouvons le dire : la conscience est plus une source de contrainte que de liberté. Elle est même au fondement de la loi morale, destructrice de toute spontanéité, donc de toute liberté.
Mais refuser la notion de libre arbitre, c’est-à-dire notre liberté et notre responsabilité, n’est-ce pas là une conduite de mauvaise foi ? Telle est l’idée que nous allons à présent examiner.
Contre la mauvaise foi, la conscience de notre liberté – Sartre
Pour l’existentialisme, l’homme est libre parce qu’il s’agit du seul être qui existe. L’ existence est le privilège de l’homme. Les objets ont une essence définie : une fonction, un aspect, une matière. Ils ne peuvent en sortir. L’homme est liberté , c’est-à-dire qu’il n’est à l’origine rien, et peut décider de ce qu’il va devenir. Il peut choisir son métier, le pays où il va vivre, etc.
Ce pourquoi Sartre, dans L’Existentialisme est un humanisme dit que l’existence précède l’essence .
Le coupe-papier est à la fois un objet qui se produit d’une certaine manière et qui, d’autre part, a une utilité définie; et on ne peut pas supposer un homme qui produirait un coupe-papier sans savoir à quoi l’objet va servir. Nous dirons donc que, pour le coupe-papier, l’essence – c’est-à-dire l’ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir – précède l’existence. […] Si Dieu n’existe pas, il y a au moins un être chez qui l’existence précède l’essence, un être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun concept et que cet être c’est l’homme [...] Qu’est-ce que signifie ici que l’existence précède l’essence ? Cela signifie que l’homme existe d’abord, se rencontre, surgit dans le monde, et qu’il se définit après. L’homme, tel que le conçoit l’existentialiste, s’il n’est pas définissable, c’est qu’il n’est d’abord rien. Il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi, il n’y a pas de nature humaine, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. L’homme est seulement, non seulement tel qu’il se conçoit, mais tel qu’il se veut, et comme il se conçoit après l’existence, comme il se veut après cet élan vers l’existence; l’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait.
Dans ce cas, nous sommes responsable de tout ce qui nous arrive.
Mais comme on aime fuir nos responsabilités, on peut nier notre liberté. C’est là une conduite de mauvaise foi (voir cours sur l’inconscient) : on est parfaitement conscient qu’on est libre, mais on essaie de se le dissimuler.
La critique nietzschéenne apparaît alors comme un exemple de mauvaise foi .
On ne démontre pas notre liberté : on en est immédiatement, parfaitement conscient, et on sait bien qu’aucun argument ne pourra nous convaincre du contraire.
La conscience est donc libératrice, tout simplement parce qu’elle me révèle cette liberté première en nous.
On voit donc que la conscience libère l’homme, parce qu’elle le constitue en tant qu’homme, et lui révèle sa liberté. Certes, cela fait peser sur l’homme une responsabilité écrasante : c’est lui qui est responsable de ce qu’il sera. Mais cela n’est pas une contrainte. Il s’agit plutôt d’un passionnant défi, lancé à l’homme.
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COMMENTS
En effet, la conscience n’est pas « la source » de l’illusion, cependant les valeurs intériorisées inconsciemment, elles, reflètent l’illusion d’une société en décadence.
Tout d’abord, en premier lieu, la conscience ne peut pas être à l’origine de leurres, car elle est elle-même la vérité. En effet, la conscience consiste en la réflexion et de se rendre compte de nous-même et de l’environnement qui nous entoure.
PREMIÈRE PARTIE : LA CONSCIENCE GÉNÈRE DES ILLUSIONS. La conscience produirait des illusions, parce que d’abord la vie est difficile bien souvent ; l’esprit s’ingénierait alors de manière individuelle ou collective (comme dans le cas des religions) à inventer certaines idées, ou certaines conceptions de la vie pour se faciliter l ...
La conscience d'être libre peut-elle être illusoire ? Peut-on échapper aux exigences de la conscience ? Avoir bonne conscience, est-ce un signe suffisant de moralité ?
On distingue l’erreur de l’illusion, en ce que l’erreur est rectifiable, une fois la vérité reconnue, tandis que l’illusion reste indéracinable et inévitable. Si l’erreur consiste à se tromper par rapport à un savoir que l’on a, alors on doit s’interroger sur les raisons de cette méprise.
LE SUJET- La conscience. Intro à la notion de conscience. Def : - Conscience:signifie étymologiquement « accompagné de savoir ». On distingue conscience psychologique et conscience morale. - Conscience psychologique/ de soi : faculté de l'homme à être conscient de lui-même (de ses pensées, de ses actes), mais aussi du monde qui l'entoure.
La conscience est indispensable, elle est la condition d’existence d’un sujet unifié. L’homme a donc une identité. Elle se révèle dans le langage. « Que l’homme puisse posséder le Je dans sa représentation, cela l’élève infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivant sur la terre » (Idem). Kant distingue le je ...
La conscience est-elle source de liberté ? Voici un cours pour réussir votre dissertation de philosophie sur cette notion
La conscience est-elle source d’illusion ? Admettre cela reviendrait à la dévaloriser étant donné que par son existence elle affirme notre propre existence justement. Il existe différents types de consciences, et deux types d’illusions vis-à-vis de la conscience.
Tout d’abord, la conscience peut être perçue comme une source d’illusion par beaucoup de personnes sur de nombreux points. En effet, celle-ci déforme les informations données par les sens et peut les interpréter et les modifier différemment.